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Pavillon du Roi.
R-de-chaussée.

ban furent publiés dans ses domaines; les vassaux du clergé et les gens des communes vinrent en foule se ranger sous sa bannière, à côté de l'élite de la chevalerie française; et pendant que son fils Louis allait combattre le roi Jean, luimême marcha au-devant de l'Empereur et du gros de l'armée confédérée. Ce fut dans les plaines de Bouvines, près de Cambrai, qu'il le rencontra, le dimanche 27 juillet 1214.

Les Français se reposaient des fatigues d'une longue marche, et le Roi lui-même, la tête nue, était assis à l'ombre d'un frêne, tout auprès d'une petite chapelle, lorsqu'on lui annonça que la bataille venait de s'engager à l'arrière-garde, et que les siens commençaient à plier. Il prit aussitôt son armure, alla faire dans la chapelle une courte et fervente prière, et puis s'avança à la tète de sa chevalerie, au bruit des trompettes, mêlé au chant des psaumes entonnés par le clergé,

C'est ici que quelques chroniqueurs des siècles suivants ont placé une scène, depuis lors bien des fois reproduite, mais dont il n'existe point de trace dans les récits contemporains. Philippe, disent-ils, déposa sa couronne sur l'autel, et Koffrit au plus digne. Ses barons lui répondirent avec des cris d'enthousiasme que nul n'en était plus digne que lai

On connait l'issue de la bataille de Bouvines. L'empereur Othon prit la fuite, et son étendard tomba aux mains des Français. Le comte de Flandre, qui, dans sa confiance présomptueuse, avait apporté avec lui des liens pour enchainer les barons de France, fut conduit prisonnier dans la tour du Louvre; le comte de Boulogne fut enfermé dans le château de Péronne, tandis que Philippe-Auguste retournait triomphant à Paris, au milieu des acclamations et des fêtes.

Aile du Nord. 78. LOUIS DE FRANCE, FILS DE PHILIPPE-AUGUSTE,
APPELÉ AU TRONE PAR LES BARONS ANGLAIS,
DÉBARQUE DANS L'ILE DE THANET (1216).
Par M. Théodore GUDIN en....

79. LOUIS DE FRANCE ENTRE TRIOMPHALEMENT A
LONDRES (1216).

Le roi Jean sans Terre avait soulevé contre lui les barons anglais en violant audacieusement leurs priviléges. Forcé

par eux de jurer la grande charte (1215), il s'était fait relever de ses serments par le Pape en se déclarant vassal du saint-siége, et avait appelé autour de lui, pour triompher de la résistance nationale, des aventuriers de l'Anjou, du Poitou et de la Bretagne.

« Ce fut alors que les Anglais, poussés à bout, résolu<< rent d'ôter à Jean une couronne qu'il s'étoit montré a indigne de porter; et comme l'armée de leurs oppresseurs a leur étoit venue de France, ils crurent que c'étoit en « France qu'ils devoient aussi chercher des auxiliaires. « Philippe-Auguste étoit reconnu comme suzerain par le « plus grand nombre des aventuriers qui pilloient leurs a provinces; ils supposèrent que son ordre pourroit ou les a rappeler, ou tout au moins jeter de l'irrésolution dans « leurs conseils. Ils n'hésitèrent point, pour le gagner à « leur parti, de lui offrir la plus haute récompense dont ils a pussent disposer. Saher, comte de Winchester, et Robert « Fitz-Walter vinrent à Paris, avec des lettres munies du a grand sceau des barons, pour offrir à Louis, fils et héri« tier unique du roi, la couronne d'Angleterre, et pour « l'inviter à venir au plus tôt en prendre possession. »

En vain le pape Innocent III fit-il défendre à Louis, sous peine d'excommunication, de passer en Angleterre, à Philippe et à tous les siens de l'assister, Louis déclina la juridiction de la cour des pairs, à laquelle la cause avait été portée, et déclara «qu'il étoit déterminé à combattre « jusqu'à la mort, s'il le falloit, pour recouvrer l'héritage « de sa femme, Blanche de Castille, » qui était nièce du roi Jean.

Louis vint s'embarquer à Calais « avec les comtes, les « barons, les chevaliers et les nombreux serviteurs qui s'éa toient engagés par serment à le suivre dans son expédition ad'Angleterre. On ne nous dit point quel étoit le nombre a de ses soldats, mais Mathieu Paris assure que quatre cents avaisseaux et quatre-vingts cocques, bâtiments pontés, et a qui n'alloient pas à rames, l'attendoient pour le transpora ter. Il aborda le 21 mai dans l'île de Thanet. Le roi Jean, aqui avoit rassemblé à Douvres son armée, presque toute a composée de mercenaires français, n'osa pas lui disputer « l'entrée du royaume.»>

<< Londres lui ouvrit ses portes avec de grandes démons◄ « trations de joie; les barons et les citoyens lui rendirent hommage et lui prêtèrent serment de fidélité (1). »

(1) Histoire des Français, par M. de Sismondi.

Aile du Nord. Pavillon du Roi. R.-de-chaussée.

80. PRISE DE DAMIETTE PAR LES CROISÉS (1219).

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Par M. Henri DELABORDE en 1839.

Innocent III, après avoir vainement menacé des foudres de l'Eglise les Croisés qui étaient allés prendre Constantinople au lieu de Jérusalem, ne tarda pas à concevoir l'idée d'une cinquième croisade. La puissante sommation adressée par le Concile de Latran aux peuples et aux rois remua encore une fois l'Europe. Le roi de Hongrie, André, prit la croix; mais aussi empressé de quitter la terre sainte qu'il l'avait été de s'y rendre, il laissa bientôt au roi titulaire de Jérusalem, Jean de Brienne, le commandement de l'expedition. Cette fois ce fut sur l'Egypte que se porta tout l'effort de la guerre sainte, et les Croisés allèrent mettre le siége devant Damiette, vers la fin du mois de mai de l'année 1218. Ce siége ne dura pas moins de dix-huit mois, et les succès en furent très-divers. Vingt fois, au dedans comme au dehors de la ville, le découragement se mit dans les deux armées : « Pourquoi, disaient les chrétiens, << nous a-t-on amenés sur ce sable désert? Notre pays man<< quait-il de tombeaux? - Et à peu près au même temps le « gouverneur de la ville, faisant parler Damiette elle-même « dans le langage figuré de l'Orient, écrivait en vers au sul<«tan du Caire : « Ŏ souverain de l'Egypte, si tu tardes à «me secourir, c'en est fait de moi... Je ne suis plus qu'un « sépulcre fermé. » Il fallut toute la patiente énergie du cardinal Pélage, legat du pape; il fallut l'éloquence entraînante de saint Francois d'Assise, qui vint prêcher aux Croisés les vertus chrétiennes au milieu de leur licence, pour ranimer leur zèle sans cesse défaillant, et presque malgré eux les traîner à la victoire.

« Dans les premiers jours de novembre tout était prêt «pour un dernier assaut, des hérauts d'armes, dit Mi« chaud, parcoururent le camp et répétèrent ces paroles : « Au nom du Seigneur et de la Vierge, nous allons « attaquer Damiette; avec le secours de Dieu nous la « prendrons. Tous les croisés répondirent: Que la volonté « de Dieu soit faite! Le légat traversa les rangs en pro«mettant la victoire aux pèlerins; on préparait les échelles; « chaque soldat apprêtait ses armes. Pélage avait résolu de « profiter des ténèbres de la nuit pour une entreprise déci«sive. Quand la nuit fut avancée, on donna le signal; un << violent orage grondait, on n'entendait aucun bruit sur

a les remparts ni dans la ville; les croisés montèrent en a silence sur les murailles, et tuèrent quelques Sarrasins a qu'ils y trouvèrent maîtres d'une tour, ils appelèrent à leur aide les guerriers qui les suivaient, et, ne trouvant • plus d'ennemis à combattre, ils chantèrent à haute voix: Kyrie eleison. L'armée rangée en bataille au pied des a remparts, répondit par ces mots : Gloria in excelsis. Le légat, qui commandait l'attaque, se mit aussitôt à entonner le cantique de la victoire, te Deum laudamus. « Les chevaliers de Saint-Jean, les Templiers, tous les a croisés accoururent. Deux portes de la ville, brisées à coups de hache et consumées par le feu, laissèrent un <libre passage à la multitude des assiégeants. Ainsi, s'écrie « le vieil historien dont nous suivons le récit, Damiette a fut prise par la grâce de Dieu (1), »

81. BATAILLE DE TAILLEBOURG (21 juillet 1242).

Par M. Eugène DELACROIX en 1837.

Le traité de Paris, conclu en 1229, avait mis fin à la guerre des Albigeois, et assuré à un frère de saint Louis le magnifique héritage des comtes de Toulouse. La couronne, devenue ainsi prépondérante au midi, comme au nord de la France, vit se former contre elle une ligue presque aussi formidable que celle dont Philippe-Auguste avait triomphé à Bouvines. Raymond VII, le dernier des comtes de Toulouse, avait conclu un traité d'alliance avec les trois monarques espagnols de l'Aragon, de la Castille et de la Navarre, unis à sa cause par la communauté des intérêts, des mœurs et du langage, pendant que le comte de la Marche, Hugues de Lusignan, s'assurait les secours de Henri III, roi d'Angleterre, que les progrès de la couronne dans les provinces méridionales inquiétaient pour son duché d'Aqui

taine.

Hugues de Lusignan éclata le premier. Alphonse, comte de Poitiers, frère de saint Louis, qui tenait à Noël sa cour plénière, l'avait sommé de venir prêter entre ses mains le serment de foi et hommage. Au lieu de son hommage, l'imprudent vassal porta un défi public à son suzerain, et s'enfuit au galop de son cheval, pour mettre en armes ses domaines. Henri III arriva à son secours, mais avec une poignée d'hommes, croyant trouver toute la Langue-d'Oc soulevée, et les princes espagnols à la tête de leurs armées. Mais rien (1) Histoire des Croisades, t, III,

Aile du Midie 1er étage. Galerie des Batailles,

No 137.

Alle du Nord. Vaillon du Roi. Lelage,

Partie centrale.

1 elage. Salle

des Croisades. No 128.

n'avait ose remuer, tant la marche rapide de saint Louis, quí accourait à l'aide de son frère, avait inspiré de terreur! Il joignit bientôt Henri III au pont de Taillebourg, sur la Charente, et le força de fair précipitamment jusqu'à Saintes, où, quelques jours après, il lui fit essuyer une nouvelle défaite. 82. SAINT LOUIS, AU MOMENT DE PARTIR POUR LA CROISADEL REMET LA RÉGENCE A LA REINE BLANCHE, SA MÈRE. (13 juin 1248).

Par M. Ary SCHEFFER en ....

Saint Louis avait reçu la croix des mains du legat Odon 'de Châteauroux; ses trois frères, et avec eux la noblesse du royaume, avaient suivi son exemple; la reine Marguerite elle-même, ainsi que les comtesses d'Artois et de Poitiers, s'étaient engagées à accompagner leurs époux en terre sainte.

Ce fut le 12 juin 1248 que le Roi se rendit à Saint-Denis pour y prendre l'oriflamme, en même temps que le bourdon et la pannetière, symboles de son pieux pélerinage. A son retour il traversa Paris, et fut accompagné par toute la population jusqu'à l'abbaye de Saint-Antoine, où il devait se séparer de sa mère. Mais Blanche ne pouvait si aisément quitter son fils; elle voulut le suivre jusque dans la commanderie de Saint-Jean, près de Corbeil, où il devait s'arrêter le lendemain. Là fut réuni le parlement qui aurait dû se tenir dans l'abbaye de Saint-Antoine. La régence fut solennellement donnée à Blanche; elle eut le pouvoir de composer le conseil, de choisir les grands baillis et de conférer tous les offices de la couronne. Mais ces honneurs n'étaient rien pour le cœur d'une mère; il fallut qu'e 'elle accompagnât encore son fils jusqu'à l'abbaye de Cluny, où l'armée devait se rassembler. Ce fut là qu'ils se firent leurs adieux: la douleur de Blanche l'avertissait qu'elle ne reverrait plus son fils sur la terre.

83. DÉBARQUEMENT DE SAINT LOUIS EN ÉGYPTE (4 juin 1249 ).

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Par M. ROUGET en 1839.

Au mois de juin 1219, la flotte qui portait les Croisés parut à l'embouchure du Nil devant Dasaiette. Une armée de Sarrasins bordait le rivage. Saint Louis donne l'exemple à ses guerriers: malgré le légat, qui veut le retenir, il se jette à la mer, couvert de son armure et ayant de l'eau jusqu'aux épaules. Le sire de Joinville, Baudouin de Reims,

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