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Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle n° 15.

« Bas-Rhin, et leur ouvrit les portes de Cassel, de Gat<< tengen, de Rittberg, de Menden et de Munster (1). » 543. BATAILLE DE JOHANNISBERG (30 août 1762).

Par M. Amédée FAURE en 1837

Cette longue guerre, entreprise dans l'intérêt de l'Allemagne et dont la France ne pouvait espérer aucun avantage, épuisait les finances du royaume. Quels qu'eussent été les succès obtenus, les revers avaient été plus grands encore. Le commerce surtout était en souffrance; la marine, presque anéantie, se trouvait hors d'état de le protéger, et les colonies, en partie occupées par l'ennemi, étaient dans la situation la plus déplorable.

C'est alors que le duc de Choiseul (2), secrétaire d'état des affaires étrangères, conclut le traité connu sous le nom de pacte de famille qui fut signé le 15 août 1761 par les rois de France, d'Espagne, des Deux-Siciles et par l'infant duc de Parme, et qui devait avoir une si grande influence sur la paix générale.

On vit donc les hostilités commencer entre l'Espagne et l'Angleterre pendant que la guerre continuait en Allemagne. Selon les nouvelles de l'armée du Roi (3), les << ennemis s'étant approchés de Friedberg pendant la jour<< née du 28 du mois dernier, les maréchaux d'Estrées (*) et << de Soubise (5) réunis au corps commandé par le prince « de Condé (6), résolurent de marcher à eux le 30, pour ne « pas leur laisser le temps de se fortifier dans une position « si essentielle.

«Leur objet principal étoit de s'emparer de la montagne « de Johannisberg ou Johansberg, près les salines de Nan<«< heim à une demi-lieue de Friedberg. Le marquis de « Lévis (7) l'occupoit avec l'avant-garde du prince de « Condé. Les colonnes de l'armée étoient encore loin: les <«<maréchaux d'Estrées et de Soubise, voyant la nécessité « de renforcer ce poste, y portèrent le comte de Stain«ville (8) avec l'avant-garde à ses ordres.

<< La marche des ennemis fut si rapide qu'avant l'arrivée (1) Campagnes de Louis XV, par Poncelin de La Roche-Tilhac, p. 127. (2) Etienne-François de Choiseul-Stainville. (3) Gazette de France, du 6 septembre 1762. (4) Louis-Cesar Le Tellier, cointe d'Estrées, marquis de Louvois et de Courtenvaux. (5) Charles de Rohan, duc de Rohan-Bohan, prince de Soubise. (6) Louis-Joseph de Bourbon. (7) François-Gaston de Levis, depuis duc de Levis et maréchal de France. (8) Jacques-Philippe de Choiscul, depuis duc de Choiseul-Stainville et maréchal de France.

« du comte de Stainville ils eurent le temps de gagner le << sommet de la montagne, »

Cependant le prince de Soubise parvint à les en déloger, pendant que le maréchal d'Estrées faisait attaquer leur lanc gauche. La position fut emportée.

« La cavalerie des ennemis, étoit postée dans la plaine a de Nidermelle, pour y recevoir leur infanterie. Le a prince de Condé la fit charger par ses dragons. Elle « plia; mais, s'étant ralliée au delà d'un ravin, elle re<< vint avec une grande célérité. La seconde charge que « fit le comte de Stainville fut vive et obstinée; elle nous << réussit entièrement. Les ennemis y ont beaucoup perdu. « On y a fait une grande quantité de prisonniers, dont « plusieurs colonels et quelques officiers supérieurs. Le « régiment de Conflans a pris l'étendard d'un régiment « hanovrien. L'infanterie des ennemis, dispersée et mise << en un extrême désordre par cette charge, a regagné le << ravin dans lequel coule le Veter. Les ennemis nous ont « abandonné une grande partie de leur artillerie, et nous « avons quinze pièces de différents calibres. On avoit ras« semblé, le 31, plus de quinze cents hommes prisonniers « des différentes nations qui composent l'armée des alliés. »

Ce fut la dernière action de cette guerre de sept ans, qui rapporta si peu de gloire à la France, et lui coûta si cher. Le 1er novembre 1762 des préliminaires de paix furent arrêtés à Fontainebleau, et le 10 février de l'année suivante un traité fut signé à Paris, qui rendit encore une fois le repos à l'Europe.

544. LIT DE JUSTICE de louis xvi (12 novembre 1774). RENTRÉE DU PARLEMENT RAPPELÉ PAR LOUIS XVI.

Par M. Auguste COUDER en ....

Louis XV était mort le 19 mai 1774. La premiére pensée de Louis XVI, son petit-fils et son successeur, fut de réconcilier avec la royauté l'opinion publique, aigrie par les scandales et les dilapidations du dernier règne. Un des principaux griefs de cette opinion mécontente était la suppression des parlements, sacrifiés trois ans auparavant aux fantaisies de la cour par le chancelier Maupeou (1). Louis XVI résolut de les rétablir, et, pour solenniser ce grand acte de justice, il vint à Paris présider lui-même à la restauration de la magistrature dans ses anciens priviléges.

(1) René-Nicolas-Charles-Augustin de Maupeou, garde des sceaux de France.

Aile du Nord. Pavillon du Roi,

1er étage.

Alle du Nord. Pavillon du Roi. R.-de-chaussée.

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Voici en quels termes la Gazette de France de lundi 14 novembre 1774 raconte cette cérémonie :

« Le 12 de ce mois, à neuf heures moins un quart du « matin, le Roi, après avoir entendu la messe à la Sainte« Chapelle, est arrivé à la grand'chambre du parlement, « précédé de Monsieur (1) et de monseigneur le comte « d'Artois (2), du duc d'Orléans (3), du duc de Chartres (*), « du prince de Condé (5), du duc de Bourbon (6), du prince « de Conty (7) et du comte de La Marche (8), princes du « sang. Les ducs et pairs, les grands officiers de la cou<< ronne et les autres personnes ayant séance au lit de « justice, avoient devancé le Roi, qui étoit suivi du sieur a de Miroménil (9), garde des sceaux de France, et des « magistrats du conseil, qui l'accompagnoient. Le Roi << ayant ordonné qu'on prît séance, Sa Majesté a déclaré « que son intention étoit de rétablir dans leurs fonctions « les anciens magistrats du parlement; et le garde des « sceaux, de l'ordre de Sa Majesté, ayant expliqué plus << amplement les volontés du Roi, Sa Majesté a ordonné « au grand-maître des cérémonies d'aller chercher à la «< chambre de Saint-Louis les anciens membres du parle« ment, qui s'y étoient réunis en vertu d'ordres parti« culiers. Ils ont pris à la grand'chambre les places qu'ils << sont dans l'usage d'y occuper lors des lits de justice, << après quoi on a fait la lecture des édits, les portes « ouvertes, et Sa Majesté en a ordonné l'enregistrement. » 545. COMBAT DE LA FRÉGATE FRANÇAISE LA BELLE POULE CONTRE LA FRÉGATE ANGLAISE L'ARETHUSE (17 juin 1778).

Par M. JUGELET en 1837, d'aprés un tableau de la galerie du ministère de la Marine.

La querelle engagée entre l'Angleterre et les colonies de l'Amérique du Nord était devenue irréconciliable par l'aveugle obstination de Georges III et de ses ministres. Le 4 juillet 1776 le congrès national, rassemblé à Philadelphie, proclama l'indépendance américaine, et l'acte qui la noti

(1) Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence, depuis Louis XVIII. (2) Charles-Philippe de France, depuis Charles x. Philippe d'Orléans. (4) Louis-Philippe-Joseph d'Orléans, depuis duc d'Or léans. (5) Voir la note p. 446. (6) Louis-Henri-Joseph de Bourbon, depuis prince de Condé. (7) Louis-François de Bourbon. (8) Louis-FrançoisJoseph de Bourbon, depuis prince de Conti. (9) Armand-Thomas Hue de

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Miroménil.

fiait fut un manifeste de guerre lancé par les treize États contre la mère patrie. Washington reçut le commandement suprême de l'armée des États-Unis, pendant que Franklin allait solliciter l'appui de la France pour la cause de la nouvelle république. La présence de ce vieillard excita en France un enthousiasme qui entraîna le gouvernement lui-même. L'indépendance de l'Amérique fut solennellement reconnue par Louis XVI, et un traité de paix et de commerce, signé le 2 février 1778 avec les Etats confédérés. C'était rompre avec l'Angleterre la marine française, qui avait à venger les affronts de la guerre de sept ans, saisit cette espérance avec une ardeur incroyable. Cependant l'acte de déclaration de guerre resta quelques mois suspendus: on armait de part et d'autre, et l'on s'observait avant d'engager les hostilités.

«L'Angleterre venait d'équiper à la hâte une flotte a de trente vaisseaux de ligne, dont elle avait donné le « commandement à l'amiral Keppel ('). Cette flotte était soratie depuis quelques jours. On avait envoyé de Brest pour « l'observer trois frégates, la Belle-Poule, de vingt-six caarons, la Licorne, de trente-deux, la Pallas, de dix-huit, « et le lougre le Coureur, de douze. La première était ◄ commandée par M. de La Clocheterie, la seconde par « M. de Balisal, la troisième par M. de Rausanne, et le «<lougre par M. de Razilli.

Ces quatre vaisseaux, à la suite d'un coup de vent, se a trouvèrent presque tous au milieu de la flotte anglaise ; a la Licorne baissa pavillon après avoir lâché une seule « bordée; la Pallas se rendit, sans pouvoir se défendre, se << trouvant enveloppée de plusieurs vaisseaux ennemis; la a Belle-Poule, avec le lougre, trouva moyen de se déga«ger. Poursuivie par la frégate anglaise l'Arethuse, de « quarante-quatre canons, elle s'arrêta dès qu'elle se vit à « une demi-lieue de la flotte ennemie. Le capitaine anglais « Marshall lui donne ordre de venir parler à l'amiral; le << Français répond qu'il n'a d'ordre à recevoir que de son « prince; l'Anglais fait tirer un coup de canon, auquel La « Clocheterie répond par toute sa bordée le combat est » engagé. De son côté le lougre se bat avec vigueur con« tre un cutter anglais de même force que lui.

« Le combat, après avoir duré deux heures, tourne au « désavantage de l'Arethuse, qui par des signaux appelle (1) Auguste, vicomte de Keppel, amiral anglais.

Aile du Nord. Pavillon du Roi. R.-de-chaussée.

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<< la flotte à son secours. Deux gros vaisseaux accourent à a force de voiles; la Belle-Poule fait retraite et rentre à << Brest couverte de gloire (1). »

546. COMBAT NAVAL D'Ouessant (27 juillet 1778).

Par M. Theodore GÜDIN en 1837.

Il fallait un prodigieux effort pour remettre la marine française en état de lutter avec celle de l'Angleterre. Le gouvernement de Louis XVI déploya toute l'activité que réclamait une si haute entreprise en peu de temps le nombre des vaisseaux à flot fut considérable, celui des bâtiments en construction plus grand encore, et les escadres françaises se trouvèrent partout où il y avait à rencontrer le pavillon britannique.

L'engagement des quatre bâtiments dont nous parlions tout à l'heure, au milieu de toute l'escadre anglaise, le 17 juin 1778, fut le signal de la guerre. Le comte d'Orvilliers sortit alors de Brest à la tête d'une flotte de trente-deux vaisseaux de ligne. Il avait sous ses ordres le duc de Chartres (3) et Duchaffault (*), lieutenants généraux de marine. La flotte était divisée en trois escadres: la Blanche au corps de bataille, la Blanche et la Bleue à l'avant-garde, et la Bleue à l'arrière-garde.

Le comte d'Orvilliers, généralissime, sur la Bretagne de cent dix canons, était au corps de bataille, le comte de Guichen (5) avec lui,

Duchaffault, sur la Couronne de quatre-vingts canons, dirigeait l'avant-garde avec le capitaine de vaisseau Rochechouart. Le duc de Chartres, monté sur le Saint-Esprit de quatre-vingts canons, conduisait l'arrière-garde; le comte de Grasse (6) était sous ses ordres. Les armées navales de France et d'Angleterre se rencontrèrent le 23 juillet.

Dès qu'elles furent en vue l'une de l'autre, elles manœuvrèrent durant quatre jours consécutifs, le comte d'Orvilliers pour conserver l'avantage du vent qu'il avait enlevé aux Anglais, l'amiral Keppel pour le recouvrer. Enfin, le 27 juillet, à neuf heures du matin, le temps paraissant favorable, la flotte française offrit le combat à (1) Histoire de Louis XVI, par Bournisseaux, t. I, p. 207. (3) Louis Guillouet, lieutenant général des armées navales. (3) Voir la note p. 448. (4) Louis-Charles de Rezay, comte Duchaffault, depuis amiral. (5) LucUrbain Du Bouexic, chef d'escadre et depuis lieutenant général des armées navales. (6) François-Joseph-Paul de Grasse, capitaine de vaisseau et depuis lieutenant général des armées navales.

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