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«La cour chargea le comte de Rantzau (1) de conduire les « renforts qu'on lui envoya; le maréchal de Guebriant les « ayant reçus, repassa le Rhin sur la fin du mois d'octobre, « dans le dessein de s'avancer dans la Suabe sur le Danube, << et d'y prendre des quartiers d'hyver. Dans sa marche il a fut contraint, d'assiéger Rotweil, qui ouvroit le passage à a ses troupes vers Butlingen. Cette entreprise lui fut fu<< neste, puisqu'il fut blessé le 17 de novembre d'un coup a de fauconneau, dont il mourut le 20.

« Le comte de Rantzau, maréchal de camp, poursuivit le a siege de Rotweil. La grande résistance des assiégez et la « blessure du maréchal de Guebriant ne diminuerent rien a du courage de ses troupes, qui contraignirent le comman«dant de se rendre le 19 de novembre. Comme cette ville a étoit importante pour le passage des troupes en Suabe, « les ennemis firent tous leurs efforts pour la secourir : << mais inutilement (),

228. BATAILLE DE FRIBOURG (août 1644).

Par M. LAFAYE en 1836, d'après un tableau
de la galerie de Chantilly, par Martin.

L'hiver de 1643 s'était passé en négociations; elles furent infructueuses, et il fallat se préparer à une nou•velle campagne.

Gaston, duc d'Orléans, avait succédé au duc d'Enghien dans le commandement de l'armée en Flandre. La victoire de Rocroy, la prise de Thionville avaient suffi, pour rétablir dans les Pays-Bas la réputation des armes françaises: la plupart des villes, fatiguées de la guerre, n'étaient pas en état d'opposer une longue résistance.

Du côté de l'Allemagne, la situation était bien différente; le maréchal de Guébriant, avait été tué devant Rotweil, et le comte de Rantzau, qui lui avait succédé dans le commandement, surpris près de Dillingen par les Impériaux, sous les ordres du due Charles de Lorraine, avait essuyé un de ces échecs qui mettent une armée hors d'état de tenir la campagne. C'était à grande peine que le maréchal de Turenne, chargé d'en recueillir les débris, avait rassemblé dix mille hommes, avec lesquels il marcha au secours du Brisgan. Mais là il lui avait été impossible d'arrêter Merci, qui, avec des forces supérieures, était venu se présenter devant Fribourg, et s'en était rendu maitre. Un grand effort était nécessaire pour reprendre cette place, dont la (1) Josias de Raritzau, depuis maréchal de France. (3) Histoire militaire de Louis XIV, par Quiney, t. I, p. 11-12,

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Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle n° 10

possession importait tellement au succès de la campagne. Tout le poids de la guerre se porta donc de ce côté, et le pour s'opposer, duc d'Enghien reçut l'ordre de s'y rendre, avec le maréchal de Turenne, à la marche de l'armée impériale. Arrivé le 20 juillet à Metz, le 2 août il avait rejoint Turenne qui, suivant tous les mouvements de l'armée ennemie, se trouvait campé près d'elle entre Brisach et Fribourg.

«Fribourg est situé au pied des montagnes de la Forêt« Noire; elles s'élargissent en cet endroit en forme de << croissant, et au milieu de cet espace on découvre auprès << de Fribourg, une petite plaine bordée sur la droite par « des montagnes fort hautes, et entourée sur la gauche par « un bois marécageux. Ceux qui viennent de Brisach a ne peuvent entrer dans cette plaine que par des défilés « au pied d'une montagne presque inaccessible qui la com<< mande de tous côtés, et par les autres chemins l'entrée << en est encore plus difficile.

<< Mercy s'étoit posté dans un lieu si avantageux, et a comme c'étoit un des meilleurs capitaines de son temps, <«< il n'avoit rien oublié pour se prévaloir de cette situation. Son armée étoit composée de huit mille hommes de << pied et de sept mille chevaux (1)....

C'est de cette position formidable que le duc d'Enghien entreprit de déloger le vieux maréchal bavarois. Il conduisit et ramena plusieurs fois ses troupes à la charge; son intrépidité et son audace le rendirent à la fin victorieux de tous les obstacles.

Les premiers retranchements avaient été pris: il fallait enlever la seconde ligne pour dégager un corps de troupes exposé de tous les côtés aux feux de l'ennemi. Le Prince n'avait alors avec lui que deux mille hommes épuisés de fatigue, et il s'agissait d'en forcer trois mille, vainqueurs de toutes les attaques et parfaitement retranchés. Le moindre retard compromettait gravement le sort du corps d'armée du maréchal de Turenne; l'action était décisive.

<<< On dit que le duc d'Enghien jeta alors son bâton de « commandement dans les retranchements des ennemis, « et marcha pour le reprendre, l'épée à la main, à la tête « du régiment de Conti. Il fallait peut-être des actions aussi « hardies pour mener les troupes à des attaques si diffi« ciles (2). »

(1) Relation de la campagne de Fribourg, par Henri de Bessé, sieur de La Chapelle-Milon. p. 44. (2) Siècle de Louis XIV, par Voltaire.

L'auteur contemporain de la Relation du Siége de Fribourg rapporte ainsi ce fait. « Le prince, dit seulement le sieur de La Chapelle-Milon, descend de cheval, a se met à la tête du régiment de Conti et marche aux ennemis. Le comte de Tournon (1), suivi de CastelnauMauvissière (2), en fait de même avec le régiment de « Mazarin; le maréchal de Gramont (3) Marchin (*), « l'Echelle, Mauvilly, La Moussaye (5), Serzė, les chevalaliers de Chabot (*) et de Gramont, Isigny, Meilles (7), a etc., etc., et tout ce qu'il y avoit d'officiers et de « volontaires mettent pied à terre. Cette action redonne << cœur aux soldats. Le duc d'Enghien passe le premier a l'abattis de sapins; chacun à son exemple se jette en a foule pardessus ce retranchement, et tous qui défendent la ligne s'enfuient dans le bois à la faveur de la nuit qui s'approchoit. »>

Enfin, après plusieurs jours de combats consécutifs, l'infatigable activité du duc d'Enghien et la persévérance de Turenne triomphèrent de la résistance de l'armée bavaroise. Merci, chassé de toutes ses positions, fut forcé de battre en retraite, en abandonnant ses bagages et toute son artillerie au pouvoir du vainqueur.'

La bataille de Fribourg commença le 3 et ne finit que le 9 d'août. Le duc d'Enghien fut présent partout, animant le soldat par son exemple; il s'exposa souvent aux plus grands dangers. Dans une des attaques, le sieur de La Chapelle-Milon rapporte que le pommeau de la selle de son cheval fut enlevée d'un coup de canon et le fourreau de son épée rompu d'un coup de mousquet. Le maréchal de Gramont eut un cheval tué entre ses jambes, et L'Échelle, maréchal de bataille, y perdit la vie.

« La gendarmerie y fit une très-belle action. Laboul⚫laye la commandoit: il mena ses escadrons sur le bord ⚫ de ce retranchement d'arbres, et malgré le feu des enne

mis il escarmoucha très-long-temps à coups de pistolet. « Jamais il ne s'est fait un combat où, sans en venir aux • mains, il soit tombé tant de morts de part et d'autre. Les

(1) Juste-Louis de Tournon, maréchal de camp, qui fut tué au siége de Philipsbourg le 6 septembre 1649. (2) Jacques de Castelnau-Mauvissière, alors maréchal de bataille, et depuis maréchal de France, blessé mortellement au siége de Dunkerque en 1668. (3) Antoine de Gramont, III du nom, depuis duc de Gramont.) Jean-Gaspard-Ferdinand, comte de Marchin, alors maréchal de camp, et depuis lieutenant général des armées du roi. (5) François de Goyon-Matignon, marquis de La Moussaye, maréchal de camp. (6) Guy-Aldonce de Chabot, depuis maréchal de camp. (7) Henri de Foix, vicomte de Meille, depuis maréchal de camp.

« François y perdirent Mauvilly, et les, Bavarois, Gaspard « de Mercy, frère de leur général (1). »

Aile du Nord. 229. prise de doURLAC (août 1644).

R.-de-chaussée.

Salle n° 10.

Par M. LAFAYE en 1835, d'après un tableau **de la galerie de Chantilly, par-Martin.

Aile du Nord. 230 PRISE DE BADEN (août 1644).

R.-de-chaussée.

Salle no 10.

Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle n° 10.

Par M. LAFAYE en 1835, d'après un tableau de la galerie de Chantilly, par Martin.

231. PRISE DE LICHTENAU (août 1644).

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Par M. LAFAYE en 1836, d'après un tableau "de la galerie de Chantilly, par Martin.

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Le duc d'Enghien n'était venu que pour reprendre Fribourg et sauver l'armée du maréchal de Turenne: les fruits de sa victoire furent plus étendus. En moins de quelques semaines il fut maître de tout le cours du Rhin. C'était sur l'importante ville de Philipsbourg qu'il voulait porter ses premiers coups; pour dérober ses projets à l'ennemi, il feignit d'abord de diriger toutes ses forces contre de petites places. de vouloir

«La feinte de vouloir tout employer à la conqueste de « quelques places de peu d'importance, luy semblant la « meilleure invention qu'il pust.concevoir pour surprendre « celle qu'il vouloit avoir, il détacha quatre corps de l'ar<mée, le premier sous le sieur Tubald, lieutenant général a de cavalerie suédoise; le second commandé par le géné« rał major Roze; le troisième par le marquis d'Aumont, « pour passer le Rhin; le quatrième sous le comte de Palluau. Le premier, accompagné d'une partie de sa cavalerie, et de mille dragons, prit les villes de Forsen, Etelin, (*), Shen (), Bret (et Dourlach; le second, commandant « une forte partie de cavalerie avec quelques fantassins, « emporta Baden, Rupenben (F), Broussel() et Visloc (7); « le troisiesme estant suivy de mille fantassins, cinq cents « chevaux et trois pièces de canon, se mit en possession « de la ville et du chasteau de Germessin (8) situés à deux « petites lieues de Spire; mais avec la perte de trois offi

ciers et de quelques soldats tués devant le chasteau; « le quatriesme se rendit maistre de. Liktenehaut ("),

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(1) Histoire militaire de Louis XIV, par Quincy, t. I, p. 27. (2) Eulingen. (8) Stein. Bretten Ruppenheim.(6) Bruchsal.) Wieslosch. Germersheim.-(9) Lichtenẩn.

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a laquelle, estant deffendue par le major de Philipsbourg, « se fit battre deux iours entiers (1). »

232. REDDITION DE SPIRE (29 août 1644).

Par M. GALLAIT en 1836, d'après un tableau Aile du Nord. de la galerie de Chantilly, par Martin.

Le maréchal de Turenne avait été dirigé sur Philipsbourg, le 23 août, avec trois mille chevaux et sept cents hommes d'infanterie; arrivé le 24 devant cette place, il en ordonna aussitôt l'investissement.

Pendant ce temps, « le due d'Enguyen travailloit pour ne « laisser rien en arrière qui pust servir à donner un succez a heureux à son entreprise; il ne vouloit point que son camp fût réduit à quelque nécessité de vivres; il fit desa cendre sur le Rhin trente batteaux chargés de toutes sor

tes de munitions, et, pour ne manquer pas aux autres choa ses qui dépendoient de sa prévoyance, fit travailler dès les « premiers jours à faire un pont sur cette mesme rivière du Rhin, entre Germessin et Knaudenheim, pour rendre liehres à son armée les deux rives de ce grand fleuve.

Toute l'armée n'ayant pas esté jugée nécessaire à ce a siège, puisque la Bavaroise n'estoit pas en estat de venir se« courir la place, le duc d'Enguyen en détacha sous les oradres du marquis d'Aumont, pour attaquer la ville de « Spire, au cas qu'elle refusast de mettre hors de ses mu<< railles les troupes lorraines qu'elle y tenoit pour la con

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La ville ne fit aucune résistance; le marquis d'Aumont avait déjà reçu le bourgmestre et les députés de la ville, et il allait leur répondre, lorsqu'il vit arriver les membres de la chambre impériale et le clergé, les premiers, « por« tant de longues barbes sur des fraizes bleues, et les autres 4 vestus selon la coustume des ecclésiastiques; leurs sous« missions estant faites, et chacun ayant demandé d'être * conservé dans ses privileges, ce marquis leur promit de la • part de Sa Majesté, et de celle du duc d'Enguyen, dont il « sçavoit les intentions, qu'ils seroient traités avec toute la ⚫ douceur qu'il seroit possible, qu'on ne les choqueroit point « dans la franchise de leurs priviléges (2),, PL, IBC% 233. SIÈGE DE PHILIPSBOURG (12 septembre 1644).

R.-de-chaussée.
Salle no 11.

Par M. LAFAYE en 1836, d'après un tableau Aile du Nord. de la galerie de Chantilly, pan Martin. R.-de-chaussée. Salle No 10.

On pressait les préparatifs pour l'ouverture de la tran

(1) Mercure de France, t. XXV, p. 102. (2) Idem, p. 106.

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