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« pour ordonner les travaux, et fesant le tour des lignes « pour voir sitout alloit bien. Le marquis de Florez d'Avila, • qui commandoit la place, envoya savoir où logeoit le « Roi, afin d'empêcher qu'on tirât de ce côté; ce qu'il • observa ponctuellement, pour faire voir le respect qui « était dû à la majesté royale, même par les ennemis. » Mais une fois les lignes achevées et le blocus établi autour de la ville, qu'on voulait réduire par la famine, Louis XIII malade se sentit hors d'état de rester plus longtemps sous les murs de Perpignan, et laissa le soin du siége aux maréchaux de Schomberg et de La Meilleraye. « Ceux-ci gar◄ dèrent si bien leurs lignes, que rien n'entroit dans la a ville; tellement qu'après avoir duré cinq mois et consumé a tous les vivres qui étoient dedans, jusqu'aux chevaux, ◄ mulets, ânes, chiens et chats, même cuirs, le marquis « de Florez d'Avila capítula et rendit la ville et la citadelle de Perpignan, le 5 septembre (1). » Perpignan passait alors pour le plus fort boulevard de la frontière espagnole.

« Sire, vos armes sont dans Perpignan et vos ennemis « sont morts, » écrivait Richelieu à Louis XIII, lui annonçant cette belle conquête et le supplice de Cinq-Mars, son favori, comme deux succès d'une égale importance.

213. BATAILLE DE LÉRIDA (7 octobre 1642).

Par M. Hippolyte LECOMTE en 1836.

Aile du Nord. R.-de-chaussée.

Le Roussillon était perdu pour l'Espagne, et toutes les Salle n° 10. forces rassemblées par le comte-duc d'Olivarès arrivaient trop tard pour sauver cette province. Le ministre de Philippe III voulut du moins réparer par quelque action d'éclat une perte aussi considérable, et il donna l'ordre au marquis de Leganez de s'emparer de Lérida, ville forte de la Catalogue, sur la Sègre. Le maréchal de La Mothe Houdancourt se porte aussitôt au secours de cette place, et, informé que le général espagnol a réuni ses troupes à celles du marquis de Tarracuse, défenseur malheureux du Roussillon, il les attend de pied ferme, malgré la supériorité de leurs forces, sous les murs de la ville qu'ils viennent assiéger.

« Les deux armées furent, le 7 octobre, en vue l'une de a l'autre, et à dix heures du matin, la bataille commença, << dans laquelle les François furent chargés d'abord si vi• goureusement par les régiments du prince d'Espagne et << du comte-duc, qu'ils furent mis en désordre; mais le

(1) Mémoires du marquis de Montglat, p. 366.

Partie centrale.

de-chaussée.

Galerie Louis XIII. Safle no 50.

«<, baron d'Alais (1) et le comte des Roches-Baritaut les soutinrent si hardiment que la chance tourna, et les Espa«gnols furent rompus et tellement mis en déroute, qu'ils prirent la fuite, et se sauvèrent en grande confusion à Fragues. Le champ de bataille demeura aux Francois « avec tout le canon..... Les Espagnols laissèrent deux « mille morts sur la place, et la ville de Lérida fut sauvée, «ce qui causa une grande joie dans la Catalogne (2). » 4 214. LE CARDINAL DE RICHELIEU FAIT DON DU PALAISROYAL A LOUIS XII (2 décembre 1642).

Par M. Hippolyte LECOMTE, d'après le tableau de M. Drolling, fait en 1823, et placé dans la galerie du Palais-Royal.

Richelieu voyait approcher sa dernière heure. Louis XIII, languissant lui-même et atteint du mal qui devait bientôt finir ses jours, voulut voir son grand ministre au lit de mort. Il se rendit chez lui, accompagné du marquis de Villequier (3), capitaine de ses gardes. «Sire, lui dit le car

dinal, voici le dernier adieu. En prenant congé de votre « majesté, j'ai la consolation de laisser son royaume plus « puissant qu'il n'a jamais été, et ses ennemis abattus. La << seule récompense de mes peines et de mes services que « j'ose demander à votre majesté, c'est la continuation de sa protection et de sa bienveillance à mes neveux et à <«mes parents. Je ne leur donnerai ma bénédiction qu'à

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condition qu'ils serviront votre majesté avec une fidélité « inviolable. Votre majesté a dans son conseil plusieurs «personnes capables de le servír utilemcat; je lui cona Seille de les retenir auprès d'elle. » C'est alors, ajoutent quelques historiens, que Richelieu désigna au Roi le cardinal Mazarin comme le ministre le plus digne de le remplacer. Après quoi il remit aux mains de Louis XIII l'acte de donation du Palais-Cardinal.

Cette donation, faite à la couronne dès l'année 1636, ́avait été renouvelée par le cardinal de Richelieu dans son testament passé à Narbonne, en l'hôtel de la Vicomté, le 23 mai 1642. En voici les propres termes :

Je déclare que, par contrat du 6 juin 1636, devant «Guerreau et Pargue, j'ai donné à la couronne mon grand 'hôtel que j'ai bâti sous le nom de Palais-Cardinal, ma

(1) Jacques de Cambis, depuis maréchal de camp, (2) Mémoires du marde Montglat, t. I, p. 568. (3) Antoine d'Aumont, depuis maréchal de France of ensuite due d'Aumont

.

« chapelle d'or enrichie de diamants, mon grand buffet a d'argent ciselé, et un grand diamant que j'ai acheté de «Lopez. Toutes lesquelles choses le Roi á eu agréable par « sa bonté d'accepter, à ma très-humble et très-instante « supplication, que je lui fais encore par ce présent testa«ment, et d'ordonner que le contrat soit exécuté dans a tous ses points.»

Dans un autre article du testament le cardinal recommande qu'une somme de 1,500,000 francs, prise sur sa succession, soit remisé entre les mains de Sa Majesté. 215. PIERRE LEGRAND S'EMPARE D'UN GALION ESPAGNÓL (1643).

Pavillon du Roi,
R.-de-Chaussée.

Par M. Theodore GUDIN en... Aile du Nord. Richelieu venait de mourir (4 décembre 1642), et la protection qu'il accordait aux colonies ne lui avait pas survécu. Ces milliers de Français transportés au bout des mers se virent alors abandonnés, cn but e à la jalousie et à la cupidité des autres nations, des Espagnols surtout, qui regardaient le moindre établissement sur un monde découvert par eux comme une ursurpation de leurs droits. La manière barbare dont avaient été écrasées par ces avides dominateurs plusieurs colonies naissantes avertissait les Français que le droit du premier occupant avait besoin d'être soutenu par le droit du plus fort; ils quittèrent donc la charrue, abandonnèrent leurs habitations, impuissantes à les protéger contre les ravages de la guerre, et vinrent se réfugier dans la partie septentrionale de l'ile de Saint-Domingue, se cachant dans les forêts qui la couvrent, et faisant pour se nourrir la chasse aux bœufs sauvages, ce qui leur fit donner le nom de houçaniers. Bientôt, leur nombre croissant chaque jour et la chasse ne suffisant plus à leurs besoins, la plupart se résolurent à revenir à leur première profession, et se lancèrent sur l'Océan. Ils s'établirent d'abord en confrérie, sous le nom de frères de la côte, mettant leurs biens en commun, et ne reconnaissant d'autre supériorité entre eux que celle de la force et de l'adresse. Subdivisés en petites sociétés de cinquante ou cent hommes au plus, ils se mirent à voguer nuit et jour dans de grandes barques découvertes, comme des sauvages, l'œil toujours fixé sur l'horizon, et firent plus d'une fois expier aux Espagnols leurs cruautés envers leurs devanciers, et la vie précaire et aventureuse à laquelle ils les réduisaient. Bientot de nouveaux aventuriers se joignirent à eux, et aban

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donnèrent la mère patrie pour aller aux Antilles partager les périls et les prises de ces hardis marins; Dieppe en fournit un grand nombre, qui s'illustrèrent par des traits de bravoure héroïques et presque fabuleux.

Parmi les flibustiers dieppois, Pierre Legrand est un des plus célèbres. Voici comment il débuta dans la carrière. Il croisait depuis quinze jours au débouquement de Bahama, lorsqu'il vit venir à lui un grand galion espagnol avec un pavillon de vice-amiral. Legrand montait un bateau de quatre canons, et n'avait avec lui que vingt-huit hommes, mais tous braves et décidés comme lui. Forçant aussitôt de voiles et de rames, il court au-devant du galion, le joint, s'élance sur son bord et en même temps coule à fond son propre navire. Cette audace désespérée étourdit le capitaine espagnol; son équipage stupéfait ne songe pas même à se défendre. Legrand, maitre du galion, dépose une partie de ses prisonniers sur le rivage, et n'emmenant avec lui que le capitaine et ses officiers, s'en retourne fièrement à Dieppe, sa patrie, faire admirer sa prise, et en recueillir les immenses profits.

Aile du Nord. 216. BATAILLE DE ROCROY (19 mai 1643).

R.-de-chaussée.
Salle no 10.

ORDRE DE BATAILLE.

Par M. Oscar GUE en 1835, d'après un tableau de la galerie de Chantilly, par Martin.

Aile du Nord. 217. BATAILLE DE ROCROY (19 mai 1643).

R.-de-chaussée.
Salle n° 10.

Par M. Jouy en 1836, d'après un tableau de la galerie de Chantilly, par Martin.

Partie centrale. 218. bataille de ROCROY (19 MAI 1643).

R.-de-chaussée.

Galerie

Louis XIII.
No 50.

Aile du Midi. 1er étage. Galerie des Batailles. No 137.

Par M. SCHNETZ en 1823

219. BATAILLE DE ROCROY (19 mai 1643).

Par M. HEM ед....

Richelieu était mort, et la santé languissante de Louis XIII faisait présumer qu'il ne survivrait pas longtemps à son ministre. Quelques succès obtenus en Flandre par les Espa-gnols, dans l'année 1642, leur avaient rendu la confiance; et don Francisco de Mellos, gouverneur des PaysBas, prévoyant les troubles que la mort du Roi pouvait amener, cherchait à se rapprocher des frontières: pour pénétrer plus facilement dans l'intérieur du royaume. Le

duc d'Enghien (1) lui était opposé. A peine âgé de vingt-deux ans, c'était la faveur du prince de Condé (), son père, qui l'avait porté si jeune à la tête des armées. Mais Gassion (3), d'Espenan (), La Ferté-Senneterre (5), La Vallière (*) et Sirot(), tous hommes de guerre renommés, étaient sous ses ordres; et le vieux maréchal de L'Hôpital (8) avait été placé auprès de lui, pour modérer par sa prudence l'ardeur impétueuse d'un jeune prince avide de gloire. Cependant ce fut le jeune prince qui, plus habile à son coup d'essai que le vieux capitaine formé par l'expérience de vingt batailles, l'entraîna malgré lui dans une action générale,

Don Francisco de Mellos venait d'abandonner le siége d'Arras, dont les préparatifs l'avaient occupé tout l'hiver, pour se porter subitement du côté de Rocroy; son intention était de s'emparer de cette ville, qui lui ouvrait les portes de la Champagne, pour en faire une place d'armes propre à ses entreprises; il la savait mal pourvue et défendue par une faible garnison. L'armée française était éloignée, et tout semblait lui promettre que la ville tomberait entre ses mains avant qu'on pût la secourir.

Le duc d'Enghien avait pénétré les desseins de l'ennemi. Il commença par détacher Gassion pour jeter un secours dans Rocroy et mettre la place en état de tenir jusqu'au moment où il arriverait lui-même pour la défendre. Puis, masquant habilement ses manœuvres, il sut, avec autant de promptitude que de clairvoyance, suivre tous les mouvements du capitaine éspagnol; et, rassemblant sur sa route toutes les troupes qu'il put réunir, il vint se présenter devant Rocroy lorsqu'on le croyait occupé sur un autre point de la frontière. Mellos ne connut la force de l'armée française que lorsqu'elle fut engagée dans les bois et les marécages qui couvrent la place: il pouvait lui en disputer le passage, mais, confiant dans le nombre et dans la valeur si souvent éprouvée de ses troupes, et jaloux d'éнtrainer son jeune adversaire dans une bataille générale, il se refusa cet avantage et laissa les régiments français se déployer en face de ses lignes. C'est au milieu de ces circonstances que le duc d'Enghien apprit la mort de Louis XIII. Ses intérêts le rappelaient à Paris, ceux de l'armée qu'il (1) Louis de Bourbon, Ile du nom, depuis prince de Condé (le grand Conde). (2) Henri de Bourbon, Ile du nom, prince de Conde. (3) Jean, comte de Gassion, depuis maréchal de France. () Roger de Bossost, comte d'Espenan, maréchal de camp. (5) Henri de Senneterre, Ile du nom, depuis maréchal de France et duc de La Ferté. (6) François de La Baume Le Blanc, chevalier de La Vallière. (7) Claude d'Eltouf de Pradines, baron de Sirot. (8) François de L'Hôpital, comte de Rosnay, etc.

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