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Aile du Midi.

1er étage. Galerie des Batailles. No 137.

chant de victoire composé en langue tudesque peu de temps après la bataille, et dont nous citerons les passages suivants:

«Dieu voyant toutes les calamités qui pesoient sur la «France eut enfin pitié de son peuple. Il appelle le seigneur <«<Louis pour lui ordonner d'aller combattre les ennemis. « Louis, mon roi, délivre mon peuple si rudement châtié « par les Normands. » Le prince, ayant rassemblé ensuite « les grands, leur dit, entre autres paroles : «Consolez-vous, « mes compagnons, mes chevaliers: c'est par l'ordre de Dieu « que nous marchons, c'est lui qui assurera le succès de nos « armes..... Je ne m'épargnerai pas moi-même pour par« venir à vous délivrer; mais je veux qu'en ce jour ceux qui << sont restés fidèles à Dieu suivent mes pas. » On ajoute que le roi entonna un cantique au moment de livrer bataille, et que toute l'armée répondit par le cri de Kyrie eleison. « La «fureur et la joie, continue le poëte, colorèrent les joues « des Francs; chacun d'eux se rassasia de vengeance; mais «Louis les surpassa tous en courage et en adresse. Il perce « les uns, renverse les autres, et abreuve de l'amère bois«son du trépas tous ceux que rencontrent ses coups. >> La défaite des Normands fut complète; leur chef Garamond resta parmi les morts. Deux siècles après la bataille de Saucourt, à l'époque où fut écrite la chronique de SaintRiquier, des chansons populaires se redisaient encore en l'honneur de cette glorieuse journée.

23. EUDES, COMTE DE PARIS, FAIT LEVER LE SIÉGE DE PARIS (889).

Par M. SCHNETZ en 1837.

pu

L'an 887 Sigefroy, voulant s'emparer de Paris, avait remonté la Seine avec sept cents barques et quarante mille hommes. Il avait appelé autour de lui tout ce qu'il avait réunir de guerriers scandinaves, dans les stations de la Loire et de la Seine, sur les côtes de Belgique et d'Angleterre, et l'on croit que plusieurs barques fugitives de la grande bataille d'Hafursfiord, gagnée cette même année par le roi de Norwége, Harold Harfager (ou aux blonds cheveux), lui avaient amené de nouveaux renforts. Paris, alors renfermé dans l'étroite enceinte de la Cité, soutint pendant un an, l'effort de cette puissante armée. L'évêque Gozlin et le comte Eudes animèrent la population par leur héroïsme. Eudes, que ses glorieux services et l'accroissement de sa puissance désignaient aux suffrages du pays, fu

élu roi deux ans après (889), et inaugura sa royauté en faisant essuyer un nouvel échec aux Normands près de Montfaucon. Il faillit dans cette action être victime de son courage: un barbare lui porta un coup de hache sur l'épaule; Eudes lui répondit en l'étendant à ses pieds. Un troisième combat, livré aux Normands par le roi Eudes, se termina encore à son avantage, mais ne le sauva pas de la triste nécessité de traiter avec eux comme les Carlovingiens, ses prédécesseurs. Aussi les incursions des Normands désolèrent-elles la France pendant plus de vingt ans encore, et elles ne trouvèrent leur terme qu'en 912 par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui abandonna à Rollon la province de Neustrie, appelée dès lors Normandie.

24. LOTHAIRE DÉFAIT L'EMPEREUR OTHON II SUR LES BORDS DE L'AISNE (octobre 978).

R.-de-chaussée.
Salle n° 5.

Par Charles DURUPT en 1837. Aile du Nord. Pendant le x siècle, il s'était opéré en France une sorte de démembrement de la puissance publique, à peu près semblable à celui qui avait emporté en lambeaux l'empire de Charlemagne. Les diverses provinces s'étaient détachées successivement de l'autorité royale; les seigneurs qui les gouvernaient y avaient usurpé une souveraineté héréditaire, et d'un bout à l'autre du royaume, le régime féodal s'était établi avec le morcellement à l'infini du territoire et la hiérarchie du vasselage, qui sont ses caractères essentiels.

La dynastie carlovingienne, éteinte l'an 911 en Allemagne, était à la veille de finir en Franee. Deux fois déjà, dans la personne d'Eudes et de Raoul, la puissante maison de Robert le Fort avait occupé le trône presque sans contestation. Hugues Capet, fils de Hugues le Grand, comte de Paris et duc de France, entourait de ses vastes fiefs le domaine royal, réduit aux deux villes de Laon et de Reims. Tout annonçait une nouvelle dynastie. Cependant le roi Lothaire, ainsi affaibli, ne craignit pas d'attaquer l'empereur Othon II, maître puissant de l'Allemagne et de I'Italie.

L'ancien royaume de Lorraine était alors un sujet de querelle entre les nouveaux empereurs de la maison de Saxe et les princes carlovingiens de France. Les premiers réclamaient ce royaume comme province de l'empire, les autres, comme dépendance de l'héritage de Charlemagne; le dernier prince qui l'avait possédé était en effet Swentibold, fils d'Arnoulf, de la race carlovingienne. Lothaire fit un grand effort pour

Partie centrale.

1er étage.

Salle des Etats

Généraux.
No 129.

défendre ses droits; il se jeta avec une armée sur la Lorraine, et faillit surprendre dans Aix-la-Chapelle l'empereur Othon avec toute sa famille.

Othon, pressé de se venger, annonça à Lothaire qu'au premier octobre de la même année (978) il lui rendrait sa visite dans son royaume. En effet, à l'époque dite, on le vit paraître sous les murs de Paris, à la tête de soixante mille hommes. Hugues Capet s'y était enfermé. L'Empereur, ne pouvant l'attirer au dehors, lui fit dire « qu'il alloit lui faire «chanter une litanie plus sonore qu'aucune de celles qu'il « avoit jamais entendues; et, allant se poster sur les hau«teurs de Montmartre, il y rassembla un grand nombre << de prêtres, dont il soutenoit les chœurs par les cris de «ses soldats, et leur fit entonner le cantique des martyrs, « Alleluia, te martyrum candidatus laudat exercitus, << d'une manière si bruyante, que tous les habitants de « Paris purent l'entendre (1). »

Les Allemands, croyant par cette bravade avoir vengé leur honneur, se retirèrent et marchèrent sans obstacle jusqu'au passage de l'Aisne. Mais Othon étant arrivé sur cette rivière à la fin de la journée, une partie seulement de son armée put la traverser le même soir : les bagages et l'arrière-garde restèrent sur l'autre rive. Lothaire profitant de ce que pendant la nuit des pluies avaient grossi la rivière attaqua et défit cette portion de l'armée impériale sous les yeux d'Othon, qui ne pouvait la secourir,

25. HUGUES CAPET PROCLAMÉ ROI DE FRANCE PAR LES GRANDS DU ROYAUME (mai 987).

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Louis V, le dernier des Carlovingiens, était mort en 987, et son oncle Charles, duc de basse Lorraine, se trouvait trop éloigné pour recueillir immédiatement son héritage. Hugues Capet, duc de France, comte de Paris et d'Orléans, et seigneur d'un grand nombre d'abbayes, était depuis longtemps appelé au trône par l'éclat héréditaire de sa race et par sa puissance. A ses nombreux vassaux ise joignirent son frère Henri le Grand, duc de Bourgogne, et son beau-frère Richard sans Peur, duc de Normandie, qui représentèrent à Noyon tout le baronnage de France, et le proclamèrent roi. Hugues Capet se fit tout aussitôt sacrer à Reims, et l'année suivante (988), il donna aux droits de son fils Robert la même consécration.

(1) Balder, Chron., p. 282.

26. LEVÉE DU SIÉGE DE SALERNE (vers l'an 1016).

Par Eugène RoGER en 1839, Partie centrale.

1er étage. Salle

No 128.

Les Normands, établis pacifiquement dans la Neustrie et convertis au christianisme, n'en avaient pas moins gardé leur des Croisades. passion pour la guerre et les aventures. Plus d'un siècle avant les croisades, les pèlerinages de la terre sainte leur étaient devenus familiers ; ils allaient en foule chercher les émotions du danger, en même temps que celles de la piété, dans ces lieux où le tombeau du Christ était sous la garde du cimeterre musulman.

C'est en revenant d'un de ces pèlerinages, sur des vaisseaux de la république marchande d'Amalfi, que quarante de ces belliqueux pèlerins débarquèrent à Salerne, au commencement du XIe siècle (1). Presque au même temps une petite flotte de Sarrasins vint assaillir cette ville, et les habitants, cachés derrière leurs murs, attendaient dans un immobile effroi le pillage et la mort. Les quarante chevaliers normands demandent au prince Guaimar III des chevaux et des armes, se font ouvrir les portes, et, malgré leur petit nombre, chargent intrépidement les Sarrasins qu'ils mettent en fuite. Leur héroïsme rend le courage aux Salernitains, qui accourent sous leurs pas et achèvent la défaite de l'ennemi. Le prince de Salerne combla de présents ces braves aventuriers, et s'efforça, mais en vain, de les retenir à sa cour. Ils lui promirent seulement de lui envoyer ceux de leurs compatriotes que tenteraient les richesses et la fertilité de l'Italie méridionale.

27. BATAILLE DE CIVITELLA (18 juin 1053).

Par M. Adolphe ROGER en

....

On raconte qu'en effet les beaux fruits de la Campanie étalės devant les Normands eurent pour eux un charme irrésistible, et que tout aussitôt une centaine d'aventuriers, sous les ordres de Drengot, s'achemina vers le mont Gargano, but apparent d'un pieux pèlerinage (1016). Là, les Normands se mêlèrent à toutes les querelles de l'Italie méridionale, et, après diverses fortunes, tour à tour engagés au service de chacun des petits souverains du pays, ils finirent

(1) Aucune chronique ni histoire ne fournit la date précise de cet événement.

Partie centrale,

1er étage. Salle

des Croisades. No 128.

Partie centrale. 1er étage. Salle

des Croisades.

No 128.

par garder le comté d'Averse, comme prix de leur bravoure (1021). De ce comté naquit une monarchie.

Les fils de Tancrède de Hauteville, gentilhomme de la basse Normandie, en furent les fondateurs. Guillaume Fier-à-Bras, Drogon et Umfroy, suivis peu après de leurs plus jeunes frères, Robert Guiscard et Roger, entreprirent la conquête du duché de Pouille, et le succès accompagna partout leurs armes. Mais en même temps que leurs prouesses chevaleresques excitaient l'admiration, leurs sacriléges brigandages inspiraient une horreur universelle. Le pape Léon IX, inquiet pour le Saint-Siége et pour l'Italie entière, arma contre eux par ses pieuses exhortations les deux empires d'Orient et d'Occident. Des Grecs, des Allemands et des milliers d'Italiens, dociles à la voix de leur pontife, se rassemblèrent autour de lui; il n'avait pas moins de cinquante mille hommes, et, pour animer leur courage il marcha luimême à leur tète. Mais l'intrépidité des Normands était accoutumée à braver le nombre, et ayant rencontré (18 juin 1053) à Civitella, dans la Capitanate, l'armée pontificale, ils la mirent en pleine déroute. Léon IX resta prisonnier entre leurs mains. Umfroy et Robert Guiscard lui témoignèrent un respect qui allait jusqu'à l'adoration; mais, à genoux devant lui, ils lui dictèrent leurs conditions. Le Pape leur accorda l'investiture de tout ce qu'ils avaient conquis et pourraient conquérir encore dans la Pouille, dans la Calabre et dans la Sicile, à condition qu'ils tiendraient ces provinces en fief du Saint-Siége. A ce prix il recouvra sa liberté. Robert Guiscard, fort des droits que venait de lui concéder le pontife, eut bientôt soumis à sa domination tout le midi de l'Italie, pendant que son frère, le grand comte Roger, à travers mille hasards et mille traits de bravoure héroïque, rangeait la Sicile sous ses lois (1080).

28. COMBAT DE CÉRAMO (1061).

Par M. LAFAYE en 1839.

Un intérêt romanesque s'attache aux événements de la longue guerre qui donna la Sicile au grand comte Roger. Ce fut avec cent cinquante chevaliers seulement qu'il entreprit sur les Sarrasins cette importante conquête. La fortune lui fut tour à tour favorable ou contraire: plusieurs fois il se vit contraint de fuir l'île qu'il venait soumettre, et ce ne fut qu'après une lutte où il endura, avec sa jeune épouse, toutes les extrémités de la misère, qu'il s'empara enfin de la

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