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et comme la personnification vivante de l'ancienne majesté de l'empire.

19. CHARLEMAGNE ASSOCIE A L'EMPIRE SON FILS LOUIS LE DÉBONNAIRE (août 813).

Par M. Jean ALAUX en 1837. Partie centrale.

1er étage.

Généraux.
No 129.

Charlemagne, dans une assemblée tenue à Thionville, Salle des Etatsen 806, avait partagé l'héritage de l'empire entre ses trois fils, Charles, Pepin et Louis. La mort ayant frappé successivement (810 et 811) les deux premiers de ces princes, l'empereur, qui se sentait plier sous le poids du chagrin et de la vieillesse, songea, avant de mourir, à régler de nouveau sa succession.

L'an 813, dit l'historien Eginhard, il appela auprès de « lui, à Aix-la-Chapelle, son fils Louis, roi d'Aquitaine, le seul des enfants qu'il avoit eus d'Hildegarde qui fût. a encore vivant. Ayant en même temps réuni, de toutes les a parties du royaume des Francs, les hommes les plus consi«dérables, dans une assemblée solennelle, il s'associa, du a consentement de tous, ce jeune prince, l'établit héritier a du royaume et du titre impérial, et, lui mettant la couronne sur la tête, il ordonna qu'on eût à le nommer em<pereur et Auguste. Ce parti fut applaudi de tous ceux qui a étoient présents, et frappa de terreur les nations étrana gères. »

Charlemagne, au sortir de cette assemblée, alla se livrer à l'exercice habituel de ses grandes chasses d'automne, et ne rentra à Aix-la-Chapelle que pour s'y aliter et mourir (28 janvier 814).

20. BATAILLE DE FONTENAY EN AUXERROIS (25 juin 841).

Par M. Tony JoHANNOT en 1837. Le règne de Louis le Débonnaire avait été troublé par les révoltes de ses fils, et par le mouvement de toutes ces populations étrangères les unes aux autres, qui, confondues malgré elles au sein de l'empire, tendaient à s'en détacher.

A la mort de ce prince, en 840, l'unité de l'empire se rompit pour jamais. Lothaire, son fils aîné, eut le titre d'empereur et l'Italie en partage; Louis le Germanique, la Bavière; Charles le Chauve, l'ancien royaume de Neustrie; et le jeune Pepin, leur neveu, l'Aquitaine.

Mais Lothaire, comme empereur, prétendait que l'em

Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle no 5.

Aile du Nord. R.-de-chaussee. Salle no 5.

pire entier était à lui, il annonçait tout haut l'intention de dépouiller ses frères. Il les unit par là dans un même intérêt ni les Germains, qui obéissaient à Louis, ni les peuples de la France occidentale, sur lesquels régnait Charles le Chauve, ne voulaient passer sous la domination du roi d'Italie. Pepin seul, dépouillé de l'Aquitaine, s'unit à Lothaire dans l'espoir de la reconquérir.

Cependant tel était le prestige encore attaché au titre impérial que, lorsque les deux armées se trouvèrent en présence à Fontenay ou Fontenaille, près d'Auxerre, les deux rois de Germanie et de Neustrie s'adressèrent humblement à Lothaire pour lui demander la paix, « au nom « de l'Église, des pauvres et des orphelins. » Lothaire repoussa leurs prières; ils lui répondirent alors « qu'il «eût à les attendre pour le lendemain (25 juin 841), à la « deuxième heure du jour; qu'ils viendroient demander « entre eux et lui ce jugement du Dieu tout-puissant auquel «illes avoit forcés de recourir contre leur volonté. » «La bataille, dit l'historien Nithard, qui combattoit dans « l'armée de Charles le Chauve, s'engagea sur les bords << d'une petite rivière de Bourgogne. Louis et Lothaire en «vinrent aux mains dans un endroit nommé les Breti«gnelles, et là Lothaire vaincu prit la fuite. La portion de l'armée que Charles attaqua dans le lieu nommé le Fay « s'enfuit aussi.... Les deux rois furent donc vainqueurs. >> Le carnage fut immense; aucune journée, depuis l'origine de la monarchie, n'avait coûté tant de sang aux vaincus et aux vainqueurs.

Cependant la guerre se prolongea deux ans encore, et ce ne fut qu'en 843 que fut conclu le traité de Verdun, qui consomma le démembrement de l'empire de Charlemagne. C'est à dater de cette époque que commence vraiment la France moderne, et que la nation française, pure du mélange germanique, se montre sur la scène de l'histoire. 21. COMBAT DE BRISSARTHE (25 juillet 866).

MORT DE ROBERT LE FORT.

Par M. LEHMANN en 1837.

Au rx siècle on appelait du nom générique de Normands (hommes du Nord) les peuples qui habitaient la Scandinavie, aujourd'hui les trois royaumes de Norwege, de Suède et de Danemark. Ces peuples, jetés dans la pira terie par leur génie sauvage et par les rigueurs d'un sol stérile, avaient commencé, dès les dernières années de

Charlemagne, à infester les côtes de l'empire. Sous les règnes agités de Louis le Débonnaire et de Charles le 'Chauve, leurs incursions devinrent plus fréquentes et plus redoutables. Fortifiés dans leurs trois stations à l'embouchure de l'Escaut, de la Seine et de la Loire, ils ne cessèTent, pendant soixante et quinze ans, de répandre la terreur sur tous les points du royaume, par leurs massacres et leurs dévastations. Tous les récits contemporains attestent qu'à l'approche de ces barbares les populations épouvantées fuyaient sans opposer la moindre résistance, et que les rois ne parvenaient qu'à prix d'argent à écarter le fléau de ces terribles invasions.

Cependant, au milieu de cette frayeur universelle, qui laissait le champ libre aux ravages des Normands, le besoin de se défendre se fit enfin sentir, et plusieurs actes d'héroïque résistance, couronnés par le succès, tirèrent la nation de sa stupeur, et relevèrent la gloire de ses armes.

L'an 866 les Normands, sous leur chef Hasting, avaient remonté la Loire jusqu'à Brissarthe, village situé à cinq Tienes d'Angers. Ils y rencontrèrent le vaillant Robert, surnommé le Fort, comte d'Outre-Maine, chef illustre de la troisième race de nos rois. Robert les repoussa avec tant de vigueur qu'ils n'eurent plus d'autre ressource que de se réfugier et de se fortifier dans une église. Fatigué d'une longue marche, et se fiant au blocus étroit dont il enveloppait la place d'armes des barbares, Robert donna à ses soldats l'exemple de se dépouiller de leur armure et de prendre un peu de repos. Les Normands profitèrent de ce moment d'imprévoyance, et se jetèrent sur Robert et sa troupe. Désarmé, ils le tuèrent sans peine, et traînèrent son corps dans l'église. Cette église existe encore, quoique reconstruite à plusieurs reprises; elle a néanmoins une nef très-ancienne, que l'on croit celle même où les Normands 's'enfermèrent.

22. BATAILLE DE SAUCOURT EN VIMEU (juillet 881).

Par M. DASSY en 1837. Aile du Nord.
R.-de-chaussée,
Salle no 5.

L'an 881 le roi Louis III entendit le cri de ses peuples de Flandre et d'Artois, qui gémissaient sous les ravages des Normands appelés par la trahison d'Isembard, seigneur de la Ferté en Ponthieu. Ce fut à Saucourt en Vimeu, (village situe à peu près à moitié chemin entre Eu et Abbeville), que l'armée française rencontra les barbares. Il faut entendre sur cette journée l'auteur anonyme d'un

Aile du Nord. R.-de-chaussee. Salle no 5.

pire entier était à lui, il annonçait tout haut l'intention de dépouiller ses frères. Il les unit par là dans un même intérêt ni les Germains, qui obéissaient à Louis, ni les peuples de la France occidentale, sur lesquels régnait Charles le Chauve, ne voulaient passer sous la domination du roi d'Italie. Pepin seul, dépouillé de l'Aquitaine, s'unit à Lothaire dans l'espoir de la reconquérir.

Cependant tel était le prestige encore attaché au titre impérial que, lorsque les deux armées se trouvèrent en présence à Fontenay ou Fontenaille, près d'Auxerre, les deux rois de Germanie et de Neustrie s'adressèrent humblement à Lothaire pour lui demander la paix, «_au_nom « de l'Église, des pauvres et des orphelins. » Lothaire repoussa leurs prières; ils lui répondirent alors qu'il « cût à les attendre pour le lendemain (25 juin 841), à la « deuxième heure du jour; qu'ils viendroient demander « entre eux et lui ce jugement du Dicu tout-puissant auquel « il les avoit forcés de recourir contre leur volonté. » « La bataille, dit l'historien Nithard, qui combattoit dans « l'armée de Charles le Chauve, s'engagea sur les bords «< d'une petite rivière de Bourgogne. Louis et Lothaire en <<< vinrent aux mains dans un endroit nommé les Breti«gnelles, et là Lothaire vaincu prit la fuite. La portion de l'armée que Charles attaqua dans le lieu nommé le Fay « s'enfuit aussi.... Les deux rois furent donc vainqueurs.» Le carnage fut immense; aucune journée, depuis l'origine de la monarchie, n'avait coûté tant de sang aux vaincus et aux vainqueurs.

et

Cependant la guerre se prolongea deux ans encore, ce ne fut qu'en 843 que fut conclu le traité de Verdun, qui consomma le démembrement de l'empire de Charlemagne. C'est à dater de cette époque que commence vraiment la France moderne, et que la nation française, pure du mélange germanique, se montre sur la scène de l'histoire. 21. COMBAT DE BRISSARTHE (25 juillet 866).

MORT DE ROBERT LE FORT.

Par M. LEHMANN en 1837.

Au rx siècle on appelait du nom générique de Normands (hommes du Nord) les peuples qui habitaient la Scandinavie, aujourd'hui les trois royaumes de Norwége, de Suède et de Danemark. Ces peuples, jetés dans la piraterie par leur génie sauvage et par les rigueurs d'un sol stérile, 'avaient commencé, dès les dernières années de

Charlemagne, à infester les côtes de l'empire. Sous les règnes agités de Louis le Débonnaire et de Charles le 'Chauve, leurs incursions devinrent plus fréquentes et plus redoutables. Fortifiés dans leurs trois stations à l'embouchure de l'Escaut, de la Seine et de la Loire, ils ne cessèrent, pendant soixante et quinze ans, de répandre la terreur sur tous les points du royaume, par leurs massacres et leurs dévastations. Tous les récits contemporains attestent qu'à l'approche de ces barbares les populations épouvantées fuyaient sans opposer la moindre résistance, et que les rois ne parvenaient qu'à prix d'argent à écarter le fleau de ces terribles invasions..

Cependant, au milieu de cette frayeur universelle, qui laissait le champ libre aux ravages des Normands, le besoin de se défendre se fit enfin sentir, et plusieurs actes d'héroïque résistance, couronnés par le succès, tirèrent la nation de sa stupeur, et relevèrent la gloire de ses armes.

L'an 866 les Normands, sous leur chef Hasting, avaient remonté la Loire jusqu'à Brissarthe, village situé à cinq Tieues d'Angers. Ils y rencontrèrent le vaillant Robert, surnommé le Fort, comte d'Outre-Maine, chef illustre de la troisième race de nos rois. Robert les repoussa avec tant de vigueur qu'ils n'eurent plus d'autre ressource que de se réfugier et de se fortifier dans une église. Fatigué d'une longue marche, et se fiant au blocus étroit dont il enveloppait la place d'armes des barbares, Robert donna à ses soldats l'exemple de se dépouiller de leur armure et de prendre un peu de repos. Les Normands profitèrent de ce moment d'imprévoyance, et se jetèrent sur Robert et sa troupe. Désarmé, ils le tuèrent sans peine, et traînèrent son corps dans l'église. Cette église existe encore, quoique reconstruite à plusieurs reprises; elle a néanmoins une nef très-ancienne, que l'on croit celle même où les Normands S'enfermèrent.

22. BATAILLE DE SAUCOURT EN VIMEU (juillet 881).

Par M. DASSY en 1837. Aile du Nord.

L'an 881 le roi Louis III entendit le cri de ses peuples de Flandre et d'Artois, qui gémissaient sous les ravages des Normands appelés par la trahison d'Isembard, seigneur de la Ferté en Ponthieu. Ce fut à Saucourt en Vimeu, (village situe à peu près à moitié chemin entre Eu et Abbeville), que l'armée française rencontra les barbares. Il faut entendre sur cette journée l'auteur anonyme d'un

R.-de-chaussée.
Salle no 5.

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