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142. BATAILLE DE RAVENNE (11 avril 1512).

Par M. Ary SCHEFFER en 1924.

Raymond de Cardonne avait reculé devant l'impétuosité de Gaston de Foix. Il voulait à tout prix éviter la bataille, attendant le moment où l'édit de Maximilien, qui rappelait les lansquenets, éclaircirait les rangs de l'armée française. Mais Gaston, en menaçant l'importante ville de Ravenne, le contraignit à en venir aux mains pour la sauver.

Les premiers succès de la journée furent pour les Espagnols, dont l'artillerie ravageait les rangs de l'infanterie ennemie, pendant que la leur, couchée sur le ventre, ne souffrait aucune perte. Cette habile disposition était l'œuvre de Pietro Navarro, dont les inventions perfectionnèrent beaucoup alors l'art militaire. Mais le chef de la gendarmerie italienne, Fabrizio Colonna, impatient de voir ses cavaliers exposés seuls à tout le feu des batteries françaises, fit un mouvement en avant, que Navarro fut forcé de suivre avec ses fantassins. L'impétuosité redoutable des gendarmes français reprit par là tous ses avantages. En un instant la cavalerie espagnole fut rompue et dispersée, et l'infanterie elle-même, qui avait déjà entamé le corps de lansquenets, rudement chargée, céda le champ de bataille. Cependant elle se retirait en bon ordre, et Gaston de Foix, irrité du massacre qu'elle avait fait des siens et de l'opiniâtre résistance qu'elle lui opposait encore, ordonne contre elle une dernière charge. Il est blessé et renversé de cheval, et un soldat espagnol lui traverse le corps de son épée. L'honneur de la journée n'en resta pas moins aux Français, mais trop chèrement acheté par la perte du héros qui seul pouvait alors soutenir et faire triompher leur cause en Italie.

Aile du Nord. R.-de-chaussée.

Salle n° 8.

143. VICTOIRE DES FRANÇAIS SUR LA FLOTTE ANGLAISE Aile du Nord. DEVANT BREST (25 avril 1513).

Par M. Théodore GUDIN en ....

144. COMBAT DE LA CORDELIÈRE ET DE LA RÉGENTE DEVANT SAINT-MATHIEU (10 août 1513).

Pavillon du Roi.
R.-de-chaussée.

Par M. Théodore GUDIN en.... Aile du Nord.

Pavillon du Roj.

Pendant que l'Italie était le théâtre de ces sanglantes R.-de-chaussée. guerres, Henri VIII, entré dans la sainte ligue contre la

Aile du Nord. Pavilion du Roi. R.-de-chaussée.

France, préparait une descente sur les côtes du royaume. Louis XII, pour écarter ce danger, fit, selon le récit de Du Bellay, passer par le destroict de Gibraltar quatre galères « soubs la charge du capitaine Prégent, pour résister aux « incursions que faisoient les Anglois sur la mer de Ponant, « le long des costes de Normandie et Bretaigne; l'amiral « d'Angleterre, lequel avoit donné la chasse aux galères «dudit Prégent, jusque près de Brest, fut combattu par « lesdites galères, et fut blessé ledit amiral, qui mourut « peu de jours après. De rechef, devant Saint-Mathieu en << Bretaigne, le jour de saint Laurent, fut combattu par << quatre-vingts navires angloises contre vingt bretonnes et << normandes, et estant le vent pour nous et contraire aux «Anglois, fut combattu en pareille force: et entre autres «<le capitaine Primauguet, breton, capitaine de la Corde« lière, navire surpassant les autres en grandeur, que la «royne Anne avoit fait construire et équipper, se voyant

investy de dix ou douze navires d'Angleterre, et ne « voyant moyen de se développer, voulut vendre sa mort; «car ayant attaché la Régente d'Angleterre, qui estoit <«la principale nef des Anglois, jeta feu, de sorte que « la Cordelière et la Régente furent bruslées, et tous les << hommes perdus, tant d'une part que d'autre (1). »

1

145. CHAPITRE GÉNÉRAL DE SAINT-JEAN, A RHODES, CONVOQUÉ PAR LE GRAND MAÎTRE FABRICE CARETTE (1514).

Par M. JACQUAND en 1839.

Le sultan Selim, conquérant de la Syrie, de l'Arabie et de l'Égypte, ne voyait plus en Orient d'autre obstacle à sa puissance que la petite ile de Rhodes et les chevaliers qui l'occupaient. Tous ses projets se tournèrent de ce côté. C'est alors que Fabrice Carette (Fabrizio Caretto, d'une illustre famille romaine) fut élevé à la grande maîtrise de l'ordre de Saint-Jean. Réparer les ruines entassées pendant le siége que la ville avait soutenu trente-trois ans auparavant, relever et agrandir les fortifications, rappeler tous les chevaliers dispersés dans les commanderies d'Europe, lever de l'argent et des troupes, enfin faire tête par tous les moyens possibles à l'orage qui allait fondre sur Rhodes, tel était le premier devoir du grand maître, telle fut sa première pensée, et, pour l'accomplir, presque au (1) Mémoires de messire Martin Du Bellay, liv. I, “

lendemain de son élection, il convoqua le chapitre général de l'ordre.

Les ressources qu'il demandait lui furent toutes accordées, et Rhodes, sortie de ses ruines, fut en état de soutenir l'effort de la puissance ottomane. Mais ce n'était point à Fabrice Carette qu'il était réservé de défendre cette ville, non plus qu'à Sélim de l'attaquer. L'un et l'autre légua cette redoutable tâche à son successeur.

146. FRANÇOIS fer TRAVERSE LES ALPES (10 août 1515).

François Ier, à peine monté sur le trône, songea à reconquérir le duché de Milan, où régnait Maximilien Sforza, sous la protection des hallebardes suisses. Il eut bien vite ramassé une armée, composée de l'élite de la gendarmerie française, en même temps que d'une puissante infanterie de lansquenets et de Gascons, pendant que ses envoyés resserraient avec le sénat de Venise cette vieille alliance, commandée par la politique, que Louis XII lui-même avait fini par renouer, après l'avoir rompue dans une vaine fantaisie de conquête. François se rendit alors à Grenoble, et pour descendre sur les terres de son allié le marquis de Saluces, s'engagea, à gauche du mont Genèvre, entre Barcelonette et l'Argentière, par un sentier des Alpes que jamais grande armée n'avait encore franchi.

On était au 10 août, et il ne restait plus de neige dans les gorges des montagnes; mais le moindre retard dans ces lieux déserts eût fait périr l'armée faute de vivres. La sagesse du vieux maréchal de Trivulce et l'intrépidité française triomphèrent de tous les obstacles: on fit sauter des roches, on jeta des ponts sur l'abime, on construisit des galeries en bois le long des pentes les plus escarpées, et toute cette pesante cavalerie, avec soixante-douze pièces de grosse artillerie et les bagages, arriva le cinquième jour dans les plaines du marquisat de Saluces.

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147. FRANÇOIS 1er LA NUIT DE LA BATAILLE DE MARIGNAN (13 septembre 1515).

Par M. MULARD en 1817.

On négocia d'abord avec les Suisses, et François Ier s'efforça par tous les moyens de les faire rentrer dans son alliance. Mais une seconde armée de ces montagnards venait

Aile du Nord. 1er étage. Galerie

des Batailles. No 157.

de descendre en Italie, demandant impatiemment la guerre et le pillage, et le cardinal de Sion, en s'appuyant sur ces nouveaux venus, eut bientôt ramené les autres sous la bannière de Sforza. « Prenez vos piques, leur criait-il ; battez « vos tambours, et marchons sans perdre de temps, pour << assouvir notre haine sur ces Français et nous abreuver « de leur sang (1).

A ce cri de guerre les Suisses, au nombre de trentecinq mille, s'ébranlent et sortent de Milan pour aller audevant du roi de France, dont les quartiers touchaient presque aux murs de cette capitale. C'était une mauvaise position que celle des troupes françaises en avant de Marignan, à San-Donato et Sainte-Brigitte; mais on ne s'attendait pas à y être attaqué. Aussi les Suisses, arrivés au déclin du jour, commencèrent par tout renverser devant eux. Ni les coups d'une batterie dirigée par le fameux Pietro Navarro, passé au service de France, ni les charges impétueuses de la gendarmerie ne les arrêtèrent; et, après quatre heures de combat, à la lumière de la lune, tout ce que purent gagner les Français, fut de se replier sur une meilleure sition, et de relever leurs batteries, en attendant le jour. C'est alors que, selon le langage de Martin Du Bellay, « coucha le Roy toute la nuist, armé de toutes ses pièces, << hormis son habillement de teste, sur l'affust d'un canon. « Et demanda à boire, ledit seigneur, ajoute Fleuranges « dans ses Mémoires, car il étoit fort altéré; et y eut un «< piéton qui lui alla quérir de l'eau qui étoit toute pleine << de sang.... »

148. BATAILLE de marignan (14 septembre 1515).

po

Par M. FRAGONARD en 1836.

Le lendemain, dès la pointe du jour, les Suisses revinrent à la charge avec plus de fureur que la veille; mais les Français étaient mieux préparés à les recevoir, et ce fut en vain qu'ils assaillirent chacune des entrées du camp l'une après l'autre. Tous leurs efforts pour s'emparer de l'artillerie qui éclaircissait leurs rangs étaient inutiles; la cavalerie ne cessait de charger sur leurs flancs, et déjà ils commençaient à chanceler, lorsque retentit le cri de guerre des Vénitiens: Saint Marc! saint Marc! et que parut l'Alviane avec une faible avant-garde, qui fut prise pour toute son armée. Les Suisses n'osèrent pas l'attendre, et se re(1) Histoire des Guerres de l'Italie, par F. Guichardin, tome jer.

plièrent en bon ordre vers Milan. Plus de douze mille d'entre eux, mais aussi plus de six mille Français étaient couchés sur le champ de bataille. Ainsi finit la fameuse journée de Marignan, ce combat de géants, comme l'appelait le vieux maréchal de Trivulce, qui avait assisté à dixhuit batailles rangées.

149. FRANÇOIS 1er ARMÉ CHEVALIER PAR BAYARD
(14 septembre 1515).

Par M. FRAGONARD en 1837. Aile du Nord.
R.-de-chaussée.

« Le soir du vendredy, dont fina la bataille à l'hon- Salle no 8. «neur du roy de France, fut joye démenée parmy le camp, « et en parla-t-on en plusieurs manières, et s'en trouva a de mieux faisans les ungs que les autres; mais sur tous a fut trouvé que le bon chevalier (Bayard), par toutes les « deux journées, s'estoit montré tel qu'il avoit accoustumé « en autres lieux où il avoit esté en pareil cas. Le Roy le « voulut grandement honnorer, car il prist l'ordre de << chevalerie de sa main. Il avoit bien raison, car de meil« leur ne l'eûst sceu faire (1). » François Ier conféra à son tour le même honneur au brave Fleuranges (2).

150. ENTREVUE DU CAMP DU DRAP D'OR ( 7 juin 1520).
Par M. Auguste DEBAY en 1837.

Une rivalité inévitable devait éclater entre François Ier et Charles-Quint, depuis que le choix des électeurs avait mis sur la tête du dernier la couronne impériale. Cependant l'un et l'autre, dans l'attente de la lutte qui allait s'ouvrir, s'efforçaient de gagner l'alliance du roi d'Angleterre. « Qui « je défends est maître, » disait Henri VIII, et les empressements des deux monarques rivaux témoignaient combien il y avait de vérité dans cette orgueilleuse devise qu'il avait inscrite dans ses armes.

François Ier se flatta qu'il lui suffirait d'une entrevue avec le roi d'Angleterre pour en faire son ami. Mais dans son imprudence chevaleresque il n'imagina rien de mieux pour le gagner à ses intérêts que de rivaliser avec lui de magnificence. Alors eut lieu entre les deux petites villes d'Ardres et de Guines la fameuse entrevue du camp du drap d'or.

(1) Histoire du bon chevalier sans paour et sans reprouche. (2) Robert de Lamarck, IIIe du nom, duc de Bouillon, seigneur de Sédan et de Fleuranges, depuis maréchal de France.

Aile du Nord. R.-de-chaussée. Salle no 8.

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