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Garde du roi : Elle était un composé d'hommes gangrénés d'aristocratie; quelques-uns d'eux ont dit que, s'ils étaient réformés, on ferait sauter la salle de l'assemblée; il fait observer que le roi, par sa proclamation, a conservé les appointem ens à son ancienne garde, et donné des logemens dans l'école militaire à ceux qui voudraient rester.

Rassemblemens de nobles et de prêtres à Paris: Des correspondances certaines portent à vingt mille le nombre des conjurés récemment arrivés à Paris..

Cocardes blanches, fabrication d'armes, espions: Il existe des faits positifs à cet égard; le juge de paix de la section de Bondy a découvert une commande de 6,000 armes blanches avec devise : ⚫ Vivre ou mourir pour le roi. Les députés sont habituellement espionnés et suivis. Nouveaux faits à l'appui des griefs posés par Brissot contre Montmorin.

Comité secret: Il en a été tenu plusieurs à Saint-Denis, SaintOuen, Auteuil, chez le prince Montbarry; Rivaldy, officier de l'empereur; de Nivernois, le ci-devant évêque de Larochefoucauld; Vienne, architecte, Daguesseau, etc.

Trahison: Une déclaration de Bedrunne, ancien officier du ci-devant comte d'Artois, porte, qu'allant à Bruxelles, chez les émigrés Villequier et Mme Brienne, il a entendu dire à celle-ci que le roi avait un parti formidable à Paris, qui éclaterait dans peu ; que le roi de France et celui de Hongrie ne faisaient › qu'un avec plusieurs membres de l'assemblée nationale de › France; qu'il n'y avait que ces coquins de Jacobins qu'on ne › pouvait pas gagner, mais qu'on parviendrait à les réduire par », la force; qu'une grande partie des chefs de l'armée était pour > les défenseurs du roi. » Une lettre d'un citoyen au service des émigrés, a, dans le temps, prévenu de plusieurs faits qui ont eu lieu; et récemment encore, il vient d'avertir de la trahison de Narbonne, Delessart, Duport-Dutertre, Brissac, La Fayette et les généraux. (Rumeur, interruption.)

Lameth demande la censure de Chabot, comme ayant provoqué à la désobéissance aux généraux. Foisset veut qu'on l'envoie à

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l'Abbaye pendant trois jours. Lacroix demande la continuation; si ce sont des calomnies, on en fera justice. Lacépède pense que le correspondant de Chabot est le plus fidèle serviteur des émigrés. Tarbé dit qu'il ne voit pas la France dans les intrigans de Paris. Dubayet observe que la noblesse émigrée exècre La Fayette.

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Chabot demande des commissaires pour le triage des pièces qu'il pourra lire. Dumas s'y oppose, afin que l'on connaisse à » quoi se réduisent toutes ces conspirations, dont on nous berce › depuis si long-temps. Lemontey est de cet avis, pour savoir ce qu'on doit ordonner relativement à Chabot.

Ribes dénonce d'Orléans, Dumourier, Bonne-Carrère, comme les vrais membres du comité autrichien. Ruhl demande qu'il fasse sa dénonciation en forme. Lacroix s'écrie qu'on ne doit pas inculper sans preuves des fonctionnaires qui jouissent de la confiance de la nation.

Chabot reprend et dénonce un imprimé des députés du Tarn, Gaufferand, d'Esperon, Sancère, Coubé, Larroque-Labécède et Leroy-de-Flagis, qu'il qualifie d'héritiers du côté droit de l'assemblée constituante; ils y traitent l'assemblée législative de corps de 750 tyrans, sans expérience, et disent que s'il faut choisir entre la tyrannie d'un seul et celle de plusieurs, le système est résolu en faveur de la royauté absolue. Il compare cet écrit aux protestations qui ont eu lieu sous l'assemblée constituante, et provoque la sévérité de l'assemblée. (Murmures, violente agitation.) Jaucourt lui reproche de chercher à provoquer le peuple contre une partie de l'assemblée. Chabot dénonce ensuite les conférences secrètes de Vaublanc et Chéron avec le juge de paix Larivière, et il propose le désarmement des citoyens qui n'auront pas prêté le serment, la déclaration de Paris en état de guerre, et un rapport sur les chefs de la conspiration.

On demande que Chabot soit envoyé à l'Abbaye. Vergniaud se plaint de ces dénonciations hasardées, qui peuvent désorganiser l'armée, l'assemblée nationale et le ministère; il improuve également Chabot et Ribes. Emmery veut qu'on fasse mention au

procès-verbal du mouvement d'indignation au sujet des doutes élevés sur la conduite de La Fayette. Guadet fait adopter le renvoi des pièces au comité, à l'exception de celles relatives aux généraux et autres officiers de l'armée. Hébert renouvelle la motion d'envoi de Chabot à l'Abbaye. (Ordre du jour.)

Ribes dénonce le véritable comité autrichien, suivant lui, la faction d'Orléans, qui a formé l'horrible complot de massacrer le roi, sa famille et tous ceux qui veulent la Constitution, et qui a favorisé l'indépendance des colonies, pour se ménager une amnistie. Il cite en preuve les voyages de d'Orléans et Talleyrand à Londres: Dumourier est chargé de la partie de l'argent; il a tiré 1,200,000 liv. qui serviront jusqu'à l'arrivée des fonds de l'emprunt fait à Bruxelles par Larchier. De-là ces écrits qui appellent le roi M. veto; la reine, tigresse; les gardes nationales, les assassins du Champ-de-Mars. Il accuse Pétion d'être du complot, et conclut à l'acte d'accusation contre d'Orléans, Dumourier et Bonne-Carrère. Verron veut qu'on déclare que l'opinion de Ribes est le résultat d'une imagination en délire. Gossuin dit qu'il est fou. Aréna et Guadet font passer à l'ordre du jour.

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Séance des Jacobins, - La dénonciation de Ribes donna lieu, le soir même aux Jacobins, à une discussion dont c'est ici la place.

Sillery se livra à une longue apologie du duc d'Orléans; il rappela sa conduite, depuis le moment où il fut envoyé en exil jusqu'à celui où il venait de prendre les armes pour la défense de la liberté. Il déclara que ce prince avait toujours soutenu les droits du peuple, et qu'il s'était toujours trouvé en butte aux persécutions de la cour, combinées avec les manoeuvres de La Fayette, si évidemment acharné à le perdre. Quelques personnes demandèrent l'impression de ce discours.

M. Legendre. Il est étonnant que lorsque la patrie est en danger, on vienne nous occuper d'un individu. » ( Il s'élève de nombreux murmures. On arrête que Legendre ne sera pas entendu.)

M. Robespierre. Quand le préopinant a traité d'affaires individuelles les calomnies dirigées contre un défenseur de la liberté, il s'est sans doute servi de termes très-impropres. Mais la suite de son opinion pouvait nous fournir d'excellentes idées : il fallait l'entendre, et personne ici n'a le droit de violer la liberté des suffrages. (Applaudissemens.)

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N..... Je demande que M. Legendre soit rappelé à l'ordre ; car il dit, en parlant de M. le président (Chabot), je me soucie bien de ce législateur. ›

M. Legendre. J'ai dit qu'on me croyait aussi lâche que ces législateurs qui montent à la tribune pour y défendre les droits du peuple, et en descendent au premier mot. › — - Legendre remet sa carte sur le bureau. Quelques membres applaudissent. Le président se couvre. Il est indécent, s'écrie-t-il, qu'on applaudisse ainsi à un mouvement d'humeur de la part d'un membre recommandable d'ailleurs par son patriotisme: ses preuves sont faites à ce sujet. Je rappelle à l'ordre ceux qui ont applaudi à sa sortie. (Applaudissemens.)

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M. Robespierre. Les fâcheux incidens qui se multiplient ne m'étonnent pas dans les circonstances actuelles, et les persécutions qu'éprouvent les plus sincères amis de la liberté, doivent naturellement se mêler à toutes les agitations qu'on emploie pour écarter l'ordre du jour. Ceux qui manquent à la liberté, sont les flagorneurs ou les intrigans qui veulent sans cesse nous ramener à des intérêts particuliers. Ceux qui troublent la société, sont les nouveau-arrivés, qui étouffent la parole dans la bouche de ceux qui sont entrés ici les premiers. Il sera plus facile d'accuser les citoyens vertueux lorsqu'on les aura mis dans la nécessité de déserter cette société. »

Les mêmes personnes qui avaient tâché de retenir Legendre, le ramènent enfin aux applaudissemens universels.

M. Robespierre. Il y a long-temps que le discours de M. Sillery était annoncé; s'il était un moyen de faire cesser les bruits absurdes qu'on répandait sur la prétendue faction d'Orléans, c'était sans doute le discours de M. Ribes. Mais le moment pour

venir vous parler de lui ne pouvait être plus mal choisi. - Je demande que la société refuse son approbation à la démarche de M. Sillery; car il est vrai que la société semblerait avouer qu'elle soutient M. d'Orléans; il est vrai encore qu'elle paraîtrait s'occuper d'un individu plus que d'un autre. C'est ainsi que tous les jours on trouve de nouveaux moyens d'écarter l'ordre du jour. Nous avons à discuter des objets d'une importance majeure, et lorsque nous sommes évidemment trahis sur nos frontières, nous ne devons pas nous occuper d'autre objet. Que l'ordre du jour soit sans cesse celui du salut de la patrie.

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M. Sillery. Je n'ai parlé de la faction d'Orléans que parce qu'il m'est arrivé trente lettres des départemens. Au surplus, je ne suis pas fâché de ce qu'a dit M. Robespierre ; je lui demande extrait de son discours pour le mettre à la suite du mien comme une garantie. >

M. Robespierre. « Certes, messieurs, ce n'est pas ma faute si je suis obligé de combattre un nouvel incident. La proposition que vient de faire M. Sillery est encore plus extraordinaire que la première. Pour quelle espèce de raison me demande-t-on, à moi, la non-existence d'une faction chimérique ou non? Ai-je autre chose par-deyers moi que la publicité, les conjectures et les raisonnemens qui sont au pouvoir de tous les autres hommes? Pourquoi donc me demander une adhésion particulière? N'est-ce pas une proposition étrange et par trop absurde? (Applaudissemens.) J'exprime mon sentiment selon ma conscience et mes lumières. Je suis trop étranger à toute espèce de faction pour mêler mon nom avec ceux mêmes à qui on ne peut sans absurdité en supposer le projet. Je finis par vous faire observer combien il est important de passer à l'ordre du jour, et d'écarter toutes les manoeuvres de courtisan. (Applaudi.) La société passe à

l'ordre du jour. (Journal du club, no 208.)

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Nous allons rapprocher de la dénonciation de Ribes, et de la séance des Jacobins qu'on vient de lire, quelques passages d'une brochure de Desmoulins. Le fait d'orléanisme y est éclairci, touchant Pétion et Brissot; de plus, les rapports entre La Fayette et

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