Il y en eut cependant une partie qui montrait une grande curiosité de voir le roi, ce qui fut difficile, attendu les précautions que l'on avait prises. Le serment civique fut renouvelé avec enthousiasme par la garde nationale. La dernière des six légions, arrivée trop tard sur le terrain, ne put prendre part à cette acclamation; elle en montra un vif mécontentement qui devint le sujet d'une courte polémique; elle s'en prit à ses chefs de la faute du temps; et cela alla à ce point que le commandant de ce corps se crut obligé d'écrire à l'assemblée nationale pour se disculper et protester de ses sentimens. La joie publique ne fut point partagée par la cour. Voici ce que nous trouvons dans un écrit publié par un royaliste, témoin oculaire : Louis marcha à la fédération comme un débiteur que des records traînent en prison. La garde nationale était taciturne; et le maire, qui ne manqua pas de se montrer en vainqueur, était suivi d'une populace nombreuse qui vociférait, et portait en écrit sur ses drapeaux: Vive Pétion, ou la mort! Tous les spectateurs, ceux même qui s'intéressaient à lui (au roi), regardèrent ce triomphe comme l'avant-coureur d'une chute prochaine; sa femme, surtout, le dit perdu. Si, moins attaché à la Constitution qu'il étudiait sans cesse, moins fidèle au serment de la maintenir, et peu touché des troubles qu'il causerait en s'éloignant encore, le roi eût voulu fuir de nouveau, il en avait, ce jour-là, une occasion qui paraissait certaine. Trois mille huit cents hommes qui l'escortaient, dont cinq cents Suisses, trois mille gardes nationaux et trois cents gendarmes à cheval étaient déterminés à lui faire un rempart de leur corps jusqu'à la sortie de Paris, où d'autres forces l'attendaient sous différens déguisemens. On lui proposa de briser ses fers et on le conjura de ne pas négliger un moyen de salut qui se présentait; mais il se refusa à toutes les instances et retourna dans sa prison. › (list. particulière des événemens de juin, juillet, août et septembre 1792, par Maton de la Varenne. Paris, 1806. Nous avons vu précédemment figurer cet avocat dans un procès raconté par Desmoulins.) Le roi retourna aux Tuileries à travers le même silence que 30 T. XV. le peuple avait observé pendant toute la cérémonie, tandis que Pétion s'en allait entouré d'un cortége d'applaudissemens. Quelques députés patriotes, reconnus au milieu de la foule, furent salués de vivat empressés. Couthon s'était fait transporter dans une chaise à porteur; on le prit pour Manuel, et il fut honoré d'abord, à ce titre, des cris qui avaient accompagné Pétion : lorsqu'il se fut fait connaître, il fut applaudi pour lui-même. Cette fête laissa cependant des germes d'irritation dans l'opinion, et de tristesse chez les royalistes. Les derniers remarquèrent avec peine qu'il y avait dans le cortège au moins autant d'hommes sans uniforme et armés de piques, que de gardes nationaux habillés et pourvus de fusils. Les premiers observèrent que le roi était entouré de troupes nombreuses; que, lorsqu'il se rendit de l'École-Militaire à l'autel de la patrie, il le fit en traversant une haie formée de chaque côté d'un triple rang de baïonnettes ; que ces troupes royales, et particulièrement les Suisses, montrèrent beaucoup de répugnance à donner quelque signe de sympathie pour l'enthousiasme qui animait la foule. Les journaux feuillans, et entre autres le Journal de Paris, se plaignirent du peu de respect qu'on avait témoigné à la majesté royale, pendant que les journaux révolutionnaires se fâchaient qu'on lui en eût donné trop. Toutes ces petites remarques furent l'objet d'une querelle assez vive qui dura quelques jours. Nous reprendrons dans le prochain volume la continuité parlementaire ; et nous verrons que l'aspect menaçant de la garde rangée devant l'École-Militaire autour du roi, fut peu favorable aux intérêts de ce prince. FIN DU QUINZIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES DU QUINZIÈME VOLUME. PRÉFACE. Coup d'œil historique sur les révolutions protestantes, en SUITE DE JUIN. - - - - - Proposition de Servan pour la formation d'un camp 60. - -- - à La Fayette, p. 78, 98. JOURNÉE DU 20 JUIN, p. 98. — Lettre l'intérieur Roland, avec le général La Fayette, p. 102, 141. — Séance du 19 au soir; adresse des Marseillais, p. 112. — Introduction au 20 juin. — Extraits de la Chronique de cinquante jours, par Rœde- rer; déclaration de La Reynie; procès-verbaux des officiers munici- paux sur les événemens du matin, p. 115, 127. — SÉANCE DU 20 JUIN, p. 127, 143. — Continuation de la brochure de Ræderer, Déclarations des gardes nationaux qui étaient avec le roi, p. 159. — Suite de Ræderer, p. 166. — Mémoire jus'ificatif de Pétion, - - - actifs de la ville de Rouen, p. 207. - Rapport de Jean Debry, au nom de la commission extraordinaire des douze, p. 211.—Lettre de La Fayette à l'assemblée, p. 217. — club des JACOBINS, p. 218, 237. - Tableau des opérations militaires, p. 2.9. JUILLET (1792). Coup d'œil sur les événemens du mois, p. 240, 244. Décret qui ordonne la publicité des séances des corps administr?- tifs, p. 245.- Adresse de plusieurs sections de Paris, contre La Fayette, 246, 247. - Menaces d'une insurrection populaire, p. 248. - - - - - - Proclamation de Pétion au peuple, p. 248. — Lettre du ministre de l'intérieur, ordonnant qu'on oppose même la force aux fédérés qui viennent à Paris, p. 250. — Adresse révolutionnaire des citoyens de Montpellier, p. 251. — L'assemblée décrète la fédération, p. 252. — Message approbatif du roi, p. 254. - Adresse des citoyens de Paris contre ce message, p. 257. — Discussion dans l'assemblée à ce sujet, p. 258, 262.— Club des Jacobins, 262. sur le danger de la patrie, p. 268, 285. — Opinion contraire de Du- mas, p. 285, 298. — Décret de l'assemblée qui règle les formes de la déclaration de la patrie en danger, p. 299. — Discours de l'évêque Torné, pour que cette déclaration soit décrétée, p. 302, 311. — Opi- nion contraire de Pastoret, p. 311. + Opinion de Condorcet, p. 313, 328.- Projet de message au roi, par le même, p. 328, 332. Sus- pension du maire Pétion, par le département, p. 332. — Motion de conciliation par l'évêque Lamourette, p. 334. Entraînement de l'assemblée, p. 336. — Message au roi sur ce sujet, p. 339. — Dépu- tation de la commune en faveur de Pétion, p. 339. Séance du 7 juillet au soir; l'assemblée fraternise avec tous les corps adminis- tratifs de Paris; lettre du roi, témoignant sa satisfaction sur les évé- nemeus du jour, p. 344.- Club des Jacobins; son opinion sur ce qui vient de se passer, p. 343. — Opinion de la presse girondine, p. 345. Opinion de la presse jacobine, p. 346. — Discours de Brissot sur le danger de la patrie, p. 347, 353. — Rapport des ministres sur l'état de la France, p. 355, 357. Leur démission en masse, p. 357. — Proposition de Lamourette pour ajourner la déclaration du danger de lu patrie, p. 357. - Acte du corps législatif déclarant la patrie en - -- - - -- Adresse de l'assemblée aux Français, p. 360. - -- - -- Opinion de la presse, p. 361. Séance des Jacobins, p. 364. - Discours de Robespierre sur le danger de la patrie, p. 364. Etat - Marseille, p. 397. — Le roi confirme la suspension de Pétion, p. 404. Pétion se justifie à la barre de l'assemblée, p. 405. — Adresse de la commune de Metz, p. 415. Adresse de la commune de Lille, p. 416.- Menaces d'une invasion du côté du Rhin, p. 417.- Projet d'instruction générale de défense locale, p. 418. - Rapport de Rœ- derer sur les événemens du 20 juin, p. 419.—Rapport de Muraire sur la suspension de Pétion, p. 429. - Discussion sur ce rapport, p. 437. - L'arrêt de suspension contre le maire est cassé, p. 446. Fédé- ration du 14 juillet, p. 447. Adresse des Jacobins aux fédérés, rédigée par Robespierre, p. 448.-Séance des Jacobins du 13 juillet, - Discours de Robespierre, p. 454. Discours de Danton, Projet des fédérés, p. 457. Nombre des fedérés à la cérémonie du 14, p. 458.-Description de la fête de la fédération, FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. |