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HISTOIRE PARLEMENTAIRE

DE LA

RÉVOLUTION

FRANCAISE.

..:

JUIN 1792.

La partie de notre travail sur le mois de juin, comprise dans le précedent volume, indique l'ordre et l'esprit des événemens dont nous allons ici classer les matériaux. Nous rappelerons le titre et la disposition des faits. Ils se succéderont ainsi : - Séances de l'assemblée. - Séances du club des Jacobins. - Tableau des opérations militaires.

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SÉANCES DE L'ASSEMBLÉE.

Ier Juin. L'assemblée rapporte le décret qui ordonnait au maire de Paris, de rendre un compte journalier de l'état de cette ville. Delpech, orateur d'une députation des Amis de la Constitution, à Bordeaux, fait don de 75,000 liv, dont 55,000 liv.

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T. XV.

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en espèces. Il tonne contre l'aristocratie, jure la liberté, l'égalité: point de nobles et jamais deux chambres,

2 Juin. - Pétion, maire, présente à l'assemblée les canonniers de la garde nationale de Paris, en l'assurant de la permanence de leurs canons. Ricard, orateur, appelle le glaive de la loi sur le premier lâche qui parlera de transaction avec les ennemis de la liberté : « Un bruit infâme se répand, ajoute-t-il; on ose parler de rétablir la noblesse, de créer deux chambres... La liberté ou la mort, voilà notre capitulation; la mort des traîtres, › voilà notre dernier mot. › (Applaudissemens.) — Discussion sur les dénonciations contre l'ex-ministre Duport. Le rapporteur, Saladin, rend compte des nouveaux faits à sa charge, et qui rentrent dans le délit d'attentat à la liberté individuelle. Quatremère parle contre la proposition du comité. Le ministre de l'intérieur, Roland, sollicite la faculté de réformer et organiser toutes les parties de son administration, et demande un nouveau fonds de six millions pour achats de grains à l'étranger. 4 Juîn.-Servan présente, en ces termes, son projet d'un camp de vingt mille hommes:

Le ministre de la guerre. « La nation, messieurs, vous témoignera sans doute sa gratitude pour la vigilance civique avec laquelle vous vous êtes occupés, et vous vous occupez sans relâche, de toutes les décisions que j'avais sollicitées pour la partie militaire. Quant à moi qui aime à voir, dans cet acte de votre sagesse, la bienveillance que vous témoignez au ministre de la guerré, permettez qu'en mon particulier je vous en témoigne ma gratitude. Permettez-moi aussi que je vous entretienne d'un projet qui me paraît extrêmement utile dans les circonstances. Fort de votre zèle, de votre influence sur la chose publique, j'aurai la certitude du succès que je désire, si vous daignez approuver mes idées. Dans la guerre que nous entreprenons, nous devons nous attendre à des revers. Ce sont eux peut-être qui nous feront sentir davantage le prix de la liberté ; mais il faut en prévenir les effets par les précautions que votre sagesse vous suggérera. Je vais vous en offrir une qui tient à la Constitution.

La loi veut que, le 14 juillet de chaque année, les gardes nationales s'assemblent pour prêter le serment civique: ce que l'on á fait pour la liberté naissante, que ne le fait-on pas pour la perpétuer! Pourquoi ne sollicitez-vous pas de chaque canton cinq fédérés, vêtus et équipés, qui se réuniraient, au 14 juillet, à Paris, pour former ensuite un camp de vingt mille hommes au nord de la capitale.

» La présence de ce camp assurerait la tranquillité dans les campagnes : au moment de la motion, vous pourrez faire marcher à l'armée les volontaires nationaux et les troupes de ligne qui sont à Paris et dans les environs; enfin, ce serait avec ces braves députés que nous viendrions jurer entre vos mains de défendre notre liberté jusqu'à la mort. (On applaudit.) Je prie l'assemblée de me permettre de lui soumettre en même temps le projet d'une lettre circulaire que je me propose d'envoyer aux corps administratifs, pour les inviter à interposer tous leurs efforts pour le rétablissement et le maintien de la discipline dans l'armée, et accélérer le complétement des bataillons de volontaires nationaux qui existent, et l'organisation de ceux qui ont été nouvellement créés. ».

Le ministre fait lecture de cette lettre qui reçoit de nombreux applaudissemens.

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M. Merlin. Je demande que l'assemblée décrète à l'instant cette fédération civique que le ministre de la guerre propose, et qu'elle renvoie au comité pour les détails. >

Cette proposition est renvoyée au comité militaire. - Berthelot, orateur d'une députation de la section de l'Observatoire, demande qu'il soit permis désormais aux citoyens de servir indistinctement à tous les postes, sous quelques vêtemens qu'ils s'y présentent. - Une députation des forts de la halle est introduite. Elle remet l'adresse suivante, lue par un des secrétaires de l'assemblée.

Les forts pour la patrie, c'est-à-dire les forts de la halle, paraissent devant vous. Nos surnuméraires sont allés verser leur sang sur la frontière; ils combattent pour nous, travaillons pour

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eux. (On applaudit.) Puisque le commerce a besoin ici de nos bras, puisque nous ne pouvons pas partager avec eux les fatigues et les dangers de la guerre, nous voulons contribuer à ses frais de nos facultés. Cette guerre ne ressemble pas aux autres. Ne serait-il donc pas à propos le porter à la tête de nos armées l'arche sainte de la loi, comme faisaient les Hébreux dans leur bon temps. Si cette idée obtient votre suffrage, sans doute que les aînés de la révolution, les forts de la halle, seront choisis pour porter sur leurs épaules ce fardeau sacré. »

Chabot monte ensuite à la tribune. Il déclare qu'il va remplir l'engagement, par lui contracté, de prouver l'existence d'un comité autrichien. Il dénonce d'abord Duport pour avoir dit que la Constitution ne pouvait aller, et que les deux chambres lui paraissaient nécessaires. Il établit ensuite l'existence du comité autrichien par une série de faits.

Enlèvement du roi : Il rappelle le projet constant du départ du roi en 1791, renouvelé en février dernier; il cite à cet égard la lettre de Mausuy, capitaine de la garde nationale de Vatteville. Ségovie en avait prévenu le maire : Pierre Gives, marchand, avait fait à la municipalité de Mortagne la déclaration qu'un domestique, revenant de Coblentz, lui avait assuré que le projet des princes était d'avoir le roi de gré ou de force; qu'il y avait en France une compagnie d'hommes dévoués à cet effet: que s'ils ne pouvaient l'enlever, ils le poignarderaient, l'empoisonneraient, et en rejetteraient l'odieux sur les Jacobins ou l'assemblée nationale. Un soldat de la garde du roi écrivait au président de l'assemblée nationale, le 15 mai, que le plan d'évasion était si bien combiné, que, sans l'indiscrétion d'un des complices, qui le mettait à portée d'avertir, il serait infaillible.

Dissolution de l'assemblée nationale : On a su qu'un noble de Poitiers avait dit, en partant, qu'il venait se joindre aux trente mille qui devaient, sous un mois, égorger l'assemblée nationale et mettre le feu aux quatre coins de Paris. Des lettres d'Angleterre, des émigrés, et des principaux points de la république, s'accordent sur l'existence de ce complot.

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