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ple de l'abbé Emery, supérieur de Saint-Sulpice à Paris, qui le considéra comme renfermé dans l'ordre purement civil.

Le Comité de surveillance réclama, le jour même du Coup d'Etat du 10 août, des dispositions plus sévères que celles que pouvait contenir le décret du 27 mai. A des municipalités qui se montraient simplement tolérantes, comme celle de Saintes, il adressa des instructions très rigoureuses. Il leur recommanda de faire arrêter et mettre en réclusion « les prêtres réfractaires et séditieux » qui troublaient la tranquillité publique.

Les administrateurs du Var décidèrent la déportation de leurs insermentés. Déjà, avant le Coup d'Etat, le 19 juillet, dans le Lot, le directoire du département avait pris un arrêté analogue contre les prêtres réfractaires.

A la Législative, Cambon demanda, le 19 août, qu'on étendit à toute la France la mesure prise dans le Var.

L'Assemblée se montra favorable à la proposition et aussitôt une commission fut établie pour préparer un nouveau décret. Celui du 27 mai paraissait insuffisant. La Législative n'hésita pas à prendre des mesures plus rigoureuses.

Le décret voté le 26 août 1792 obligea tous les prêtres assujettis au serment exigé par la loi du 27 novembre-26 décembre 1790 et qui ne l'avaient pas prêté, ou qui, l'ayant prêté, l'avaient rétracté, à sortir dans les huit jours de leur département, et dans les quinze jours, du territoire français.

Ces prêtres étaient tenus de se présenter devant leur municipalité et de déclarer dans quel pays ils voulaient aller. Ils recevaient alors un passeport indiquant le délai dans lequel ils devaient être sortis de France.

Ceux qui ne feraient pas une semblable déclaration seraient déportés à la Guyanne française.

Pour ceux qui ne partiraient pas dans le délai fixé, ils devaient être condamnés à dix ans de détention.

Tous les autres ecclésiastiques insermentés, réguliers ou séculiers, simples clers, minorés ou frères lais, qui n'étaient pas assujettis au serment de 1791, étaient soumis aux nouvelles dispositions légales, si jamais ils étaient l'occasion de quelques troubles. Il en était encore ainsi pour eux, lorsque leur éloignement serait demandé par six citoyens domiciliés dans le même département. Les infirmes et les sexagénaires devaient être réunis au cheflieu du département, dans une maison commune. Ils n'étaient pas tenus de partir en exil.

Ce décret, une fois publié dans le Lot, fut exécuté sur-le-champ. Tous les insermentés ou rétractés de 1791 reçurent l'ordre de partir.

Beaucoup de prêtres proscrits du département partirent pour l'Espagne à cause de sa proximité, munis d'un passeport. Quelques-uns allèrent en Angleterre, en Suisse ou en Italie.

Il y en eut qui s'éloignèrent brusquement de leurs paroisses, après avoir eu, à peine, le temps de confier leurs meubles à des voisins.

Certains se contentèrent de dire un dernier adieu à leurs parents et amis.

Des prêtres partirent à pied, en groupe. Durant leur voyage, ils furent maintes fois insultés, arrêtés même.

D'autres partirent à cheval ou en voiture.

A Toulouse, les autorités changeaient les passeports des prêtres se dirigeant vers les Pyrénées et les autorisaient encore une fois à se rendre en Espagne.

Allèrent en Espagne : Charles Pons Fontalbe de Bécave; François-Xavier Foissac, né à Saint-Pantaleon, curé à Saint-Laurentde-Montcuq, et son vicaire Jean-Baptiste Ruamps; Pierre-Louis Courréjols, curé de Vers; Arnaud Méric, curé de Varaire; Jean Capin, curé rétracté de La Bénèche ; Teyssier, Meyriguet, chanoines de Montpezat; Jean-Pierre Hébray, curé de Milhac-Labouriane ; Guillaume Lapeyre, curé de Gagnac; Antoine Barbance, curé de Lafrançaise.

Les prêtres qui émigrèrent furent nombreux.

Evidemment, tous ces prêtres fugitifs avaient tâché de se déguiser. Ils ne portaient pas l'habit ecclésiastique qui avait été aboli. Les sexagénaires et les infirmes, exempts de la déportation en vertu du décret même du 26 août, durent se rendre au chef-lieu du département, à Cahors, sous la surveillance de la police et de la municipalité.

Le Grand Séminaire, qui est la partie ancienne de la caserne Bessières actuelle, leur fut assigné comme maison de réclusion.

eut :

Ils durent nommer un économe pour régler la dépense. Parmi ceux qui furent internés au Séminaire de Cahors, il y J.-P. Périé, curé de Sainte-Affre; Jean-André Pons, de Cahors, curé de Lalande; Tailhade, prélendier de Cahors, originaire de St-Germain; Charles Teyssendier, curé de Touffailles; Jean Austruy, curé de Crégols, né à St-Germain, près Millau (Aveyron), ancien vicaire de Bouziès; Jean Battut, curé de St-Jean-de-Lespinasse ;

Antoine Gamel, né à Mercuès, curé de Nuzéjouls; Antoine Lacroix, né à Baladou, curé de Mézels; Bernard Marpt, curé de Saint-Avit, natif de Gramat; Guillaume Marconié, curé de Cos; Jean-François Rossignol, curé de Fontanes (Labastide); Pierre Verdes, curé de Cuzance; Pierre Goudal, né à Rignac, curé à Selles.

Au nombre de ces prêtres reclus à Cahors, il y en a de tous les âges, dont la plupart étaient atteints de maladies ou infirmités diverses.

Pour tous, le Séminaire parut être redevenu un lieu de prière et d'étude, ce qu'il était avant 1792.

Les repas y étaient pris en commun, au début du moins. Pour le bréviaire, chacun le récitait dans sa chambre.

Avant les jours sanglants de la Terreur, les prêtres reclus purent dire leur messe dans la chapelle et y faire quelques cérémonies pieuses.

Tous les insermentés ou rétractés, obligés de sortir de France, ne prirent pas le chemin de l'exil.

Bon nombre d'entre eux prirent un passeport pour l'Espagne et ne partirent pas. Ils se cachèrent dans le pays et continuèrent à exercer le culte parmi leurs ouailless pour ne pas les laisser sans sacrements, ni prédication.

Dans les communes vivaient encore, à côté de ces prêtres cachés, des chanoines, des prébendés, des religieux, des curés, de simples bénéficiers, qui n'avaient jamais exercé de fonctions publiques et n'étaient pas, par conséquent, assujettis au serment prescrit par la loi du 27 novembre-26 décembre 1790.

Ces derniers n'avaient donc pas prêté le serment, dit constitutionnel. Ils furent traités en suspects. La loi du 26 août les mettait à la merci de six délateurs. Plusieurs d'entre eux furent déportés. Ils furent en butte, dès la publication de la loi de déportation, à toutes sortes de vexations.

Beaucoup, parmi ces ecclésiastiques, furent arrêtés.

V

Arrestations

Dans le district de Cahors, le curé rétracté de Catus, Jean Jouffreau (ou Jourreau), fut arrêté et emprisonné. Son vicaire, Joseph Boudousquié, devait être également arrêté et incarcéré, mais il

prit dès précautions à temps et il put se dérober à la recherche des autorités locales (1).

Dans le district de Figeac, le directoire fit arrêter quelques prêtres insermentés, dont François Bergon, vicaire de Lissac; Jean Roques, ancien prébendé du chapitre de Montsalvy (Cantal); JeanPierre Faulat, ex-abbé du même chapitre (2).

Le district de Gourdon eût voulu faire arrêter l'ancien lazariste Fraysse et l'ancien curé de St-Martial, Richard, qui n'avaient pas voulu se soumettre à la loi de déportation. Il avait donné l'ordre de cette double arrestation à la gendarmerie de Gourdon, mais celle-ci ne put les trouver.

L'ordre fut donné également, à la brigade de Payrac, d'arrêter un certain Lunegarde et de le conduire en réclusion à Cahors (3). Le département tenait pour suspects des prêtres de ce district et il ne put être question de les mettre en état d'arrestation, parce que les procureurs de leurs communes ne purent relever contre eux

aucun grief.

Le 1 septembre, le procureur-syndic du district de Gourdon écrit à Cahors « qu'il n'y a rien à reprocher à ces prêtres contre l'ordre public ».

Il s'agit de Pierre Vèzes, curé rétracté de Prouillac, de Pierre Lacombe, curé de Mareuil, et de ceux de Costeraste, Lavercantière, Soucirac (4).

CHAPITRE IV

Sous les premiers temps de la Convention

Les Etats Généraux s'étaient assemblés à Versailles, le 5 mai 1789; le 27 juin, les trois ordres réunis avaient formé l'Assemblée nationale constituante qui termina ses travaux le 30 septembre 1791. La Législative succéda à la Constituante le 1er octobre 1791 et la Convention à la Législative le 21 septembre 1792.

(1) J. Gary, op. cit., p. 256.

(2) Arch. de l'Evêché de Cahors. Registre des insermentés du district de Figeac. (3) Archives du Lot, L. 272, no 56. Verbal de la gendarmerie de Gourdon : « Ce jourd'hui 4 septembre 1792, nous Guillaume Faurès, brigadier et Jollain, gendarme en résidence de Gourdon, certifions qu'en vertu de l'arrêté.... contre le nommé Fraysse Lazariste, et le nommé Richard,... et n'ayant voulu se soumettre ni obéir audit arrêt qui leur a été notifié de se rendre au département nous susdits.... avons été faire faire perquisition dans leurs maisons, demeures et domiciles et n'ayant pu les trouver, ni découvrir, nous avons dressé présent verbal. (Série L. 272, nó 57).

(4) Archives du Lol, L. 272, no 53.

La nouvelle Assemblée s'empressa d'abolir la royauté et d'établir la République. Louis XVI fut condamné à mort; son exécution eut lieu le 21 janvier 1793.

En même temps que le Roi était conduit à l'échafaud, les prêtres et les religieux étaient durement persécutés sur tout le territoire français.

Les prêtres restés ou rentrés

1° LES PRÊTRES RESTÉS EN QUERCY: A) Noms de quelques prétres qui restèrent. Malgré le danger d'être recherchés et arrêtés, beaucoup de prêtres réfractaires de cette province voulurent demeurer dans le pays. Ils eurent le courage héroïque de courir les risques d'une rude persécution, pour leurs paroissiens. Ils n'ignoraient pas, certes, la loi du 26 août, qui les condamnait à la déportation, mais ils préférèrent le péril de désobéir, à la tranquillité que pourrait leur assurer l'exil. Voulant rester des membres utiles aux âmes, ils demeurèrent dans leurs paroisses. Dans le district de Cahors, à Saint-Cirq-Lapopie, le lazariste Jacques Perboyre faisait un ministère actif « contre le vœu de la loi ».

Il avait quitté les environs de Catus où il remplissait les fonctions sacerdotales, pour se rendre dans cette paroisse si pittoresque des bords du Lot, où il y avait un besoin urgent de la présence du prêtre. C'est là qu'il soutiendra de durs combats.

Il célébrait la messe au château de Ribot, situé entre Cornus et Crégols (1).

Dans le district de Figeac, se trouvaient les prêtres Grès et Lagarrigue (2). Dans le même district, le prêtre rétracté, Antoine Vayssié, curé de Viazac, depuis le 18 juillet 1782, et son vicaire, Guillaume Delfour (ou Dufour), voulurent demeurer non loin de leurs paroissiens ils se retirèrent dans les bois de Bagnac (3).

A Thémines, il y avait l'ancien curé Géraud Gaillard; à Sousceyrac, Clamagirand et son vicaire Alexandre Laroussilhe (4). A Mézels, Antoine Lacroix, de Baladou, ancien curé de cette paroisse ;

(1) Archives du Lot, L 112, no 1; Gary, Nolice, p. 257-259. (2) Ibid., L. 112, n° 1.

(3) Revue Religieuse de Cahors, tome XVI, p. 413. L'ancien religieux AugustinJean Domergue, fit le service de la paroisse de Viazac avec le titre de vicaire régent d'abord, puis avec le titre de curé constitutionnel (à partir de 1793). (4) Archives du Lot, L. 272, no 2.

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