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ÉPHÉMÉRIDES DU PARTI RÉACTIONNAIRE.

23 janvier 1858. M. Zuloaga, le lendemain de son installation au palais national, s'empressa, par un décret, de rapporter les deux lois des 25 juin et 22 novembre 1856, ce qui prouve, de la manière la plus évidente, que l'insurrection n'avait pas eu d'autre motif.

15 mai 1858. - Contribution extraordinaire, imposée pour une fois seulement de 1 p. c., sur tout capital, meuble ou immeuble, qui était ou pouvait être employé dans une industrie quelconque.

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Décembre 1858. Création de 7,500,000 fr. de bons 4,500,000 piastres --- portant la signature du clergé, et dont le remboursement, en dépit de la sainteté du caractère de ceux qui les avaient émis et signés, a été refusé quand est venue l'époque des échéances.

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23 décembre 1858. Nouveau mouvement militaire initié, cette fois, par le généra! Manuel Robles Pezuela. M. Zuloaga, ancien croupier d'une maison de jeu, que sa nullité seule avait désigné au clergé pour en faire son homme de paille, se réfugia chez le ministre de la GrandeBretagne et alla cacher sa honte à l'ombre du drapeau britannique.

Le lendemain, une junte de 150 membres mit fin aux espérances de M. Robles en déléguant le pouvoir au général Miramon, à la majorité de 50 voix contre 46 données à son concurrent. Il y eut 18 récusations, 34 abstentions et 2 billets blancs.

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1er janvier 1859. Mais le général Miramon, par une note datée de Guadalajara, refusa la position que la junte lui offrait. Il arriva à Mexico le 21 janvier, réinstalla le pauvre Zuloaga à la présidence le 23, lui fit signer le 28 un décret en vertu duquel il le nommait son substitut, et s'empara de la situation trois jours après, le 1er février 1859.

7 février 1859. Nouvelle contribution, toujours pour une fois seulement de 1 p. c., sur tout capital de 1,000 piastres et au-dessus, meuble ou immeuble, soit qu'il se trouvât ou qu'il pût être employé dans une industrie quelconque.

De plus, toutes les professions, métiers et exercices lucratifs dont le rapport mensuel pouvait être considéré » comme l'intérêt à un demi pour cent du capital affecté à > cette contribution; y étaient également compris.

11 avril 1859. - A la suite d'une victoire remportée par le général réactionnaire Leonardo Marquez, sept médecins, dans le petit village de Tacubaya, situé aux portes mêmes de Mexico, furent arrachés des lits où ils pansaient les blessés et fusillés par ce tigre, le soir même de la victoire, sur un ordre signé par M. Miramon.

30 mai 1859. — Autre contribution, cette fois de 10 p. c., frappée sur la propriété, et payable par moitié entre le propriétaire et le locataire.

Ce fut l'affaire d'un mois, rien de plus, rien de moins. Dès le 1er juillet, les caisses publiques se trouvaient aussi vides que devant, et, pour combler le déficit toujours croissant de l'administration, on eut recours à une sorte de panacée connue dans l'histoire des errements de cette triste époque sous le nom de loi Peza.

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16 juillet 1859. L'assiette de l'impôt s'y trouvait entièrement changée, et pourtant ce n'était point encore ce qu'il y avait de plus extraordinaire. Elle exigeait, ce qui ne s'était jamais vu, même dans les plus mauvais jours des temps, de tous les contribuables, indigènes ou étrangers, le paiement anticipé d'une année de contribution basée sur les règles nouvelles établies par la loi dont nous nous occupons.

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Pour l'intelligence de ce traité, il est nécessaire d'entrer dans quelques considérations préliminaires.

Il y a, au Mexique, deux sortes de dettes: la dette intérieure et la dette extérieure: celle-ci protégée, l'autre participant de toutes les fluctuations du jour, et dont le prix ne s'est jamais élevé à plus de 12 p. c. de la valeur nominale de chaque bon.

Les Espagnols ayant acheté à vil prix une certaine quantité de ces bons de la dette intérieure, prétendirent, en leur

qualité d'étrangers, les faire comprendre dans le montant de la convention espagnole.

M. Comonfort, président de la République, s'y refusa, parce que leurs vendeurs n'ayant pu leur céder que les droits qu'ils possédaient eux-mêmes, leur qualité d'étrangers n'avait pu changer la nature de la créance qui était et demeurait mexicaine. En conséquence, il leur déclara qu'ils participeraient, comme détenteurs de ces bons, à tous les avantages qu'ils procuraient aux Mexicains, mais qu'ils n'auraient rien de plus.

Les Espagnols protestèrent contre cette décision : ils menacèrent d'envoyer une escadre devant Vera-Cruz, et le gouvernement mexicain, fatigué de tant d'injustice, rompit toute espèce de relation diplomatique avec eux jusqu'à ce qu'ils fussent revenus à de meilleurs sentiments.

Après le triomphe du coup d'État, ils s'empressèrent de reconnaître l'administration qui en était émanée, et, vingt mois après, le 28 septembre 1859, le général Almonte, représentant à Paris de Miramon, signa avec l'ambassadeur d'Espagne, M. Mon, un traité en vertu duquel ces bons furent enfin compris dans la convention espagnole. Mais, par un reste de pudeur dont il faut lui tenir compte, M. Mon stipula lui-même, dans l'art. 4, que son gouvernement s'engageait à ne pas se servir des clauses de ce traité pour en exiger plus tard un semblable.

M. Juarez, de retour à Mexico le 10 janvier 1861, refusa, au nom du gouvernement, de se prêter à cet arrangement léonin.

Il s'y refusa pour plusieurs motifs. Entre autres, parce qu'il était immoral; puis, parce qu'en agissant autrement, il aurait reconnu que l'administration réactionnaire aurait eu le droit de contracter au nom de la République, d'engager sa responsabilité, ce qui aurait infirmé le droit du gouvernement constitutionnel, et aurait changé les rôles en le présentant lui, président légitime, comme un révolté.

29 octobre 1859. Bons Jecker.

La moralité de cette opération peut se résumer en quelques lignes.

Il y avait alors sur la place deux espèces différentes de

bons appartenant à la dette intérieure: ceux qui portaient la signature du gouvernement libéral, et ceux qui avaient été émis, d'abord par M. Zuloaga, puis par M. Miramon, tous deux chefs du parti réactionnaire triomphant à Mexico.

Les premiers étaient acceptés par tout le monde, et si, comme tous les papiers d'Etat, ils étaient soumis aux fluctuations journalières de ces sortes de créances, du moins ils n'étaient refusés par personne. Quant aux seconds, ils étaient descendus au prix de 3 p. c. de leur valeur nominale, et encore on ne les acceptait que pour servir d'appoint aux paiements que l'on était obligé de faire à l'administration réactionnaire.

Pour sortir de cette situation, un banquier suisse, et non français, M. Jecker (1), alla trouver Miramon et lui offrit de faire la réfraction de tous ces bons au moyen de l'émission d'une autre quantité de titres, dont il serait lui, Jecker, l'unique dépositaire, et dont le montant s'élèverait à la somme totale de 15,000,000 de piastres, soit 75,000,000 de francs.

Les détenteurs des premiers bons devaient aller le trouver, et il leur en délivrerait de nouveaux, moyennant une soulte de 25 p. c. soit 25 piastres pour chaque bon de 100 piastres.

Sur ces 25 piastres, il fut dit qu'il en remettrait 10 à l'administration réactionnaire, et qu'il conserverait les 15 autres dans sa caisse, à la charge par lui de garantir aux nouveaux détenteurs, et pendant cinq années, un intérêt de 3 p. c. par an; ce qui, en langage de chiffres, pouvait se traduire ainsi qu'il suit :

M. Jecker, pendant la première année, faisait la banque avec 15 piastres qui ne lui appartenaient pas, et comme il est de sa nature très-généreux, il consentait, à la fin de la première année, à en rendre 3 à leur propriétaire légitime.

La seconde année, il continuait ses opérations avec 12 piastres qui ne lui appartenaient pas davantage, et au terme fixé, il en restituait également 3.

(1) M. Jecker n'a été naturalisé français qu'à la fin de l'année 1862.

La troisième année, il procédait avec 9, et douze mois après, il en rendait encore 3.

La quatrième, il n'en avait plus que 6, et pourtant il consentait encore à en abandonner 3 à l'échéance susdite..

Enfin, la cinquième, il se contentait de 3, faute de mieux, et de plus en plus généreux, il les restituait à l'expiration du terme désigné à celui qui les lui avait déposées.

De cette manière M. Jecker, dans un pays où le prix de l'argent ne s'élevait pas à moins de 1 1/2 p. c. par mois, espérait trouver 1,500,000 piastres, soit 7,500,000 francs, pour rétablir ses affaires compromises par de mauvaises spéculations, sans être obligé de déposer son bilan.

20 mars 1860. - Enfin, toutes les lois de finance ci-dessus mentionnées ne suffisant pas à combler le vide de ce tonneau des Danaïdes qu'on nommait le trésor public, le même Miramon imposa, le 20 mars 1860 10 le capital effectif de 1,000 piastres et au-dessus; 20 les professions libérales et industrielles; 30 le capital moral; et pour que rien ne manquât à l'odieux de cette nouvelle mesure, il eut soin de lui donner une rétroactivité de trois mois.

9 mai 1860. Zuloaga retira à son substitut, M. Miramon, les pouvoirs qu'il lui avait délégués par son décret en date du 31 janvier 1859. — Miramon, au lieu d'obéir, se vengea en enlevant Zuloaga et il fut immédiatement méconnu par tous les membres du corps diplomatique qui rompirent leurs relations avec lui.

13 août 1860.26 prétendus notables, sans capacité n mandat, mais désignés par Miramon lui-même, lui confièrent de nouveau le pouvoir, afin de lui donner au moins un semblant de titre vis-à-vis des représentants des puissances étrangères qui, malgré cela, continuèrent à ne pas le reconnaître.

Même mois. M. Miramon, à peine installé par ses compères, fit briser les caisses de M. Jecker, et arrêter deux mexicains, MM. German Landa et Sanchez Navarro qui se refusaient, les uns et les autres, à satisfaire aux exigences du gouvernement des garanties.

21 août 1860.

L'archevêque de Mexico, Lázaro de la Garza, donna aux autorités religieuses l'ordre de livrer à

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