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XII

Arrivée de l'expédition à Veracruz.

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Manifeste des commissaires alliés : comparaison de ce manifeste avec celui du duc de Brunswick.

L'expédition combinée de France et d'Angleterre, partie d'Europe, pendant la deuxième quinzaine du mois de novembre 1861, arriva devant Vercaruz, le 7 janvier 1862, et l'on s'occupa immédiatement du débarquement des troupes qu'elle avait à bord.

L'armée entière, grâce à ces renforts, se composait de près de 10,000 hommes, en y comprenant les états-majors et se divisait ainsi qu'il suit :

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Enfin, si nous en croyons la chronique de l'armée expeditionnaire, seul journal que nous puissions consulter à cet égard, le contingent français devait lui-même se subdiviser de la manière suivante :

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Le général Prim, commissaire espagnol et commandant en chef des forces réunies des trois puissances, arriva le lendemain, 8, et deux jours après, c'est-à-dire le 40, les commissaires publièrent un manifeste, préparé à l'avance

par le général espagnol, pour être adressé à la nation mexi

caine.

Ce manifeste, selon moi, avait un grand tort, celui de reproduire presque mot à mot, contre les Mexicains, les reproches inventés en 1792, contre la France, par le duc de Brunswick, fondé de pouvoirs de la contre révolution.

Ce n'est pas que je prétende leur en faire un crime, loin. de là. Je désire seulement établir, une fois de plus, comment les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, les commissaires alliés se sont trouvés fatalement engagés dans une voie tracée par leurs devanciers, et de laquelle ils n'ont pu s'écarter ni à droite, ni à gauche.

Pour cela, je vais d'abord présenter le texte du manifeste dirigé à la nation mexicaine par les commissaires alliés, et je mettrai en regard les articles correspondants du manifeste du duc de Brunswick et de la déclaration du roi de Prusse, portant, celle-ci la date du 26 juin et celui-là celle du 27 juillet 1792. De cette manière, les lecteurs pourront eux-mêmes prononcer sur la similitude qui existe entre ces trois documents.

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et contre son auguste famille des attentats et des violences qui se sont encore perpétués et renouvelés de jour en jour, ceux qui ont usurpé les rênes de l'administration ont enfin comblé la mesure en faisant déclarer une guerre injuste à l'Empereur, et en attaquant ses provinces des Pays-Bas. Quelques-unes des possessions de l'empire germanique ont été enveloppées dans cette oppression, et plusieurs autres n'ont échappé au même danger qu'en cédant aux menaces impérieuses du parti dominant et de ses émissaires.

» S. M. le roi de Prusse, unie avec S. M. impériale par les liens d'une alliance étroite et défensive, et membre prépondérant elle-même du corps germanique, n'a donc pu se dispenser de marcher au secours de son allié, et c'est sous ce double rapport qu'elle prend la défense de ce monarque et de l'Allemagne. »

Déclaration du roi de Prusse.

«Non contents d'avoir viole ouvertement, par la suppression des droits et possessions des princes allemands en Alsace et en Lorraine, les traités qui lient la France à l'Empire Germanique; d'avoir donné cours à des principes subversifs de toute subordination sociale, et par là même du repos et de la félicité des nations, et cherché à répandre dans d'autres pays, par la propagation de ces principes les ger

mes de la licence et de l'anarchie qui ont bouleversé la France, etc., ceux qui se sont emparés des rênes de l'administration française ont enfin comblé la mesure en faisant déclarer une guerre injuste à S. M. le roi de Hongrie et de Bohême, etc... >>

Arrêtons-nous ici. Des deux côtés il était question, comme on le voit, de la violation de la foi due aux traités: au Mexique, par suite d'une situation indépendante du gouvernement constitutionnel, puisqu'elle provenait uniquement des difficultés créées à ce gouvernement, par le coup d'Etat du 17 décembre 1857 et la reconnaissance de l'administration émanée de ce coup d'État par les ministres des puissances étrangères; en France, par suite de la révolution. qui, pour constituer l'unité de la patrie, avait courageusement éteudu ses réformes à l'Alsace et à la Lorraine, sans tenir compte des réclamations des nobles dépossédés auxquels elle offrait cependant une indemnité, mais qui, pour ne rien céder de leurs prétentions surannées, préféraient la guerre avec ses horreurs à un arrangement amiable. Les deux points de départ étaient donc exactement les mêmes, et, chose triste à s'avouer, quand est venue la discussion des affaires du Mexique, la majorité n'a pu refuser de prendre en considération la situation dans laquelle se débattait la nationalité de ce malheureux pays, sans condamner implicitement la révolution française et justifier du même coup l'insolent manifeste du duc de Brunswick. Les commissaires alliés ajoutaient :

Manifeste des commissaires Manifeste du duc de Bruns

alliés.

<< Ils vous trompent ceux qui vous disent que derrière des réclamations aussi justes, les alliés cachent des plans de conquête, de restauration ои d'intervention dans votre politique et dans votre administration.

wick.

<< Entraînées dans la guerre présente par des circonstances irrésistibles, les deux cours alliées ne se proposent d'autre but que le bonheur de la France, sans prétendre s'enrichir par des conquêtes. »

C'étaient, convenons-en, les mêmes prétentions que se proposaient, en 1792, le duc de Brunswick et le roi de Prusse. C'était le même langage et, comme conséquence, le même oubli de la part des auteurs de définir le but qu'ils avaient en vue.

Ils ne voulaient, disaient-ils, intervenir dans les dissensions intérieures du Mexique, ni pour ni contre aucun des deux partis qui s'y disputaient l'empire. Alors, pourquoi ne pas s'expliquer franchement? Pourquoi surtout cette protection particulière que les commissaires impériaux vont bientôt accorder au transfuge Almonte ?

Mais n'anticipons pas. Les commissaires alliés disaient

encore:

Manifeste des commissaires Manifeste du duc de Bruns

alliés.

wick.

« A ces grands intérêts se joint encore un but également important, c'est de faire cesser l'anarchie dans l'intérieur de la France, d'arrêter les attaques portées au trône et à l'autel, de rétablir le pouvoir légal, de rendre au roi la sûreté et la liberté dont il est privé, et de le mettre en état d'exercer l'autorité légitime qui lui est due. »

<«< Trois nations qui ont accepté loyalement et reconnu votre indépendance, méritent qu'on les croient animées de sentiments nobles et généreux, et non de pensées qui ne sont pas de notre époque. Les trois nations que nous représentons, bien que leur premier intérêt paraisse être la satisfaction des griefs qui leur ont été causés, ont, cependant, un désir plus grand, plus général et plus avantageux dans ses Déclaration du roi de Prusse. conséquences. Elles viennent tendre une main amie à ce peuple à qui la Providence a prodigué tous ses bienfaits et que l'on voit avec peine gaspiller ses forces et perdre la vitalité dont il est doué sous l'impulsion violente des guerres civiles et des convulsions perpétuelles. »

<<< Il est enfin un dernier but des armements du roi, plus étendu encore que le précédent(1), et non moins digne des vues sages et bienfaisantes des cours alliées. Il tend à prévenir pour la France, pour l'Europe, pour l'humanité entière, les maux incalcu

(1) La défense des princes dépossédés.

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