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d'air. Cet illuftre & favant Phyficien, qui jouit de la réputation la plus dif tinguée, la mieux méritée & la plus univerfelle, & à la bonté duquel je me fais gloire de devoir en grande partie le peu de Phyfique que je fais, rapporte (page 190) que de l'air pris à la ventoufe de la Comédie Italienne, n'éprouva dans la jauge que de diminution, tandis qu'un résidu d'air fixe ou gaz méphitique, mêlé à parties égales avec le même gaz nitreux, fubit une diminution de (page 194); d'où l'on peut conclure, avec toute évidence, qu'un air qui éprouve plus de diminution dans l'eudiomètre, n'en eft pas pour cela, du moins généralement, plus propre à l'entretien de la combuftion, puifque, comme tout le monde fait, les bougies s'éteignent dans les réfidus de gaz méphitique, fouffrant une diminution de fuivant M. de la Fond, & qu'elles fe confervent trèsbien dans un air qui ne diminue que de, tel que celui dont parle le même Savant (page 190). Qu'est-ce qui nous affurera qu'il n'en eft pas de même par rapport à l'entretien de la vie des animaux? On convient affez généralement que l'air joue un rôle à-peu-près femblable dans la refpiration & dans la combuftion; & peut-être fi l'on avoit introduit deux fouris également vivaces, l'une dans l'air pris à la Comédie Italienne, & l'autre dans un même volume de réfidu de gaz méphitique, auroit-on trouvé que la première auroit vécu plus long-temps que la feconde: c'eft du moins, ce me femble, le meilleur moyen, moyen très équivoque néanmoins, de confirmer ou d'infirmer les résultats donnés par l'eudiomètre. Je dis moyen très-équivoque, foit à caufe de la différente conftitution des fouris ou autres animaux dont on fe fert pour faire ces expériences, foit fur-tout parce qu'il pourroit bien fe faire qu'un animal vécût plus long-temps dans un petit volume d'un air moins falubre, qu'un autre animal, également bien conftitué, ne vivroit dans un volume égal d'un autre air plus falubre. C'eft, Monfieur, une vérité que je développerai dans une autre Lettre.

Je fuis, &c.

Rhodez, le 27 Juillet 1781.

P. S. Me fera-t-il permis, Monfieur, de vous prier d'inférer auffi dans votre Journal la question fuivante: Toutes chofes étant d'ailleurs égales, eft-il plus à craindre qu'un clocher foit frappé par la foudre, lorsque l'on fonne pendant un orage, que fi l'on n'y fonnoit point?

L'ufage de fonner dans les temps où le tonnerre gronde, eft très-enraciné dans ce pays-ci. De quelles bonnes raifons pourroit-on fe fervir auprès de ceux qui connoiffent un peu les phénomènes électriques, pour leur faire voir clairement que cette pratique eft non - feulement inutile, mais même dangereuse?

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BAINS D'ARLES.

Les bains d'Arles en Rouffillon, qui avoient été jusqu'ici presqu'impraticables, par le mauvais état de leurs bâtimens, viennent d'être réparés par les foins de M. Raymond de Saint-Sauveur, Intendant de la Province. Les malades y trouveront aujourd'hui toutes fortes de commodités, foit pour le logement, foit relativement à l'ufage des bains; & quelques-unes des commodités qu'on y a pratiquées ne pourront qu'en favorifer les effets: ils pourront y réunir l'ufage des bains, des douches & des bains de vapeurs. L'utilité de ces bains dans un grand nombre de maladies eft prouvée par l'analyse qui en a été faite par MM. Venel & Carrere, & par les obfervations multipliées de ce dernier. On peut confulter à ce fujet le Traité des Eaux minérales de la Province de Rouffillon, par M. Carrere: ony verra combien les bains font utiles dans les rhumatifmes, les douleurs rhumatiques, les paralyfies, les douleurs & les plaies invétérées, les plaies d'armes à feu, les maladies de la peau, &c. Les malades pourront y réunir l'ufage intérieur des eaux, par la découverte qui a été faite depuis peu d'une nouvelle source, d'une chaleur beaucoup inférieure à celle des bains, & abfolument analogue aux eaux de Barège. Le Roi, pour y multiplier les fecours que les malades peuvent defirer, vient de créer un Intendant de ces bains, & a nommé à cette place M. Companyo, Médecin à Ceret en Rouffillon, qui réfidèra aux bains pendant la faifon des eaux.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

NOUVEAU

OUVEAU PRIX extraordinaire propofé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1783. (Ce Prix fera annuel.)

Un Citoyen qui defire de refter inconnu, a fait présenter à l'Académie le Mémoire qui fuit:

« Meffieurs, tandis qu'on applaudit au fuccès des Arts, tandis qu'on » admire les prodiges nouveaux dont ils embelliffent & enrichiffent jour »nellement la Société, on ignore, ou plutôt on oublie que prefque toutes leurs opérations font mal-faines & meurtrières. Il s'en faut peu que le

» dénombrement des différentes claffes d'Ouvriers ne foit une lifte de » victimes.

« Carrier, Plâtrier, Chaufournier, Briquetier, Tuilier, Tailleur de pier»res, Verrier, Miroitier, ou du moins, Ouvrier qui met au teint; Doreur » fur métaux, Peintre Broyeur de couleurs, &c. Foulon, Cardeur, Tifferand, » Tanneur, Corroyeur, Chapelier, Buandier, &c. Cribleur, Blutier, Saunier, » Braffeur, &c., Amidonnier, Chandelier, Potier de Terre, &c. Ouvriers qui creufent les puits, vuident les foffes d'aifances, enterrent les morts, &c.Tous »les Ouvriers employés à tirer les métaux des mines, & la plupart de ceux » qui les travaillent, &c.

Dans toutes ces Profeffions, la matière extraite ou fabriquée s'atté>nue ou fe volatilife, s'infinue dans le corps humain, & y porte des par>> ticules arfénicales, fulfureufes, métalliques, vénéneuses, &c. ou des » molécules incifives, ou une pouffière qui attaque les poumons, ou un » air corrompu, efpèce de mouffette artificielle."

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Lorsque la décompofition de la matière n'eft pas pernicieuse, les Ou: »vriers périffent, ou par l'action exceffive du feu, ou par une fituation for»cée & continue, comme les Tailleurs, les Tireufes des Ouvriers en » foie, &c.

» Souvent la nature des travaux occafionne des morts violentes ou des » accidens funeftes. Tel eft le fort des gens de peine, qui font forcés de porter des poids exceffifs de ceux qui font placés au-deffus des meules » mues avec une grande vîteffe, de ceux qu'on enferme dans des roues, pour y imprimer, par leur poids & par leur marche, un mouvement de >> rotation, &c.

» Les moins malheureux des Artifans contractent des infirmités graves, » comme la foibleffe ou la perte de la vue, &c.

» Quel trifte résultat de l'industrie! Nos bâtimens font cimentés avec » du fang, nos vêtemens en font teints, nos plaifirs en font infectés; il n'est » point de jour où la richeffe n'ordonne des meurtres, & la vie humaine » eft mife à prix comme un effet commerçable. Cependant, parce que le fpectacle de la mort n'eft pas préfent, parce qu'on peut fe prévaloir de l'ufage (cette excufe des ames foibles), on croit n'être pas inhu» main.

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» Si tels étoient l'ordre naturel & indifpenfable des chofes, & la malheu»reufe condition de l'humanité, que pour jouir il fallût facrifier fes fembla»bles; quel homme pourroit, fans rougir & fans frémir, fatis faire à ce prix fes befoins, fes goûts, fes plaifirs? Mais que penfer d'une Nation célèbre » par la douceur de fes mœurs, faite pour la Société, pour s'affecter & pour » aimer fes femblables? que penfer de ces barbares inftruits & polis, qui, » fans rien perdre de leurs jouiffances, peuvent en prévenir les effets funeftes, & cependant méprifent ou négligent de tels foins?

» Qu'on fupplée les hommes par des machines, qu'on les remplace par

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» des animaux, qu'on éloigne le travailleur de l'objet, qu'on facilite fon » action par des inftrumens, qu'on emploie des préfervatifs contre des im» preffions mal-faines ou des accidens funeftes; après quelques frais & quel» que temps confacrés à l'invention, à l'effai, à la perfection de méthodes » nouvelles, on verra le danger de plufieurs profeffions ceffer, ou du » moins diminuer ; peut-être même, fi des intérêts fecondaires peuvent être » comptés après de fi grands intérêts, peut-être bientôt les ouvrages feront plus finis & moins difpendieux. L'humanité ordonne la recherche de tels expédiens, le bien de l'Etat l'exige, la raifon indique la poffibilité » du fuccès: déjà plus d'un exemple l'a prouvé; cependant perfonne en» core n'a fait d'une telle étude fon objet principal.

On vous propofe, Meffieurs, de fonder un Prix annuel en faveur d'un » Mémoire ou d'une expérience qui rende les opérations des Arts mécani»ques moins mal-faines ou moins dangereufes.

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L'Académie fera connoître chaque année quel doit être l'objet du » Mémoire ou de l'expérience; & le premier Prix fera donné dans l'Assem» blée publique d'après Pâques 1783.

> On deftine à cette fondation une fomme de 12,000 liv., qui fera. placée dans le nouvel emprunt en rente viagère, fur la tête du Roi & fur celle de Monfeigneur le Dauphin, & les intérêts ferviront à payer » une Médaille qui formera le Prix ».

L'Académie ayant accepté, avec la permiffion du Roi, & d'une voix, unanime, la donation du Citoyen eftimable, Auteur de ce Mémoire : Elle propofe en conféquence pour le premier Prix de ce genre, qu'elle donnera l'année prochaine 1783, confiftant en une Médaille de 10801., le fujet fuivant; favoir: De déterminer la nature & les caufes des maladies auxquelles font exposés les Doreurs au feu ou fur métaux; & la meilleure manière de les préferver de ces maladies, foit par des moyens phyfiques, foit par des moyens mécaniques (1).

L'Académie s'eft déterminée pour ce fujet, parce qu'il a déjà occafionné quelques tentatives; que le peu de temps accordé aux Savans qui conCourront, ne comportoit pas un fujet qui demandât des recherches plus multipliées; que les Mémoires pourront fournir des connoiffances utiles même pour plufieurs autres Artiftes; enfin, parce que les objets fur lefquels s'applique cette dorure au feu, font aujourd'hui fi nombreux, & forment une branche de commerce fi confidérable, qu'ils multiplient tous les jours les victimes de cet Art, fi nuifible à ceux qui le pratiquent.

Les Savans & Artiftes de toutes les Nations font invités à travailler fur

(1) On peut confulter le Mémoire de M. Tingry, fur les moyens de préferver les Doreus en pièces de montres, des pernicieux effets du mercure reduit en vapeurs, inféré dans notre Journal de Novembre 1777, page 403.

ce fujet, & même les Affociés étrangers de l'Académie. Elle s'eft fait une loi d'exclure les Académiciens regnicoles, de prétendre au Prix.

Ceux qui compoferont font invités à écrire en François ou en Latin, mais fans aucune obligation: ils pourront écrire en telle langue qu'ils voudront, l'Académie fera traduire leurs Mémoires.

Les Ouvrages ne feront reçus que jufqu'au 15 de Février 1783, exclufivement: ce terme eft de rigueur.

L'Académie, à fon Affemblée publique d'après Pâques 1783, proclamera la Pièce qui aura mérité ce Prix (1).

Prix extraordinaire propofe par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1783.

L'Académie avoit accordé le titre de fon Ingénieur en inftrumens de Mathématiques à feu M. Langlois, comme au premier Artiste du Royaume en ce genre; elle l'avoit accordé de même à M. Canivet fon neveu, qu'elle avoit regardé comme l'héritier des talens de fon oncle.

A la mort de ce dernier, plufieurs Artiftes fe font empreffés de demander ce titre vacant; mais l'Académie a cru devoir en faire l'objet d'un ́ concours, & le réferver à celui des Artiftes nationaux & regnicoles qui lui préfenteroit le meilleur Quart de cercle de trois pieds de rayon, garni de toutes les pièces qui peuvent fervir à le rendre d'un ufage für & commode, & accompagné d'un Mémoire contenant le détail des moyens qui auront été employés pour le conftruire. Le jugement de l'Académie devoit être proclamé à l'Affemblée publique de la Saint-Martin 1777; mais aucun des inftru mens préfentés n'ayant rempli les conditions du concours, l'Académie a cru devoir remettre le Prix, & ouvrir un autre concours, aux mêmes conditions.

Quoique parmi les quarts de cercle qui ont été présentés pour ce fecond concours, l'Académie n'en ait trouvé aucun qui ait rempli fuffifamment l'objet principal qu'elle s'eft propofé, elle a cru néanmoins devoir

(1) Note des Auteurs du Journal. Quoique nous ignorions le nom du Donateur, nous fommes certains, & autorifés à dire que c'eft la même perfonne qui a donné, il y a deux ans, un fonds de 12,000 liv. à l'Académie des Sciences, pour des objets relatifs aux Sciences ou aux Arts, & dépendans du choix de cette Compagnie. C'eft auffi le même Citoyen qui a donné récemment à l'Académie Françoife un fonds de 12,000l., pour récompenfer tous les ans l'Ouvrage de Littérature le plus utile au bien de l'humanité, & un autre fonds de 12,000 liv. pour récompenfer tous les ans un acte de vertu exercé dans la claffe du Peuple, & dans la Ville ou Banlieue de Paris, ce qui fait en tout 48,000 liv. données en deux ans par la même perfonne aux deux Académies, pour des objets utiles de différens genres. La Nation & l'humanité doivent à ce géné reux Citoyen une égale reconnoiffance.

accorder

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