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fufion, il fe forme un régule de plomb & en même temps du verre d'anti

moine noir.

(f) Traitée à la diftillation avec le fel marin, il ne fe dégage point d'acide.

(g) Traitée de même à la distillation avec le nitre, il fe fait une détonation dans la cornue.

§. 3. (a). Ayant jeté dans un creufet rougi un mêlange de deux drachmes de plombagine bien pulvérisée & d'une once de nitre, il y eut d'abord une grande effervefcence, & enfuite une vive détonation. Il refta dans le creufet une matière fluide, noire, brillante, qui contenoit encore beaucoup de plombagine.

(b) On fit enfuite un autre mêlange d'une partie de plombagine pulvérisée & de fix parties de nitre, qui détona de la même manière. La maffe qui refta dans le creufet fut abfolument semblable à la première.

(c) La même opération fut répétée avec huit parties de nitre, & il refta un peu de plombagine qui ne fut point calcinée. On fit diffoudre dans l'eau tout ce qui fe trouvoit dans les creufets, & pour lors la plus grande partie de la plombagine non attaquée tomba au fond. La diffolution limpide ne contenoit ni foie de foufre ni aucune trace d'acide vitriolique. Ainsi, il n'y a point de foufre dans la plombagine pure.

(d) Enfin, on mêla une partie de la plombagine pulvérisée avec dix parties de nitre, & on fit détoner dans un creufet rougi; le tout ayant été tenu en fufion pendant quelques minutes, il refta une matière blanche & alkaline, qui fut coulée fur une feuille de cuivre: & cette matière ayant été diffoute dans l'eau, elle laiffa précipiter un peu de poudre brune. D'une once de plombagine calcinée par le nitre, on trouva quinze grains de cette poudre defféchée, qui étoit une ocre martiale. L'acide vitriolique, verfé dans cette diffolution alkaline, y occafionna de l'effervefcence: l'air qui fe dégagea étoit de l'acide aërien, mêlé d'air nitreux (ou acide nitreux phlogistiqué), & toute la maffe forma une gelée. Je filtrai le tout; & ce qui refta fur le filtre ayant été examiné, fe trouva être du quartz, avec un peu de terre d'alun. La liqueur ne donna, par l'évaporation, que du tartre vitriolé.

(e) Cependant cette expérience ne me paroiffoit pas paroiffoit pas fuffifante pour prouver l'existence de la terre alumineuse dans la plombagine, parce que j'avois précédemment obfervé qu'elle étoit peu concluante, quand on fe fervoit des creufets ordinaires (1). Je préparai une femblable détonation avec la plombagine dans un creufet de fer, & je reconnus que je n'étois pas trompé, puisque la lessive alkaline ne me donna pas la moindre trace d'argille.

(1) Mém. de l'Acad. Royale de Stockholm, ann. 1776. 1 Trimestre.

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$. 4. M. Gahn- a calciné la plombagine fous la mouffle, & elle perdit dans cette opération environ, fans aucune fumée vifible. M. Hielm avoit auffi traité ce minéral à la calcination, & il avoit eu le mêine résultat : le réfidu n'étoit autre chofe qu'une terre ferrugineufe. On feroit d'abord porté à penfer que cette perte ne venoit que du phlogistique qui s'étoit évaporé pendant la calcination; 10. parce que la plombagine pure ne donne aucune odeur de foufre; 2°. parce que cette calcination n'a lieu qu'avec le concours de l'air; 3°. parce que la plombagine a la propriété de faire détoner le nitre, &c.: mais cette matière inflammable rendoit la plombagine plus pefante; & il n'étoit pas vraisemblable qu'une auffi petite portion de terre martiale pût enchaîner autant de phlogistique, qui auroit été auffi abondant dans la plombagine que dans le charbon même, puifque cinq parties de nitre füffent pour confumer une partie de charbon, & que dix parties de nitre avoient été employées pour une partie de plombagine. Je me déterminai en conféquence à examiner la fumée qui s'élevoit aufl abondamment pendant la détonation.

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$. 5. Je mêlai une partie de plombagine choifie avec dix parties de nitre le tout, bien pulvérifé, fut projetté peu à peu dans une cornue de grès tubulée, que j'avois fait rougir, & à laquelle j'avois adapté un grand récipient de verre il fut à la fin rempli d'air nitreux, & enduit d'une matière blanche. Cette matière fut aifément diffoute par l'eau froide ; & après l'examen le plus exact, il fe trouva que ce n'étoit que du nitre. Ainfi, il eft certain que pendant la calcination ou la détonation de la plombagine, il ne s'en fépare aucun fublimé ni autre chofe femblable.

S. 6. Il y avoit encore une circonftance qui méritoit attention; c'étoit l'acide aërien qui avoit été dégagé pendant la faturation de l'alkali (§. 3. d): en conféquence je mêlai quinze grains de plombagine bien pulvérifée avec huit fcrupules de nitre; je mis le tout dans une petite cornue de verre épais, au bec de laquelle j'attachai une grande veffie de bœuf vuide d'air, & je plaçai la cornue fur les charbons: dès que le nitre für fondu, le mêlange s'enflamma dans la cornue, & la veffie s'enfla. Lorfque le tout fut refroidi, la veffie fe relâcha près du col de la cornue, & l'air contenu dans la veffie occupa un efpace égal à celui de trente-fix onces d'eau. Un tiers de cet air fut abforbé par l'eau de chaux, & le furplus pouvoit fervir à la combuftion. Ainfi, la plombagine contient de l'acide aërien, dont l'alkali du nitre abforbe une bonne partie.

§. 7. (a) On pouvoit imaginer que cet acide aërien venoit du nitre même; mais alors il devoit être produit par toute autre détonation avec le nitre. Je mêlai donc une demi-drachme de limaille d'étain avec deux drachmes de nitre, & je fis détoner ce mêlange de la même manière : il en réfulta un volume d'air égal à celui de 4 onces d'eau ; mais celui-ci ne conenoit pas la moindre trace d'acide aërien.

(b) Le mêlange d'une drachme de régule d'antimoine avec deux drachmes de nitre donna un volume d'air égal à celui de huit onces d'eau, dans lequel il ne fe trouva point d'acide aërien, mais qui éteignit le feu. La détonation du nitre avec le foufre ne produifit pas plus d'acide aërien; mais voulant prévenir toute objection, je trouvai plus expédient de détruire la plombagine fans employer le nitre.

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(c) Je répétai en conféquence l'expérience par l'acide arfenical, dont j'ai parlé au §. 1 ; & au lieu du récipient, je me fervis d'une veffie vuide d'air: elle s'enfla à mesure que l'arfenic montoit dans le col de la cornue & j'obtins cette fois de l'acide aërien pur.

(d) Je diftillai de la même manière un mêlange de quatre parties de chaux de mercure & d'une partie de plombagine pulvérifée; le mercure fut réduit, la veffie s'enfla, & l'air qu'elle contenoit étoit de l'acide aërien mêlé d'air pur.

(e) La litharge, pouffée à vitrification, puis réduite fur le champ en poudre, & mêlée avec deux parties de plombagine, donna, pendant fa iéduction dans la cornue, de l'acide aërien de l'acide aërien pur dans la veffie (1).

(f) Une autre partie de plombagine pulvérifée fut mêlée avec l'alkalifixe cauftique; elle donna, à une forte diftillation, de l'air inflammable: la matière de la cornue avoit alors perdu fa caufticité; elle fit une vive effervefcence avec les acides.

§. 8. Ainfi, je crus qu'il étoit affez démontré que la plombagine étoit une efpèce de foufre ou de charbon minéral compofé d'acide aerien uni à une grande quantité de phlogiftique. La petite portion de fer peut à peine entrer en confidération : car, en premier lieu, elle paroît y être fimplement mêlée mécaniquement; & d'ailleurs, j'ai tenu une plombagine, dont je retirai, après fa calcination, un peu plus de terre martiale qu'à l'ordinaire, & qui me donna un peu de foie de foufre, quand je l'eus fait détoner avec fix parties de nitre. Or, quand la plombagine exhale une odeur de foufre pendant fa calcination, il eft certain qu'elle tient un peu de pyrite. On a vu que la plombagine pure ne contractoit aucune union avec le foufre (§. 2. c), & qu'il n'en entroit point dans fa compofition (§. 1): car il y auroit eu infailliblement un fublimé rouge ou jaune; c'est ce qui réfülte également de l'expérience rapportée au §. 3.c.

Quand on a diffous les parties ferrugineufes dans l'acide vitriolique dé ́layé, il refte une matière noire indiffoluble dans les acides, & qui paroît être de la plombagine. Je prendrai de-là occafion de rapporter, en peu de mots, les expériences que j'ai faites fur ce réfidu. En ayant extrait une

(1) Comme la litharge fournit ordinairement par elle-même un peu d'acide aëries, étoit ici néceffaite de le féparer auparavant par la fufion.

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⚫ once par l'eau régale, qui prit dans l'opération une couleur jaune obfcure; la diffolution fut décantée; je verfai deffus un nouveau diffolvant, & je continuai ainfi jufqu'à ce qu'il ne parût plus de fer dans la diffolution: alors je fis fécher le résidu; il étoit noir, luifant, tachoit les doigts comme la plombagine, & ne pefoit plus que 3 drachmes. M. Hielm a traité le réfidu fous la mouffle, & il a obfervé qu'il fe calcinoit un peu plus promptement que la plombagine; il ne laiffe qu'une cendre blanche en très petire quantité.

Ayant mêlé une partie de ce réfidu de la matière ferrugineuse avec cinq parties de nitre, & jetté ce mêlange dans un creufet rougi, il y eut détonation de la même manière qu'avec la plombagine. La matière alkaline qui refta dans le creufet étoit blanche; elle fut diffoute dans l'eau, & cette diffolution donna à la fin un peu de fédiment blanc, mais qui étoit en trop petite quantité pour qu'on pût le foumettre à un examen bien exact. Cette leflive ou diffolution fit effervefcence avec les acides, & fe comporta abfolument comme celle dont il a été parlé ci-devant, §. 3. d. J'ai aussi recueilli l'air produit par la détonation de ce réfidu; il confifte en trois parties d'acide aërien & une partie d'air vicié.

Il faut bien conféquemment que ce résidu de la matière ferrugineufe foit de la plombagine; mais comme il n'exige pas pour fa deftruction autant de nitre que la plombagine, il s'enfuit que cette dernière contient une plus grande quantité de phlogistique.

DE

AVIS

Sur l'utilité d'une nouvelle Machine fumigatoire,

Inventée par le fieur FREDERICH HILDEBRAND, Suiffe.

E tout temps on a reconnu l'utilité des fumigations; mais, privé d'un fumigatoire propre à les appliquer aux différentes maladies qui les exigent, on n'en avoit pas fait un ufage auffi étendu que leur efficacité fembloit le demander.

Le fieur Hildebrand, Mécanicien, a inventé différentes machines, à la faveur defquelles on peut aifément parfumer & expofer aux bains de vapeurs toutes les parties externes du corps humain & plufieurs des internes. Ces machines ont l'avantage de varier les effets des fumigations & des vapeurs, en modifiant à volonté la quantité, la chaleur, la qualité, &c. Le fieur Hildebrand a cru devoir foumettre fes inventions à plufieurs

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Sociétés favantes, afin de pouvoir offrir au Public leur jugement, qu'il a toujours fenti être feul capable de fixer fon opinion; pour cet effet, il a préfenté fes machines au Collège de Médecine de Lyon & à l'Académie des Belles-Lettres, Arts & Sciences de la même Ville, & il a obtenu de ces deux Compagnies des rapports avantageux, d'après lefquels il a adminiftré des fumigations dans cette Ville, d'après l'avis des gens de

rArt.

Defirant faire connoître fes machines dans la Capitale, il a cru qu'il étoit de fon devoir de commencer par les communiquer à la Société Royale de Médecine; & cette Compagnie ayant reconnu qu'elles pouvoient être utiles dans plufieurs cas, il lui a demandé la permiffion de préfenter au Public l'extrait de fon rapport, tel qu'elle le lui a donné.

Le fieur Hildebrand avertit que, ne fe guidant que par ceux dont l'unique étude eft de connoître les différentes efpèces de maladies., & d'y appliquer les remèdes, il ne s'eft propofé, dans fon travail, que de rendre plus affurés & plus variés les effets de les découvertes, que des expériences réitérées lui ont fait regarder comme très-efficaces.

Ila fur-tout fait en forte d'étendre l'ufage de fes inftrumens au point qu'ils peuvent être employés d'une chambre à l'autre, fans que le malade voie le fumigatoire, & cela avec le même fuccès.

Uniquement occupé, depuis plufieurs années, à appliquer la mécanique au foulagement des maladies, il a aufli conitruit des bandages pour les varices & anévryfmes, & une machine propre à retenir les urines dans les maladies où ce fluide coule involontairement. Ces machines ont été également préfentées à la Société, qui, après avoir bien voulu lui communiquer quelques changemens, les a jugées avantageufes dans les cas défignés.

Extrait des Regiftres de la Société Royale de Médecine.

M M. Mauduyt, Varnier & de Fourcroy, ayant été nommés Commiffaires pour examiner une machine fumigatoire préfentée par le fieur Hildebrand, Mécanicien de Lyon, en ont fait un rapport avantageux dans la féance tenue, par la Société Royale de Médecine, au Louvre le 27 Avril 1781. Après avoir fait la defcription de la machine, ils ont ajouté ce qui fuit:

Quoique les meilleurs Médecins aient regardé les bains de vapeurs » & les fumigations comme des remèdes utiles dans un grand nombre » de cas, quoiqu'il foit démontré que les médicamens ainsi administrés » font capables de produire, dans quelques circonftances, des effets plus » prompts & plus marqués que ceux que l'on eft obligé d'administrer en »ubstance, on ne peut cependant difconvenir que l'on n'en a pas fait un

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