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Dès l'apparition des premiers symptômes de la blennorrhagic, on fait trois fois par jour des injections avec de l'eau végéto-minérale un peu concentrée et forinée, par exemple, par l'addition de 4 à 8 grammes d'extrait de Saturne dans un litre d'eau. Avant de faire l'injection, on a soin d'uriner, afin que le liquide injecté soit plus immédiatement en contact avec la membrane enflammée, l'urine ayant entraîné toute la couche du pus, et aussi afin que l'injection ne pousse pas le liquide blennorrhagique plus loin dans l'urètre sur les parties qui sont encore saines. On fait ainsi chaque jour trois injections ou même quatre, en ayant soin de garder chacune d'elles pendant deux à trois minutes. La même médication est continuée pendant tout le temps que dure la blennorrhagie, et si les précautions nécessaires sont prises, il est rare que l'écoulement dure plus de trois à cinq semaines. Dans les derniers temps du traitement, lorsque l'amélioration est déjà très-grande, on peut diminuer la dose d'extrait de Saturne et se servir ainsi d'eau végéto-minérale moins concentrée.

C'est là une médication simple, dont on peut faire usage surtout chez les individus qui ne peuvent supporter ni le copahu, ni le cubèbe, les plus puissants des moyens antiblennorrhagiques. Chez les femmes, elle est peut-être d'une plus grande efficacité. Nous avons vu bien souvent des vaginites, fort intenses et aiguës, céder avec la plus grande rapidité à des injections, répétées trois fois par jour, d'eau végéto-minérale. On y associe, avec un grand avantage, une certaine dose d'alun, dans la proportion suivante, par exemple :

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Il est rare qu'une vaginite aiguë ne disparaisse pas sous l'influence de cette médication. On se trouve bien de faire pratiquer d'abord une injection d'eau tiède avant l'injection médicamenteuse, afin de débarrasser la membrane muqueuse vaginale de toutes les mucosités et du pus qui la recouvrent. Nous avons vu, dans quelques cas, des écoulements fort abondants et tout à fait purulents, céder en huit jours à de semblables injections. Il est convenable pourtant, dans ces cas exceptionnels, d'en faire continuer l'emploi qui est si facile et complétement exempt de dangers, afin de prévenir la récidive de l'inflammation blennorrhagique.

Névralgie cubitale. — Applications de morphine par la mémẻthode endermique. - Un homme, âgé de trente-quatre ans, exerçant la profession de terrassier, entre à l'hôpital Cochin (salle Saint-Augus

tin, no 7, service de M. Blache). Il était d'une constitution assez robuste, un peu maigre pourtant, et d'un tempérament nerveux prononcé. Sa santé était habituellement mauvaise. Sans avoir jamais de maladie grave, il était sujet depuis longtemps à des douleurs qui se fixaient sur un point et y persistaient quelquefois longtemps avant de se déplacer et de se porter sur un autre point. Le malade n'avait jamais eu d'affection rhumatismale articulaire. Les douleurs occupaient ordinaire-› ment un tronc nerveux, dont elles suivaient le trajet.

pas

Il y a six semaines environ, et sans cause appréciable, il fut pris d'une douleur vive qui partait du coude, exactement au niveau du sage du nerf cubital entre l'olécrâne et la tubérosité interne de l'humnérus, puis se dirigeait le long du bord cubital de l'avant-bras, gagnait ainsi, en suivant le trajet du nerf, le poignet; passait alors à la surface dorsale de la main pour venir se terminer à l'extrémité des doigts annulaire et auriculaire. La douleur était continuelle; mais par moments elle s'exagérait, sans que ces exacerbations eussent d'ailleurs rien de régulier dans leur apparition. On provoquait également la douleur en passant la main sur le bord cubital de l'avant-bras, en touchant les doigts annulaire et auriculaire, et surtout en pressant le nerf cubital au niveau du coude. A certains moments, il se passait un phénomène étrange. Il suffisait de toucher un des points de l'avant-bras atteints de névralgie, pour qu'aussitôt le membre fût agité d'une secousse semblable à celles que détermine une décharge électrique.

Un vésicatoire fut appliqué sur la partie postérieure de l'avant-bras, immédiatement au-dessous du point d'émergence du nerf cubital, et, dès qu'il fut levé, on y plaça chaque jour un paquet de 2 centigrammes d'hydrochlorate de morphine.

L'effet de la morphine fut rapide. La névralgie disparut de toute la partie supérieure de l'avant-bras pour se borner à la partie inférieure et à la main. Un second vésicatoire fut alors placé sur le point le plus douloureux, c'est-à-dire à la partie inférieure du bord cubital de l'avant-bras. On y appliqua également chaque jour 2 centigrammes d'hydrochlorate de morphine.

L'action de ce second vésicatoire fut moins prompte que celle du premier. La névralgie persistant, mais à un moindre degré, il devint nécessaire de réappliquer au même point un vésicatoire lorsque le précédent fut complétement guéri, et de continuer également l'hydrochlorate de morphine. Sous l'influence de cette médication, la névralgie disparut bientôt, et le malade put quitter l'hôpital en très-bon état. L'observation qui précède est un exemple de névralgie assez rare. gros troncs nerveux, comme le nerf sciatique, certains plexus, ce

Les

tains rameaux, comme ceux des parois thoraciques, semblent plus particulièrement disposés que les autres à la névralgie. Il n'en est pas de même du nerf cubital, qu'on ne voit que fort rarement être affecté, à l'exclusion des autres troncs nerveux. Cette observation présente d'ailleurs de l'intérêt à un autre point de vue. La singulière tendance qu'a le malade à des névralgies qui affectent tantôt tel ou tel plexus, tantôt tel ou tel tronc nerveux dans toute son étendue, tantôt enfin tel ou tel rameau en particulier, les autres restant intacts, mérite de fixer l'attention du praticien et du physiologiste. C'est là un état général, une disposition dont la cause est aussi difficile à atteindre que șes effets à expliquer. On a peine à comprendre comment, sous une influence évideminent générale, des branches nerveuses peuvent s'affecter isolément dans un plexus ou même dans un tronc nerveux. La question est du plus grand intérêt pour la physiologie, comme pour la thérapeu tique.

Nitrate de potasse à haute dose dans la pneumonie aiguë, — Nous mentionnerons seulement aujourd'hui les bons effets de cette médication. Nous avons publié, dans notre XXV volume, le Mémoire de M. Martin Solon sur l'emploi du nitrate de potasse à haute dose dans le rhumatisme aigu. On sait que c'est en agissant sur la fibrine du sang et en modifiant principalement la circulation que le sel potassique exerce une action avantageuse sur le rhumatisme aigu, maladie essentiellement inflammatoire. C'est dans l'espoir de combattre les phénomènes phlogistiques de la pneumonie aiguë que M. Martin Solon a prescrit ce médicament à cinq malades de son service. Une saignée est pratiquée au début du traitement, puis, 18, 24 ou 30 grammes de nitrate de potasse dissous dans trois litres d'infusion pectorale sucrée, sont prescrits pour les vingt-quatre heures, un pot toutes les huit heures. Des sueurs abondantes ont lieu, l'expectoration perd promptement sa teinte sanguinolente, la gêne de la respiration diminue, les phénomènes morbides se dissipent graduellement, et la guérison ne tarde pas à se manifester; le premier malade, le n° 4 de la salle Saint-Benjamin, qui, comme tous les autres, offrait du souffle tubaire prononcé à son arrivée, sortit de l'hôpital huit jours après son entrée. D'autres vont être dans le même cas. Il faut avoir bien soin, dans cette médication, que la solution de nitrate de potasse soit étendue et prise ainsi que nous l'avons dit précédemment. Nous verrons si cette médication a ses avantages particuliers comme la saignée et le tartre stibié, moyens sur lesquels l'expérience s'est déjà et depuis longtemps prononcée d'une manière si favorable.

RÉPERTOIRE MÉDICAL.

ABCÈS CHRONIQUES DU TIBIA. On a plus d'une fois amputé des membres qui eussent pu être conservés si un diagnostic plus précis eût permis de reconnaître la véritable nature de l'affection que l'on avait à combattre. Tels sont les cas d'abcès chroniques des os. M. Brodie rapporte un cas où l'amputation de la jambe fut pratiquée pour une tuméfaction douloureuse du tibia et où l'on découvrit, après l'opération, que le tibia avait été le siége d'un vaste abcès. Depuis cette époque, M. Brodie a rencontré plusieurs cas semblables, où il a été assez heureux pour épargner aux malades une mutilation inutile et obtenir une guérison complète en appliquant une couronne de trépan. Mais pour éviter des erreurs semblables à celles que signale M. Brodie, et pour appliquer en toute connaissance de cause le traitement qui a donné de si beureux résultats à l'habile chirurgien de l'hôpital Saint-Georges, il faut avoir préalablement assis le diagnostic sur des données de quelque certitude. C'est à l'étude de ce diagnostic qu'est consacré l'article que nous analysons. Voici, d'après M. Brodie, les éléments sur lesquels il se fonde:

Lorsque le volume du tibia est augmenté par un dépôt osseux à l'extérieur, lorsqu'il existe là une excessive douleur comme celle qui dépend d'une tension extrême, que cette douleur s'exaspère par intervalles, que ces symptômes continuent et s'aggravent sans céder aux remèdes, alors on peut raisonnablement soupçonner qu'il y a un abcès dans le centre de l'os. L'intermittence des douleurs ne doit point être considérée comme contraire à cette supposition, car très-souvent elles ne reviennent que par intervalles. Cependant quand la maladie a une certaine ancienneté, la douleur ne disparaît jamais tout à fait ; mais encore a-t-elle, même à cette époque, des périodes de diminution et d'exacerbation.

Ces caractères n'ont peut-être pas toute la certitude désirable; ils constituent tout au plus une grande présomption; ils ont suffi toutefois, dans les cas précités, pour autoriser M. Bro

die à porter le trépan sur le tibia, et le succès a justifié cette détermination. D'ailleurs, ajoute M. Brodie, dans le cas où l'on se serait trompé, l'ablation d'un disque osseux par le trépan ne saurait avoir d'inconvénient sérieux. Il rapporte, à cette occasion, le fait d'un malade qui avait une tuméfaction douloureuse du milieu de l'humérus. Le trépan fut appliqué; il ne sortit pas de pus, mais l'os était très-dur, compacte, et la scie ne l'avait pénétré qu'avec difficulté. La plaie guérit; la guérison fut complète et durable. M. Brodie est d'avis qu'il ne faut point différer d'avoir recours à l'opération lorsqu'il y a lieu de soupçonner l'existence d'un abcès, car il arrive de deux choses l'une, ou que le malade est voué à des souffrances interminables, ou que l'abcès se fait jour, à la longue, dans une articulation voisine, ce qui constitue une complication grave. Relativement au choix de la couronne du trépan, M. Brodie fait remarquer que celles dont on se sert généralement pour l'ouverture des parois crâniennes ne permettraient pas, dans cette circonstance, de pénétrer à une assez grande profondeur. (The medico-chirurgical Review, et Gazette médicale, mai 1847.)

ABSTINENCE DES BOISSONS (Effets thérapeutiques de l'.) — Son influence sur les proportions des principes constituants du sang. M. le docteur Gensoul a communiqué à la Société de médecine de Lyon les résul→ tats qu'il a obtenus, dans sa pratique, de l'abstinence des boissons dans différentes circonstances, et en particulier dans les cas d'hémorrhagie. Il a recours à ce système de traitement dans tous les cas où il lui paraît utile de diminuer la formation du sérum du sang et de favoriser celle de la fibrine; c'est à ce titre qu'il avait recommandé depuis longtemps la suppression des boissons dans les hémorrhagies traumatiques. Il en a étendu depuis l'application au traitement de l'apoplexie, de l'hémopty→ sie et de la métrorrhagie. Cette méthode lui a valu récemment deux nouveaux cas de succès.

Le premier est relatif à un jeune

sujet atteint, depuis plusieurs mois, d'une hémoptysie qui avait résisté aux moyens les plus énergiques. On avait prescrit le silence et le repos absolus. L'anémie était telle qu'on ne pouvait plus recourir à des émissions sanguines; M. Gensoul prescrivit de donner seulement quelques cuillerées à café d'eau fraîche toutes les heures, et fit placer auprès du malade une vessie remplie de glace pour l'appliquer au-devant de la poitrine ou entre les épaules, si le sang venait à sortir à flots, comme cela avait eu lieu à plusieurs reprises. A dater de l'emploi de cette médication, l'hémoptysie diminua d'intensité, et après un mois environ d'un traitement persévérant, le malade fut en pleine convalescence.

Le résultat fut aussi heureux et aussi rapide dans le second cas, où il s'agissait d'une hémorrhagie cérébrale, avec hemiplegie commençante. Après trente-six heures de traitement, les phénomènes paralytiques et le sentiment de pesanteur de tête qu'accusait le malade, commencèrent à diminuer, et après douze jours le malade fut parfaitement retabli. Mais nous devons ajouter qu'ici l'abstinence des boissons fut énergiquement secondée par des évacuations sanguines, des ventouses scarifiées et des purgatifs drastiques sous forme pilulaire. Tout en reconnaissant avec M. Gensoul que l'abstinence des boissons a pu, dans ce cas, contribuer à rendre la cure plus rapide et plus complète, on ne peut cependant se défendre de l'idée que les moyens actifs employés concurremment ont dû avoir une large part dans cette heureuse terminaison. Quoi qu'il en soit, pour ce cas particulier, la privation des boissons paraît à M. Gensoul avoir un effet doublement avantageux dans l'hémorrhagie cérébrale, en prévenant la continuation de l'écoulement sanguin et en excitant l'action des vaisseaux absorbants. Il préconise aussi l'abstinence des boissons, comme préservatif des apoplexies, et comme capable de ramener au degré normal certains flux sanguins naturels (menstrues, épistaxis, hémorrhoïdes), qui tendraient accidentellement à s'élever au-dessus du type compatible avec la santé. Enfin, il croit que ce régime doit être appelé comme adjuvant àl'appui des autres moyens qui constituent le traitement dit de Valsalva, pour les anévrysmes spontanés. Deux tu

meurs anévrysmales volumineuses lui ont semblé avoir été avantageusement modifiées par la surveillance rigoureuse qui fut exercée dans l'usage des boissons. L'indication principale que M. Gensoul se propose de remplir dans ces différentes circonstances, et en particulier dans les hémorrhagies cérébrales, savoir : faire prédominer la fibrine, serait étayée, en outre, par les expériences de MM. Andral et Gavarret, qui ont reconnu que dans ces hémorrhagies la fibrine est dans une très-faible proportion relative. (Journal de médecine de Lyon, mars 1847.)

ACCOUCHEMENT A TERME heureusement terminé dans un cas de bassin rétréci. M. le docteur Laborie, en rapportant une observation d'accouchement à terme qui, malgré un degré considérable de rétrécissement du bassin, a pu se terminer sans le secours de l'art, se demande s'il est possible de poser des indications formelles pour les cas où il est convenable d'opérer l'accouchement prématuré artificiel. L'auteur fait observer que grâce aux progrès remarquables que l'art obstétrical a faits depuis un certain nombre d'années, bien peu de personnes songent encore à repousser par d'inacceptables raisons les avantages évidents résultant de cette opération. Aussi actuellement toute la question consiste-telle à tracer des indications pour les cas qui réclament réellement l'emploi de l'accouchement prématuré. Il faut tout d'abord admettre que l'on ne doit pratiquer cette opération que dans un intérêt de conservation pour les deux individus. Suivant ce principe, on peut immédiatement établir un certain noinbre de contre-indications formelles : ainsi, quant au foetus, il faut qu'il soit viable, et la viabilité ne peut être admise avant le septième mois révolu. On n'opérera pas si l'enfant paraît sous une influence maladive, ce que l'auscultation des bruits du cœur pourra rendre manifeste dans quelques cas. Il en sera de même si, par des investigations d'une autre nature, on reconnaissait un vice de conformation augmentant le volume du foetus ou menaçant son existence. Une grossesse double devra également empêcher l'opération. Quant aux indications basées sur l'état de la mère, elles sont de plusieurs ordres. M. Laborie s'occupe spécialement des indications qui peuvent

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