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douze ne peut pas se charger de cette responsabi lité. Je demande donc qu'il soit tenu de venir nous communiquer les faits dont il nous doit compte, et qu'il soit aussi chargé, sous sa responsabilité, de taire ceux qu'il serait imprudent de publier.

L'Assemblée passe à l'ordre du jour, motivé sur les observations de MM Bigot et Guiton.

M. KOOCH: Je demande la parole pour une question semblable à celle que vient de soumettre à l'Assemblée M. Bigot. Le ministre s'était engage, il y a que ques jours, à fournir un tableau de la situation de la France à l'égard des puissances étrangères; cependant, avant de le lui soumettre, il a jugé à propos de le mettre sous les yeux du comité diplomatique. Le comité s'en est occupé dans sa séance d'hier soir, où le ministre s'est rendu. Dans ce tableau, qui est le résultat des dépêches les plus récentes des différentes cours, il entre dans des détails sur ce que l'on peut espérer de certaines puissances, et sur ce que l'on a à craindre des auires. Le comité a été unanimement d'avis qu'il ne serait pas prudent de donner à ce rapport la publicité qu'il acquerrait si on le lisait à cette tribune. Cette publicité pourrait traverser les négociations, et, tandis qu'elles décourageraient nos amis, les malveillants en tireraient infailliblement parti pour nous nuire. Néanmoins ce rapport est déposé au comité, où il sera libre à chaque membre d'en prendre connaissance.

M. JAUCOURT: Je demande que demain, à 11 heures, l'Assemblée se forme en comité général, pour entendre la lecture de ces pièces.

M. LAGREVOL: Plus les événements sont grands, les dangers pressants, plus nous devons être attentifs à laisser au pouvoir exécutif toute la latitude possible, et ne pas atténuer sa responsabilité. Au contraire, vous l'en dégageriez, si vous adoptiez la proposition de M. Jaucourt. Il faut que le ministre Vous communique les rapports qu'il est de son dévoir de vous faire. S'il croit qu'il est dangereux de les publier, alors il doit vous en avertir; et c'est dans ce dernier cas seulement que vous pourriez adopter les mesures du comité général. Je demande donc que l'on passe à l'ordre du jour ainsi motivé. L'Assemblée passe à l'ordre du jour.

On lit une lettre du juge de paix de la section des Lombards; il annonce que, M. Grangeneuve ayant porte plainte en assassinat contre M. Jouneau, il se trouve dans le cas de décerner un mandat d'amener contre ce dernier. Il prie l'Assemblée de lui faire connaitre qu'elle doit être la règle de sa conduite.-Cetie lettre est envoyce au comité de législation.

MM. Guillaume et Dupont, ex députés, Jaugé et deux autres citoyens, porteurs d'une pétition souscrite par un grand nombre de citoyens, se présentent à la barre.

M. QUINETTE: Je demande que vous lassiez exécuter les décrets qui portent que les pétitionnaires se borneront à énoncer l'objet sommaire de leur pétition.

M. ROUYER : Le décret que rappelle M. Quinette ne porte que sur des objets d'intérêt particulier. M. BAZIRE: Je demande qu'on entende les pétitionnaires; parce que, d'après les manœuvres qu'on a employées pour capter des signatures, cette pétition est elle-même un délit que je dénoncerai dans peu.

L'Assemblée autorise les pétitionnaires à lire en entier leur adresse.

M. Guillaume: Les citoyens soussignés viennent partager votre douleur sur les événements qui se sont passés, mercredi 20 juin, dans la demeure du représentant héréditaire de la nation, et qu'ils auraient voulu prévenir au prix de

leur sang.

Il est manifeste que ces évenements n'auraient pas ca lieu, 1° si le chef et les instigateurs du rassemblement n'avaient pas persisté dans la violation de la loi, qui ne pouvait leur étre inconnue, puisqu'elle avait été rappelée par les délibérations du conseil général de la commune et par l'arrêté du département; 2o si la municipalité eût rempli le devoir que la loi lui imposait (Il s'élève des rumeurs dans une partie de l'Assemblée. - Les tribunes font entendre un violent murmure d'improbation. M. le président les rappelle au silence et que l'arrêté du corps administratif supérieur lui prescrivait; 3° si le commandant général eut obéi à la loi, qui lui ordonnait d'opposer la force à la force, sans réquisition, lorsqu'on attaquait le poste qu'il commandait.

La garde nationale, tant celle qui était au château, que celle qui formait la réserve de chaque quartier, a eu la douleur, qui approche du desespoir, d'être dénuée de tout ordre du commandant, et dans l'impossibilité d'y suppléer d'elle-même, sans violer toutes les lois de la discipline, dont elle doit et a toujours donné l'exemple.

Dans cette privation absolue d'ordres militaires, les passages ont été ouverts, et le courage de la garde nationale enchaîné au château même, sur les réquisitions multiplices de plusieurs officiers municipaux en écharpe et parlant, disaient-ils, au nom de la loi.

Nous vous remercions, Messieu s, du décret que vous avez rendu pour empêcher que désormais une for e armée puisse marcher malgré la loi, vers le lieu de vos séances, y lades le temps que veus devez à la nation entière interrompre vos délibérations, y consumer en vaines défi

Malheureusement, ce remède, pour l'avenir, ne répare point le passé. Lorsqu'on met les principes de la constitution en parallèle avec les événements de la journée du mer credi 20 juin; lorsqu'on admire la sagesse de la loi, qui vent que tout citoyen trouve un asile inviolable dans sa maison et Y soit garanti de toute attaque par force publination à son représentant héréditaire a été forcé, que la maque, et qu'on voit cependant que le palais donné par la jesté de la nation a été offensée dans la personne de son représentant, qui a été insulté, dont les jours ont été menacés, et qu'un des premiers pouvoirs constitués a été ainsi trouble dans sa liberté, sans laquelle il ne peut lui-même exercer la fonction, qui lui est remise, de protéger la liberté de tous et de chacun, on ne peut se déterminer à rester, sur de tels malheurs publics, dans un criminel silence.

Nous vous demandons de déployer toute l'énergie de votre zele, pour laver la nation de la honte qui lui serait imprimée par les attentats de plusieurs citoyens, dont quelques-uns sont profondément coupables, tandis que le plus grand nombre est trompé, séduit, égaré. Nous vous demandons de porter l'œil le plus sévère sur la conduite des moteurs, instigateurs et chefs du rassemblement, sur celle du les avenues du château et le château même ; nous vous demaire et des officiers municipaux qui ont prescrit d'ouvrir ral soit destitué de ses fonctions, comme ayant exposé la mandons spécialement d'ordonner que le commandant géné– sûreté du roi et compromis l'honneur de la garde nationale, si l'honneur d'un soldat n'était pas avant tout dans la discipline.

Les attentats qui ont été commis paraissent pour la plupart l'effet d'une conspiration contre les pouvoirs établis par la constitution, ou plutôt contre la constitution elle-même. Mettez, Messieurs, une barrière invincible à de semblabies machinations. Les citoyens soussignés vous le demandent, au nom de la déclaration des droits, au nom de l'intérêt et de la gloire de la nation entière, au nom de l'intérêt spécial la liberté et de la sûreté des representants élus et du reprédes citoyens de Paris, responsables, sur leur honneur, de

sentant héréditaire de la nation.

Songez, Messieurs, en combien de manières la loi et la constitution ont été violées; songez au spectacle que Paris, le lieu de votre résidence et de celle du roi, a donné aux 83 départements et à l'Europe; voyez à quoi vous obligent la qualité de représentants de la nation et le devoir de législateurs, à la fidélité desquels le dépôt de la constitution a été confiée.

lume de signatures. Ils sont admis à la séance.-Ils traversent Les pétitionnaires déposent sur le bureau un très-gros vola salle au bruit des murmures d'une partie de l'Assemblée et des tribunes.

(La suite demain. )

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De Bruxelles, le 26 juin. —A la nouvelle des succès inattendus de l'armée française, les généraux autrichiens se sont sur-le-cnamp concertés, pour prendre des mesures qui l'empêchassent de pénétrer plus avant. Les deux généraux Clairfayt et Beaulieu se sont portés, avec des forces respectables, sur Denise, qu'on dit déjà au pouvoir des français, et qui n'est qu'à deux lieues de Gand.

Le gouvernement est dans la sollicitude; il n'a pas paru de bulletin, et ce silence officiel est d assez mauvais augure. On assure que le régiment de Landon-Verd a perdu 120 hommes à Courtray. Le trésor de Gand a été transporté ici à la hâte. Tous ceux qui, par leurs emplois, sont attachés au gouvernement, ont fait porter dans cette ville leurs effets précieux. Cependant la classe la plus nombreuse des habitants de Gand invoque hautement la présence des armées françaises. Qu'elles approchent, et l'insurrection commence à l'instant même. Les prêtres même, quoique leur système ne s'accorde guéres avec la constitution que les Français défendent, tournent leur fanatisme à l'avantage de ces derniers; ils vont partout préchant la vengeance, et priant pour le succès de l'armée française. - Ici l'on a, dans divers endroits, arraché des palissades; et ceux-là mentent, qui disent cette ville calme et tranquille.-On est furieux contre M. de Rosières, qui, ci-devant officier sous le général Vandermesch, commande aujourd'hui une division de chasseurs belges, qui inquiète bien l'armée autrichienne.

FRANCE.

De Paris, le 2 juillet.-M. de la Gravière, ci-devant ministre plénipotentiaire du roi à Bruxelles, et M. de Naillac, ministre plénipotentiaire du roi près le duc de Deux-Ponts, passent en la même qualité, le premier aux Deux-Ponts, le second à Gênes.

LE MONITEUR UNIVERSEL.

Quatrième année de la Liberté.

-La fameuse pétition Dupont et Guillaume, ou Guillaume et Dupont, annoncée comme devant être signée par 20 mille citoyens, est revêtue de 7,411 signatures, verification faite par M. Vincent, secrétaire de l'Assemblée, et M. Cambon.

Si ce sont les bons citoyens et les honnêtes gens qui ont ainsi donné leur dénombrement au bas de cette pétition, exposée si long-temps et si solnenellement aux signatures, quand on songe à la population de Paris, on ne peut qu'être effrayé de ce p tit nombre.

Avis du maire de Paris à ses concitoyens.

Paris, ce 1er juillet, l'an 4 de la liberté. Citoyens, l'orage se prépare, soyez plus calmes que ja mais. Le trouble perdrait la chose publique; la tranquillité la sauvera.

On cherchera à fatiguer votre patience, à exciter votre indignation; ayez le courage de résister froidement à toutes ces provocations.

Déjà c'est un bruit public que nous n'arriverons pas au 10 de ce mois sans être témoins des plus grands malheurs; démentez ce bruit, déconcertez les projets de vos ennemis. Le moment est arrivé où les intrigants vont paraitre à découvert, où l'on distinguera les vrais amis des faux adorateurs de la constitution.

Les calomnies passeront, la vérité restera. Les magistrats du peuple veillent.

Signé PETION.

Des soldats de la constitution viennent à Paris, pour célébrer la fête de la liberté avec les vainqueurs de la Bastille.

Les bons citoyens qui seront jaloux de loger un frère, un ami, peuvent se faire inscrire au parquet du procureur de la commune.

Au Rédacteur.

temps avant sa mort. Un personnage à grandes épaulettes, membre comme lui de l'Assemblée constituante, et jouissant encore alors d'une sorte de gloire, vint à passer. Nous nous mimes à causer de lui. Sans croire à ce personnage ni un esprit élevé, ni une grande ame, ni même un caractère très-pur, je lui croyais le véritable amour de la liberté, quelques moyens pour la servir, le désir de le faire et une certaine probité qui l'empêcherait de franchir jamais de certaines bornes. Je disais tout cela à Mirabeau.-Eh bien! vous vous trompez encore, me réponditil. Voici l'horoscope de votre Giles-César; il l'aurait déjà rempli, s'il n'était contenu par des gens prêts à le démasquer, et cela sans retour, au moment où l'intérêt public l'exigera: « incapable d'être même le valet de chambre de » Cromwell, il finira par vouloir être celui du général » Monck.»- Mirabeau avait il pronostiqué juste?....

Suite de la correspondance du ministre de l'intérieur Roland avec le général Lafayette.

Lettre du général au ministre.

Au camp de Rancennes, le 30 mai 1792, l'an 4 de la liberté. (Reçue le 3 juin, sans enveloppe, non timbrée.} Je n'examine pas, Monsieur. dans quelles vues votre lettre a été écrite; mais je ne puis croire que mon aide-decamp ait été chez un homme dont l'existence lui était inconnue avant que la Gazette eût appris qu'il était ministre, et qu'aujourd'hui il connait à peine de nom, tout exprés pour calomnier la nation française et l'armée de son général.

Non, certes, il ne vous a pas dit que je doutais de mes braves soldats, dont le patriotisme combat aussi courageupère ceux du dedans, et dont l'attachement aux principes sement les ennemis du dehors, que leur discipline désesqu'eux et moi professons, dérange les vues inconstitutionnelles de plus d'un parti. Peut-être MM. Lacolombe et fuyards de Mons et de Tournay, effet funeste, mais prévu, Berthier vous ont-ils exprimé leur indignation contre les d'une infernale combinaison entre les coupables agents du despotisme et de l'aristocratic, et ces vils hypocrites de la liberté qui concourent avec eux à notre désorganisation.

des officiers déserteurs. Mes explications avec eux avaient Personne n'a plus éprouvé que moi, Monsieur, la lâcheté été si franches, si impartiales, malgré l'opposition des sentiments, qu'une telle perfidie ne peut pas même, dans leurs préjugés, échapper au déshonneur qui les attend partout.

Quand à mon armée, telle qu'elle existe aujourd'hui, je compte sur elle autant qu'elle compte sur moi; notre confiance réciproque est fondée sur l'amour de la liberté, le respect des lois, la haine des factions et le mépris pour

leurs chefs.

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servations.

Vous n'examinez pas, Monsieur, dans quelles vues je vous ai écrit. Je crois qu'un examen n'était pas nécessaire pour les reconnaître; un sentiment juste et prompt pouvait aisément les saisir, et vous ne sauriez vous dissimuler qu'elles étaient celles d'un citoyen qui connait ses droits et Je me promenais aux Tuileries avec Mirabeau, quelqueses devoirs, d'un ami de la liberté', qui s'étonnait de ne

Paris, le 30 juin.

2 Série. -Tome IV.

pas entendre son langage dans la bouche de vos agents, et d'un homme en place qui aimait à avoir pour vous l'égard de vous prévenir de ce que vous deviez être intéressé à

connaitre.

Quant à ce que vous ne pouvez croire, Monsieur, il s'agit d'un fait auquel votre incrédulité, comme ma surprise, ne pourrait rien changer.

J'ignore quelles étaient les intentions de vos aides-decamp, en venant chez moi, et je ne prétends pas les deviner; mais j'ai été étonné de leurs discours, comme de leur visite, et je vous ai exposé ce qui s'était passé, pour que vous le jugeassiez vous-même.

Que M. Lacolombe n'ait connu mon nom que dans la gazette, depuis que celui de ministre y a été joint, cela peut prouver, tout au plus, la prédilection en fait de lecture, et la nécessité de la recommandation d'une place pour lui faire distinguer mon nom : nous n'avons jamais marché sur la même ligne, et nous ne sommes pas faits pour nous rencontrer. Mais serait-ce bien l'élève de Washington, le défenseur de la liberté française, qui s'exprime comme pourrait faire un courtisan de l'ancien régime.

tendus défenseurs qui se séparent de lui pour avoir l'air de le protéger, et qui ne paraissent le servir que pour mieux le régir ou l'insulter.

Je partage avec vous, Monsieur, la haine des partis, le mépris pour leurs chefs. Je ne connais rien de plus vil, après eux, que ces hommes sans talents et sans caractère, incapables de bien servir aucune cause, et réduits à être les agens d'un parti.

Vous professez, Monsieur, le respect pour les lois, l'amour de la liberté, sans doute aussi de l'égalité, car elle est le gage de la liberté, et la base de notre constitution. Vous avez juré de les servir, vous vous devez tout entier à leur défense, et, d'après ce que vous avez fait et promis, ce qu'on espère et ce qu'on a droit d'exiger de vous, il ne vous est plus possible d'avoir de gloire, ni d'existence que par elles. Il n'y a plus de milieu pour vous; il faut que vous soyez l'un des heros de la révolution, ou que vous deveniez le plus infâme des français; il faut que votre nom soit à jamais béni ou abhorré. Dans cette situation, il faut enfin que ce qui vous environne annonce votre civisme, atteste votre sincérité ; c'est à cause de cela même que, moins prévenu, vous m'auriez remercié; et, quand vous l'aurez reconnu, c'est vous seul qu'il faudra feliciter; car j'ai fait tout ce que je veux et tout ce que je devais, en vous disant la vérité. Le ministre de l'intérieur, ROLAND. Nota. Cette dernière lettre a été lue au conseil, comme toutes les précédentes.

Jeune encore, et appelé à des destinées brillantes, dont il ne tient qu'à vous d'immortaliser l'éclat, ne craiguez pas, Monsieur, d'entendre dire à un homme austére, vieilli dans l'application des principes de la philosophie, et connu dans ce monde où les sciences et les travaux utiles offraient quelques consolations aux ennemis de l'esclavage, ne craignez pas d'entendre dire que le premier signe du caractère et du génie de l'homme constitué en autorité, est dans l'excellent choix des dépositaires de sa confiance, des hommes chargés de transmettre ses ordres, ou de ma- DE

nifester ses intentions.

Je préfère vous rappeler, Monsieur, cette utile réflexion, à me prévaloir des avantages avec lesquels il me serait si facile de rejeter sur autrui je ne sais quel dédain, enveloppé dans la désignation d'un nom qu'on ne connaissait pas la cour.

BULLETIN

L'ASSEMBLÉE NATIONALE.
PREMIÈRE LÉGISLATURE.
Présidence de M. Girardin.

SUITE DE LA SÉANCE DU 1er JUILLET.
Des citoyens de la section de Paris, dite de la

Vous auriez pu, Monsieur, vous dispenser d'affirmer
une chose dont il n'a jamais été question. Vos aides-de-Croix-Rouge, sont admis à la barre.
camp n'ont parlé ni de votre croyance, ni de vos doutes,
ni même de votre personne; je ne vous ai mandé que ce
qu'ils avaient dit, et lorsque vous vous écriez à l'occasion
de M. Lacolombe: non certes, il ne vous a pas dit que je
doutais de mes braves soldats! on se demande pourquoi
vous paraissez faire une supposition toute gratuite, et
mettre ainsi à la discussion ce qui n'y était nullement, en
laissant de côté ce dont il s'agissait.

Encore une fois, Monsieur, et tout se réduit à ceci, j'ai été étonné de voir chez moi deux de vos agents, s'annonçant de la part du ministre de la guerre, qui ne me les avait pas adressés, paraitre n'y venir que pour s'exprimer avec indécence sur le compte des soldats; j'ai pressenti que cette inconsidération, s'ils la portaient ailleurs, devait produire un mauvais effet, dont il fallait vous prévenir, et je vous ai prévenu. J'ai su depuis que ma présomption n'était que trop justifiée, et que les mêmes propos, tenus publiquement par M. Lacolombe, avaient fourni de nouveaux arguments à ceux qui, vous connaissant mal sans doute, ne s'unissent pas, Monsieur, aux personnes qui font hautement votre éloge.

Il ne m'appartient pas de sonder la profondeur des trames qui ont amené les revers de Mons et de Tournay; mais je ne connais qu'une règle, la loi, et je ne vois contre elle, en France, comme au-dehors, qu'une faction, celle des ennemis de l'égalité.

Ces ennemis, ouverts et francs, au commencement de la révolution, s'appelaient alors partisants de l'ancien régime, aristocrates. Dissimulés aujourd'hui sous une apparence de patriotisme, parce que, la constitution étant faite, il faut avoir l'air de l'adopter pour l'altérer plus sûrement, ils sément avec fracas les idées et les noms de factieux pour en faire naître.

L'orateur de la députation: Législateurs, l'horizon politique de la France se couvre de nuages, la foudre gronde, et elle est prête à éclater; le silence du désespoir occupe les amis de la liberté : le peuple entier, à demi levé, n'attend plus que le signal de ses représentants; la souveraineté nationale vient d'être audacieusement outragée. Un général quitte son poste, abandonne lâchement son armée, qu'il livre à la merci des ennemis. Il vient à Paris qu'y faire ? Déclarer la guerre aux factienx. Mais qu'est-ce que Lafayette, sinon le chef d'une faction qui voudrait détruire la constitution par la constitution même ? ( Une partie de l'Assemblée applaudit). Quelle sera la peine réservée à l'homme assez téméraire pour oser faire présager le dictateur, et imposer des lois aux représentants de la nation? Comment a-t-il pu croire qu'un peuple assez fort pour résister au despotisme courbera sa tête sous le 'protectorat. Législateurs, cette barre a été souillée par la présence d'un chef rebelle. (Mêmes applaudissements.) Les citoyens de la section de la Croix-Rouge la purifient aujourtionale, une haine éternelle à tous les factieux, d'hui, en jurant, en présence de l'Assemblée naquels que soient leur nombre et leur rang, à tous les protecteurs. Hommes libres, nous ne voulons que l'empire de la liberté et des lois; nous vous demandons un grand exemple de sévérité, pour effrayer les conspirateurs; frappez un grand coup, déclarez que la patrie est en danger, et aussitôt les dangers cessent et la patrie est sauvée.

introduite.
Une députation de la section dite de Grenelle est

Républicain était l'année dernière le mot en faveur pour proscrire l'opinion d'un homme avant qu'il eût parlé, ou pour jeter de l'odieux sur les bons citoyens dont on redoutait la viguenr. Le vide de l'expression s'est fait sentir, on ne parle plus maintenant que de factieux, et c'est infiniment commode pour les calomniateurs. Mais les appliL'orateur de la députation: Législateurs, quand cations mensongères ne peuvent long-temps abuser le on a eu l'audace de dénoncer dans ce temple les public; il finit par connaitre, punir ou mépriser, ses pré-plus zélés amis de la liberté, est-il possible à des

section.

section.

hommes que le patriotisme anime, de garder le si- | d'intrigue, fait circuler à l'ordre le poison de ses lence? Les magistrats du peuple qui, par leur pru opinions, pour provoquer contre les plus sages dence et leur sagesse, oni su prévenir l'effusion du de vos décrets des veto soi-disant suspensifs. Où en sang, les meilleurs citoyens sont injuries, outra- est donc la France, si le résultat de vos délibéragés, diffamés, et la même faction qui provoque ces tions, de vos pensées, si le vœu national doit attentats accorde les honneurs du triomphe à l'hom- échouer contre les coupables efforts de l'intrigue! me qui prétend dicter des lois aux représentants Nous vous demandons la suppression de cette esdu peuple, et tourner contre la patrie l'armée qui | pèce de directoire militaire. Cette pétition est silui a été confiée pour sa défense. Législateurs, régnée par cent cinquante citoyens actifs de notre primez les efforts de ce nouveau Cromwel, qui s'érige en modérateur suprême des deux pouvoirs pour L'Assemblée renvoic cette pétition à l'examen du les asservir et s'élever sur leur ruine. S'il eût été comité de legislation, et le charge d'en faire son le vengeur de son pays, nous eussions été les pre-rapport sous trois jours. miers à venger sa gloire. Il veut en être le tyran, Une citoyenne de Paris se plaint de l'emprisonnenous devenons ses dénonciateurs. La liberté est at- ment de son époux, arrêté en vertu d'une ordontaquée, mais elle ne périra pas. Un dictateur n'exis-nance de l'association centrale des juges de paix, tera pas tant que le peuple aura des représentants. pour des discours tenus dans une assemblée de Vous tenez la foudre, frappez cet ambitieux qui | ose quitter son poste pour montrer aux législateurs, auxquels il doit obéir, une audace qu'il n'a pas encore montrée aux Autrichiens, qu'il est chargé de combattre ( On applaudit); qui veut détruire le règne de l'égalité, pour y substituer le despotisme militaire; qui se rend l'organe de l'armée et des citoyens, lorsque vous seuls avez le droit d'exprimer la volonté nationale. Si, à côté des autorités créées par la constitution, il peut s'élever un pouvoir qui n'ait pour base que l'autorité militaire, il n'est plus de constitution, plus de liberté prévenez par des mesures de rigueur une si audacieuse usurpation, dont l'idée seule épouvante des hommes avides de liberté réprimez par toute la sévérité des lois un si grand attentat. Pour nous, qui avons juré de combattre les factieux, nous voulons la liberté ou la mort. La liberté vient d'être outragée, nous en demandons vengeance. (On applaudit.)

M. Martincourt, député par le département de la Côte-d'Or, présente une délibération des juges et greffiers du district d'Is-sur-Till, qui offrent à la nation la somme de 533 livres sur leur traitement, payable annuellement pendant le cours de la guerre, et qui protestent de leur zèle à leurs fonctions, et à déjouer toutes les tentatives des ennemis de la chose publique.

Des citoyens de la section des postes apportent un don patriotique d'une somme de 8,032 liv., tant en assignats qu'en argent.-Les citoyens et citoyennes de Chantilly déposent sur le bureau un paquet d'assignats et un sac d'argent.

Des députés de la section de Bonne-Nouvelle sont introduits.

L'orateur de la députation: Nous avons demandé le licenciement de l'état-major de la garde nationale parisienne; c'est cette corporation aristocratique qui est l'une des sources de nos troubles et de nos divisions. Abusant de la supériorité et de la centralité de leurs forces, ces traîtres semblent avoir formé le projet de diriger à leur gré l'opinion publique. Tous les citoyens étant gardes nationaux, ils exercent leur influence et leur pouvoir sur tous les citoyens. Cette institution est une féodalité moderne qui ferait inévitablement échouer la révolution, Si vous ne vous opposez aux progrès de cette puissance, bientôt la magistrature civile perdra toute sa force; et le peuple, éclairé par une triste expérience, sera forcé de se ressaisir de sa liberté, pour l'asseoir sur des bases mieux calcu

lées.

Cet état-major est une espèce de corps de réserve aristocratique qui, faisant de la hiérarchie un moyen

L'Assemblée ordonne au ministre de la justice
de lui rendre compte de ce fait.
La séance est levée à 4 heures.

SÉANCE DU LUNdi 2 juillet.
Les administrateurs du directoire de Marseille

envoient 800 livres pour la guerre ;

Les citoyens de Lons-le-Saunier, département du Jura, 1415 livres 19 sous.

M. QUESTIN, au nom du comité colonial, propose, et l'Assemblée adopte le projet de décret

suivant:

L'Assemblée nationale, considérant que le retard qu' éprouvé la publication de la loi du 4 août dernier, a pu être un obstacie à ce que les personnes qui prétendent à la conservation, rétablissement ou concession des pensions, gratifications ou secours sur le trésor national, aient pu adresser au commissaire du roi, directeur général de la liquidation, ou au ministre, les certificats qui constoire français, dans le délai prescrit par l'article II talent leur résidence depuis six mois sur le terride la loi, et que ce délai expire aujourd'hui, décrète qu'il y a urgence.

L'Assemblée nationale, après avoir décrété l'urgence, décrète ce qui suit:

Le délai fixé par l'article II de la loi du mois d'avril dernier, aux ci-devant pensionnaires, à tel titre, pour telle cause et sur tels fonds que ce soit, qui prétendent à la conservation, rétablissement ou concession d'une pension, gratification ou secours sur le trésor national, pour fournir les certificats qui constatent leur résidence depuis six mois sur le territoire français, est prorogé jusqu'au 1" septembre prochain exclusivement.

M. Nicolas Beaupuis, au nom du comité militaire, fait un rapport, et présente un projet de décret sur la proposition du roi relative à la création de 42 bataillons de volontaires nationaux.

M. MAZURIER: Je demande l'impression et l'ajournement de ce projet de décret. Il y aurait plus que de l'imprudence à décréter à l'instant une nouvelle formation de gardes nationaux, lorsque ceux qui sont sur les frontières ne sont pas au complet. J'ajoute que nous avons déjà des hommes en marche, et que, quoique le ministre de l'intérieur ait eu l'insolence de dire qu'ils étaient des factieux, ce sont des citoyens armés régulièrement. (Les tribunes applaudissent.) Je demande que la commission extraordinaire qui a un rapport à faire à ce sujet soit entendue.

L'Assemblée accorde la parole au rapporteur de la commission.

M. Lacuée, au nom de cette commission, pré-nistre veut rendre compte, il en est le maître. Je sente sans développement un projet de décret, demande que, conformément au décret d'hier, qui est adopté en ces termes : l'Assemblée passe à l'ordre du jour.

L'Assemblée nationale, instruite qu'un grand nombre de gardes nationaux des différents départements de l'empire, jaloux de concourir au maintien de la constitution et à la défense de la patrie, sont en marche pour se rendre dans la capitale, afin d'être transportés ensuite dans les lieux où seront rassemblées les troupes destinées soit à couvrir Paris, soit à défendre les frontières les plus menacées, décrète qu'il y a urgence.

L'Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de sa commission extraordinaire des douze et rendu le décret d'urgence, décrète ce qui suit: Art. 1o. Les citoyens gardes nationaux que l'amour de la constitution et de la liberté a déterminés à se rendre à Paris, pour être, de là, transportés soit à la réserve destinée à couvrir la capitale, soit aux armées chargées de la défense des frontières, se rendront, au moment de leur arrivée, à la municipalité de Paris, pour y faire inscrire leur nom, celui de leur département et municipalité, ainsi que la note des certificats dont ils sont pourvus.

II. La municipalité de Paris donnera des ordres afin que ceux desdits gardes nationaux qui se feront inscrire avant le 14 juillet reçoivent, au moment de leur inscription, un billet de logement militaire jusqu'au 18 du même mois; quant à ceux qui n'arriveront à Paris qu'après le 14 juillet, et qui se feront inscrire à la municipalité de Paris, il leur sera délivré un billet de logement militaire pour trois jours seulement.

à

III. Ceux desdits gardes nationaux qui se trouveront Paris à l'époque du 14 juillet assisteront au serment fedé ratif; ils se réuniront, pour cette cérémonie civique, avec les compagnies de la garde nationale parisienne, dans l'arrondissement desquelles ils auront obtenu des loge

ments.

IV. Le pouvoir exécutif donnera des ordres afin que chacun desdits gardes nationaux reçoive, à la municipalité de Paris, au moment de son arrivée, un ordre de route par étape, pour se rendre dans la ville de Soissons, lieu désigné, par les précédents décrets, pour le rassemblement

de la réserve.

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IX. Le présent décret sera porté de suite à la sanction, et envoyé, par des courriers extraordinaires, aux 83 départements du royaume.

M. JEAN DEBRY: Je demande que ce décret soit porté sur le champ à la sanction, et qu'il soit envoyé, par des couriers extraordinaires, dans les 83 départements.

Cette proposition est adoptée. (On applaudit). Le même membre demande que le ministre de la guerre soit mandé pour rendre compte de la siquation de l'armée de M. Luckner.

L'ordre du jour est adopté.

Le ministre de l'intérieur : L'Assemblée nationale a décrété que je lui rendrais compte de l'exécution de la loi du 29 septembre, qui défend aux adıninistrations de département d'envoyer et d'entretenir des agents auprès du corps législatif et du roi, ainsi que des mesures qui ont dû être prises, par le pouvoir exécutif, relativement au département de Ja Somme. La loi dont il s'agit a été sanctionnée le 16 janvier 1792, et adressée le 20 du même mois aux départements, qui en ont accusé la réception; cela n'a pas empêché que les directoires d'administration ne continuassent d'envoyer des députés à Paris. M. Roland vous avertit un jour qu'il y en avait, tant à la suite de l'Assemblée nationale que du pouvoir exécutif, plus de 300; il vous demanda de prendre une mesure législative pour forcer ces administrateurs de rester à leur poste. Cette demande, convertie en motion, a été renvoyée au comité de législation, qui n'en a pas encore fait son rapport. Quant au département de la Somme,

paraît avoir senti l'irréguralité de son arrêté, et il en a pris un nouveau, le 28 juin, pour rappeler les députés qu'il avait envoyés auprès du roi : voici l'extrait des registres de ses délibérations.

«Le directoire, instruit par ses commissaires que le calme est rétabli à Paris, que la personne du roi est en sureté; considérant que, par son arrêté du 22, il avait spécialement chargé ses commissaires de veiller à la sûreté du roi, et de l'instruire des manoeuvres et des complots dont ils commissaires, n'ayant aucun caractère public à pourraient prendre connaissance; mais que ces Paris, manquent absolument des moyens nécessaires pour découvrir les factieux, arrête de les rappeler et de les charger de rendre compte du présent arrêté au ministre de l'intérieur, etc., etc. >>

J'ai cru, d'après cet arrêté, qu'il n'y avait pas d'autres mesures à prendre.

M. GUYTON-MORVEAUX: Vous venez d'entendre le ministre de l'intérieur vous annoncer que le département de la Somme s'est rappelé lui-même à l'observation des règles. Quand il ne l'aurait pas fait, il devait y être statué, puisque vous l'aviez renvoyé à l'examen de la cominission extraordinaire. tence d'une édition de l'arrêté de ce département, Mais le fait que je vais vous dénoncer, c'est l'exis. faite à l'imprimerie royale, ou à quelque autre imprimerie mal intentionnée qui aurait pris son nom; et dans ce dernier cas, il existe toujours un délit; dans le premier cas, au contraire, il importe de savoir comment et par quel ordre un arrêté incons titutionnel s'est multiplié dans les presses de l'imprimerie royale. Je demande que le ministre soit tenu de rendre compte des connaissances qu'il peut dition. avoir sur ce fait, et je dépose sur le bureau l'é

M. GENTY: Aucun de vous n'ignore qu'un trèsgrand nombre d'imprimés, souvent fort inconstitutionnels, sortent de l'imprimerie nationale, sans ceministre ne doit pas plus être responsable de ce pendant qu'il ait y aucun ordre de l'Assemblée : le qui s'imprime à l'imprimerie royale, que vous ne l'ètes de ce qui s'imprime à l'imprimerie nationale: en conséquence, je demande que l'Assemblée passe à l'ordre du jour.

M. LASOURCE: Hier vous avez décrété, sur le rapport de la commission des douzç, que le ministre aurait la liberté de rendre compte, s'il y avait M. LASOURCE: Le ministre est sans doute redelieu, et sur sa responsabilité. Ainsi done, si le mi-vable à M. Genty de lui avoir dicté sa réponse;

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