comme la nôtre; elle tient en quelque sorte au point d'honneur ! et les hommes sages ne s'exposeront jamais légèrement à de telles censures. D'ailleurs, il y a aussi d'autres moyens qui jadis étaient appliqués par les cours... Et pour dernière raison, j'ajouterai que, si la législation actuelle était insuffisante..., les Chambres ne refuseraient pas au gouvernement les moyens qui seraient jugés nécessaires pour maintenir chacun dans l'ordre, et pour faire respecter le droit de l'État. Dans tout ce que je rapporte sur les appels comme d'abus, on lira, je pense, avec intérêt, l'analyse que je donne du Traité d'Edmond Richer, pages 246 et suiv. § 8. Des Congrégations et Associations. Un des plus grands abus, parce que c'est un des plus dangereux, est celui qu'on peut faire à l'ombre des congrégations et associations qui ont pour cause et pour prétexte un objet religieux. Les notions que j'ai réunies sur ce point pourront paraître complètes: le temps présent n'est pas celui où l'on pourrait se relâcher, sans avoir bientôt à s'en repentir, des règles salutaires et des exemples que nous ont légués les âges précédents. § 9. Séminaires. Enseignement. Sous ce titre, j'ai réuni ce qui concerne l'organisation des séminaires métropolitains, les seuls dont parle le Concordat. - La loi qui règle cette organisation est précédée du rapport de M. Portalis, qui en développe parfaitement l'esprit et les motifs. Vient ensuite ce qui regarde les écoles secondaires ecclésiastiques, et l'épisode de 1828, avec les ordonnances du 16 juin. Je reproduis l'ordonnance royale de 1825 et la circulaire de M. l'évêque d'Hermopolis sur le rétablissement d'une maison des hautes études ecclésiastiques. Rien ne serait plus désirable. Les séminaires font des curés; ils feront difficilement de grands évêques, ils ne feront plus de docteurs ! Que de motifs pour rétablir cette ancienne École, qui avait mérité le nom de Concile permanent des Gaules, et qui se montra fidèle gardienne des maximes françaises auxquelles Bossuet donna tout le poids de son savoir et de son génie ! Il faudrait aussi rétablir des chaires de droit canonique, non pas seulement dans les facultés de théologie, comme l'a fait M. Salvandy, mais dans les facultés ordinaires de droit, pour les laïcs appelés à soutenir la lutte dans l'intérêt de l'ordre civil et temporel, soit comme administrateurs, soit comme magistrats ou comme hommes politiques. La question de liberté d'enseignement, si vivement agitée depuis quelque temps, et soutenue par de si étranges moyens, m'a fourni l'occasion de préciser le droit de l'Etat en cette matière; j'amène là question jusqu'au jour de la présentation de la loi actuellement soumise à la Chambre des Députés... § 10. Autres objets compris dans ce volume. Après toutes les questions qui précèdent, et qui constituent la partie la plus noble et la plus élevée du droit canonique et de la discipline ecclésiastique, viennent des objets secondaires qui ajoutent à l'utilité du livre, et que, par cette raison, je n'ai pas dû négliger d'y comprendre. Ce sont : 1o Les règles qui président à la conservation et administration des biens ecclésiastiques; 2o Tout ce qui a rapport aux fabriques; 3o Les dispositions législatives sur les inhumations. Enfin, pour la plus grande commodité de ceux qui n'ont que fort peu de livres, et notamment pour les curés de campagne, j'ai placé à la fin : 1o Une chronologie des papes, avec une indication sommaire des faits les plus saillants de leur pontificat, tels que les conciles œcuméniques, les croisades, - les hardiesses ultramontaines contre les rois, - et les résistances que les rois y ont apportées; 2o Une chronologie des rois de France, afin de pouvoir établir une corrélation par les dates entre eux et les pontifes contemporains; 3o Une indication des principaux ouvrages sur le droit canonique, avec des notes qui font connaître leur mérite et celui de leurs auteurs, afin qu'on puisse y recourir au besoin; 4o Enfin le calendrier romain et les règles du comput ecclésiastique. § 11. - Conclusion. Tel est le livre que j'offre au public. C'est l'ouvrage d'un catholique, mais d'un catholique gallican: d'un homme qui aime la religion, qui honore le clergé, et qui révère dans le souverain pontife le chef de l'Église universelle et le père commun des fidèles; mais c'est l'œuvre aussi d'un jurisconsulte qui veut que les lois soient gardées et observées par tous les ordres des citoyens; d'un homme public qui tient pour maxime que l'Église est dans l'État, et non l'État dans l'Eglise. Je laisse au pouvoir spirituel tout ce qui tient au dogme et à la foi; mais je revendique pour le pouvoir politique le droit de veiller avec empire sur la discipline ecclésiastique et sur la police des cultes, et de contenir chacun dans le devoir; - enfin je repousse tout ce qui a le caractère d'invasion du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Je sais bien que ces maximes sont combattues par une doctrine contraire; et cette doctrine, je veux la signaler pour montrer comment dans l'esprit de quelques ultramontains la haine des libertés de l'Eglise gallicane s'allie avec la haine des monarchies constitutionnelles. J'en trouve l'expression acérée dans un curieux passage du Journal de Rome, publié sous la censure papale (cahiers 15 et 48 du tome 5, à la date du mois d'août 1825, pag. 47). Ce passage est rapporté par M. l'archevêque de Malines, pag. 459 de son ouvrage intitulé : Du Jésuitisme ancien et moderne. - « Le journal de *** (y >> est-il dit), est à notre avis celui des journaux français » qui, dans les dix dernières années, a fait le plus de mal >> en France, et nous pourrons, sans craindre de nous > tromper, ajouter en Europe; non pas que ce journal se >> soit ouvertement érigé en adversaire de la religion et en >> apologiste de l'anarchie, comme l'ont fait et le font encore >> trop souvent d'autres journaux. Le judicieux journal *** >> s'est, au contraire, toujours montré l'ardent défenseur de >> la Monarchie et du Christianisme; mais entendons-le bien, » de la Monarchie suivant la Charte, et du christianisme >> suivant les principes de Bossuet, c'est-à-dire, de la Mo>> narchie telle que la RÉVOLUTION l'a faite, et du christia» nisme tel que l'HÉRÉSIE voudrait le faire. >>> Une monarchie constitutionnelle n'est rien moins qu'une >> monarchie, comme un christianisme gallican n'est rien >> moins que le christianisme! » Ces doctrines, je ne crains pas de le dire, si on prétendait sérieusement les accréditer parmi nous, feraient à la religion et au clergé autant de mal qu'elles en ont fait au gouvernement de la branche aînée. - Seulement elles doivent être un avertissement pour les peuples dont elles menaceraient la liberté, comme pour les princes dont elles compromettraient le pouvoir! Pour moi, je ne puis penser qu'après tant de sévères leçons données par l'expérience et par les révolutions, nous soyons destinés à subir le retour des prétentions d'un autre âge; et je terminerai volontiers cet écrit par l'adjuration que le premier Consul adressait au Clergé dans la Proclamation dont il voulut accompagner la promulgation du Concordat : « ... Ministres d'une religion de paix, que >> l'oubli le plus profond couvre vos dissensions, vos mal>> heurs et vos fautes; que cette religion, qui vous unit, >> vous attache tous par les mêmes nœuds, par des nœuds >> indissolubles, aux intérêts de la patrie ! - Déployez pour >> elle tout ce que votre ministère vous donne de force et >> d'ascendant sur les esprits; que vos leçons et vos exem>> ples forment les jeunes citoyens à l'amour de nos insti» tutions, au respect et à l'attachement pour les autorités >> tutélaires qui ont été créées pour les protéger, qu'ils >> apprennent de vous que le Dieu de la paix est aussi le >> Dieu des armées, et qu'il combat avec ceux qui défen>> dent l'indépendance et la liberté de la France ! >>> DE L'ÉGLISE GALLICANE, RÉDIGÉES PAR P. PITHOU, EN 83 ARTICLES. I. Libertez de l'Église gallicane. Le titre même de cet ouvrage est à remarquer. Il renferme l'assertion des Libertés de l'Église gallicane. J'ai déjà fait observer qu'on ne dit pas Église yallicane par esprit de dissidence ou de désunion avec l'Eglise romaine, comme si c'était une invention pour diviser l'unité de l'Église universelle. << Soyons gallicans, mais soyons catholiques, a dit avec > raison M. l'évêque d'Hermopolis. Restons fermes dans >> nos maximes françaises, mais ne prétendons pas nous ▸ en faire un bouclier contre les droits divins du saint>> siége ou de l'Église universelle. » J'adopte cette propo-sition, et j'en retiens tout le sens, en renversant seulement ses termes pour mieux expliquer ma propre pensée. Respectons tous les droits légitimes du saint-siége; adhérons invariablement à l'Église universelle et au chef spirituel, qui est le centre de la foi et le lien de l'unité entre les fidèles: mais soyons fermes dans nos maximes françaises; mais résistons aux prétentions exagérées, aux empiétements illégitimes, aux usurpations qui mettraient en péril nos justes libertés; soyons catholiques, mais soyons gallicans. |