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haute dose, dans les cas qui précèdent, ont été les suivants : diminution de la force et de la fréquence du pouls, affaiblissement de la voix, la fatigue et la coloration des paupières, connues sous le nom d'yeux cernés, des transpirations abondantes surtout pendant la nuit. Ces symptômes ont été constants chez tous les malades traités par cette méthode, cinq ont éprouvé des vomissements: deux pendant un jour, un pendant deux jours, deux pendant trois jours. Huit ont eu des déjections alvines très-abondantes qui ont duré de un à trois jours. Chez trois les vomissements et les déjections alvines ont eu lieu en même temps. Enfin, seize n'ont éprouvé ni vomissements ni purgations. Chez le plus grand nombre l'appétit fut conservé sans modification; il se rétablissait chez ceux qui avaient éprouvé des perturbations dès que la tolérance était établie. La quantité des urines subissait une diminution, ce que M. Gimelle attribue aux transpirations abondantes éprouvées par les malades en traitement. Toutes les autres fonctions s'exécutaient comme dans l'état de santé. On a constamment laissé aux malades la quantité d'aliments qu'ils avaient avant d'être soumis au traitement. Chez le plus grand nombre on a été obligé d'en augmenter la quantité au bout de peu de jours. Enfin, M. Gimelle a revu tous ses malades plusieurs mois après le traitement; plusieurs sont sous ses yeux depuis quelques années, chez aucun d'eux il n'est survenu d'accidents.

THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE.

SUR QUELQUES FAITS DE DIAGNOSTIC CHIRURGICAL ET DE THÉRAPEUTIQUE

CHIRURGICALE.

Par le professeur LISFRANC.

<< L'auteur se tue à allonger ce que le lecteur se

» tue à abréger. »>

D'ALEMBERT.

NOTE SUR LE DIAGNOSTIC DES POLYPES UTERINS.

Une femme, couchée au no 26 de la salle Saint-Augustin, portait un petit polype mince, ressemblant à un morceau de ruban étroit; on constatait l'existence de cette tumeur par le toucher, mais quand on examinait avec le spéculum le col de l'utérus devenu très-rouge, on n'y observait d'ailleurs rien d'anormal: j'imaginai d'essuyer l'extrémité

inférieure de la matrice avec un pinceau en charpie ; j'en décollai le petit polype, qu'il fut alors très-facile d'apercevoir.

-Un polype du volume de la dernière phalange du pouce, pourvu de ses parties molles, fut reconnu par le toucher et même à l'aide du spéculum; nous vînmes le lendemain pour l'opérer; nous mîmes inutilement en usage tous les moyens propres à le constater: quelques jours s'écoulèrent, et nous le retrouvâmes. Il arrive quelquefois que ces tumeurs remontent dans la cavité de l'utérus, dont l'orifice inférieur se resserre et les rend momentanément inacessibles à la vue et au toucher.

-Plusieurs jours avant et après les règles et pendant les menstrues, l'orifice inférieur de l'utérus est plus dilaté; c'est alors que le doigt indicateur introduit dans cet orifice peut faire reconnaître l'existence d'un polype situé dans l'intérieur de la matrice.

Une malade de la rue Chabannais éprouvait de temps en temps des douleurs qui ressemblaient à celles de l'accouchement : elle n'était pas enceinte. Plusieurs chirurgiens pensaient qu'elle portait un engorgement de l'utérus; je l'explorai; je partageai d'abord l'opinion de mes confrères; mais il me sembla toucher, à un quart de pouce du centre de la tumeur, une très-légère saillie circulaire, que je supposai pouvoir être le pourtour de l'orifice du col utérin, dont les parois auraient été singulièrement amincies; j'essayai, à plusieurs reprises, de glisser mon doigt sous cette espèce de relief; je n'y parvins pas; je réfléchis quelques instants; il me vint à l'idée de presser assez fortement sur le centre de l'extrémité inférieure de l'utérus : je sentis des tissus céder à la pression; je la rendis plus forte encore; je portai ensuite brusquement mon indicateur de dedans en dehors, et il s'engagea facilement entre les parois de la matrice et un polype renfermé dans sa capacité. Les règles étaient sur le point de venir; elles arrivèrent le jour même ; une métropéritonite se développa; elle résista à tous les moyens de l'art: l'autopsie justifia mon diagnostic.

Il suffit d'ouvrir les annales de l'art pour se convaincre des difficultés qui existent ordinairement pour diagnostiquer les renversements de l'utérus: une femme, couchée au no 28 de la salle Saint-Augustin, avait été explorée par plusieurs praticiens qui croyaient à l'existence d'un polype. J'introduisis dans le vagin mes doigts indicateur et médius; je saisis la tumeur et je l'abaissai; je portai dans le rectum le doigt indicateur de mon autre main, je ne trouvai pas la matrice audessus du corps que je déplaçais; je conclus que ce corps était la matrice elle-même; plus tard la malade succomba, et l'auptosie confirma mon diagnostic. - Mais peu de temps après je mis en usage sur une autre femme les moyens que je viens d'indiquer, je diagnostiquai en

core un renversement. Cette femme mourut au bout de quelques mois : l'autopsie nous montra une tumeur fibreuse implantée sur une matrice avec laquelle elle était, pour ainsi dire, identifiée, et qui, aplatie, offrait à peine le dixième de son volume ordinaire. Il faut conclure de ce dernier fait, qui doit être extraordinairement rare, que l'absence d'une tumeur au-dessus de celle qu'on abaisse n'est pas toujours un signe pathognomonique du renversement de l'utérus.

-Quand, au contraire, au-dessus du corps qu'on attire en bas on sent, en touchant par le rectum, un autre corps qui a la forme de l'utérus, le premier doit être un polype. Nous en avons, l'an dernier, donné la preuve sur une dame de Courbevoie chez laquelle une tumeur polypeuse adhérait à toute l'étendue de l'extrémité inférieure de la matrice; je l'ai opérée en présence de MM. Blandin et Chupin. Elle est guérie.

II.

Kiste séreux du volume du poing, s'étendant depuis l'apophyse mastoïde jusqu'à quatre pouces au-dessous et siégeant sur les trois artères carotides. Extirpation de ce kiste, précédée d'une incision faite dans toute sa longueur. Guérison.

J'ai pratiqué cette opération, aidé de MM. Pinel-Grandchamp, Baud et Forget; j'ouvris le kyste dans toute l'étendue de son diamètre longitudinal; il fut facile de le détacher par la dissection des adhérences qu'il avait contractées avec le bord antérieur et la face interne đu sterno-cleido-mastoïdien, avec le larynx et la région sushyoïdienne. Il était épais, dur et très-résistant: lorsqu'il présente ces conditions dont on peut s'assurer, quand on l'a mis à découvert, je conseillé, contre les préceptes généralement admis, d'en faire la dissection après l'avoir largement incisé; je pense qu'elle est infiniment plus facile que si l'on procédait autrement; une comparaison bien simple va le démontrér : ouvrez l'abdomen, vous séparerez le péritoine des parois abdominales avec beaucoup plus de facilité que si cette membrane n'avait pas été divisée préalablement à sa dissection.

Mais j'étais arrivé aux points où la tumeur reposait sur les gros vaisseaux que nous avons indiqués, fallait-il s'arrêter là? Il serait resté dans une plaie très-profonde une grande étendue du kyste, qui peutêtre aurait donné lieu à une fistule bien difficile à guérir et qui probablément aurait exigé une seconde opération. Guidé par ces idées et enhardi par les succès que j'ai obtenus dans les désarticulations de l'os maxillaire inférieur, je fis saisir par un aide les bords du kystė; je commandai de le soulever; j'énucléai un peu; je disséquai très lente

ment; mes efforts furent couronnés de succès. Quinze jours ont suffi pour obtenir la guérison. Je mets depuis plusieurs années en pratique les principes que je viens d'exposer; toujours jusqu'aujourd'hui l'expérience les a sanctionnés.

III.

L'inflammation produite par une incision pratiquée sur les tissus qui recouvrent une tumeur ou un engorgement, détermine la résolution de ces états morbides.

J'ai prouvé, il y a fort longtemps, qu'on pouvait faire des lambeaux avec des tissus lardacés, non squirrheux et non ramollis; j'ai démontré par l'expérience que la phlegmasie qui s'en emparait, suffisait pour les ramener à l'état normal, souvent même en peu de jours. J'avais vu dans Ambroise Paré que ce grand chirurgien dissipait les callosités des ulcères en pratiquant des scarifications sur les indurations; il me sembla que cet excellent précepte, que trop de gens négligent, pouvait acquérir de l'extension.

J'avais fait en grande partie la dissection et l'énucléation d'une tumeur, dont la résolution n'avait pas pu être obtenue par tous les moyens de l'art; le malade ne voulut pas nous permettre d'achever l'opération, malgré tous les efforts que nous fîmes pour l'y déterminer ; force fut donc de laisser la tumeur en place et de réappliquer sur elle nos lambeaux. Il survint une inflammation ordinaire. Quelques jours après cet homme quitta Paris. Il vint nous revoir six mois après; sa tumeur n'existait plus : elle s'était dissipée peu à peu dans l'espace de six semaines, sans qu'aucune médication eût été employée.

On sait que l'hydrosarcolèle ordinaire guérit aussi facilement ponction et l'injection que l'hydrocèle elle-même.

par la

Un malade, couché à l'hôpital de la Pitié, portait une hydrocèle transparente, qui fut ponctionnée. Je mis en usage tous les moyens conseillés pour évacuer les liquides épanchés dans la tunique vaginale; je n'y réussis point; j'eus recours à l'incision; je trouvai une matière gélatineuse, transparente, à demi fluide, contenue dans de petites loges multiples, à parois très-minces : le testicule lisse, du volume du poing, était partout extrêmement dur : fallait-il l'enlevér? les idées que je viens d'émettre s'y opposaient; je pansai à plat ; je revis le malade le soir : une inflammation très-violente s'était déjà développée, je prescrivis quarante sangsues au-dessus de la plaie; on appliqua des cataplasmes émollients; le lendemain la phlegmasie avait baissé, les forces músculaires et le pouls n'étaient pas déprimés; il n'existait pas de décoloration de la face; on mit trente sangsues: le troisième jour les acci

dents febriles ont disparu, la douleur est légère; le testicule commence à se détuméfier; le malade prend du bouillon, on continue les cataplasmes émollients, et dans l'espace d'un mois le testicule diminue peu à peu, revient à son volume à peu près normal; la plaie se cicatrise, le malade est guéri.

IV.

Si les fistules peuvent produire les indurations qui les entourent souvent, ces indurations peuvent aussi entretenir les fistules.

Traitez-vous un ulcère de la jambe, compliqué de callosités : il est très-difficile d'en obtenir la guérison avant d'avoir ramené à l'état normal les tissus indurés; combattez-vous une fistule accompagnée d'engorgements, la cure en est encore plus difficile.

Un malade, couché au no 3 de la salle Saint-Antoine, portait sur la cuisse gauche indurée et presque doublée de volume un très-grand nombre de fistules profondes; elles avaient résisté aux moyens ordinaires: on avait même proposé à cet homme de lui pratiquer l'amputation de la cuisse dans l'articulation coxofémorale: je traitai l'engorgement seul; l'élément inflammatoire y existait ; j'employai les cataplasmes émollients et les évacuations sanguines locales; quand l'inflammation fut dissipée, je mis en usage la pommade d'iodure de plomb : déjà plusieurs fistules étaient guéries; lorsque la compression, qui avait d'abord échoué, vint faire justice du reste de l'engorgement et des trajets fistuleux qui existaient encore. Trois mois suffirent pour la guérison complète de ce malade. Il nous serait facile de citer un grand nombre de faits à l'appui des idées thérapeutiques que nous venons de soumettre aux lecteurs. Il n'est pas besoin de dire que, si le trajet fistuleux persiste quand les indurations ont disparu, il faut alors spécialement s'en occuper. 11 est évident que la cure doit en être bien plus facilement obtenue. J. LISFRANC.

CONSIDÉRATIONS SUR LES TUMEURS ET FISTULES LACRYMALES,

ET SUR LEUR TRAITEMENT.

Sauf quelques rares exceptions qui ne se présentent qu'à des intervalles fort éloignés, et où le progrès dans la science médicale est véritablement une conquête au profit de l'humanité, nous tournons sans cesse dans un cercle continuel, dont nous essayons de sortir, mais où nous sommes presque toujours forcés de rentrer. Combien de prétendues découvertes modernes sont, depuis plusieurs siècles, dans le domaine de la science! que de fois les hommes consciencieux, chose

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