Page images
PDF
EPUB

» compenfer, font ceux qui intéreffent la fociété entiere: » Les fervices qu'un individu rend à un autre individų "ne peuvent être rangés dans cette claffe, qu'autant » qu'ils font acompagnés de circonftances qui en font » réfléchir l'effet fur tout le corps focial.

III. » Les facrifices dont la nation doit payer le prix font ceux qui naiffent des pertes qu'on éprouve en dé»fendant la patrie, ou des dépenfes qu'on a faites pour lui procurer un avantage réel & conftaté.

IV. Tout citoyen qui a fervi, défendu, illuftré, éclairé fa patrie, ou qui a donné un grand exemple » de dévouement à la chofe publique, a des droits à » la reconnoiffance de la nation; & peut, fuivant la » nature & la durée des fervices, prétendre à des rẻ» compenfes.

"

V. Les marques d'honneurs décernées par la nation, feront perfonnelles, & feront mifes au premier rang » des récompenfes publiques.

VI. » Il y aura deux efpeces de récompenfes pécu→ niaires; les penfions & les gratifications. Les premieres font déftinées au foutien du citoyen qui a bien mérité de la patrie; les fecondes à payer le prix des pertes fouffertes, des facrifices faits à l'utilité public.

VII. » Aucune penfion ne ferà accordée à qui que ce » foit; avec claufe de réverfibilité, & dans le cas de » défaut de patrimoine, la veuve d'un homme mort dans » le cours de fon fervice public, pourra obtenir » penfion alimentaire, & les enfans être élevés aux dépens » de la nation, jufqu'à ce qu'elle les ait mis en état de » pouvoir eux-mêmes à leur fubsistance.

une

VIII. "Il ne fera compris dans l'état des penfions que ce » qui eft accordé pour récompenfe de fervice. Tout ce qui, » fera prétendu à titre d'indemnité, de dédommagement, » comme prix d'aliénation ou autres caufes femblables, » fera placé dans la claffe des dettes de l'Etat, & fou» mis aux régles qui feront décrétées pour la liquidation » des créanciers de la nation.

IX. » On ne pourra jamais être employé fur l'état des »ponfions qu'en un feul & même article. Ceux qui au»roient nfurpé, de quelques manieres que ce foit, plu » fieurs penfions, feront rayés de la lifte des penfionnaires & privés des graces qui leur auroient été accordées. X,» Nul ne pourra recevoir en même temps une pent

#fion & un traitement. Aucune penfion ne pourra être accordée fous le nom de traitement confervé & de » retraite.

XI. » Il ne pourra être concédé de penfions à ceux » qui jouiffent d'appointemens, gages ou honoraires : »fauf à leur accorder des gratifications, s'il y a lieu.

XII. » Un penfionnaire de l'Etat ne pourra recevoir » de penfion fur la lifte civile, ni d'aucune puiffance » étrangere ».

Cette féance a été terminée par un incident d'autant plus défagréable, qu'il a mis au grand jour, & en préfence de cette foule de députés extraordinaires qui y affif toient, le tableau animé des vives paffions qui agitent quelquefois l'Affemblée. M. le Chapellier avoit remis à M. Populus, fecrétaire, le fecond article du décret d'hier fur le cérémonial, tel que nous l'avons rapporté; mais \'il lui a obfervé ce matin que plufieurs membres penfoient qu'il n'avoir pas été prononcé ainfi, mais d'une maniere conftitutionnelle, & pour toutes les cérémonies à venir. On a mis aux voix la question de favoir fi la décret avoit été prononcé ainfi ; mais la maniere un peu rop précipitée avec laquelle M. le préfident a recueilli les fuffrages, a donné occafion à de vives réclamations. M. Cottin a foutenu qu'il devoit être mis formellement à l'ordre; puis, M. de Bonnay ayant rendu compte des faits, eft defcendu précipitamment de la tribune, pour s'y justifier, en priant M. de S. Fargeau de prendre fa place. Cet événement a jeté le plus grand trouble dans l'Affemblée. MM. Roederer & Cazalès foutenoient que l'article étoit tel qu'il avoit été décrété ; & MM. de Lameth, Muguet & vingt autres prétendoient le contraire. Enfin, après une bonne heure de tumulte &. de difcuffions pénibles, M. le préfident eft parvenu à mettre aux voix fi l'article étoit tel qu'il avoit été prononcé ; & l'affirmative a été décrétée à une très-grande maLorité.

NOUVELLES DES PROVINCES.

NOUVEL

M. l'abbé Lovorier, curé & maire de Lucy-fur-cure, près Vermenton en Bourgogne, vient de faire préfent à la ville de Vermenton d'un fuperbe cadran folaire de fa façon ; il a placé ce cadran devant l'hôtel-de-ville, en

1

face de la grand'route, fur une belle colonne avec cette infcription: Patria optimo patri Ludovico XVI. C'est la premiére infcription à Louis XVI, pere de la patrie,

Ε

DATES

JUILLET

Intérêts

1790.

Intérêts

Intérêts

des jours des Affignats de des Affignats de des Affignats de

d'intérêt.

200 1.

3001.

1000 1.

Dimanche 11

11. 8 18 d.

21.3 f.od.

7 liv. 3 f. 4 d.

Le prix de l'Abonnement de ce journal, qui paroit tous les jours eft de 3 liv. 10 fols par par mois, on en vend à 3 fals la feuille pour ceux qui n'ont pas foufcrit.

1

COURIER FRANÇAIS)

DU LUNDI 12 JUILLET 1790.

ASSEMBLÉE NATIONALE da 11

Deputations remarquables. Nouveau tumulte occafionne pay M. Maury. Difcuffion fur les poftes.

PRES quelques difcuffions fort importantes fur la maniere dont fe feroit la diftribution des billets de tribune, aux troupes de lignes fédérées, il été a introduit, hier foir, à la barre, plufieurs citoyens des Etats Unis d'Amérique, à la tête defqwels étoit le célebre Paul Jones. L'orateur a dans fon difcours, exprimé de la maniere la plus touchanté & la plus énergique, les idées fublimes de la liberté. Sa pensée fur l'epithere immortelle qu'on a donnée au Roi, a fur-tout fixé toute l'attention de l'Affemblée. « Dans le langage des citoyens, di foit-il, Louis XVI fera appelé le Roi des Français ; mais dans le langage de l'univers, il fera appelé le premier Roi des hommes. Ces citoyens ont euire demande à être admis à la fédération, pour jurer fur l'aurel de la patrie, fur l'autel de la paix, une amitié éternelle aux Français, oui, à tous les Français, fe font-ils écriés fideles à tous les principes que vous avez confacrés; car, comme vous, meffieurs, comme vous, nous aimons la paix,

La réponse du préfident, dont on a ordonné l'impreffion, ainsi que du difcours, étoit pleine de force & d'énergie. Il a fait le parallele du retour à la liberté des Français & des Américains ; & ce morceau à été fort applaudi

«Plus heureufe que vous, difoit-il, la nation française ne doit cette conquête qu'aux vertus & au patriorifme de fon Roi. La liberté vous a coûté des flots de fang; elle a établi fon trône fur les deux mondes ».

On a enfuite introduit une députation de la congre gation de l'Oratoire, à laquelle M. le préfident a répondu dans des termes qui exprimoient parfaitement la reconnoiffance qu'il doit perfonnellement à ces fages infticu teurs. Le général Lukner, enfant de la guerre & de la for tune, fuivant fon expreffion, s'eft auffi préfenté à la barre, pour y exprimer les fentimens de la vive reconnoiffance qu'il croyoir devoit à l'Affemblée; & il a demandé à être admis à la fédération. Puis une députation du régiment de Flandres a été admife à dépofer ion don patriotique fur l'autel de la patrie. Il a été fait ici lecture d'une adreffe de quelques Avignonais, détenus à Orange, comme accufés d'être les auteurs des troubles qui ont agité la ville d'Avignon. L'objet de cette adreffe étoit d'obtenir leur élargiffement; & ils obfervoient qu'ils ne font pas Français qu'ils different à la vérité de principes avec ceux qui on caufé la révolution; mais que ces motifs ne peuvent juftifier leur détention condamnée par les droits de l'homme & la conftitution françaife.

Plufieurs honorables membres ont demandé l'envoi de cette adreife au comité des rapports; mais M. de Crillon le jeune foutenoit que; puifque ces étrangers n'ont pas été privés légalement de leur liberté, ils devoient être élargis fur le champ. M. Maury a appuyé de toutes fes forces cette opinion; &, après avoir fait le plus pompeux éloge de M. Defmarres, maire d'Orange, il a obfervé que la municipalité n'a entendu fe charger de ces infortunés qu'à titre de dépôt, & non comme des perfonnes accufées ou prévenues d'aucun crime; qu'elle ne leur a donné qu'un fimple afyle, dans la feule intention de les fouftraire à la vengeance du peuple Avignonais; que la France a eu la générofité de brifer les fers de deux Fribourgeois, detenus dans nos galeres, par cela feul qu'ils étoiens étrangers; qu'à plus forte raifon, elle ne doit pas fervir de geoliere aux fujets d'une puiffance étrangere emprifonnés fans aucune forme ; qu'il fuffit de rendre la liberté à vingt-quatre citoyens fans reproches, parmi lefquels il y avoit un octogénaire, trois feptua

« PreviousContinue »