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fi le miniftres peuvent être confervés. Voilà, continuoit-il, les motifs qui m'ont fait préférer une motion fimple, à la motion emphatique qui vous a été préfentée; & peut-être y a-t-il autant de patriotisme à vous l'avoir propofée, qu'à faire & recommencer fans ceffe un réchauffé de déclamations anti-miniftérielles ».

M. Roberspierre a répliqué qu'il y avoit peu de générofité à pourluivre un Français exilé, pour détourner l'at tention de l'Affemblée de deffus les miniftres, qui peu vent tout bouleverfer, & quelquefois tout corrompre. «Si j'avois, a dit avec chaleur M. de Saint-Fargeau, fi j'avois de la confidération à donner à M de Condé ; fi j'avois à étendre fa réputation; fi j'avois l'intention de fixer les regards de toute l'Europe, & la commifération publique fur fa perfonne, j'adopterois le projet de décret qui vous est propofé. Rappellez-vous que Coriolan, re➡ pouffé par les Romains, fe retira chez les Volfques. Ce ne fera pas chez les Volfques que Louis-Jofeph de Bourbon fe retirera; ce fera chez les princes de fa famille, ce fera en Efpagne, ce fera à Turin, ce fera à Naples, où il trouvera des princes de fon fang ; & nous devons fentir quelle faveur il trouvera par-tout, lorsqu'il se préfentera couvert des bleffures morales que vous lui aurez faites. Je demande qu'on paffe à l'ordre du jour,,.

Déja toute la falle qui, au commencement, avoit ap. plaudi à la motion de M. de Mirabeau, en fentoit & l'inconvénient & les dangers ; &, d'une voix unanime, celle. de M. de Saint-Fargeau a été adoptée. On a enfuite levé la féance à près de cinq heures du foir.

Nous finirons cet article par rapporter le décret rendu, il y deux jours, fur la marine.

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"L'Affemblée nationale, fur le rapport de fon comité de marine, a provifoirement décrété qu'il feroit mis à la ,, difpofition du miniftre de la marine, pour la dépense extraordinaire qui aura lieu pendant le mois d'août, pour l'armement ordonné,une fomme d'un million; & d'après le compte qui lui a été rendu de différens objets qui ., compfent les dépenfes d'armement, l'Affemblée nationale a décrété qu'à compter du premier août prochain, les traitemens accordés pour la table des officiers géné raux de la marine, capitaines de vaiffeaux; & autres offi ciers commandant les bâtimens de guerre, feroient réduites, & demeureroient provifoirement fixées ainfi qu'il

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fuit: au lieu de 160 1. le vice-amiral en chef ener aura 120 livres; le lieutenant-général commandant en chef livres au lieu de 120 liv.; le lieutenant général commandant une divifion 75 1., au lieu de 100 liv.; le chefd'efcadre commandant en chef 751. au lieu de 100 L.; "le le chef-d'efcadre commandant une divifion 54 liv. au lieu de 80 liv.; le capitaine de vaiffeau, commandant une divifion de 6 bâtimens 48 liv. au lieu de 70 liv.; ,, le même, commandant une divifion de 3 bâtimens de ,, guerre, 40 liv. au lieu de 50 l.; le même, commandant de vaiffeau de ligne. 36 liv. au lieu de 45 liv. le même commandant une frégate, s'il a un major, 34 liv. au lieu de 40 liv. le même, s'il n'a pas de major, 28 liv. au lieu de 34 livres, le major du vaiffeau commandant, ,, 24 liy. au lieu de 30 liv.; le lieutenant commandant ,, 24 liv. au de 28 liv.; le fous-lieutenant, 20 liv au lieu de 23 livres.

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Les traitemens ci-deffus fixés, tant pour les officiers généraux & particuliers commandant les bâtimens de ,, guerre, que pour la nourriture de perfonnes qu'ils font obligés d'admettre à leur table, ne feront fufceptibles d'aucun remplacement, & feront reduits d'un ,, quart pendant le fejour des vaiffeaux & autres bâtimens de dans les rades de France, après l'arguerre mement feulement, ladite réduction ne pouvant avoir lien pour le défarmement dont la durée ne pourra excéder le nombre des jours fixés par l'ordonnance.

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Nouvelles de Paris.

29 juillet. l'Affemblée nationale vient de faire publier le compte général des recettes & dépenfes de l'Etat, depuis le premier mai 1789, jufque & compris le 30 avril 1790, qui lui a été fourni par M. Necker Il paroît, d'après ce compte, que les recettes montent à 8 7,109,003 Ivres; que les dépenfes montent à 728,394,001 livre; & qu'au 30 avril 1790 au foir, il reftoit en caiffe la fomme de 98.715,000 livres, compofés de 14,861,641 livres comptant, & de 83,853,342 livres en effets en porte-feuilles. Parmi les objets de dépenfes on alvu avec peine les articles fuivans, qui ont paru exceffifs. La maifon du Roi, de la Reine, des Princes & de la Famille Royale, 17,754,056

livres.

COURIER FRANÇAIS,

DU VENDREDI 30 JUILLET 1790.

ASSEMBLÉE NATIONALE du 29.

Mémoire du miniftre de la guerre fur l'état de nos frontierres. No mination d'un comité pour les affaires étrangeres. Décret fur les affignats.

D Eux pieces importantes, & dont déja nous donnâ

mes hier l'apperçu, doivent précéder les dicuffions de cette féance. L'une, eft le mémoire adreffé aux.commiffaires de l'Affemblée nationale, par le miniftre de la guerre, fur l'état de nos frotières; & l'autre, la lettre de M. de Montmorin à M. le président de l'Affemblée fur le même fujet.

» Vous avez paru defirer, meffieurs, dit le ministre de la guerre, avoir une connoiffance exacte de la répar tition actuelle des troupes fur les trotieres & même dans l'intérieur du royaume ; je prends donc le parti de vous adreffer un tableau qui contient ces différens détails, & je vais joindre ici quelques obfervations que je crois néceffaires pour fon intelligence.

Il a toujours été regardé comme indifpenfable, militairement & politiquement d'entretenir fur les frontieres de l'Alface, des Evêchés & de la Flandre, la majeure partie des troupes fur pied, & vous vous convainctez facilement, en jetant les yeux fur l'état, que malgré les obftacles qu'on arencourrés, ceprincipen'apoint été négligé: les garnifons de ces provinces ont eté conf tamment entretenues fur un pied refpectable; ainsi, tous les déplacemens que les circonstances impérieufes onc

néceffités, & dont vous ayez eu connoiffance, n'ont été que de fimples mutuations d'une place à une autre, de maniere à y conferver habituellement les mêmesgarnifons.

>> La haute Alface va fe trouver,à la vérité, diminuée de quatre bataillons, mais l'exécution du décret rendu à l'occafion des troubles de Lyan, a déterminé ce mouvement. Il falloit opter entre le Dauphiné & les provinces du Nord, qui feules pouvoient procurer des lecours prompts, & il n'y a pas eu à balancer. Befanzon a égale. ment fourni deux bataillons, & l'on a tiré de la Franchecomté & de la Bourgogne, la cavalerie que l'on a jugé îndifpenfable d'y faire marcher.

» Les provinces de l'intérieur où il fe trouve quelques troupes, font, cu trop éloignées ; ou trop peu garnies, pour offrir des reffources.

"A l'exeption de cette diminution forcé, toutes les garnifons de l'Alface, de la Lorraine, des Evêchés & de la Flandre, fous le pied de paix le plus fort. Vous trouvêrez ainfi depuis Bitche jusqu'à Dunkerquequatre-vingtun bataillons & soixante-quatorze escadrons ; & depuis Landau jofqu'au fort de l'Eclufe, trente-cing bataillons & trente escadrons, y compris les troupes déítinées pour Lyon.

Sur la frontiere de Champagne, la crainte d'une infurrection que j'ai dû chercher à prévenir, m'a engagé à propofer au Roi de retirer de Charleville le régiment de Berchny, mais je ne m'y déterminai, que parce que Pavois des moyens de le remplacer immédiatement. Je penfois en effet qu'il feroit poffible de deftiner pour cette garnifon, le régiment des chaffeurs de Picardie, qui étoit alors en marche pour fe rendre à Vaucouleurs: mais le décret de l'Affemblée nationale, qui demandoit un garaifon de cavaleries pour Hagueneau, & qui circonfcrivoit mes moyens, en défignant un régiment français, me força de renoncer à ce projet; les ordres partoient pour le départ du régiment de Bercheny, au moment où je fus obligé d'en adreffer pour fair rendre à Haguenau les chaffeurs de Picardie.

» D'ailleurs les villes de Mezieres & de Charleville ne faifoient en quelque façon qu'une feule ville;j'avois pensé qu'en confervant deux bataillons dans la premiere, je pourrois, pendant quelque temps, être fans inquiétude Tur cette difpofition,

» Cependant, fur les repréfentations du département des Ardennes, je viens d'expédier des ordres pour faire rendre à Charleville momentanément un escadron d'Efté. rhazy; & fi les circonftances deviennent plus impérieufes, il fera facile & expédient d'y faire paffer un régiment de la garnifon de Metz.

J'observerai que, dans le mouvement du régiment de Bercheny, les ordres du Roi porterent expreffément que fous les détachemens de ce régiment employés fur la frontiere contre l'exportation des grains, ne feroient pas relevés, & l'efcadron qui eft à Donchery, eft refté en outre pour fubvenir à de nouveaux befoins. Ainfi 'cette frontiere a à peine perdu deux efcadrons, qu'en cinq ou fix jours de marche on peut y reporter avec une augmentation confidérable de forces, fi elle deveenoit néceffaire.

» La frontiere des Alpes n'a jufqu'ici jamais attiré l'at¬ tention du gouvernement; cependant les inquiétudes que l'on peut concevoir dans ce moment ont engagé à y veiller particuliérement, & elle fe trouve actuellement plus garnie de troupes qu'elle ne l'eft ordinairement en temps de paix. La Provence & le Dauphiné n'ont pas depuis long-temps réuni 27 bataillons & 6 efcadrons comme aujourd'hui.

» Les troupes qui marchent vers Lyon rapprochent encore des forces affez nombreufes pour raffurer dans un premier moment.

»Si, preffé par les inftantes follicitations du général Paoli, j'avois propofé de faire paffer en Corfe le bataillon de chaffeurs royaux corfe, c'étoit avec l'intention de le remplacer en Dauphiné, & le retour d'un bataillon 'du régiment du Maine, que cette difpofition facilitoit, en donnnit un moyen de plus. Je l'ai mandé dans le temps à la municipalité de Grenoble.

» Il vous eft facile de voir, meffieurs, que tous les points importans, & fur lefquels on peut concevoir des craintes, loin d'être dégarnis, font auffi pourvus de troupes que dans les momens où les mouvemens ne font gênés par aucun des obftacles nombreux que je ne ceffe de rencontrer.

» L'intérieur du royaume emporte, il eft vrai, un plus. grand nombre de troupes que de coutume.

» Mais vous connoiffez parfaitement les troubles qui

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