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sombreuse affiftance, le Te Deum a été chanté avec la plus grande folemnité au fon des orgues, des cloches & des faux-bourdons, il a duré près d'une heure ; ensuite on a chanté le Domine falvum, & la bénédiction du S. Sa. frement a terminé cette folemnité nationale,

Cette folemnité a été d'autant plus intéreffante, que dans 16 à 7000 habitans dont eft compofé Argenteuil, il n'y a pas de quoi faire la moitié d'un aristocrate; tous font citoyens; la municipalité eft la mieux composée ; le clergé le mieux choifi, & la garde nationale la mieux organifée; elle a plufieurs compagnies, elle a des grenadiers, chaffeurs, tous en uniforme, qui eft celui de Paris, au bouton près; elle a un drapeau, un aumônier, deux chirurgiens majors, un tambour major. Cette garde citoyenne a montré un patriotifme bien ardent depuis fon établif fement, dans la conduite d'une foule de bateaux du fubfiftances pour la provifion de Paris; elle a arrêté quancité de voleurs; enfin elle a fait jouir ce gros bourg d'une tranquillité & d'une concorde fans exemple; & cela eft au point que le miniftre de la guerre, convaincu de fon zèle, n'a pu fe refufer à accorder 100 fufils à cette garde nationale.

Voilà, Monsieur, la vérité des faits relatifs à cette folemnité, je vous prie de rectifier cette erreur & de vouloir bien donner la publicité aux faits dont je vous donne le détail. Vous m'obligerez infiniment.

J'ai, &c. Signé, Chevalier, membre de l'Affemblée .nationale.

Au quatorze juillet, grand'fête à célébrer

Mais, ce beau jour paffé, le lendemain, que faire?
Que faire ! Nous irons, fans deuil, fans frais, lever
De l'aristocratie une extrait mortuaire.

DATES

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JUILLET 1790.

Intérêts

Intérêts

Intérêts

des jours des Affignats de des Affignats de des Affignats de

d'intérêt.

200 1.

300 1.

1000 1.

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COURIER FRANÇAIS}

DU VENDREDI 2 JUILLET 1790.

ASSEMBLÉE NATIONALE. du premier

Affreux débordemens dans le Béarn. Difcuffion fur la Jup preffion des bénéfices à patronage laïc. Décret fur la colonie de Tabago.

UNE

NE ftérilité fans exemple, une monotomie désagréa3 ble, des difcuffions froides & pénibles ont fignalé cette féance, M. Vernier l'a ouverte par faire le rapport d'une oppofition formée par 150 citoyens de Montbrison, à un décret du 30 mai dernier qui autorife les officiers municipaux de cette ville à emprunter 8000 livres. Le décret qu'il propofoir, & qui a été adopté, fauf rédaction,'

J

déclare que; fans avoir égard à cette oppofition, le » décret du 30 mai fera exécuté fuivant la forme & » teneur, & invite les officiers municipaux à continuer » leurs fonctions avec le même zèle qu'ils ont manifefté, »jufqu'ici ». Une lettre de M. Clermont-Tonnerre lue à la fuire de ce décret, nous a appris que ce membre de l'Affemblée nationale ayant été, la veille de la SaintPierre, à fa maifon de campagne, dans l'intention de revenir le lendemain à Paris, fûr invité par le fieur Raby, maire provifoire de Ris, à fe rendre à Corbeil, pour y préfider à l'aggrégation de la milice nationale de Ris à celle de Corbeil; que les membres de cette derniere ville ayant écrit à M. de Clermont-Tonnerre, commandant de leur garde nationale, pour lui témoignet leur furprise des démarches que faifoit à ce fujet le fieur Raby, celui-ci a été infulté fur la route par quelques citoyens de Ris

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tandis qu'il revenoit de porter la réponse de M. de Cler mont aux membres du district, que plufieurs particuliers de Ris s'étant rendus à Corbeil; dans l'intention d'y faire un mauvais parri au freur Raby, M. de Clermont a cu la confolation d'appaifer les efprits, & de reconcilier les deux partis; que cette pacification n'a pas empêché les citoyens de Ris de renouveler leur ancienne querelle; que, dans le tumulte furvenu dans ce village, un vieillard de 74 ans a été tué par les partifans du fieur Raby, & quatre autres citoyens bleffés.... Cette malheureufe affaire n'a pas été plus longuement difcutée & on l'a renvoyée au comité des rapports.

M. Roberftpierre, fecrétaire, a lu ici le procès-verbal d'hier; mais l'honorable membre, qui ne fe flatte pas d'être un excellent écrivain, l'avoit fi pitoyablement rÉ. digé, que l'Affemblée a cru devoir le prier de le re ondre, & de le rapporter demain matin. Puis, M. l'évêque d'Oleron eft monté dans la tribune, & a observé qu'il devoit être permis à un pasteur, à un évêque, à un déparé de parler de fes ouailles ; & il a ajouré que le débordement des eaux, qui vient d'affliger le Béarn & le pays de Soule, a emporté les moulins, les maifons les arbres, des familles entieres, pour plus de 200 mille livres de bien fonds; que les malheureux habirans de ces provinces font aujourd'hui dans l'impoffibilité, non feulement de fatisfaire à la contribution patriotique, ou de payer les impôts, mais de pourvoir à leur subsistance; que ces événemens font d'autant plus déplorables, que le patriotifme ne s'eft montré nulle part avec autant

activité que dans ces provinces, puifque la ville d'Oleron feule a déja porté la contribution à 100 mille live & que les régions voifines ont imité fon exemple. Co prélat refpectable propofoit qu'après avoir entendu le directoire du district, sur l'authenticité des faits, ont dif pensâu ces malheureux citoyens, pour cette année feu lement, de payer les impôts & la contribution patrio que; que, pour que les curés puffent les foulager effi cacement, on fît toucher à ces pasteurs leur traitement entier de 1200 liv.

Cette réclamation, qui n'étoit pas de nature à être jus gée fur le champ, a été renvoyée au comité des finances: Puis, après avoir accordé un congé à M. l'archevêques d'Aix, l'Affemblée a fixé ses regards fur l'ordre du jour.

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M. Durand de Maillane a lu d'abord fix articles, dont l'objet étoit la fuppreffion de tous les bénéfices à patronage laïc même ceux à pleine collation laïcale. M. Treilhard, pour appuyer ce fage projet du comité, a fait un excellent difcours, dans lequel il a difcuté de nouveau les grands motifs qui ont déterminé la nation à faire dans le clergé les changemens qu'il vient d'éprouver; l'inégalité dans la répartition de fes biens, le scandale dans la jouiffance, l'inutilité démontrée de la plupart des établiffemens eccléfiattiques, & la nécessité de venir au fecours de l'Etat;& il a ajouté qu'en propofant de fupprimer tous les bénéfices, c'est entrer dans les vues des fondateurs; que c'eft faire ce qu'eux mêmes ne négligeroient pas, s'ils vivoient; & qu'en opérant cette fuppreffión 'Affemblée nationale fait plus de bien en un jour , qua tous les fondateurs ensemble n'en ont fait en plufieurs fiécles.

M. de Landine a trop d'efprit pour s'être oppofé aux vues bienfaifantes du comité; il s'est borné à demander grace pour ces prébendes familiaires, fi connues dans le Forez, & dont le fondateur a réservé la plus grande partie du produit à l'éducation de fes defcendans; & il propofoit que ces biens, qui n'ont jamais appartenu à la nation, fuffent rendus à leurs propriétaires, à la charge par eux de tenir compte aux corps adminiftratifs du prix des meffes dont ces fortes de prébendes laïcales & domeftiques font grévées. M. Barere de Vieuzac votoit pour qu'on exceptât de la fuppreffion les bénéfices à pleine collation laïcale;& à l'égard de ceux qui font à fimple patronage laïc, il invoquoit, en faveur des patrons pauvres, la difpofition d'un canon qui attribue le tiers du revenu du bén fice au patron indigent. M. Camus follicitoit auffi l'indulgence de l'Affemblée en faveur des col. lations laïcales, & des chapelles clauftrales;mais M. l'abbé Chartier de la Roche vouloit que l'on confervât cour ce qui eft à patronage laïc. Cette affaire.fi fimple fans doute, s'eft enfin embrouillée au point qu'on ne s'entendoit plus. MM. Camus & Martineau font alors fortis de la falle, pour aller rédiger de nouveaux articles ; mais telle étoit leur difpofition, qu'ils confervoient la plupart des béné fices à patronage laïc, & s'oppofoient par-là à la vente des biens du clergé. Plufieurs membres fe font heures.

fement apperçus de la méprife, & on s'eft déterminé à renvoyer le tout à demain.

Pendant cette difcuffion, on a reçu une lettre de M. Lapierre, chevalier de S. Louis, qui, après avoir rempli les fonctions de préfident au tripôt de Nîmes, rétractoir fa fignature mise au bas de la scandaleuse déclaration des prétendus catholiques de Nîmes; une autre, des officiers municipaux d'Ulez, qui prient la diéte augufte de les difpenfer de faire la route de Paris, à cause des frais que la ville ne paroît pas difpotée à fupporter; une troifiéme, du maire & des membres du commerce de Marfeille, qui envoient 10500 livres, fruit de la contribution patriotique des Français etablis à Alep; une quatriéme de M. de Lambert fur la question de favoir fi le droit des vendeurs de poiffon fait partie des droits féodaux fupprimés; & une cinquiéme de M. de la Luzerne dans laquelle ce miniftre rendoit compte des événemens défaftreux arrivés à Tabago. M. Dillon a alors propofé fon projet de décret fur cette ifle, dans les termes déja exprimés dans fon projet d'hier. Plufieurs membres, particuliérement M. Barnave, ont foutenu qu'il n'étoit pas rendu d'une maniére conftitutionnelle; & qu'il paroiffoit confondre les deux pouvoirs, en faifant déterminer par le corps législatif la maffe de force, & l'état des fecours à envoyer à cette colonie, foin qui ap. partient au pouvoir exécutif. En conféquence, fur la rédaction de M. Barnave, le décret a été réduit à ces fimples termes :

&

« L'Affemblée nationale, après avoir entendu fon comité des rapports, décréte que fon président se retira auprès du Roi, pour le prier de faire parvenir incelfamment à Tabago les moyens de fubfistance & de dé défense portés dans la pétition que les citoyens de cette ,, colonie lui ont adressée.

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NOUVELLES DES PROVINCES.

St-Cyr, au Mont-d'Or, 21 Juin. Notre montagne reçut hier une vifite bien intéreffante, celle de MM. les députés corfes à notre fédération, accompagnés de l'étatmajor la garde nationale de Lyon, des officiers de Sonnemberg, de beaucoup de fufitiers, des tambours & de la musique du régiment. Parvenue au fommer dự

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