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férens corps d'émigrés cantonnés dans le pays Trèves et de Coblentz, et celui de Condé organisé dans le margraviat de Baden.

Ces forces mises en mouvement après la déclaration de guerre, n'étaient attendues sur le Rhin qu'à la fin de juillet.

Par suite des stipulations arrêtées entre les cours de Vienne et de Berlin, l'armée principale de la coalition, forte d'environ 100 mille hommes. devait être confiée au duc de Brunswick, dont nous avons rapporté plusieurs exploits comme prince héréditaire ( Voyez l'Histoire de la de sept ans). Elle était destinée à agir par le centre contre la frontière de Champagne, tandis que des corps moins nombreux garderaient la défensive en Belgique et sur le Rhin afin de couvrir ses flancs.

guerre

Nous développerons le plan de cette invasion au chapitre qui en rendra compte, nous bornant dans celui-ci à retracer les premiers coups portés en Flandre, qui contre l'attente du cabinet de Vienne, devint d'abord le théâtre des opérations; mais avant tout, il ne sera pas inutile de rappeler l'état dans lequel se trouvait ce pays.

1793.

La lutte sanglante qui délivra les Provinces- Etat de la Unies du joug de Philippe II, et les événemens Belgique en qui enlevèrent la Belgique au domaine de Philippe V, pour la faire passer à la maison d'Au. triche, après la guerre de la succession d'Espagne, sont assez connus. On sait également que

la république de Hollande et l'Angleterre, présidant aux fameux traités d'Utrecht et de Munster, firent souscrire le cabinet de Vienne au traité des Barrières et à la clôture de l'Escaut.

L'industrie, qui pendant deux siècles, avait fait des Pays-Bas la contrée la plus florissante de l'Europe, suivit bientôt sa marche ordinaire ; perfectionnée chez les nations voisines, contrariée dans son essor par les guerres civiles et celles contre Louis XIV, elle quitta les villes de la Flandre et du Hainaut, pour se réfugier en Angleterre, en Allemagne et même en France.

Les changemens survenus dans ces provinces, étaient les résultats de la situation générale des affaires, et non de la domination impériale. Depuis un siècle la Belgique jouissait d'un repos qui ne fut troublé que par les quatre campagnes du maréchal de Saxe, auxquelles la paix d'Aix-laChapelle mit fin en 1748. Quoique déchue de sa splendeur, elle était encore riche et heureuse; la maison d'Autriche l'administrait avec douceur: si elle en retirait des soldats et des impôts, ces charges étaient cependant modérées et reparties par les états du pays. Le gouvernement autrichien essentiellement paternel, a pour principe de se contenter d'acquérir des provinces, sans renverser leur administration intérieure, ni les fouler par des institutions contraires à leurs usages. Les libertés dont jouit le Tyrol, et les droits des diètes hongroises en sont la preuve.

Cette longue tranquillité fut un instant troublée; Joseph II, après s'être affranchi de la sujétion du traité des Barrières, avait essayé de réta blir la liberté de l'Escaut; non content de travailler ainsi à la prospérité de ces provinces, il voulut étendre ses réformes sur leurs institutions et attaquer l'objet de leurs affections. Nous avons déjà dit, dans le chapitre Ier, que poussé par un esprit de perfectionnement qui ne plaît pas toujours aux peuples, comme l'Espagne et la Vendée l'ont prouvé de nos jours, ce prince porta atteinte aux droits de la noblesse, du clergé et des universités. Les états de la Flandre, puis ceux du Brabant, protestèrent avec force contre ces innovations, et l'Empereur employant tourà-tour les voies de rigueur et de conciliation, parvint à contenir le pays dans l'obéissance jusqu'en 1789. Alors la sévérité de ses généraux n'étant pas soutenue par des forces suffisantes, les états profitèrent de l'embarras où il se trouvait, par la guerre avec les Turcs, pour secouer le joug; les faibles garnisons autrichiennes, furent attaquées et chassées sur Luxembourg; les états se déclarèrent indépendans, après avoir déchu l'Empereur de sa souveraineté. Une espèce de république fédérative, fut d'abord créée et gouvernée par un congrès que dirigeaient Vandernot et le chanoine Van-Eupen; elle avait une petite. armée de 20 mille hommes, et une milice, ou pour mieux dire, une levée en masse nombreuse

qui n'exista jamais que sur le papier. Mais la division ne tarda pas à se glisser parmi les mécontens, les villes étaient menées par la populace, en Flandre surtout; le Brabant était soumis aux moines et aux nobles, et le clergé dominait également dans le Hainault. Quoi qu'il en soit, la Prusse et l'Angleterre favorisant ces insurgés, pour faire diversion à l'alliance de Joseph et de Catherine, leur fournirent des armes et des officiers; le général en chef Schonfeld était prussien, et des aventuriers de tous les pays grossirent leurs rangs. Peut-être la France même, ne vit-elle pas sans plaisir cette levée de bouclier, dont le résultat devait tourner à son avantage, dès que l'indépendance de la Belgique en serait le prix. Si ses liaisons avec le cabinet de Vienne, depuis 1756, l'empêchaient d'en profiter ouvertement, elle n'en envoya pas moins des agens secrets près du congrès : Dumouriez, déjà connu par ses missions en Pologne et par ses connaisances politiques et militaires, s'étant rendu sur les lieux à cette époque, fut soupçonné de ne pas y être sans mission du gouvernement. Après la paix avec les Turcs, et les conférences de Reichenbach, où le sort de la Belgique fut stipulé, le maréchal Bender rentra en forces dans ces provinces, et les soumit à la suite de quelques combats. Léopold, qui avait succédé à Joseph, fut reconnu et rendit à son tour au pays ses anciens priviléges. Les actes de sévérité insé

'parables d'un mouvement insurrectionnel de cette espèce, firent nécessairement beaucoup de mécontens d'ailleurs, en modifiant les mesures de Joseph, le cabinet de Vienne n'avait pas détruit tout conflit d'intérêts, ni étouffé tous les germes d'ambition.

Ces considérations, jointes à la situation respective des armées, en 1792, firent penser à Dumouriez, qu'il suffirait de se présenter pour rappeler les patriotes brabançons sous les drapeaux. Il ne songeait pas que l'influence des hommes, qui leur avaient mis les armes à la main, était bien diminuée par la réaction, et que d'ailleurs,ils n'abondaient point dans le sens de la révolution française; elle avait sans doute un grand nombre de partisans dans la bourgeoisie des villes, mais ils se trouvaient disséminés et retenus par la crainte.

Des apparences si séduisantes peuvent expliquer les projets conçus par le ministre-général, lorsqu'il provoqua la déclaration de guerre, et la persévérance avec laquelle il poursuivit le plan d'invasion des Pays-Bas. Plus tard, il convint luimême avoir formé des projets d'indépendance pour ces provinces dont il se flattait de devenir le Washington. Le rôle qu'il avait joué près de Van-Eupen et de Vandernot, put lui inspirer, dès ces premiers temps, l'idée de confédérer de nouveau le pays; une exacte connaissance des individus qui y avaient figuré, lui donnait l'espoir

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