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que les constituans, qui s'étaient exclus euxmêmes de la nouvelle formation, les législatifs avaient eu le soin de se déclarer éligibles. Les Jacobins virent avec douleur que la convention flotterait indécise entre eux et leurs rivaux; bientôt le fougueux Marat prêcha hautement dans sa feuille incendiaire contre les dernières élections, et provoqua l'établissement d'une dictature.

Les Girondins, dont les espérances s'étaient Proclama- tout-à-coup ranimées, résolurent à leur tour tion de la ré-d'en imposer à leurs adversaires par la vigueur d'une attaque inopinée. Malheureusement dès cette première séance du 21 septembre, ils se laissèrent enlever l'initiative de la république par les Jacobins, dont la popularité s'accrut considérablement: réduits à applaudir la mesure qu'ils ambitionnaient de proposer, les Girondins, dès ce moment, luttèrent avec un désavantage tous les jours plus marqué. La royauté fut abolie, et la république proclamée sur la proposition de Collot-d'Herbois : la majorité de l'assemblée en frémissait de jalousie et de honte; mais un comédien n'en demeura pas moins le fondateur de la république française.

La veille du jour où cette révolution était proclamée, le canon de la victoire se faisait entendre à Valmi : l'armée du duc de Brunswick repoussée dans une attaque, coupée de ses com

munications, abîmée par une maladie cruelle loin de suivre la marche triomphale sur Paris. qu'on lui avait promise, ne songeait qu'au moyen de sauver ses débris. Nous allons reprendre la narration militaire de ces événemens que nous avons été forcés de retarder un moment.

Plan de cam

CHAPITRE VII.

Invasion et retraite de la Champagne.

PAR suite de l'alliance défensive, conclue le 7
février 1792, entre les cabinets de Vienne et de
Berlin, et des arrangemens convenus entre ces
deux puissances, les Prussiens se disposèrent,
aussitôt après la déclaration de guerre, à se mettre
en marche pour le Rhin; mais, par une lenteur
aussi fatale au succès de leurs armes qu'à la fa-
mille royale qu'elles voulaient sauver, ces troupes
n'arrivèrent à Coblentz qu'à la fin de juillet. Dès
long-temps, et même avant la guerre, on avait
débattu à Vienne et à Berlin le plan d'opération
convenable. Le duc de Brunswick, appelé à Potz-
dam avait eu le 11 février des conférences à ce
›y
sujet avec le Roi et le comte de Schulembourg.
Le prince de Hohenlohe-Kirchberg s'y était rendu
plus tard, pour stipuler la part que l'armée impé-
riale devait y prendre. Enfin le 19 juillet, l'Em-
pereur, le roi de Prusse et le duc de Brunswick,
s'étaient réunis à Mayence, où ils arrêtèrent les
dispositions suivantes :

1o Le prince d'Esterhazi, renforcé de 5 mille

alliés

émigrés aux ordres du prince de Condé, placé pagne des sur la rive droite du Rhin, était chargé de menacer les frontières de France depuis la Suisse jusqu'à Philipsbourg.

2o Le comte d'Erbach devait remplir le même objet sur la rive gauche du fleuve, depuis ce point jusqu'à la Sarre.

3o Les Prussiens et les Hessois, renforcés par 12 mille émigrés, réunis à Trèves ou aux environs de Coblentz, sous les ordres des princes frères de Louis XVI, formaient l'arinée principale d'invasion: elle devait remonter la rive gauche de la Moselle, venir par Luxembourg attaquer Longwy, et au besoin Montmédi; se porter ensuite sur Verdun, place hors d'état de faire une longue résistance; enfin de là se diriger selon les événemens par Châlons sur Paris.

4° Le prince de Hohenlohe-Kirchberg (1), après s'être séparé du comte d'Erbach, était destiné à passer la Moselle entre Thionville et Trèves, pour couvrir la gauche des Prussiens et attaquer successivement Thionville et Metz, où l'on avait des intelligences.

(1) Il y avait à cette armée deux généraux du même nom qu'il ne faut pas confondre; le prince de Hohenlohe-Kirchberg, commandait un corps d'armée autrichien; le prince de Hohenlohe-Ingelfingen, commandait l'avant-garde prussienne : ce dernier acquit depuis une funeste célébrité par la bataille de Jéna, et la capitulation de Prenzlow.

5o Le général comte de Clairfayt, renforcé de 4 mille émigrés rassemblés par le duc de Bourbon dans les Pays-Bas et le Luxembourg, était destiné à couvrir la droite des Prussiens, et devait à cet effet passer la Chiers entre Montmédi et Sedan; laisser quelques troupes devant Sedan et Mézières; pousser l'armée de Lafayette, qui couvrait ces deux places; traverser la Meuse entre Verdun et Sedan pour marcher à Reims, et se mettre en mesure de suivre également la route de Paris par Fimes et Soissons, à moins qu'il ne parût plus convenable de se rejeter à droite pour prendre à revers les troupes et les places françaises du Hainaut et de la Flandre.

6o Le corps autrichien des Pays-Bas, aux ordres du duc de Saxe-Teschen, devait faciliter l'invasion de la grande armée au moyen d'une diversion sur ces places, que l'on supposait trouver naturellement dégarnies.

L'emplacement des forces des deux partis à cette époque est indiqué au tableau ci-joint.

On remarquait déjà avec peine que les émigrés, au lieu de former une masse respectable propre à servir de ralliement aux Français, fussent divisés en plusieurs corps. La politique allemande, fermant les yeux sur les inconvéniens de ce partage, n'en vit que les avantages: sans doute elle espérait, en montrant les troupes royales sur plusieurs points, étendre l'influence que leurs relations devaient exercer sur le pays.

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