Page images
PDF
EPUB

le sein de

nationale.

que

réfugie dans Roi que la plus grande partie de la garde natioT'assemblée nale est décidée à soutenir la cause des insurgés, le reste chancelle, et qu'il ne reste d'autre moyen de salut à Louis, que de se réfugier dans le sein de l'assemblée législative: ce dernier parti s'était, dit-on, déjà présenté à l'esprit de ce malheureux prince, qui ne s'était tiré jusqu'alors de péril, qu'en employant des moyens mixtes. Ce dernier et funeste avis fixe son ame irrésolue, il accepte la proposition, et abandonne avec la Reine et sa famille, le palais des rois pour n'y plus rentrer.

Massacre des Suisses.

Soudain le château est déserté par ses défenseurs, dont le dévouement est désormais inutile; la garde nationale et les gentilshommes se retirent consternés. Les Suisses irrésolus et s'attendant à recevoir l'ordre d'en faire autant, avaient dès ce moment perdu toute leur force morale, lorsque les perfides Marseillais, dont l'ardeur était irritée par tant de délais, attirent cinq d'entre eux dans leurs rangs, se jettent sur eux et les égorgent; un coup de pistolet tiré sur les autres vient ajouter à leur indignation; sur l'ordre de leurs officiers, les soldats furieux font pleuvoir des fenêtres et des portes une grèle de balles, qui met en fuite les assaillans; le champ de bataille couvert de leurs morts et de leurs blessés, reste un instant aux Suisses.

ordonne d'é

Louis était déjà au milieu de l'assemblée, lors Le Roi leur de ce fatal événement; le sifflement du plomb vacuer le meurtrier parvient jusqu'aux oreilles des députés, chateau. et produit la plus vive alarme; on entoure le Roi, on le conjure de faire cesser le carnage. Aussitôt il envoie aux Suisses l'ordre de quitter le château, et cet ordre rendu public, ramène et excite les Marseillais à l'attaque; ils fondent avec impétuosité sur ces militaires qui vendent chèrement leur vie. Le palais des rois n'offre plus qu'une scène de carnage et d'horreur : elle s'étend bientôt aux rues adjacentes, et près de 3 mille victimes des deux partis attestent des fureurs que notre plume répugne à retracer.

renfermé au

Un spectacle non moins déplorable appelle nos Le Roi est regards : c'est celui de la famille royale au milieu suspendu et de l'assemblée législative; Louis n'aperçoit au- Temple. tour de lui que des visages irrités : c'en est fait, lẽ sort a prononcé. Il ne reste plus aux conjurés qu'à déchirer entre eux les lambeaux de la monarchie. Louis XVI déclaré suspendu de sa dignité, ne sort de l'assemblée que pour être plongé avec sa famille dans les cachots du Temple, ët une convention nationale est appelée à donner une nouvelle constitution aux Français.

1

Cependant cette affreuse victoire n'eût été qu'éphémère, si elle n'avait été sanctionnée par les armées; les meneurs n'étaient pas sans inquiétude de l'empire que conservaient sur elles

La commune de Paris

plusieurs généraux : ils craignaient surtout l'influence de Lafayette qui se trouvait à la tête de la plus nombreuse, et pouvait entraîner dans son parti celle de Luckner. Aussitôt des commissaires de l'assemblée sont envoyés à tous les quartiers-généraux pour justifier les attentats du 10 août, et exiger des troupes un serment de fidélité à la nation. Leur mission, comme on le verra par la suite, ne tarda pas à remplir son objet. Trompés sur les causes de cette journée, chefs et soldats adhérèrent aux mesures de la faction triomphante, et prirent la résolution d'en tenir plus fermes au poste de l'honneur.

Entraînés par la rapidité de ce tableau, nous avons omis le développement successif des faits, et nous devons revenir un instant sur nos pas.

Les deux partis qui avaient concouru au s'empare du renversement du pouvoir exécutif, cherchèpouvoir. rent à s'en saisir avec le même empressement.

Les Girondins s'en donnèrent les apparences en nommant un conseil provisoire composé de ministres pris dans leur sein. Ils se hâtèrent de rappeler au timon des affaires, ceux dont l'éloignement avait été le prétexte de leur victoire. Servan reprit le porte-feuille de la guerre, Roland, Clavière, ceux de leurs départemens, Monge fut nommé à la marine, Danton à la justice, et Lebrun aux affaires étrangères. Mais les Jacobins, ou ce qu'on peut avec plus de raison nommer,

dès ce moment, la faction de Robespierre, se saisit en effet de toute l'autorité par le moyen de la commune de Paris, dont nous avons rappelé l'étonnante installation dans la nuit du 9 août; ces conjurés mirent bientôt le comble à leur arrogance et à leur audace, en envoyant fièrement une députation à l'assemblée, afin que l'on n'ignorât pas qu'ils avaient ressaisi le pouvoir exécutif. Tous les événemens qui se passèrent dans Paris, se ressentirent de cette sinistre influence: de toutes parts les émissaires des Jacobins, soufflaient le feu de la révolte et de la sédition. Jamais la passion de la vengeance n'avait fait entendre un cri plus terrible; elle se signala d'abord sur des objets inanimés; partout les statues des rois furent détruites et renversées. Bientôt, sur la demande des municipaux, les sections de Paris, réunies, nommèrent un tribunal pour juger les crimes du 10 août; le lecteur sait d'avance dans quels rangs on ira chercher les coupables.

août.

L'établissement de ce tribunal, qui n'était Suites du 10 entre les mains de la commune qu'une commission homicide, fut suivi d'une surveillance inquisitoriale qui s'appesantit sur toutes les classes de citoyens; l'oeil d'une police soupçonneuse pénétra dans l'intérieur de toutes les familles, exposées à chaque instant à voir leur asile violé des visites domiciliaires : cette fureur du nopar

[ocr errors]

viciat dont la tyrannie de cette époque était animée, la rendit odieuse même à ceux qu'elle semblait servir. Les Girondins, soit crainte pour eux-mêmes, soit véritable patriotisme, cherchèrent à arrêter le mal dans sa naissance, en détrônant cette commune usurpatrice: Louvet, président de la section des Lombards, fit prendre par cette dernière un arrêté qui déclarait illégal le conseil de la commune : le ministre Rolland à son tour attaqua cet étrange pouvoir exécutif, qui, disait-il, entravait les opérations pour l'arrivage des subsistances. L'assemblée législative enhardie par les mesures vigoureuses de la section des Lombards, essaya de secouer ce joug odieux; le 30 août, elle cassa par un décret le conseil communal de Paris. Une députation de

ce dernier se rendit à la barre le lendemain : il est

inutile de rapporter les argumens par lesquels ce pouvoir exécutif s'efforça de pallier le vice de son origine. Ils avaient été investis, disaient-ils, de l'autorité provisoire, par les dangers de la patrie: cette nouvelle maxime de droit public prévalut; les législateurs furent intimidés par cette arrogance tribunitienne; on transigea. Le conseil communal conserva le pouvoir dont il s'était saisi; mais consentit à laisser rentrer dans son sein, les anciens membres qui en avaient été d'abord expulsés.

« PreviousContinue »