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cipal et ostensible de s'opposer à la fermentation populaire qui s'est manifestée depuis quelque temps en Angleterre, sont aussi, jusqu'à un certain point, dirigées contre la France. C'est ce qu'annoncent plusieurs inculpations dont on ne peut méconnaître l'application, malgré le vague dans lequel on les a présentées. Quand le moment sera venu de répondre à ces inculpations, il sera facile au gouvernement français de se justifier pleinement: il ne craindra pas d'en appeler au jugement de l'Europe entière, au témoignage de Pitt lui-même. On verra alors qui l'on doit accuser d'avoir semé, avec un or corrupteur, les méfiances, les troubles et le désordre. Certes, si les agens, même non accrédités, que nous entretenons en Angleterre, avaient pu être légitimement soupçonnés de ces manoeuvres qui n'appartiennent qu'à la faiblesse ; si leur conduite n'avait pas été tout à-la-fois circonspecte et loyale, d'autres membres du ministère anglais n'auraient pas désiré de les voir confidentiellement, de communiquer avec eux, de leur accorder des conférences secrètes.

Je mettrai sous les yeux des comités, qu'il plaira à la Convention nationale d'indiquer, les détails exacts de ces conférences; les plaintes, les objections, les réponses, les offres et propositions qu'on s'y est fait réciproquement; les instructions qui ont été données à nos agens dans ces circonstances délicates; enfin, l'état des armemens qui ont été ordonnés. Il en résulte que, jusqu'ici, ces armemens n'ont rien qui doive nous alarmer; puisqu'ils n'excèdent que de quatre vaisseaux de ligne, ceux qui ont eu lieu dans les années précé

dentes; puisque, sur 16 vaisseanx en armement, il y en a au moins dix connus sous la dénomination de gardes côtes, c'est-à-dire les plus vieux et détériorés de la marine anglaise; puisque enfin le Roi a déclaré que το ces armemens ne nécessiteraient aucun impôt ́ex»traordinaire; et qu'il suffirait, pour y subvenir, des » fonds destinés à l'amortissement annuel de la dette » nationale. » Il en résulte encore que les griefs qui servent de prétexte à ces armemens se réduisent à trois principaux; savoir:

1° L'ouverture de l'Escaut.

2o Votre décret du 19 novembre.

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3o Les intentions que l'on suppose à la république française, relativement à la Hollande.

On a répondu sur le premier point par des argumens fondés sur le droit de la nature sur le droit des gens, sur tous les principes de justice et de liberté que la nation française a consacrés, et dont elle ne pouvait refuser aux Belges la jouissance pleine et entière. On a répondu que « des traités arrachés par la cupidité, » consentis par le despotisme, ne pouvaient lier les

Belges affranchis et libres. » On a répondu par le silence que l'Angleterre avait elle-même gardé en 1784 et 1785, lorsque la même question a été agitée hostilement par l'empereur Joseph II.

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On a répondu au second grief par l'exposition franche des véritables intentions qui animaient la Convention nationale, lorsqu'elle a rendu ce décret bienfaisant. Il est deux cas bien distincts, où ce décret peut et doit trouver son application: soit envers les peuples qui sont sous la domination des puissances avec lesquelles.

nous sommes en guerre; soit par rapport aux pays gouvernés par des puissances absolument neutres. Il ne peut y avoir de difficultés dans le premier cas : le décret y trouve son application directe et dans la plus grande latitude, sans qu'aucune puissance étrangère puisse le trouver mauvais. Daus la seconde hypothèse, il est clair que l'intention de la Convention nationale n'a jamais été de s'engager à faire, de la cause de quelques individus étrangers, la cause de toute la nation française. Mais, lorsqu'un peuple asservi par un despote, aura eu le courage de briser ses fers; lorsque ce peuple, rendu à la liberté, se sera constitué de manière à faire entendre clairement l'expression de la volonté générale; lorsque cette volonté générale appellera sur lui l'assistance et la fraternité de la nation française; c'est alors que le décret du 19 novembre trouve une application si naturelle, que nous doutons qu'elle puisse paraître étrange à personne : c'est alors que nous donnons à la nation nouvellement libre un appui que nous-mêmes aurions désiré; et que, peutêtre, nous aurions dû espérer de trouver chez une autre nation libre.

On a ajouté à cette réponse générale, une observation qui a plus particulièrement rapport au reproche qu'on nous fait à l'égard de la Hollande : c'est qu'il serait à desirer que jamais le ministère britannique ne se fût plus mêlé du gouvernement intérieur de cette république qu'il a aidé à asservir, que nous ne vou lons nous en mêler nous-mêmes.

Du reste, citoyen Président, j'ai chargé en dernier lieu le ministre de la république française à Londres,

de demander une nouvelle conférence à lord Grenville, qui a, dans le pays, le département des affaires étrangères; et, après lui avoir rappelé toute la futilité des griefs qu'on veut nous opposer, je l'ai autorisé à lui déclarer, au nom de la république française, que, << si contre toute attente, l'intention du ministère de » Saint-James était d'amener une rupture à tout prix; » comme alors nous aurions épuisé toutes les explica» tions propres à démontrer la pureté de nos vues, et >> notre respect pour l'indépendance des autres puissan» ces comme il serait évident que cette guerre ne se» rait plus qu'une guerre du seul ministère britannique » contre nous, nous ne manquerions pas de faire un appel solennel à la nation anglaise : que nous por»terions au tribunal de sa justice et de sa générosité, » l'examen d'une cause dans laquelle on verrait une grande nation soutenir les droits de la naturè, de » la justice, de la liberté, de l'égalité, contre le mi>nistère qui n'aurait engagé cette querelle que par des » motifs de pure convenance personnelle : qu'enfin, nous établirions la nation anglaise juge entre nous » et lui; et que l'examen de ce procès pourrait amener » des suites qu'il n'aurait pas prévues.

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J'attends, citoyen Président, le résultat qu'aura >> eu cette déclaration; et je m'empresserai d'en faire ≫ part à la Convention nationale.>>

Le lecteur jugera toutes les erreurs politiques contenues dans cette pièce remplie d'abstractions, de doctrines et de subtilités, et où la science de l'homme d'état ne brille pas,

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N° 11.

Discours prononcé par le grenadier Belleville, à la barre de la Convention, dans la séance du 7 janvier 1793.

:

Citoyens Représentans, il n'y a point de Français qui ne conserve dans son cœur le souvenir des insultes`que les petits despotes d'Italie se permirent contre nous dans les premiers jours de notre révolution. Entre ceux dont les vexations furent les plus impérieuses, le roi de Naples devait se distinguer, comme Bourbon, et comme mari d'une Autrichienne. Aussi, il ne se borna pas à renvoyer de ses états plusieurs Français ; à faire des préparatifs pour s'allier avec cette foule d'autres tyrans qui craignaient pour leur injuste autorité il fit, de plus, intriguer par son ministre à la Porte-Ottomane; et répandre des calomnies atroces contre l'ambassadeur de France, nommé pour remplacer le traître Choiseul. Louis Capet et ses dignes ministres, loin de punir d'aussi coupables attentats, avaient dévoré ces outrages; peut-être les avaient-ils provoqués: mais le jour de la vengeance est arrivé. Pendant que nos braves bataillons repoussaient les hordes des barbares auxquels on avait ouvert le territoire français; tandis que les rois de Sardaigne, de Prusse et de Hongrie étaient humiliés et vaincus par les troupes de la république, le conseil exécutif a ordonné au contre- amiral Latouche de prendre une division de dix vaisseaux dans l'armée navale de la Méditerranée; 'de se présenter devant

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