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menacé par les préparatifs de l'ennemi. Des lieutenans de ces deux généraux, commandaient les deux extrémités, Dillon au Nord, et Biron sur le Rhin.

Dumouriez dégoûté par les tracasseries que le ministère éprouvait dans sa marche, et ayant perdu d'ailleurs la confiance du Roi par ses intrigues contre Servan, remit le portefeuille, et vint servir à l'armée du Nord, comme lieutenantgénéral.

Les affaires de l'intérieur étaient moins rassurantes encore que celles des armées: nous retracerons au chapitre suivant les débats qui eurent lieu au sujet du camp de Soissons, imaginé par le ministre Servan, pour servir de réserve générale aux troupes destinées à s'opposer à l'invasion, mais qui fut rejeté et devint un prétexte d'insurrection.

hostiles des

tière du

Le général autrichien, informé des mouvemens Dispositions auxquels les nouveaux arrangemens de ses adver- Autrichiens saires donnaient lieu, et ayant reçu de son côté sur la frondes renforts qui portèrent ses forces disponibles Nord. à 40 mille combattans, résolut de menacer les frontières du Nord, pour rendre plus faciles les opérations qu'on méditait sur le centre: il fit attaquer, par le comte de Latour, le poste d'Orchies, 14 juillet. d'où un bataillon de la Somme fut expulsé après une belle résistance.

Le général Alvinzy vint camper à Oudaing,

avec 15 mille hommes, menaçant le camp de Maulde. Dumouriez qui le gardait avec 8 mille, 22 juillet. fut heureusement renforcé par le général Dillon, venant commander toute la gauche de l'armée: celui-ci rassembla 5 mille hommes vers le Quesnoy; le général Lanoue campa sous Maubeuge avec 8 mille combattans; 12 mille restèrent sous Dumouriez à Maulde, gardant Orchies et Marchienne par des corps volans.

Etat des armées sur le

Rhin.

Ces nouvelles dispositions et le départ du général Clairfayt, détaché avec 15 mille hommes pour se réunir au duc de Brunswick qui arrivait au même instant à Coblentz avec l'armée prussienne, décidèrent bientôt les Autrichiens à se replier sur Mons.

Les choses en restèrent là, sur cette frontière,

pendant le mois d'août. Les troupes du camp de Maulde, stimulées par Dumouriez, qui avait toute la souplesse et la ruse d'un chef de parti, se disciplinèrent et s'aguerrirent par de fréquentes chicanes de postes, et devinrent le noyau d'une bonne armée.

Nous ne ferons pas l'énumération insignifiante de tous les mouvemens exécutés sur le Rhin pendant les 3 mois qui venaient de s'écouler; il suffira d'en indiquer les plus importans.

A la déclaration de guerre, le général Custine chargé de prendre possession de l'évêché de Bâle, marcha avec 8 mille hommes sur Po

rentruy, où il n'y avait que 400 Autrichiens, appelés imprudemment par le Prince-Evêque, et qui se sauvèrent à son approche.

Deux camps formés à Hesingeu et à Plobsheim, observaient les forces qui se rassemblaient dans le margraviat de Baden.

Kellermann, qui commandait d'abord à Landau, alla camper à Neukirch, près de Sarguemines, puis à Wadgast, sous Sarlouis, point intermédiaire pour se lier au besoin à l'armée du centre, ou se rapprocher du Rhin. 1 prit ce dernier parti, lorsque le prince de HohenloheKirchberg rassemblant environ 20 mille Autrichiens, fit mine de passer le fleuve, pour s'avancer sur Spire, avec le prince de Condé. Kellermann reprit alors la position de la Queich, et Biron vint avec un corps de 12 mille hommes, tirés du haut Rhin, pour le soutenir et s'établir à Weissembourg. Ces mesures furent prises fort propos, les Autrichiens et les émigrés s'étant menagés des intelligences dans Landau, espéraient surprendre cette place et s'étaient avancés à Lingenfeld et Neustadt. Custine poussé en reconnaissance, le 3 août, donna à l'improviste sur leurs postes, et en fut vigoureusement accueilli; mais cette rencontre déconcerta toutefois le projet de surprise.

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Le maréchal Luckner, à la nouvelle des dangers qui menaçaient sa droite, accourut à la

hâte de Metz. S'imaginant qu'une armée de 25 mille hommes, appuyée par Landau et par les lignes de la Queich, devait être hors d'état de se soutenir contre des forces égales, il prit un moyen digne de lui pour la tirer d'affaire, replia 15 mille hommes derrière les lignes de la Lauter, en fit partir 8 mille sous Biron, pour retourner sur le haut Rhin, et jeta Custine et 3 bataillons dans Landau. Le prince de Hohenlohe ignorant ces étranges dispositions, ou pressé de se porter sur la Moselle pour seconder l'invasion des Prussiens, ne profita pas de ces fautes et continua son chemin sur Hombourg. Le corps de Condé retourna dans le Margraviat.

La grande entreprise sur la Champagne se préparait; de toutes parts la tempête s'amoncelait; mais avant de suivre ses éclats, il faut ramener un instant le lecteur à ce qui se passait dans l'intérieur de la France et le reste de l'Europe.

CHAPITRE VI.

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État de l'Europe. — Entrée des Russes en Pologne.- Evénemens de l'intérieur. - Journées du 20 juin et du 10 août. Suspension et emprisonnement du Roi. — Massacres du 2 septembre. Clôture de l'Assemblée législative. Convention nationale.

Proclamation de la

République.

PENDANT que les armées de l'Empereur défen

daient la Belgique avec plus de bonheur qu'on était en droit de l'espérer, et que celles de la Prusse s'avançaient à pas comptés sur les frontières de France, pour y essuyer l'affront que nous ne tarderons pas à rapporter; un épisode important attira au Nord, l'attention des cabinets de Vienne et de Berlin, et eut une influence toute particulière sur les opérations ultérieures de la guerre de la révolution. On sait déjà que je veux parler de l'invasion de la Pologne.

Nous avons indiqué dans le chapitre Ier les Affaires de Pologne. changemens que la diète, excitée par l'Angleterre

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