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Les bestiaux, qui forment l'unique ressource des habitans de ces vallées, furent enlevés avec une exactitude cruelle. Bientôt exaspérés par les excès des soldats français, encouragés par les Piémontais, dont les postes garnissaient encore les versans méridionaux des montagnes jusqu'à Lantosca et annonçaient le prompt retour des troupes sardes renforcées par les Autrichiens, venus de la Lombardie, les habitans du haut comté se levèrent et chassèrent les détachemens qui venaient les mettre à contribution. Cette levée était d'autant plus facile que ces hommes se trouvaient en partie déjà enrégimentés, et assez bien armés. Anselme crut suffisant de détacher le général Barral avec 4 bataillons pour nettoyer la vallée de Vesubia, et lui prescrivit de s'avancer jusque sur Lantosca, sans s'inquiéter ni du nombre des insurgés ni des soutiens qu'ils pouvaient recevoir des Piémontais; Barral convaincu à son arrivée à Hutel qu'il serait compromis avec une si faible troupe, se replia sur Levenzo, après avoir perdu quelques hommes.

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par une prompte retraite ce général sut éviter une défaite inévitable, il mit le comble au mal dans son expédition, en appuyant les réquisitions du commissaire Ferus, qui ne consultant ni le caractère des habitans du pays, ni les causes de leur mécontentement, fit enlever pour les besoins des troupes tous les bestiaux

de ces vallées, et acheva d'y mettre le feu de l'insurrection.

Le général Dumerbion envoyé avec des renforts pour le remplacer, se maintint néanmoins dans Levenzo par ses bonnes dispositions, et calma peu a peu les esprits, autant par sa sagesse que par la discipline qu'il conserva dans sa divi

sion.

LIVRE III.

Seconde période de la campagne

de 1792.

Lord Gower, ambassadeur d'Angleterre, quitte Paris.

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embarrassante de tous les cabinets envers le conseil provisoire. Dumouriez entre en Belgique, à la tête de 80 mille hommes, et ne sait pas profiter de sa supériorité pour prévenir le duc de SaxeTeschen sur la Meuse. Il l'attaque de front à Jemmapes.Les Autrichiens se replient derrière la Entrée des Français à Bruxelles, Prise de la citadelle d'Anvers et du

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Suites de cette journée.
Meuse, puis derrière la Roër.
Liége et Aix-la-Chapelle.

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château de Namur. - L'ouverture de l'Escaut indispose la Hollande et fournit un nouveau prétexte aux Anglais pour l'exciter contre la France. Disputes de Dumouriez et des Ja

cobins.

- Ce général commet la faute de laisser les Autrichiens sur la rive gauche du Rhin.— Course de Custine sur la Lahn. Le roi de Prusse le chasse des montagnes du pays de Nassau et reprend Francfort. — L'armée du Rhin est repoussée sur Mayence.

Combat de Hocheim. - Expédition tardive et inutile de Beurnonville sur Trèves. L'armée de la Moselle ramenée sous SarreLouis dans une entière désorganisation. Situation critique de la France au milieu de ses prospérités passagères. Les Jacobins énorgueillis provoquent tous les peuples et menacent de renverser tous les trônes. - Décrets imprudens du 19 novembre et 15 décembre. Louis XVI mis en jugement. Affaires du Midi. Montesquiou forcé par Clavières à menacer Genève d'un siége, et la Suisse de la La conduite sage et prudente guerre. de ce général épargne à la France les suites de cette faute impardonnable. —Embarras d'Anselme dans le comté de Nice. pédition mal combinée contre l'île de Sardaigne.

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arme en silence et se prépare sous le voile de la neutralité à tirer parti de l'embrasement général de l'Europe.

ques.

CHAPITRE X.

Invasion de la Belgique. - Bataille de Jemmapes

A

Le 10 août a La catastrophe du 10 août avait jeté l'Europe suspendu dans une véritable anarchie diplomatique; tout tous les rapports politi- présageait des déchiremens affreux. Quelle apparence en effet que les gouvernemens sanctionnassent l'insurrection de la nuit fatale qui venait de mettre le sceptre constitutionnel de Louis XVI aux mains de quelques conjurés? Ses anciens alliés se déclareraient-ils complices de la faction victorieuse, en maintenant leurs traités avec la France? Devait-on attendre que ces Souverains, exempts de passions, se renfermassent dans le cercle d'une politique toute nationale, sans s'arrêter à aucune considération secondaire; et n'était-il pas probable qu'ils se laisseraient entraîner par l'intérêt apparent de venger leur dignité outragée dans la personne du roi de France? L'honneur, autant que le désir de conserver leur trône, ne semblait-il pas leur commander une ligue générale pour tirer vengeance de cet attentat.

L'effet immédiat de cette journée fut la sus

pension de tous les anciens rapports; le gouvernement révolutionnaire devait être préalablement reconnu avant qu'il fût possible d'en établir de nouveaux, et cette démarche était un pas aussi délicat que décisif. L'ambassadeur d'Angleterre partit sur-le-champ pour Londres; celui de Hollande ne tarda pas à l'imiter. Le chevalier d'Yriarte, envoyé d'Espagne, se rendit également à Madrid, et le tableau qu'il fit de cette déplorable journée, était de nature à ébranler le système et le crédit du comte d'Aranda; cependant M. d'Ocaritz resta chargé d'affaires. La Suède et le Danemarck en conservèrent également; ils attendirent, les uns et les autres, des instructions de leurs cours avant d'entrer en relations avec le conseil exécutif.

D'un autre côté, la nation française voyait ses efforts couronnés des plus heureux succès et son territoire délivré. Le Palatinat, les états de l'électeur de Mayence, et ceux du roi de Sardaigne se trouvaient envahis, la Belgique était à la veille de l'être.

Situation militaire de la France.

Le conseil exécutif avait néanmoins une tâche au-dessus de ses forces, la désorganisation exerçait déjà ses ravages sur des armées qui avaient à peine vu l'ennemi. L'administration de la guerre, confiée à Pache, laissait tous les services dans un dénuement absolu, et périr de misère ces braves volontaires accourus des extrémités de la France

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