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de Dillon.

lèrent le 28. Le général Dillon, partant de Lille la colonne avec 4 mille hommes, donna le 29 au matin, vers Lamain, sur l'ennemi qui marchait audevant de lui. Peu préparées à cette apparition subite, comme si à la guerre on marchait à l'ennemi pour ne pas le rencontrer, les troupes françaises voulurent se replièrent sur Baizieux; mais poursuivies par quelques escadrons et batteries légères qui culbutèrent l'arrière-garde, elles se sauvèrent dans le plus grand désordre à Lille, criant de toutes parts à la trahison! Le général Dillon, blessé par ses propres soldats, entraîné dans leur déroute, fut massacré par la populace. Les Autrichiens, stupéfaits d'avoir remporté une victoire si facile, rentrèrent à Tournay avec 6 pièces de canon et un butin considérable.

de Birou.

D'un autre côté la plus forte attaque, partie Déroute de de Valenciennes aux ordres de Biron, s'avança la colonne sur deux colonnes vers Quareignon. Beaulieu qui commandait sur ce point, avait garni de tirailleurs le ravin qui porte le nom de ce village, et rassemblé 4 mille hommes sur les hauteurs de Jemmapes, qui acquirent depuis tant de célé brité. Le général français fit déployer ses troupes, engagea une canonnade et porta une colonne dans le ravin. Mais 2 mille chevaux autrichiens s'étant montrés à l'improviste, Biron crut prudent d'ordonner la retraite sur Bossu. A peine les troupes sont-elles établies, que 2 régimens

Opérations de la colon

de dragons se précipitent vers l'infanterie, criant: nous sommes trahis! et prenant en désordre la route de Valenciennes, où la majeure partie du corps, sourde à la voix de Dampierre et de Biron, ne tarde pas à les suivre. Le reste rallié à Hornu, et attaqué le 30 au matin par Beaulieu, renouvela la scène de la veille, et s'enfuit dans le plus grand désordre d'abord à Quiévrain, puis à Valenciennes. Le maréchal de Rochambeau eut la plus grande peine à rassembler les fuyards derrière la Ronelle. Beaulieu satisfait de la capture de quelques pièces de canon et d'une centaine de prisonniers, ramena sa petite troupe chargée de butin dans sa première position.

A l'extrême gauche, le général Carle s'était avancé avec sa faible colonne, de Dunkerque sur Furnes, où il répandit des proclamations: la nouvelle des événemens de Lille et de Mons le fit bientôt rentrer dans son camp.

A la première nouvelle de l'approche des Français, le duc Albert avait ordonné un mouvement tardif vers sa gauche, en portant 10 mille hommes du de Leuze sur Mons, et prescrivant à Starray de se prolonger, avec 5 à 6 mille hommes, sur la direction de Charleroi pour couvrir la Sambre.

camp

Tandis que ces scènes ridicules se passaient à Le de La l'armée du Nord, Lafayette avait poussé son fayette. avant-garde vers Bouvines et Flamignolles, se dis

posant à marcher sur Namur : instruit de ces

déroutes et de la marche du corps de Starray, il jugea que le seul parti à prendre était de revenir au camp de Rancennes.

Malgré le peu d'importance militaire de cette entreprise, les résultats en sont trop singuliers pour ne pas faire naître de pénibles réflexions. Sans doute le conseil commit une faute grave, de confier l'exécution d'un plan à un général qui le désapprouvait, et pour lequel il devait être, en quelque sorte, un sujet de mortification.

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Mais il faut convenir cependant, que ces cris de trahison élevés à la même heure vers Mons et sous Lille, cet empressement des deux généraux français à ordonner un mouvement rétrograde aussitôt qu'ils aperçurent l'ennemi, sont des circonstances fort extraordinaires : tous les détails, enfin, de ces échauffourées, prouvent que si les généraux avaient perdu la confiance des troupes, ils justifiaient en quelque sorte la méfiance de celles-ci, par l'irrésolution de leur conduite.

Ces échecs, si minces en apparence, menaçaient néanmoins de suites plus graves; le moindre de leurs résultats semblait être de porter à son comble la démoralisation des armées françaises et leur insubordination; ils devaient répandre la terreur dans les provinces frontières, et même dans les parties les plus reculées du royaume. En

effet, si toutes les forces disponibles de la France venaient d'échouer contre quelques brigades impériales, que fallait-il espérer, lorsque les masses de l'Autriche et de la Prusse seraient présentes? Les promesses de Calonne et des émigrés devenaient de justes prophéties; la marche du roi de Prusse sur Paris, ressemblerait à une promenade. Il n'en fût pourtant pas ainsi; les Jacobins, tout en mesurant le danger qui les menaçait, furent assez adroits pour ne rien laisser percer de leurs craintes, assez présomptueux, ou assez énergiques pour n'en point concevoir. Le maréchal Rochambeau, auquel des calculs maréchal prudens jusqu'à la pusillanimité avaient fait imRocham- prouver le projet de Dumouriez, ne jouit pas long-temps de l'honneur d'avoir mieux jugé que lui. Le ministre usant de l'arme favorite des ambitieux de ce temps, l'accusa d'avoir préparé ses revers par jalousie; et le vainqueur de Cornwallis ayant perdu la confiance de la nation, se vit réduit à se justifier et à demander son remplacement.

Luckner remplace le

beau.

Le maréchal Luckner, âgé de 70 ans, que nous avons vu figurer avec quelque distinction, comme officier de troupes légères, dans plusieurs escarmouches de la guerre de Hanovre, fut choisi pour lui succéder: le gouvernement n'avait pas d'idée assez juste des talens nécessaires à un

général en chef, pour juger la différence qui existe entre un hussard hanovrien, et un maréchal chargé du destin de la France. Luckner, qui fut toujours un homme médiocre, était devenu, en avançant en âge, pusillanime, faible, irrésolu et incapable de tout commandement.

Les premiers soins du nouveau général furent Conseil de d'assembler un conseil de guerre, pour blamer guerre. tout ce qui avait été fait, sans rien proposer de plus convenable; il procéda, ensuite, à une nouvelle distribution des arrondissemens que chaque armée devait défendre. Ce système d'assigner à plusieurs chefs sur une même frontière, le terrain que chacun d'eux doit particulièrement garder, est des plus dangereux ; c'est lé moyen d'empêcher qu'ils ne se prêtent un mutuel secours, chacun ne voulant pas laisser en prise le point qui lui est confié. Une telle répartition serait tout au plus applicable aux divisions d'une même armée, subordonnées à un seul général en chef qui pût prescrire sur les lieux, et à l'instant même, tous les mouvemens nécessités par les circonstances. On comprend qu'on se distribue des arrondissemens pour cantonner; mais pour bien opérer à la guerre, il est indispensable de diriger toutes les forces disponibles, où le besoin l'exige, et sans égard à des répartitions de commandement.

Convaincu qu'il avait pourvu à tout, par cette On reprend

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