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périales en

de se mettre à la tête de la nouvelle république On ignore toutefois si ce beau rêve ne lui fut suggéré que par la mauvaise tournure des affaires, en février 1793, ou s'il n'en avait pas déjà le projet dès le début des hostilités.

L'administration de ces importantes provinces. était confiée à une espèce de ministère. L'archiduchesse Christine ou son époux le duc Albert de Saxe-Teschen, présidait le conseil, formé par le comte de Mercy, ministre à Paris, négociateur du fameux projet de médiation armée, et par les comtes de Trautmansdorf et de Metternich. Ces vieux arcs-boutans de la diplomatie aulique, administraient le pays avec plus de justice et de modération que de génie.

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Position des A l'approche de la rupture, le duc Albert avait rassemblé ses forces disponibles en trois corps. Belgique. A la droite, le comte de Latour fut chargé de couvrir Tournai et tout l'espace jusqu'à la mer. Le corps de bataille s'établit à Leuze; la gauche, quoique point décisif de tout le théâtre de la guerre, ne fut composée que d'un petit corps chargé de la garde de Mons. Toutes ces forces actives s'élevaient, indépendamment des garnisons, à 32 mille hommes, avec un parc d'artillerie nombreux.

On sait que Joseph II, non content de s'affranchir du traité des Barrières, avait fait raser toutes les places, comme trop onéreuses en temps de paix et trop difficiles à soutenir en temps de guerre.

La seule forteresse de Luxembourg et le château de Namur, avaient été exceptés de cette mesure, et devinrent par cela même, comme par leur situation stratégique, les clefs des Pays-Bas : les citadelles de Mons, de Tournai, d'Anvers avaient été aussi conservées comme postes à l'abri d'un coup de main.

Dans cette situation des choses, la tâche de couvrir ces provinces lointaines, était fort délicate; tout le front d'opérations en Flandre, assurait aux Français une supériorité immense pour l'offensive; à cause des points de départ que leurs nombreuses places leur offraient pour tomber sur l'ennemi partout où ils le jugeraient convenable. A ces chances défavorables pour les Impériaux, se joignaient encore les défauts de leur ligne de retraite; celle-ci courant jusqu'au Rhin, presque parallèlement à cette frontière hérissée de boulevards, on devait s'attendre à chaque instant, à voir les Français déboucher en forces sur les communications, s'en emparer, et contraindre les Autrichiens à évacuer le pays, et peut-être même à se faire jour. Heureusement pour le duc, que ni lui ni ses adversaires ne jugèrent tous les dangers de sa position.

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L'espoir assez fondé de conquérir la Belgique, Plans des géavant que les alliés fussent en mesure de soutenir ais. le faible corps chargé de la défendre, était la seule excuse que les provocateurs de la déclaration de guerre pussent alléguer; et il n'y avait

que le succès de cette opération qui pût justifier une lutte si impolitique.

En effet, les armées françaises du Nord et du Centre ne comptant pas moins de 100 mille hommes, auraient pu laisser quelques garnisons dans les places, jeter 60 mille combattans sur la gauche du duc Albert, et après l'avoir écrasée à Mons, se rabattre sur le reste de son corps afin de l'acculer à la mer du Nord; mais alors la stratégie était à son berceau; un tel mouvement n'entrait guères dans la tête des généraux.

Le vieux maréchal de Rochambeau, s'exagérant le dénuement de toutes les parties du service administratif, craignant l'insubordination des troupes, et n'ayant qu'une faible confiance dans ses bataillons de volontaires, était d'avis de rester sur la défensive, et de rassembler le gros de son armée à Famars.

Dumouriez voulait surprendre l'ennemi, profiter de sa dissémination, de son étonnement, et de l'esprit révolutionnaire qui couvait encore en Belgique pour tomber sur Bruxelles.

Le Roi avait d'abord adopté le plan du maréchal, mais Dumouriez appuyé du crédit que lui donnait ses relations avec les Girondins, fit prévaloir le sien. S'il faut en croire ce que ce ministre dit lui-même dans l'histoire de sa vie, Lafayette consulté sur cette invasion, l'aurait approuvée au fond, et se serait chargé de l'exécuter avec 50 mille hommes, qu'on eût rassem

blés par une marche concentrique au confluent de la Sambre et de la Meuse, pour déboucher de Namur vers Liége. Ce général fut ainsi le seul qui saisit le point décisif, et prouva par cette circonstance qu'il eût fait la guerre avec distinction, si le sort n'en avait pas décidé autrement.

Soit que le ministre ne fût pas doué d'un jugegement militaire assez profond pour découvrir la supériorité du plan de Lafayette, soit qu'il eût de la répugnance à rendre justice à son émule, ou enfin que ce dernier eût perdu toute la confiance des révolutionnaires, en se rapprochant de la cour, et que l'on craignît de lui donner trop d'influence en lui accordant un si beau commandement; sa proposition fut rejetée, et l'invasion, exécutée de la manière la plus contraire aux principes de l'art, eut l'issue qu'on devait en attendre.

Pour concilier toutes les opinions, et prendre Projet d'inun peu de chaque projet, on résolut de déboucher Belgique.

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sur 4 colonnes: la 1re de 1500 hommes, de Dunkerque sur Furnes; la 2o de 4 mille, de Lille sur Tournai; la 3o de 10 mille, de Valenciennes sur Mons; enfin Lafayette, après avoir rassemblé un corps de 12 mille hommes à Givet, se dirigerait sur Namur, afin de déborder la gauche des Impériaux. Ces forces réunies devaient être successivement renforcées, et marcher selon l'occurrence sur Liége ou Bruxelles.

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Premières rencontres.

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Il n'est pas difficile de se convaincre des vices de cette disposition : en débutant par des opérations décisives, il était puéril de laisser des garnisons complètes dans des places couvertes par les mouvemens même de l'armée, et qu'on pouvait sans danger, confier à la garde nationale renforcée de quelques bataillons. Il était surtout ridicule de ne renforcer que successivement l'armée expéditionnaire; car c'était dire, en d'autres termes : « l'ennemi a 35 mille hommes en Belgi» que, mettez-vous à la tête de 25 mille, chassez»le, et quand vous l'en aurez expulsé, on vous » enverra 60 mille hommes; » combinaison bizarre, aussi fausse comme manoeuvre de guerre que comme operation politique.

Le maréchal Rochambeau, encore tout occupé des préparatifs de défense qu'il avait proposés, reçut le 24 avril l'ordre d'exécuter le plan du ministère; bien qu'il différât essentiellement du sien, il crut, néanmoins, de son devoir d'y procéder sans retard.

Lafayette, de son côté, se init en mouvement à la fin d'avril, et laissant 24 mille hommes à Dun, et Tiercelet pour couvrir le centre, qui n'était menacé alors que par une poignée d'émigrés peu en mesure de prendre l'offensive, il se dirigea avec l'élite de son corps par Stenai, Sedan et Mezières sur Givet, où il arriva le 29, après avoir fait plus de 50 lieues en 4 jours.

Les 3 colonnes de l'armée du Nord s'ébran

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