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Quatrièmo principe corollaire.

manière vague sur les caractères constitutifs de la monnoie ; je suppléerai à cet oubli.

Six caractères essentiels constituent la monnoie: 1°. Il faut qu'elle soit fabriquée et mise en circulation par la souveraineté.

2o. Qu'elle porte l'empreinte déterminée par la souveraineté.

3o. Qu'elle ait une valeur fixée par la souveraineté.

4°. Qu'elle ait un gage pour sûreté de cette valeur.

5°. Qu'elle soit garantie par la souveraineté. 6°. Que personne dans l'empire ne puisse la refuser.

De ces six caractères dépend la confiance qu'on doit avoir dans une monnoie; et j'observe

à ce propos qu'il faut distinguer entre la confiance Cinquième qu'une chose doit inspirer, et la confiance qu'elle principe inspire. En matière législative, on doit croire que tout ce qui est digne de confiance, l'obtient; et si

Corollaire.

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le public semble refuser la confiance à ce qui en est digne, ce ne peut être que par une de ces manoeuvres contre lesquelles le pouvoir législatif doit provoquer le pouvoir exécutif.

Toutes les fois qu'on pourra appliquer à une matière quelconque, les six caractères qui constituent la véritable monnoie, cette matière sera

propre à devenir monnoie; et comme ils sont applicables à d'autres matières qu'à l'or et à l'argent, on pourra faire d'autres monnoies que d'or et d'argent; ainsi nous pourrions, en toute rigueur, nous soustraire au joug tributaire de l'Espagne et du Portugal, qui seuls possèdent les grandes richesses en mines d'or et d'argent.

Mais l'or et l'argent sont des métaux encore moins précieux, comme métaux destinés aux monnoies, que parce qu'ils sont les matières premières de plusieurs branches d'industrie qui fait vivre des milliers de familles: il faut consequemment faire ensorte de maintenir ces métaux au plus bas prix possible.

Sixième

corollaire

Et comme on les a choisis pour matières mo- principe nétaires, il est important de veiller tellement à leur prix, qu'il n'en résulte aucune variation brusque dans la valeur de nos espèces; car c'est un axiome que la monnoie doit être invariable? Septième Ici s'offre un des plus singuliers problêmes principe de l'économie politique; problême peut-être insoluble, mais certainement digne d'être mé dité. Pour que la valeur de nos espèces ainsi que celle de leur matière ne varient pas, pour qu'elle descende et reste au plus bas prix possible, ne faudroit-il pas se rendre maître de cette valeur ?

Quelques observateurs croient que l'on s'en

corollaire.

rendroit maître, et contre les propriétaires des
mines, et contre les manoeuvres de la cupidité,
si la nation se réservoit la vente exclusive de l'or et de
l'argent. Lorsque l'on s'appercevroit que l'un des
deux métaux tend à s'élever, ce qui ne peut pro-
venir que
de sa rareté, on en feroit une plus
grande émission. On en arrêteroit la vente, lors-
qu'une trop grande abondance menaceroit d'une
diminution de valeur.

A supposer qu'une administration de ce genre, autrefois adoptée par plusieurs gouvernemens (1) put atteindre son but, elle seroit évidemment favorable aux ateliers d'industrie sûrs de trouver sans cesse et toujours au même prix dans un dépôt public, les matières dont ils auroient besoin. Leurs entrepreneurs n'en feroient point de provisions qui exigent des fonds considérables; ceux qui n'ont pas de grands capitaux ne passeroient plus pár la filière de l'astuce mercantile.

Le commerce y gagneroit d'assez grandes facilités le trésor national serviroit de lieu de sûreté, pour le dépôt des métaux précieuxque les commerçans ne voudroient pas conserver chez eux en grande masse: sous la modique re

(1) Boureroue, Elhaffen, Bornitius, &c. Voyez la note D, à la suite de cet ouvrage.

t

devance d'un pour cent, on leur remettroit des reçus commerçables, et ces papiers vaudroient des effets payables à vue, que les négocians pourroient diviser dans leurs paiemens, moyennant une lettre-de-change en valeur de matières.

Le gouvernement, disent les partisans de ce systême, ne pourroit pas abuser d'un tel monopole; et comme le commerçant particulier se trouveroit dans l'impossibilité de lutter avec avantage contre un établissement qui, par sa nature, déjoueroit la contrebande, cet établissement rempliroit son but. Du moins s'il est une nation qui pût se flatter de le faire réussir par la prépondérance que lui donnent ses productions naturelles et ses richesses relatives, sur-tout dans ses rapports avec les principaux propriétaires des mines, c'est la nôtre; car si l'Espagne essayoit de hausser ou de baisser le prix des métaux précieux au gré de son caprice, on peut soutenir, le bordereau de la balance de notre commerce à la main, que notre industrie ayant repris sa vigueur, que notre commerce rendu à son ancienne activité, nous aurions annuellement quatre-vingt à cent millions à opposer aux efforts impolitiques de l'Espagne, puisque dans l'ancien régime même,avant la langueur

désastreuse qu'à causée l'ineptie de notre ministère, tel a toujours été notre état de situation.

Eh! qui peut douter que notre richesse métallique ne dépende de notre industrie? C'est un véritable axiôme que les richesses des mines sont moins pour leurs propriétaires que pour ceux Huitième qui ont de l'industrie, de l'ordre, de la prudence principe et de l'activité.

corollaire.

corollaire.

Dixième

En un mot, ne manquant jamais de matières, nous en fabriquetions, en raison du besoin; et ce besoin est facile à calculer, car c'est encore

un axiome que la quantité d'argent nécessaire au Neuvième commerce, ne se mesure que par la vivacité de sa principe circulation (1), et comme il est constant que trop de numéraire produit l'effet d'en laisser une partie principe dans l'inaction, tandis que trop peu de numéraire corollaire. engourdit lagriculture, les arts et le commerce (2), et hausse le taux de l'intérêt; comme il est consprincipa tant que la rareté des espèces cause une inquiécorollaire. tude qui fait resserrer le numéraire et augmente Douzième d'autant cette rareté, on pourroit croire qu'il

Onzième

principe

aorollaire. importe pour le bien de tous, que la nation ait seule le droit de la vente de l'or et de l'ar

(1) Voyez Locke, sur les rentes et l'augmentation de la valeur des espèces.

(2) Locke, ibid.

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