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habitude de servir le despotisme ne leur permette pas de s'élever à la hauteur d'un systême de liberté, ne seroient plus que les agens du ministre ou les confidens de l'aristocratie, et non les représentans d'un peuple magnanime.

Mais il faut ici, il faut toujours concilier l'intérêt et la justice, la prudence et l'humanité. Un long exercice de fonctions publiques, dans une carriere où l'on compromet souvent sa fortune, donne des droits à une retraite, et votre dignité ne vous permet pas de refuser les récompenses, quand même vous ne les devriez pas à des services.

Quant au développement d'une partie de votre puissance militaire, vous le devez à Popinion qui l'invoque. C'est pour éviter qu'au moindre péril, la nation entiere, devenant tout-à-coup une armée, n'abandonne le travail qui seul constitue une nation, qu'il faut déve lopper une portion de la force publique, et rassurer le citoyen par la prévoyance de la loi. Ne craignez point que nos voisins regardent un rassemblement de troupes, ni comme une menace, ni comme un événement capable de leur inspirer de la défiance. Nore politique est franche, et nous nous en faisons

gloire; mais tant que la conduite des autres gouvernemens scra environnée de nuages, qui pourra nous lâmer de prendre des précautions capables de mainten'r la paix? Non, une guerre injuste ne peut pas être le crime d'un pouple qui, le premier, a gravé, dans le code de ses loix, sa renonciation à toute conquête. Une attaque n'est point à craindre de la part de ceux qui désireroient plutôt d'effacer les limites de tous les empires, pour ne former du genre humain qu'une seule famille, qui voudroient élever un autel à la paix, sur le menceau de tous les instrumens. de destruction cui couvrent et souillent l'Europe, et ne garder que contre les tyrans des armes consacrées par la noble conquête de la liberté.

Votre comité diplomatique, de l'avis des comités réunis, a l'honneur de vous proposer: L'assemblée nationale décrete:

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Que les comités d'es pensions et diplomatique réunis, se: ont chargés de faire, dans trois jours, un rapport sur les pensions de retraite qu'il convient d'accorder aux agens du pouvoir

exécutif, dans les pays étrangers, en cas de

remplacement.

I I.

Que le roi sera prié de donner des ordres pour porter au complet de 750 hommes par bataillon, trente régimens d'infanterie, et au complet de 170 hommes par escadron, vingt régi nens de troupes à cheval, dont huit de quatre escadrons, et douze de trois escadrops, pour, lesdites troupes, être réparties dans les départemens du Bas-Rhin et du Haut-Rhin des Ardennes, du Nord, de la Haute-Saône du Doubs, du Jura, du Var, de l'Isère, des Hautes et Basses-Alpes.

I I I.

Que le ministre de la guerre présentera incessamment l'état de la dépense extraordinaire qu'exigeront cette augmentation de troupes, avec le train d'artillerie, l'attirail de campemens proportionné, et tous les autres préparatifs nécessaires à un systême de pure défense.

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L'ordre du jour étoit la discussion sur le tabac. M. Roederer reproduisit le plan du çomité qui en permettoit la culture.

MIRABEAU. «La question, dit-il, que vous discutez, est liée par une foule de rapports au systême général des impositions, à l'intérêt de l'agriculture et du commerce, et à ros relations extérieures: une aussi haute importance exige le plus sévere examen; et l'hésitation que vous avez pu remarquer dans les projets que votre comité vous a présentés, rend cet examen encore plus nécessaire ».

« Le dernier projet, le seul dont je parlerai, renferme plusieurs résultats qu'il est essentiel de distinguer ».

«L'un est que la culture du tabac doit être libre dans tout le royaume : il faut donc examiner s'il est utile que cette culture soit

libre ».

«Le second, c'est que l'importation du tabac doit être permise moyennant une taxe 50 liv. par quintal: il faut donc examiner si la liberté de la culture est compatible avec l'intérêt du commerce ».

de

« Le troisieme, c'est que deux sortes d'impôts sont établis sur le tabac; l'un pour le droit de l'importer, l'autre pour le droit de le fabriquer: il s'agit donc de décider, si un impôt quelconque sur le tabac est compatible avec la liberté de la culture ».

Le quatrieme, c'est qu'on laisse subsister une régie, non pour vendre le tabac à un prix déterminé, mais pour le fabriquer et le vendre en concurrence avec tous les citoyens. Il faut donc examiner s'il est utile de donner l'attache du gouvernement à une pareille régie, qui ne seroit qu'une maison de commerce de plus dans le royaume ».

«Le cinquieme, c'est que le comité considere le tabac comme un objet de revenut public, puisqu'il le soumet non-seulement à deux sortes d'impôts, mais à un gain éventuel. Il faut donc examiner si ce revenu, dont le tabac doit être l'objet, est suffisant et s'il est établi de la maniere la plus convenable ».

J'avoue, d'abord, que je ne m'attendois pas à voir votre comité vous proposer toutà-la fois, de mettre un impôt sur le tabac et de rendre libre la culture et l'importation de cette denrée. Je dis que je suis étonné, et en effet, lorsqu'il y a trois mois, la discussion fut fermée sur cette question, on ne l'ajourna que pour charger le comité de proposer le moyen de cet impôt, moyen qu'on vouloit connoître avant de porter une décision; il falloit ou le détruire ou le remplacer.

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