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se démontrer par la sustitution d'un seul mot. Il veut que l'assemblée déclare qu'elle n'a pas entendu toucher au spirituel, tandis que tout ce qu'on pourroit dire, c'est que l'assemblée n'a pas touché au spirituel. ( La partie gauche applaudit). Voilà tout ce que le président aux ordres de l'assembléé, a dit et pu dire, c'est que l'assemblée n'a pas touché au spirituel.

(Plusieurs membres de la partie droite. Elle y a touché. ).

MIRALEAU. Il est bien évident que ce n'est point une véritable issue, pour sortir de la difficulté qu'on veut faire naître; car il n'y a plus de difficulté; car l'opération est consommée. Il est bien évident que ce n'est pas une véritable issue; car toute la difficulté, s'il pouvoit y en avoir, seroit que les dissidens appellent spirituel ce que l'assemblée appelle temporel. (On applaudit.Plusieurs voix de la droite font entendre ces mots: ajoutez contre sa conscience).

Elle est fondée sur cette observation bien palpable que les démarcations diocésaines sont évidemment un fait temporel. Il ne nous reste donc qu'un parti à prendre. S'il est vrai qu'on n'ait pas une intention secrette

de troubler la paix... (MM. Maury et Cazalès demandent la parole). S'il est vrai que nous voulions tous concourir à la paix; s'il est vrai que cette résistance ne soit pas un moyen trop connu dans nos annales, pour faire prévaloir l'autorité ultramontaine, on doit se contenter de la déclaration mille fois faite, et non à faire, que l'assemblée n'a attenté pas au spirituel. (Il s'élève des murmures dans la partie droite). Je supplie la partie de l'assemblée qui m'interrompt, d'observer que je ne vise pas à un évêché. Il est évident que l'heure fatale est arrivée que l'opération commencée est légale. Pour qu'elle soit complettement consommée, je demande qu'après une nouvelle interpellation, on adopte la seconde motion de M. Barnave afin que les mesures decrétées par l'assemblée nationale. soient graduellement exécutées ».

Après une seconde interpellation générale, la seconde motion de M. Barnave fut décrétée ainsi qu'il suit.

» L'assemblée nationale charge son pré»sident de se retirer devers le roi, pour «lur mettre les extraits des procès-ver» baux des séances de l'assemblée nationale depuis le 26 décembre, et pour le prier

» de donner des ordres pour la prompte et »entiere exécution du décret du 27 novembre » dernier, envers les membres de l'assemblée » nationale, ecclésiastiques fonctionnaires pu»blics, qui n'ont pas prêté le serment pres» crit par ledit décret, sauf à ceux qui se»roient retenus hors de l'assemblée nationale » par maladie ou absence légitime, à faire » valoir leur excuse dans le délai de quin»zaine, en faifant ou en envoyant leur

» serment ».

Séance du 4 janvier.

Le curé de Péronne, déserteur de l'assemblée nationale, fut dénoncé par M. C. Lameth, comme prévenu d'avoir voulu exciter des troubles dans sa paroisse.

On s'écrioit du côté droit que c'étoient là des calomnies; on répondoit du côté gauche que c'étoient là des vérités.

M. l'abbé Maury prit la défense du curé de Péronne, et s'attacha à établir comme un principe certain, que l'assemblée nationale n'a aucune jurisdiction sur ses membres, si ce n'est dans la salle, encore n'est-ce qu'une jurisdiction de police, et purement correce tionnelle.

MIRABEAU. « L'affaire de Péronne, ne me paroît devoir faire une question que pour ceux qui rêvent encore, appellent encore, invoquent encore les bailliages, et oublient que nous n'avons d'autres commettans que la nation. (On applaudit ). Ils oublient que la volonté bien connue de la nation est d'être représentée, et que nous, ses organes, nous avons droit de veiller à ce que sa représentation soit complette. Pour exercer cette surveillance, il est certain que nous sommes armés d'une jurisdi&ion call.ctive. Ainsi de toute part les principes foudroient ces objections. Mais il est une motion d'ordre pour laquelle j'avois demandé la parole, et que je crois pressant de vous présenter. Des bruits appuyés par la déncaciation que vous a faite un des préopinans, des bruits que je ne rappellerai pas dans la crainte de faire plus de bruit que de bien, m'out suggéré une mesure instante que je vais yous proposer ».

» Dans cette conjoncture grave et pressante, où l'esprit où l'esprit inconstitutionnel de la majorité de nos prélats et d'un bon nombre de pafteurs inférieurs, vient de nécessiter la

vacance de tant de siéges et d'offices ecclésiastiques, je crois devoir appeler un instant l'attention de l'assemblée sur quelques considérations et quelques mesures qui m'ont paru mériter d'être pesées dans sa justice et dans sa

sagesse».

» Premièrement, il n'est aucun citoyen sage qui ne regardât une longue interruption du ministère religieux comme l'assoupissement d'un ressort très nécessaire au zele patriotique des peuples. Ce silence de la religion, il ne seroit que trop facile aux ennemis de la constitution et de la liberté, de l'indiquer comme le signal du moment à saisir, pour tourner la force publique contre la révolution. Vous verriez bientôt le fanatisme s'agiter en tout sens, pour présenter ce repos de notre institution évangélique, comme la mort du christianisme, comme la préparation du renversement des sanctuaires, comme l'odieux monument d'une constitution impie, qui acheveroit bientôt de détruire l'église et son sacerdoce ».

«Secondement, sans examiner plus en dé al cette situation des choses sous son aspect politique, vous serez touchés de la

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