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d'une manière plus fimple, & plus vraie, en difant: C'est l'adjonction d'un métal à un autre métal; ET EN FAIT DE MONNOIE, c'est l'adjonction d'un métal commun à un métal précieux ?

Je dois obferver qu'il s'eft gliffé dans ces notions fuccintes, page 2, fecond alinéa, une faute typographique qui pourroit induire en erreur; on y lit: L'or à 23 Karats 16 trentedeuxièmes, au lieu de 22 Karats 16 trentedeuxièmes: ce qui cauferoit une erreur trèsgrave.

Peut-être eft-ce encore par une erreur typographique, bien que cela foit moins vraifemblable, qu'au fixème alinéa de la même page, on trouve que l'argent à 10 deniers 21 grains de fin, contient un douzième d'alliage, plus trois vingt-quatrièmes de deniers de fin. Effacez les mots de fin, fi vous ne voulez pas tomber dans une erreur groffière; car ce n'eft point un douzième et 3 vingt-quatrièmes de denier de fin, mais un denier & trois vingtquatrièmes de denier d'alliage, ou de cuivre,

que contient l'argent à 10 deniers 21 grains.

On pourroit faire beaucoup d'autres obfervations fur ces notions fuccintes; mais il vaut mieux jetter un coup d'oeil rapide fur le rapport même.

Quand j'entends notre comité foutenir que c'eft l'inexécution des loix facrifiées à la cupidité, aux erreurs populaires, & l'inexactitude de quelques manipulateurs qui depuis plufieurs années ont plongé les monnoies dans le défordre; je n'ai pas befoin que l'on m'ap. P. 5. prenne que parmi les confultés il fe trouve des membres de la cour des monnoies. A ce feul mot, je reconnois l'auteur & les approbateurs de certaines remontrances de cette cour où régnoit tout le fiel de la haine, & toute l'ignorance du plus inutile & du plus dangereux des tribunaux d'attribution. L'alfemblée nationale l'a anéanti, & voilà un grand pas pour l'amélioration du régime monétaire ; car c'eft véritablement à la création de ce ti

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bunal qu'il faut attribuer une partie des défordres qui s'y font introduits.

Le comité parle avec regret de l'inexécu tion des loix monétaires; mais les connoit-il ces loix? Et s'il les connoit, comment n'en a-t-il pas apprécié tous les vices?

Il parle de l'inexactitude de quelques manipulateurs: admettons l'existence de cette inexactitude; c'eft un mal accidentel qui tient à l'imbécillité de nos loix; mais quand on parle de l'inexactitude depuis quelques années, je ne vois dans cette affertion qu'une inique malignité, & je dis: on a trompé votre comité. J'ai & j'offre de produire la preuve que la maffe de nos nouvelles espèces d'or, eft au titre commun de 21 Karats 20 trente-deuxièmes forts. Efpérons que ces calomnies feront les derniers soupirs de l'agonifante cour des monnoies.

La partie monétaire, dit votre comité, fe divife naturellement en deux branches, Pune politique, l'autre méchanique; mais il oublie

que l'administration monétaire eft chargée de la confervation des loix. Lorsqu'il s'agit de déterminer 1 étendue des travaux politiques de cette administration, il ne lui donne d'autres fonctions que de preferire les principes fons les loix rigourenfes dit calen!. Quoi! rien que des calculs! Je l'ai dit dans ma réponse à M. Solignac, & je le répète ici; il m'eft impoffible de faire defcendre mes idées au niveau d'une politique aufli mefquine.

L'adminiftrateur des monnoies peut fans doute & doit connoître ces calculs rigoureux; mais ils compofent la partie la moins importante des connoiffances d'un monétaire véritable. L'arithméticien le plus vulgaire peut devenir en un demi-quart d'heure profeffeur en chiffres monétaires.

Le comité ne parle pas même de la fcience des monnoies; il s'eft borné à divifer fon travail en plufieurs queftions qu'il confidère comme devant fervir de bafes & de principes;

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pour moi je n'y vois que des queftions fubfidiaires.

La première roule fur la qualité intrinfeque des métaux qu'il convient d'employer dans les monnoies. Queftion prématurée; on ne peut faire de monnoies fans fabricateur; le fabricateur eft lui-même aftreint à des loix constitutionnelles; il faut des confervateurs de ces loix; les loix doivent être fondées fur des principes premiers; ainfi avant de parler du degré de pureté du métal des monnoies, il falloit établir les principes fondamentaux & constitutionnels du fyftême monétaire; il falloit en fecond lieu ordonner l'adminiftration, & c'étoit enfuite, & feulement en réglant la partie fabricative, que l'on auroit dû parler de la qualité intrinfèque de la monnoie.

Le comité propofe d'admettre l'or, l'argent & le cuivre pour monnoie. Cela feul prouve qu'il n'a pas réfléchi un inftant fur la doctrine monétaire, ou qu'il eft dans les langes d'une très - pufillanime timidité. Je

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