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moins le tarif du titre & du poids de toutes les monnoies courantes, imprimé à Leipack en 1786.

Au refte ces mots (1): Je n'ai pas pu me procurer de renfeignemens exalls je li fabrication des monnoies refpeclives de de ou de ulte fouveraineté, font toujours ridicules dans la bouche d'un monétaire qui avec des monoics des principaux pays, chofe extrémne mut facile à raffembler, n'a qu'à les pefer, & les faire effayer, pour être fûr de trouver les proportions, & fubfequemment le par réeľ du change des efpeces, qui n'eft fondé que fur cette bafe combin'e avec le prix des métaux dans les différens marchés.

Je finirai en obfervant que M. Solignac, qui nous a dit (2) qu'il n'avoit pas l'idée d'une refonte générale, qu'il falloit bien se garder d'y préter l'oreille, ni feulement d'y penfer, fe repent, change de langage avant la fin de fa brochure, & nous affure (3) qu'il faut faire une refonte, fans paroître dans ce moment faire de refonte; & enfuite que nous commencerons

(1) Pag. 23.

(2) Pag. 12, deuxieme & troificme alinéa. (3) Pag. 26, ligne derniere.

à effectuer, fans bruit & fans commotion, La REFONTE GÉNÉRALE de nos efpeces (1). Cette obfervation feroit affez futile, fi elle ne montroit qu'incohérence dans les idées de M. Solignac; mais il faut bien le prier d'expliquer comment l'Europe, qui probablement ne lira pas la brochure de M. Solignac, mais qui liroit un décret de l'affemblée nationale fur les monnoies, pourra douter de l'existence d'une refonte générale, fous quelque forme qu'elle foit ordonnée : il faut bien le prier d'expliquer comment s'effectuera, fans bruit & fans commotion, une opération par laquelle on vole au poffeffeur de louis & d'écus, 30 & 35 fols par louis, & 16 fols 7 den. 115 par marc d'écus. Pour moi, je crains, au contraire, qu'on ne crie très-haut aux voleurs, & qu'on ne faffe peut-être plus que de crier.

En voilà fans doute affez, plus peut-être qu'il n'en faut pour prouver l'abfurdicé du projet dont on a vanté des vues profondes Si en matiere de légiflation & d'adminif tration, on doit fe tenir en garde propofitions dont l'évidence n'eft

contre les

pas démon

(1) Pag. 27, troifieme alinéa.

trée on a finguliérement befoin de cette prudence en fait de monnoie car la doctrine monétaire eft de la plus grande fimplicité; & les projets, en ce genre, qui ne font pas affez clairs pour que tout bon efprit puiffe en être juge, ne doivent infpirer que de la méfiance. Qu'il me foit permis de parler ainfi au moment où je vais foumettre à l'affemblée un travail fur la théorie, le régime & la fabrication des monnoies.

Au reste, j'avertis que, dans ce que je propofe, il ne s'agit, du moins pour ce moment, ni de refonte générale, ni de fabrication particuliere, ni de proportion, ni de banque, ni d'agio. Il faut d'abord une CONSTITUTION MONÉTAIRE, il faut enfuite un RÉGIME MONÉTAIRE: ce n'eft qu'après ces bafes pofées, que l'on pourra traiter de fontes & de refontes, & conféquemment du titre & de la pefanteur des efpeces.

Mais comment pourrions-nous déjà parler de la pefanteur de nos efpeces, lorfque nous n'avons rien de déterminé fur les divifions de notre poids? Comment pourrions - nous parler du titre de nos efpeces, fi nous n'avɔns rien de ftatué fur les divifions de ce titre ? Conferverons-nous leurs divifions actuelles ?

Nous rapprocherons-nous plutôt de celles qui font le plus généralement adoptées? En préférerons-nous, au contraire, de nouvelles plus conformes à la fimplicité de la nature des chofes (1) Nous avons à promulguer des loix conftitutionnelles fur les poids & les mefures, & on nous propofe de ftatuer fur une matiere qui dépend de ces loix, tandis que ces loix n'existent pas !

MIRABEAU l'aîné, 4 novembre 1790.

(1) Notre livre pefe 16 onces; la livre ne pese que 14 onces en Italie; en Angleterre la livre de troy n'eft que de 12 onces; à la Chine la divifion eft décimale. Notre livre pefera-t-elle à l'avenir 16, 14, 12 ou 10 onces? Voilà ce qu'il faut favoir avant de pouvoir combiner la fabrication des écus avec celle des louis.

Sera-t-il néceffaire que le titre de l'or fe calcule par karats ou par onces? qu'il y ait 24, 12 ou ro karats ou onces dans le marc ou dans la livre? l'argent aura-t-il une autre divifion de titre que l'or? Voilà encore ce qu'il faut favoir avant de faire une loi dans laquelle il eft impoffible qu'il ne foit pas queftion de titre & de poids.

P. S. Pendant que l'on imprime ces obfervations, il me tombe dans les mains un mémoire fur une refonte générale des efpeces d'or & d'argent, propofé à la fection de Bondi, protégé par cette fection, & par elle envoyé aux 47 autres fections, pour les engager à y adhérer & à multiplier leurs démarches auprès du comité des monnoies de l'affemblée nationale.

Cet ouvrage pourroit féduire, & par fa rédaction, qui n'eft pas comme celle de M. Solignac, dépourvue de toute méthode & de tout efprit, & parce que l'état de l'auteur, qui ne fe nomme pas, mais qui n'en eft pas moins connu, peut le faire fuppofer inftruit, bien qu'il ne foit au fond qu'un fervent alchymifte, un chymifte médiocre, & un ignorant monétaire.

Je me contenterai de lui dire aujourd'hui, qu'il est bien étonnant que ne pouvant pas ignorer combien l'on a pris de peine pour découvrir, en 1788, le véritable titre des anciens louis, il ofe avancer (page 3) que ces louis étoient à 21 karats 22132o, tandis qu'il eft démontré qu'ils étoient à 21 karats 17132.

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