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Post-Scriptum, ou Observations sur une brochure. apologétique de M. Solignac.

CEST au moment que la question sur les mon

noies est ajournée, que je reçois la réponse de M. Solignac aux observations que j'ai faites il y a un mois, relativement à sa brochure sur l'essai de la proportion de l'or à l'argent, que l'on nous ventoit comme un chef-d'œuvre monétaire.

N'otons encore une fois et pour la dernière les infidélités et les erreurs de l'irascible M. Solignac. Il a divisé son nouvel œuvre en cinq chapitres; chapitres des assertions. Chapitre des contradictions. Chapitre des fausses conséquences, chapitre des suppositions fausses. Chapitre des atrocités. Heureusement tous ces chapitres là composent 14 pages; et comme rien n'est prouvé dans ces 14 pages, on auroit pu les réduire à quatorze lignes, c'est-à-dire, à ce qu'exigeoit l'erreur (1) de cal

(1) Je pourrois dire comment cette erreur a été faite sur les épreuves mêmes de mon pamphlet: mais qu'im porte au public?

cul qu'il a justement relevé, erreur d'un petit écu qui ne change rien à la conséquence théorique de ma déduction; mais, erreur d'autant plus P. 14 inexcusable, que je pouvois me dispenser d'un calcul qui n'avoit pas un rapport direct à la question; de même que je me suis abstenu de suivre M. Solignac dans ses doctes raisonnemens sur le change, parce qu'il ne s'agit pas de change dans un débat sur le régime monétaire.

En général, la réponse dont il s'agit, roule sur la proportion entre l'or et l'argent, tandis que c'est une question au moins oiseuse quant à présent; aussi n'en parlerai-je pas plus que dans mes premières observations, quoique M. Solignac soutienne que c'est le point en discussion entre nous. Mais parcourons sa foudroyante brochure.

Chapitre, Assertions fausses M. Solignac soutient d'abord qu'il est faux que la refonte de 1726 ait été purement fiscale, et il ne donne aucune preuve de son assertion. Rien de plus commode; mais je réclame pour preuve du contraire tout ce qui a accompagné et suivi l'édit de janvier 1726, et dont M. Solignac n'a pas même parlé. Voilà comment il démontre la fausseté d'une assertion!

Seconde assertion prétendue fausse. J'ai relevé

l'erreur de M. Solignac, qui avoit dit que la déclaration du 30 octobre 1785 avoit ordonné de fabriquer les nouveaux louis au titre de 21 Karats et j'ai dit que cette ordonnance portoit que les nouveaux louis seroient fabriqués au même titre que les anciens. M. Solignac est obligé d'avouer mon exactitude littérale; mais il se replie d'une manière bien étrange, et il dit : le titre des anciens louis est fixé par l'édit de 1726, à 22 Karats au remède de, et la déclaration ne parle pas de l'arrêt du conseil, du 12 février 1726; d'où il suit que les louis doivent être à 21 Karats. Je demande à M. Solignac si la déclaration de 1785, en disant, comme il l'avoue, que les nouveaux louis seront fabriqués au même titre que les anciens, n'a pas nécessairement entendu comprendre dans son systême toutes les loix qui ont déterminé le titre des anciens louis. Pour se soustraire à la force de cette objection, M. Solignac dit que l'arrêt du conseil, du 12 février 1726, étoit sans doute une loi secrète de la comptabilité, puisqu'elle n'a pas été imprimée. Quoi! M, Solignac veut parler monnoie, et il ne connoit pas une de nos loix familière à tous les monétaires! une loi citée nombre de fois

par

M.

Desrotours, son fidèle inspirateur! une loi citée

par un auteur très-estimé, M. Dupré de SaintMaur! une loi enregistrée, d'après laquelle on a fabriqué pendant 60 ars! Quoi! c'est M. Macé de Richebourg qui servira d'autorité à M. So lignac préférablement à une loi existante! Mais M. Macé pouvoit-il lui-même ignorer l'existence de cette loi? Indépendamment de ce qu'il devoit connoître l'ouvrage de M. Dupré de Saint-Maur qui l'a cité, en 1763, époque où M. Macé a fait ses calculs, il y avoit 37 ans que cette loi étoit en vigueur. Voilà un autre échantillon de la science et des démonstrations de M. Solignac! 1 Page 3. Troisième assertion prétendue fausse. Ici le faux appartient tout entier à M.Solignac.Il fait un calcul pour prouver que nos louis actuels doivent être à 21 Karats, et il dit: par conséquent nos louis actuels sont ou doivent être, comme je l'ai die à 21 Karats.

J'observe, en passant, qu'il y a ici inexactitude; car M. Solignac a'a pas dit que les louis actuels devoient être, mais qu'ils étoient à ar Karats.

Geci n'est peut être qu'une incorrection de style; mais ce qui suit n'en est pas une; or, c'est en altérant mon texe, que M. Solignac conclut qu'il est faux que la masse des louis frappés en vertu

de

de la déclaration de 1785 soit, comme je l'ai avancé, à 1 Karats.

Voici littéralement ce que j'ai dit : « Puisqu'il est vrai, et J'EN AI LA PREUVE SOUS LES >> YEUX, que la masse des louis frappés en 1785, » est à 21 karats». Pourquoi omettre ces mots, ET J'EN AI LA PREUVE SOUS LES YEUX? Cette preuve existe dans le procès-verbal le plus authentique de 236 expériences faites très-récemment, en vertu d'un arrêt du conseil, par les plus habiles manipulateurs d'essai, même de l'académie des sciences, en présence de neuf commissaires, magistrats de trois compagnies souveraines; par ce procès-verbal il est constaté que la masse des nouveaux louis est à 21 karats; et voilà la base que j'ai dû respecter: donc mes raisonnemens fondés sur cette base, ne sont pas faux; donc ils sont faux, les raisonnemens et les calculs de M. Solignac, qu'il a fondés sur une base qui n'est pas la véritable.

Quatrième assertion prétendue fausse. C'est encore en citant la méthode erronée de M. Macé, que M. Solignac prétend avoir eu raison de dire que le commerce et l'étranger calculent le remède de poids pour l'or, à raison de neuf grains, et pour l'argent à raison de seize. J'ai soutenu qu'il étoit faux que L'ÉTRANGER fît usage de

Tome V

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