.

Séance du 12 décembre:

Cette séance fut employée à l'audition du rapport du comité des monnoies, par M. de Cussi.

Ce rapporteur posa les trois questions suivantes auxquelles il répondit lui-même.

Première question. Est-il nécessaire de faire une nouvelle fabrication de monnoie basse, et à quelle somme doit-on la porter?

Réponse. Une nouvelle fabrication de monnoie besse sera extrêmement avantageuse. Elle peut se porter à 25 millions.

Deuxième question. De quel métal sera cette monnoie; d'argent, de billon et de cuivre rouge?

Réponse. Elle doit être partie en petites pièces d'argent, partie en métal composé.

Troisième question. Adoptera-t-on les divisions

décimales? Oui.

Mirabeau combattit en peu de mots l'opinion de M. le rapporteur, mais il sentit que ce qu'il avoit dit à la tribune, ne suffisoit pas pour éclairer tous les esprits; en conséquence, il fit distribuer à tous ses collègues, le travail .qui trouve ici sa place.

OBSERVATIONS

PRELIMINAIRES,

Sur le premier rapport du comité des monnoies (1).

Le

comité des monnoies de l'assemblée nationale vient de publier un premier rapport & il en annonce un fecond.

Si fon travail repofe fur des bafes fauffes, fur de mauvais calcuis, fur des notions inexactes & incomplètes, il importe de mettre en garde l'assemblée contre les erreurs qu'il contient, & fur-tout de lui offrir un antic Ouvrage,

(1) N. B. On a placé en notes, à la suite de cet ouvrage, ce qui doit servir de preuve, donner plus de développement, ou exiger plus d'attention.

Triompher dans une controverfe doit être d'un bien petit intérêt pour un représentant de la nation, fi l'amour propre trouve feul fon compte à ce fuccès, et qu'il n'en résulte pas une bonne loi.

J'ai cru devoir publier mon travail fur les monnoies, & le faire précéder d'un petit nombre d'obfervations fur le premier rapport.

Се que le comité a dédaigné, je l'ai foigneufement recherché moi, je veux dire, les fecours et la cenfure des hommes de l'art.

Parmi les coopérateurs que le comité des monnoies a confultés, je m'étonne de ne point trouver ceux d'entre les anciens directeurs des monnoies que la voix publique place audeffus de tout foupçon, ou des hommes connus pour être profondément verfés dans la fcience monétaire: M. Duperron père, par exemple, & son fils, que n'ont jamais oublié de confuiter nos administrateurs des finances. dans les circonftances délicates, & qu'ils fe

font toujours repentis de n'avoir point écou tés; M. Beyerlé qui a répandu fur la refonte de 1785, de vives lumières, & qui dans un effai fur les monnoies, dont il a fait hommage à l'affemblée, a non-feulement développé une grande profondeur de doctrine, mais démontré l'abfurdité des ces obfervations de M, des Rotours, fur la déclaration du 30 octobre 1785, , que le comité des monnoies rajeunit en ce moment avec beaucoup d'éloges.

Je ne comprends pas davantage pourquoi MM. du comité ont exceffivement loué M. de Solignac fans le défendre contre moi, qui n'ai voulu avoir raifon contre ce prétendu monétaire qu'avec & felon barême, & qui, à l'aide d'un fi fidèle auxiliaire, ai démontré que les fublimes conceptions de cet adepte auquel le comité accorde à un degré éminent, la fcience abftraite & difficile des changes & des calculs monétaires, fe réduifoient à VOLER 30 ou 35 fols par louis dans la p che des propriétaires de louis; à faire faire sanque

route à la nation, sans qu'elle y gagne en aucun fens, puifque cette opération diminueroit en même-tems le numéraire d'or du royaume d'un feizième & plus; qu'enfin, & - toujours préfumer en un mot, les fameufes connoiffances manifeftées, quant à préfent, par M. Solignac, confiftent dans cette précicufe découverte que nous pouvons tellement faire la loi à l'Elpagne & au Portugal, ces riches propriétaires de mines, qu'ils vont être contraints, graces apparemment à fon pamphlet, de baiffer le prix de l'or de 47 1. & plus par març. Encore une fois, je ne comprends pas le filence de MM. du comité, fur ma controverfe avec ce M. Solignac qu'ils vantent extatiquement; mais j'espère qu'ils ne dédaigneront pas de défendre du meins leur propre fyftême contre un de leurs collègues, & que de nos diffentimens naîtra la vérité.

J'attendois, & l'affemblée avoit droit d'attendre du comité un travail conftitutionnel,