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recommander à nos sociétaires de prendre part à ces assises régionales des sciences historiques, présidées par notre érudit confrère, M. le comte de Marsy, assisté de notabilités renommées par leurs lumières, leurs travaux et leur indépendance. On sait que le congrès de la Société Française d'Archéologie se réunit chaque année dans une contrée nouvelle. Il a visité de longue date une grande partie de la France et poussé quelques fois ses excursions jusque dans les pays voisins. Composé d'hommes du monde et d'hommes de science, très accueillant aux dames, il fait assister ses adhérents à des leçons de faits et de choses qui les charment en les instruisant.

<< Nos relations, dit encore M. Seré-Depoin, s'étendent au delà des frontières de France. Nous avons des associés correspondants en Suisse, en Suède et en Belgique, nous échangeons depuis quelque temps nos Mémoires, contre les Analecta Bollandiana de la Société des Bollandistes de Bruxelles.

» L'an dernier plusieurs des membres de notre Société ont pris part au Congrès de Gand, et, cette année, nous sommes conviés au Congrès archéologique d'Enghien (Hainaut). Cette dernière excursion offre à notre Société un attràit particulier en nous permettant de visiter une antique cité belge qu'on peut appeler « L'ancêtre », par rapport à la ville française d'Enghien (Enghien-MontmorencyEmile), qui relève de notre domaine historique ». M. le Président annonce qu'il s'est fait inscrire au Congrès d'Enghien, où il compte présenter une étude ayant pour titre : L'Enghien belge et l'Enghien français.

M. Seré-Depoin ne saurait terminer sa communication sur les relations extérieures de notre Société sans rappeler la part que nous prenons tous les ans aux Congrès de la Sorbonne. Il signalera sommairement la participation de plusieurs membres au Congrès de cette année (1898).

I. Section d'histoire et de philologie.

M. J. Depoin: Les comtes de Meulan et les vicomtes de Mantes aux xIe et XIIe siècles.

M. l'abbé Muller: Sur « une charité » à Saint-Leu-d'Esserent. M. l'abbé Morel, de la Société de Compiègne et de Pontoise: Le mouvement communal au XIe siècle dans le Beauvaisis et aux environs.

M. le président Sorel, de la Société de Compiègne et de Pontoise: La ville de Compiègne sous le Gouvernement révolutionnaire (14 frimaire an II).

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M. Plancouard: Monographie de l'église romane d'Artie-enVexin.

III. Section de géographie historique et descriptive.

M. Plancouard: Les cartes anciennes et modernes de Bercksur-Mer et du Marquenterre.

Il est question de réunir l'an prochain à Toulouse, dans la semaine de Pâques, le Congrès des Sociétés savantes de France qui se tenait annuellement jusqu'ici à la Sorbonne. C'est une innovation, un essai de décentralisation dont le temps et les événements permettront d'apprécier le mérite.

M. le Président, se bornant pour le moment à l'esquisse qui précède de nos mouvements extérieurs, s'empresse de donner la parole à nos dévoués collègues chargés d'exposer devant l'Assemblée la situation de notre domaine intérieur et l'état de nos travaux particuliers.

(En l'absence de M. J. Depoin, secrétaire général, qui n'a pu, à son grand regret, assister à l'Assemblée, M. le Président prie M. Mallet, secrétaire particulier des séances, de donner lecture du discours de notre confrère).

« MESDAMES, MESSIEURS,

» Mon premier mot doit être l'expression d'un remercîment. L'an dernier, je n'ai pu, suivant nos traditions habituelles, vous exposer la marche de notre Société. Une délégation reçue pour le Congrès de la Presse m'avait entraîné aux pays scandinaves. Vous n'avez eu qu'à vous en féliciter puisque cette circonstance a permis à notre dévoué secrétaire rédacteur de vous tenir ce sympathique langage auquel vous avez tous applaudi. Je dois remercier mon excellent ami M. Mallet d'avoir bien voulu me suppléer en cette occurrence; la manière dont il s'est acquitté de cette tâche improvisée vous fera désirer qu'il ait de nouvelles occasions de la remplir. » Il me faut maintenant rendre un dernier hommage à ceux que la mort nous a enlevés depuis la dernière assemblée générale. En tête de cette liste funèbre, le nom vénéré de Léon Gautier l'une des gloires de la science historique nous rappelle l'œuvre si belle et si noblement inspirée de notre éminent associé correspondant. Léon Gautier incarna, dans son long enseignement à l'École des Chartes et dans tous ses écrits, dont plusieurs resteront comme des monuments de l'histoire nationale cette conception

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loyale et généreuse de l'érudition, qui ne lui permet pas de s'abaisser à devenir jamais une arme de politique ou de secte. L'épopée grandiose de la chevalerie convenait à un tel narrateur.

» A côté de M. Paul Béjot et de M. Pfahler-Millet, deux de nos adhérents des premiers jours, nous avons vu disparaître M. Jouin, admis dans le courant même de cet exercice, et dont les aptitudes

et les goûts auraient fait un jour un de nos précieux collaborateurs; M. Muzard, adjoint au maire de Montmorency, et M. Ernest Masson, maire de Livry, que nous avons aussi perdus, s'étaient acquis d'autres droits à notre gratitude grâce au concours empressé que notre Compagnie trouva près d'eux lorsqu'elle voulut visiter les villes où ils exerçaient des fonctions municipales. Beaucoup d'entre nous ont gardé le plus affectueux souvenir du charmant et bon M. Masson, dont le nom fut toujours synonyme de cordialité affable et d'accueillante aménité.

» A ces six vides si nous joignons six démissions, nous aurons le regret de constater une diminution de douze sociétaires. Grâce au ciel et au succès croissant de nos excursions elle est amplement compensée. Au lieu de quinze admissions prononcées dans l'exercice précédent, c'est vingt-six nouveaux sociétaires qui sont venus se faire inscrire dans nos rangs. Espérons que la progression

restera constante.

>> Le Conseil vous propose d'ajouter à cet effectif comme associécorrespondant, M. Barbier-Bouvet, commis principal aux Archives de Versailles, en remplacement de M. Adrien Maquet que la mort a enlevé l'an passé à l'archéologie locale.

» Je viens de parler de nos excursions. Le compte rendu de celle de la Roche-Guyon ouvre le tome XX de nos Mémoires que nous vous distribuons aujourd'hui. Il était difficile de rêver une promenade plus agréable, plus instructive, plus attrayante à toute espèce de points de vue. Aussi nous avait-elle valu une affluence telle que nos premières combinaisons durent être modifiées au dernier moment. Le talent d'administrateur bien connu de notre Président un hommage solennel l'a récemment rappelé et sa manière toute spéciale de concevoir les moyens d'équilibrer le budget d'une excursion ont eu raison de toutes les difficultés que l'encombrement de nos cadres avait fait surgir, et ne nous ont pas fait regretter loin de là – le trop de succès de notre appel.

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>> Dans ce nouveau volume, dont j'ai commencé à vous dire un mot, vous retrouverez le texte de deux communications qui nous intéressèrent au plus haut point, bien qu'à des titres fort divers : la savante étude de M. Jules Lair sur les Normands dans l'Ile d'Oscelle et la touchante aventure de la Dame des Tourailles l'histoire précise et documentée en face de la légende pittoresque; - l'œuvre patiente du chartiste vis-à-vis de la fantaisie du chansonnier de geste; le bénédictin à côté du trouvère. Telle est la piquante opposition que vous retrouverez avec satisfaction dans notre recueil, bien qu'il ne puisse rendre - hélas! — ni l'attrait de la causerie de M. Jules Lair qui sait donner un sourire aux chroniques les plus sévères, ni la grâce de l'artiste de la Comédie

-

Française qui a si brillamment mis en valeur, par sa diction, la poésie de Le Vavasseur.

» M. Ch. Tranchant, ancien conseiller d'État, qui a, comme M. Jules Lair, présidé la Société de l'Histoire de Paris, nous a donné une biographie de Mgr Cottret, évêque de Beauvais. Puis le Vexin avec les Châteaux d'Artie de M. Plancouard et l'Inventaire d'Avernes de M. Louis Régnier, prend encore une part considérable du nouveau volume. La portion du Parisis sur laquelle nous rayonnons n'est pourtant pas oubliée : un compte rendu de la remarquable Histoire de Livry qu'a publié notre érudit confrère M. l'abbé Genty, témoigne que nous n'avons garde de la négliger.

» Des illustrations vues de l'excursion de la Roche-Guyon, offertes par notre Président, dessins du château d'Artie exécutés par M. Ch. Fichot, accompagnent notre XX® tome, ainsi qu'un important tableau généalogique dressé par M. Plancouard, des familles de Bouconvillier, Artie et Maudétour au XIe siècle.

» Vous avez reçu, Messieurs, dans le courant de l'année, une brochure extraite du Bulletin de la Commission des Antiquités et des Arts sur le monastère d'Argenteuil. C'est en fait une édition nouvelle, car elle est augmentée d'une planche qui donne, pour la première fois, une reproduction rigoureusement fidèle du célèbre autographe d'Héloïse inscrit sur le rouleau de Savigny. La phototypie exécutée sur un cliché de M. Edgar Mareuse — notre toujours obligeant confrère - a en effet une toute autre exactitude que la gravure de chic publiée jadis par la Société des Antiquaires de Normandie, et dont un fragment a reparu dans le Musée des Archives nationales.

» L'étude littéraire et graphologique sur l'autographe d'Héloïse est accompagnée d'un texte inédit, le Nécrologe de l'abbaye d'Argenteuil. Ce calendrier funèbre est le résultat de la combinaison opérée au moment de l'expulsion d'Héloïse et de la remise de l'abbaye aux mains de Suger, des anciennes mentions spéciales à ce couvent de femmes et de celles contenues dans l'obituaire primitif de Saint-Denys, aujourd'hui perdu.

» A ce titre il est extrêmement précieux. On y trouve une série de dates jusqu'ici non précisées. Ainsi, dans le grand travail de Pfister l'un des maîtres de l'érudition moderne sur le règne du fils d'Hugues Capet, Robert le Pieux, règne dont les moindres détails sont minutieusement datés, l'auteur a laissé dans l'imprécision (vers le mois de septembre) la date de la mort de Hugues II, fils aîné de Robert, associé au trône par son père. Le Nécrologe d'Argenteuil permet de la fixer au 28 août 1025 et constate en même temps que ce Hugues le Jeune fut bien considéré comme roi : « Obiit Hugo juvenis, rex ». Pour un certain nombre d'autres

princes et princesses, de la famille des Carolingiens ou des Capétiens, on trouve dans ce nécrologe la mention précise du jour de leur mort dont l'année seule était connue.

» Chaque Mémorial annuel de la Société contient un dessin, dont la suite forme une collection maintenant intéressante. Ce sont des vues - dont plusieurs inédites du pont de Pontoise aux diverses périodes de son existence. Une artiste pontoisienne, Madame Dupont, a bien voulu nous offrir la planche lithographique d'après laquelle le dernier Mémorial est illustré.

>> Je ne vous ai rien dit encore des Documents en préparation que nous vous réservons cette année? Bonum est secretum regis abscondere, disaient nos pères. C'est peut-être encore vrai sous la République des lettres. Il ne faut pas trop se hâter de faire des annonces : nous avons appris à être prudents. Je me permettrai de vous rappeler que nous avons sur la planche je préfèrerais dire sur le marbre — l'Introduction au Livre des Métiers de Gisors, par M. Louis Passy (dont le texte est composé et tiré depuis quelques années); - l'Introduction aux Registres de la Municipalité de Pontoise, par M. Mallet, qui résumera le premier fascicule de cette importante publication (règnes de Henri IV et Louis XIII); — le travail de M. le chanoine Müller sur Saint-Leu-d'Esserent (description et cartulaire); - les Excursions archéologiques, de M. Louis Régnier; la Collégiale de Mantes, dont M. Eugène LefèvrePontalis fera le digne pendant à sa Monographie de Saint-Maclou ;

sans parler des Appendices et de la Table du Cartulaire de SaintMartin, et peut-être d'autres publications imprévues. Quel sera le premier-né de cette future lignée? Bien fin qui le dirait. Mais le passé est là pour garant de l'avenir, et la meilleure preuve de la satisfaction de nos souscripteurs est la propagande active qu'ils font pour notre recrutement, et qui leur vaut chaque jour de nouveaux titres à notre reconnaissance.

» En terminant, Mesdames et Messieurs, je vous demanderai de vous associer à nous pour remercier le Ministère de l'Instruction publique et le Comité des Travaux historiques, qui ont renouvelé cette année, à l'occasion de la publication du Cartulaire de SaintMartin, la subvention de cinq cents francs déjà une première fois attribuée à notre Société au sujet du Cartulaire de Maubuisson, et pour dire également au Conseil général de Seine-et-Oise notre gratitude pour le maintien du subside inscrit en notre faveur à son budget. Nous n'oublions pas que nous devons la première attribution de ce subside annuel aux démarches du président de notre Comité de publication qui, depuis longtemps déjà, représente le canton de Pontoise à l'Assemblée départementale, et en qui je suis heureux de saluer aujourd'hui le député du pays ». (Applaudissements).

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