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Afilientis aqua, timidafque recondere plantas.
Fecit olorinis Ledam recubare fub alis.
Fecit & Afteriem aquila luctante teneri.
Addidit ut Satyri cælatus imagine pulchrum,
Jupiter implerit gemino niceïda fatu,
Aureus ut Danaem fopida luferit ignis,
Mnemofynem Paftor, varius Deoida ferpens.

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Arachné, d'autre part, peint Europe enlevée Du Taureau, de la mer, l'image eft achevée. Europe, au sein des flots qui cateffent ses pieds, S'écrie, & jette au loin des regards effrayés. Cygne, un Dien voit Léda se pâmer fous fon aile; Aigle, il dompte Aftérie à fes défirs rebelle; Satyre, d'Antiope il couronne l'amour; Amphion & Zethus vont lui devoir le jour. Or avec Danaë, feu pur avec Egine,

Il fe gliffe en Serpent aux pieds de Proferpine.

Nous cirerons encore un Difcours de Progné à Philomèle; on y remarque tout le feu & tout le mouvement de l'éloquence poétique & théatrale.

Ut fenfit tetigiffe domum Philomela nefandam,
Horruit infelix, totoque expalluit ore.
Nafta locum Progne facrorum pignora demit.
Oraque develat miferæ pudibunda fororis,
Amplexumque petit. Sed non attollere contrà
Suftinet hac oculos, pellex fibi vifa fororis.

Dejectoque in humum vultu jurare volenti, Teftarique Deos, per vim fibi dedecus illud, Illatum: : pro voce manus fuit, ardet & iram Non capet is a fuam Progne, pletumque fororis, Corripiens: non eft lacrymis hoc, inquit, agendum, Sed ferro; feu, fi quid habes, quod vincere ferrum Poffit; in omne nefas ego me, germana, paravi. Aut ego cum facibus regalia tefta cremabo, Artificem mediis immittam terrea flammis, Aut linguam, aut oculos & qua leps membra pudorem,

Abftulerunt, ferro rapiam ; aut per vulnera mille, Sontem animam expeilam. Magnum eft quodcumque.

paravi,

Quid fit adhuc dubito.

(DU PALAIS. Y

A peine Philomèle en a touché le feuil,
Elle héfire, frémit; mais par un tendre accueil,
Progué calme les fens, & des treffes de lierre
Débarraffant fon front, l'embraffe la première.
Elle baille les yeux de honte & de douleur ;
Elle fuit, malgré foi, coupable envers fa fœur:
Elle veut le jurer ; & fa main qui l'attefte,
Au défaut de fa voix, l'exprime par fon gefte.
Philomèle pleuroit: Progné blâme fes pleurs.
Le dépit, la pitié railument fes fureurs.

Non, non; c'eft par du fang, c'est par du fer, dit

elle,

Puifqu'il manque à nos mains unc arme plus cruelle,

Que tu dois te venger du Tyran que je hais.
Je veux, pour le punir, furpaffer fes forfaits.
Je veux, la torche en main, lui fervir de Furie,
Dans fon palais en feu confumer cet impie,
Arracher à ce tigre & la langue & les yeux,
Etouffer dans fon fang fon amour odieux,

Le verfer goutte à goutte, & de fon cœur coupable
Chaffer par mille morts fon ame abominable.
Enfin j'ignore encor, ma fœur, ce que je veux;
Mais je fais qué Progné ne veut rien que d'affreux.

Les Notes méritent une attention particulière. Ce ne font pas des citations fcholaftiques, ce font des remarques de goût, des recherches piquantes, des difcuffions & des explications dont les Maîtres & les Ecoliers peuvent tirer un grand profit. Elles doivent fur-tout plaire aux gens du Monde : par exemple, l'Auteur, en fe moquant de Benferade, trouve l'art de cirer tour ce qu'il a de plus curieux. Il a évité les inutilités & les hors d'oeuvres fi communs & fi fatigans dans les Ecrits de ce genre.

N. B. Le premier Tome de cette Traduction, contenant les I, II & III. Livres, fe trouvent chez Valeyre, rue de la VieilleBouclerie. Prix, 3 liv. 12 f. Les IV, V & VIe. Livres, formant le deuxième Tome, fe vendent au même prix chez Moutard.

SPECTACLES.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

LE Mardi 22 de ce mois, on a donné à ce Théatre la première repréfentation de Démophon, Tragédie de M. Dériaux, mufique de feu Vogel.

M. Marmontel, en traitant ce même fujet, dont nous avons rendu compte dans le temps, a fuivi le plan de Métaftafe en confervant la double intrigue; il s'en eft écarté en fupprimant l'incident par lequel Timante fe croit coupable d'incefte. Il a cru que cette fituation, pour faire tout fon effet, demandoit à être développée, & qu'alors elle feroic devenue dans fon Drame une feconde action. M. Dériaux a penfé différemment; il a formé fon troifième Acte de l'imbroglio des reconnoiffances; Timante, dans cette fièce, après avoir reçu fon pardon pour avoir manqué aux Loix du Royaume, éprouve de nouvelles fouffrances en fe croyant l'époux de fa four. Du refte, la double intrigue eft fupprimée. C'est au Public à juger laquelle des deux marches eft la plus naturelle, la plus conforme aux règles dramatiques, la plus fufceptible d'effet.

Nous n'étendrons pas plus loin l'analyfe de ce fujet aflez connu. Nous remarquerons feulement qu'il paroît que M. Dériaux ne l'a pas cru toujours fuffifant pour remplir fes fcènes, puifqu'il s'eft jeté de temps en temps dans des lienz communs de morale, comme dans ce chœur du fecond Ace.

Quel eft donc le pouvoir qui gouverne les hommes,
Et quel eft notre fort fur la terre où nous fommes?
Fantômes paffagers, fortis pour un instant
Des gouffres du néant,

Quels glaives font encor fufpendus fur nos têtes,
Et quand peut-on se dire à l'abri des tempêtes ?
Voyez cette beauté dont l'afpect gracieux

Attircit tous les yeux,

Qui faifoit envier fon bonheur & fes charmes,
Soudain ne préfenter qu'un trifte objet de larmes ;
Pour le bandeau mortel détacher fes atours
Et mourir innocente au printemps de ses jours.
Plus on quitte, en mourant, de biens, de jouiffances,
Plus le coup qui nous perd eft fenfible à nos cœurs ;
Mais la mort qui détruit toutes nos espérances,
Détruit auffi tous nos malheurs.

Nous croyons que la mafique n'a rien à faire avec ces maximes philofophiques, & que dans le Drame lyrique, tout doit être en action, tout doit être paffionné.

Les deux reconnoiffances de Métaftale, qu'il étoit di fi difficile d'expliquer fur notre Théatre d'une manière claire, font ce qui avoit toujours éloigné nos Poëtes de ce fajet. M. Dériaux les a préfentées affez rapidement. Narbal, prétendu père de Dircée, a reçu de la feue Reine une lettre à l'inftant de fa mort, & c'eft lui qui découvre que cette Princefle eft fille du Roi.

Votre mère, en mourant, me remit cette lettre,
En me faifant jurer de ne jamais l'ouvrir,
A moins que le Deftin, qui peut tout fe permettre,
N'exposât Dircée à périr.

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