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qu'il jugeoit plus convenable aux circons

tances.

Il commença par réfuter celui d'une contribution d'un quart des revenus, qu'il pensoit impossible dans les circonstacces actuelles..... Une Nation ne fait rien sans la confiance, et cette confiance n'est point encore retablie.

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Que feront nos Commettans, continuat-il, lorsque, sans prejudicier aux autres impositions, qui seront même augmentées, nous leur demanderons encore le quart de leurs revenus? Le Peuple, qui ne calcule pas, qui espère au contraire une diminution dans les impots ordinaires, se soumettra-t-il à une charge si extraordinaire, et sur-tout, lorsqu'il ne verra pas diminuer les dépenses des régies et supprimer la haute finance, etc.?... Ceux qui connoissent les Provinces, ignorent-ils combien l'argent y est rare? Il n'y a peut-être pas 200 mille particuliers en France, qui aient dans cet instant le quart de leurs revenus net.

Il faut des moyens prompts, mais possibles, et des ressources sûres. Nous manquerions notre but, si nous ne frappions pas sur des richesses immenses qui demeurent ensevelies et inutiles à l'Etat, l'argenterie des Eglises. Employons ce trésor, qui va réellement mériter ce titre, lorsqu'il servira au soulagement du Peuple.

La moindre évaluation de l'argenterie qui se trouve en France monte A UN MILLIARD. L'argenterie d'Eglise en compose environ le septième. Voilà donc un secours de 140 millions pour l'Etat.

Le luxe de la Divinité est dans la magni

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ficence de la nature, et non dans les présens mesquins des hommes.

Cette proposition fut accueillie avec un vif enthousiasme ; le Clergé exprima son consentement par l'organe de M. l'Archevêque de Paris.

M. de Lameth ramena la Délibération aux propositions de M. Necker, et M. Regnaud ajouta plusieurs observations à celles des Préopinans.

Il s'opposa aussi à la Motion de M. de Mirabeau, en soutenant qu'il étoit nécessaire pour établir la confiance, que l'Assemblée Nationale s'associât au Ministre des Finances, et que l'abandonner à lui-même, ce seroit empêcher l'exécution de ses mesures. M. le Vicomte de Mirabeau fut de l'avis du Préopinant. « Les Commettans, observat-il, ont interdit à l'Assemblée de voter aucun impôt avant que la Constitution soit faite, et il seroit à craindre que les proposi tions du Ministre, ne servissent qu'à lui faire perdre le crédit, la popularité, et la confiance du Peuple, qui favorisent beaucoup toutes les opérations de finances.

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M. Garat l'ainé garantit, au nom de ses Commettans, que leur pauvreté même scroit généreuse.

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M. le Président lut ensuite une rédaction du Décret concernant la fonte de l'argenterie d'Eglise; cette rédaction, faite par M. Treillard, de concert avec le Clerge, porte, qu'il sera incessaniment par les Archevêques, Evêques, Cures, Chefs de Communautés, de Chapitres, de Confréries, etc. « dressé, conjointement avec les Municipalités, un etat de l'argenterie nécessaire pour la décence du culte, et que toute

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l'argenterie restante sera employée au se " cours de l'Etat.

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M. Bouche proposa de défendre l'émigration, qu'il évalua depuis les derniers troubles, à 80 mille habitans, qui emportent avec eux 20 millions de revenus.

à

De très-vives rumeurs ne permirent pas l'Opinant de prouver qu'il falloit faire de tous les François autant de prisonniers dans le Royaume.

M. de Mirabeau exposa alors sa rédaction, conçue à-peu-près en ces termes : « L'Assemblée Nationale délibérant sur le discours lu par le premier Ministre des Finances, dans la Séance du 23 Août, apres avoir entendu les observations du Comité des Finances, frappée de l'urgence des besoins de l'Etat, et de l'impossibilité de pourvoir par un examen approfondi et détaillé aux besoins de l'Etat ; considérant que la confiance sans bornes que la Nation a témoigné au premier Ministre des Finances, l'autorise et l'engage de s'abandonner aux conseils de sa sagesse, a décrété d'adopter textuellement la proposition du Ministre relative aux mesures à prendre actuellement pour subvenir aux besoins instans du trésor public, et donner le temps nécessaire au recouvrement des autres subsides, d'après un plan général et complet d'impositions: elle autorise en conséquence le premier Ministre des Finances, à lui soumettre le projet d'ordonnance nécessaire à l'exécution de ces mesures, pour être de suite présenté par elle à la Sanction royale. "

Cette rédaction, qui suppose une confiance presque aveugle de l'Assemblée, ne fut accueillie que d'un petit nombre de Membres. M. d'Eprémesnil adopta l'acceptation pure

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et simple du projet de M. Necker, mais la rédaction lui parut s'etendre trop sur l'eloge du Ministre. İl dit qu'elle devoit être conçue dans des termes moins emphatiques.

M. de Mirabeau répondit, qu'il n'avoit énoncé que les faits, et qu'il avoit voulu empêcher que l'Assemblée Nationale se rendit responsable d'un plan tres-critique et très-douteux.... Il engagea individuellement tous les Membres de l'Assemblée à employer leurs efforts, pour engager leurs Commettans à acquiescer au projet du Ministre......Il parla aussi d'une adresse, par laquelle on détailleroit au Peuple l'urgence des circons

tances.

Après de longs et tumultueux débats, l'ajournement de la discussion fut demande, jusqu'à l'impression du plan de M. Necker, et du rapport du Comite. Mais l'urgence des circonstances ne permit pas de retarder la délibération; et l'ajournement fut rejeté.

M. de Lally proposa, pour la troisième fois, de décreter sur-le-champ, et sans discussion, l'acceptation du plan de M. Necker, et de renvoyer la redaction du decret au Comite des Finances.

Il fut toutes les fois interrompu par un grand nombre de Membres, qui demandoient la discussion, et du décret, et d'une partie même du plan de M. Necker, et de la question, si cette contribution du quart des revenus seroit volontaire ou forcée?

Si l'on veut décréter l'impôt, reprit M. de Mirabeau, il faut discuter: si l'on ne veut pas discuter, il faut décréter de confiance le plan qu'on vous propose dans son ensemble.... Je ne sais comment nous décréterions une contribution volontaire et patriotique,

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tandis qu'un emprunt patriotique a eu si peu de succes ?.... Il finit par retirer sa rédaction.

M. Fréteau, appuyant l'expression de confiance, proposa une nouvelle formule en ce

termes:

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"Vu l'urgence des circonstances, et oui le rapport du Comité des Finances, l'Assemblee Nationale accepte de confiance le plan proposé par le premier Ministre des

Finances.

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M. de Saint-Fargeau saisit un moment d'intervalle, pour s'opposer à ce Decret, en disant, qu'il ne s'agissoit pas d'établir une lutte de crédit entre l'Assemblée Nationale et le Ministre.

Il répéta les précédentes objections faites à ce sujet, et proposa que les Membres de l'Assemblée votassent à l'instant à l'unanité, l'offre du quart de leurs revenus. Je suis persuadé ajouta-t-il, que, lorsque l'Assemblée aura donné cet exemple, toute la Nation s'empressera de le suivre, et nous n'aurons point engagé inconséquemment les biens de nos Commettans.

Cette proposition fut adoptée par une subite et unanime acclamation; mais en même temps les débats se multipliereent sur le projet de décret. Un bruit indefinissable troubloit les opinions et les Opinans.

M. de Mirabeau revint à la chage, pour ramener à sa proposition les esprits chancelans.

"Etes-vous capables, dit-il, de sentir l'état actuel des Finances? En connoissezvous un plus désastreux? Avez-vous un grand moyen de crédit et de Finances à donner ?... Ce n'est pas dans 24 heures qu'on acquiert,

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