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Vous ordonnerez donc que les dîmes seront régies par les municipalites, et affermées par canton. Les fonds en seront versés dans les eaisses de département, en déduisant la somme de 70 millions pour les depenses ecclésiastiques... Il vous restera encore 30 millions de revenus libres.

* Indépendamment de ces 30 millions, nous avons encore les biens fonds ecclésiastiques, constituant 50 ou 60 millions de revenus; car le Clergé possede à-peu-près le trentième des biens fonds de la Nation.

Les Colleges et les Hôpitaux ne consomment pas plus de 12 à 14 millions. Je demande qu'on les augmente à 20 millions... 20 autres millions seront employés pour les beneficiers qui n'ont point charge d'ames, et pour les maisons religieuses.

Il restera 40 à 50 millions de revenus libres, qui font, à 3 pour cent, un capital de 1600 millions. Ce capital sera administré par les Municipalites, et achetable, pour le convertir le plus promptement possible, en un capital capable de porter de grands se cours à l'Etat. Alors la confiance renaitra ; Vous aurez de nouveaux gages à donner à vos prêteurs ; et et vous pourrez ouvrir un emprunt de 100 millious, qui sera necessaire pour les dépenses momentanées,

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Vous pourrez employer 40 millions à l'établissement d'une Banque Nationale: 100 millions en papier seront garantis par ce fonds de 40 millions en ecus. Votre papier sera un veritable argent comptant, parce que le paiement pourra toujours en être fait, et qu'il tiendra lieu d'argent aux acheteurs des

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biens fonds du Clergé, que vous aurez à vendre.

L'Orateur proposa ensuite le remboursement des rentes viagères, et haussa le revenu libre, énoncé ci-dessus, jusqu'à 110 ou 115 millions, par le recouvrement plus exactement réparti de l'impôt du vingtième ; et en ajoutant les économies proposées par le Ministre des Finances, il le fit monter jusqu'à 180 ou 200 millions.... Voici l'emploi qu'on en pourroit faire: 80 millions pour le remplacement de la Gabelle et des impositions inquisitoires.... 25 millions pour un fonds d'anéantissement en temps de paix, ou un fonds de guerre, lorsqu'il en sera besoin.... 15 millions de dépenses imprévues.... Le reste pourra être employé en dons, pour soulager le peuple, et rembourser les pauvres contribuables.

(Nous ne présentons que d'une manière imparfaite, ce Discours de deux heures, que son Auteur ne lut point, et qui sembla débité sans préparation. Sans l'avoir sous les il est impossible d'en donner une analyse exacte et plus détaillée).

yeux,

M. Dupont avoit développé des connoissances rares, et des résultats hardis. M. BuTeau de Puzy, Député de la Noblesse du Bailliage d'Amont, exposa des vérités d'un autre ordre, mais non moins nécessaires dans les eirconstances.

Des fautes long-temps répétées, dit-il, ont entraîné de grands malheurs; l'industrie est arrêtée, le commerce languissant, nos ateliers sont déserts, le trésor public est épuisé, le crédit national est anéanti, à peine reste-t-il au Corps politique le degré

de force et d'énergie nécessaires pour le maintenir en équilibre sur le bord de l'abyme; le découragement accélère notre ruine, et la plus foible secousse est capable de la

consommer. »

Un homme dont les talens sont connus, dont les vertus sont éprouvées, dont la probité n'a point de détracteurs; cet homme dis-je, vient aujourd'hui justifier l'estime et la confiance dont vous l'avez honoré: il nous apporte les ressources de son zèle et de son genie, les lumieres de son expérience; il vient de s'aider de calles de cette Assemblée : gardons-nous d'arrêter ses efforts, d'embarrasser sa marche; défendons-nous, s'il se peut, du dangereux amour-propre de savoir ce que nous n'avons point appris, et laissons à l'artiste expérimenté, les moyens d'exercer son art en liberté.

?

«Ne nous le dissimulons point, Messieurs; 'cette enceinte renferme des talens éminens en plus d'un genre; on y admire des Orateurs, des Philosophes, des Publicistes, des Négociateurs mais des Financiers savans mais des hommes assez éclairés pour embrasser dans tous ses rapports, le systême de la Perception et de l'Administration des revenus publics, pour calculer les chances du crédit, pour découvrir toutes les inHluences possibles d'une opération fiscale, sur l'agriculture, sur l'industrie, sur le commerce, sur les mœurs; pour censurer ou pour approuver avec justesse les différens moyens qu'on se propose, pour en substituer d'utiles à ceux qui pourroient être défectueux, et sur-tout pour suppléer aux imperfections, qui, par hasard, se rencontreroient dans quelques-unes des parties du projet qui

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vient de vous être communiqué, par des ex pédiens qui ne préjudicient point à l'organis sation et à la force de l'ensemble; certaine ment, Messieurs, ces hommes là sont rares; et je ne crains pas d'être contredit, en affirmant qu'ils forment le petit nombre parmi

nous."

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Cependant il en existe ici plus d'un, digne de toute la confiance de l'Assemblée; et ceux-là seuls peuvent nous éclairer dans

cette circonstance. »

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Or, Messieurs, dans l'examen auquel vous allez vous livrer, ou leur avis prendra, ou l'Assemblée Nationale risquera de s'arrêter à une détermination dangereuse. Dans cette alternative inevitable, ne seroit-il pas plus simple, plus utile au bien public, d'abandonner avec confiance l'examen et la discussion de ces grands objets, aux hommes instruits auxquels il appartient d'en connoître et d'y porter la lumiere, que de nous exposer, en les traitant nous-mêmes, aux conséquences irremediables que notre inexpérience pourroit entrainer?

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N'oublions pas, qu'une première faute de ce genre a peut-être infiniment contribué à l'embarras actuel des finances du Royaume; que si l'Assemblee Nationale eût porté avec moins de precipitation une main peu exercée sur le projet du premier emprunt, il eut peutêtre été rempli; que probablement la confiance accordée au premier, se fút étendue au second, et que par consequent le crédit public entierement effacé, subsisteroit encore avec assez de vigueur, pour qu'il fût simplement nécessaire de le soutenir, et non pas de le régénérer tout-à-fait. "

« Convenons encore d'un point qui me'

paroît incontestable; c'est que la confection d'un système géneral de finance, applicable à une grande Monarchie comme la notre ne sauroit être l'ouvrage.de 1200 cooperateurs reunis, quelque eclairés qu'on les suppose. Je suis même porté à croire qu'il ne peut être produit que par un seul homme; que la disposition, l'enchainement, la relation des élémens qui le composent, doivent être prévus et calcules par une seule intelligence, du moins il me paroit hors de doute que si plusieurs y concourent, elles doivent se concerter, se concilier, et ne rien terminer que d'un accord unanime.

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Mais ce rapprochement, cet accord, cette harmonie demandent du calme; ils exigent de la part de tous les Agens des méditations paisibles et profondes: eh! Messieurs, pouvons-nous les espérer dans cette Assemblée? Pouvons-nous oublier que les petites passions qui remuent les hommes ordinaires, siégent sur ces mêmes bancs avec les Législateurs de la France? que des intérêts particuliers out mis dans l'état de guerre, des hommes estimables faits pour s'aimer; que presque toujours l'Assemblée Nationale ressemble à une vaste arène, où l'on croit voir, non pas des émules généreux qui essaient leurs talens et leurs forces, mais des gladiateurs acharnés qui cherchent à s'entre-détruire; que la calomnie, répandant' ses poisons, augmente l'aigreur des deux partis, qu'elle perpétue les défiances, qu'elle envenime les haines, et qu'au milieu de la fermentation des esprits, dans le tumulte des débats, dans l'oubli de toute dignité, l'on a vu plus d'une fois la majesté du Sénat Na

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