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1639

jours soutenait-il qu'il n'était point de la compétence de ce dernier conseil de s'immiscer dans les questions de féodalité du royaume de France et de l'investiture des successions qui y étaient ouvertes. Droits du duc Et d'ailleurs, quant au fond, de quel droit la maison de Nassau sur la succes- s'arrogeait-t-elle la succession de Châlons puisque le duc de Longuesion de Châlons. ville était descendu d'Alix de Châlons, fille aînée de Jean de Châ–

de Longueville

lons IV. (V. les ans 1416 et 1417.) Il s'envisageait conséquemment comme le seul et légitime héritier des biens de la dite maison de Châlons et soutenait que Philibert de Châlons, dernier mâle de la maison, n'avait pas pu tester à son préjudice. Telle était l'opinion du prince Henri. C'est là une matière que les prétendants français à la souveraineté de Neuchâtel (comme Mme la duchesse de Lesdiguières et M. le comte de Matignon descendus de la maison de Longueville) ont fortement agitée l'an 1707 pour soutenir leurs prétentions à la pleine souveraineté de cet Etat, et que M. le comte de Metternich, ambassadeur de S. M. le roi de Prusse, réfuta par les différents mémoires qu'il publia à cette époque. (V. l'an 1707.)

Les sept cantons catholiques firent tous leur efforts pour rétablir Jean-Henri de Hochstein, évêque de Porrentruy, leur allié, dans son évêché, d'où, après avoir été chassé par les Suédois, il s'était retiré dans les châteaux de Bechbourg et de Dorneck. Ils vinrent Traité pour le enfin à bout de faire un traité avec le duc de Weimar, peu avant rétablissement sa mort, par lequel cet évêque fut rétabli et rentra dans ses états

de l'évêque de Bâle.

Phénomène so

laire extraordinaire.

Vignes gelées

le 12 décembre. Le duc retint seulement, par cet accord, les forges et mines de fer de l'Evêché, pour avoir de quoi entretenir la garnison de Brisach. I fit un testament par lequel il légua au roi Louis XIII toutes les villes qu'il avait conquises en Allemagne.

Le 4 avril 1639, par un jour de jeûne, le soleil à son lever se montra pâle et presque sans lumière ni rayons; il était couvert d'un voile de couleur incarnate et qui paraissait tourner avec rapidité autour de son centre; de derrière ce voile il sortait une nuée bleue qui, après être devenue rouge comme du sang, tout autour du soleil, prenait une teinte jaune. Ce fut trois jours après la pleine lune que le soleil prit cet aspect. Il ne se trouva aucun astronome ni physicien qui pût donner quelque raison de ce phénomène.

Huit jours après toutes les vignes gelèrent à la veille du grand au mols d'avril. vendredi, qui était le 12 avril, et après la gelée les bourgeons qui étaient déjà avancés séchèrent. Il y eut une grande cherté et une Contagion sur peste dans toute la Suisse; la contagion attaqua les bêtes comme les hommes. L'été fut fort pluvieux ce qui nuisit aux fruits de la

Cherté.

le bétail.

Vente du vin

terre.

La vente du vin se fit à Neuchâtel 200 livres le muid, 40 livres fort élevée. la gerle. On le vendit dans la suite jusqu'à 230 livres le muid.

1640 Testament du

prince de Nas

de Prusse a

de Neuchâtel.

Le 30 janvier 1640, Frédéric - Henri de Nassau fit son testament par lequel il instituait pour son héritier son fils Guillaume, ses enfants et descendants légitimes, et à leur défaut il leur substitua sau d'où le roi Louise, sa fille aînée. C'est sur ce testament que s'est fondé S. M. le tiré son droit à roi de Prusse, pour prétendre, comme il l'a fait l'an 1707, à la la souveraineté succession des biens de la maison de Nassau, Châlons - Orange. Comme la maison de Nassau avait succédé à celle de Châlons par un testament du 3 mai 1520, de même la maison de Brandebourg a succédé à celle de Nassau par le susdit testament du 30 janvier 1640, S. M. le roi de Prusse étant descendu de la susdite Louise de Nassau, après que la postérité ou les descendants mâles de Frédéric-Henri de Nassau, testateur, eurent été entièrement éteints par la mort du roi Guillaume son petit-fils. (V. les ans 1584, 1618 et 1702.)

roche dans le

On chercha à établir cette année 1640 le canal d'Entreroche Canal d'Entreau Pays de Vaud. Des marchands hollandais, avec M. Turretin de Pays de Vaud. Genève, en furent les entrepreneurs. Ce canal doit joindre les deux rivières de la Venoge et de la Thielle, et par ce moyen réunir aussi les deux lacs de Genève et de Neuchâtel, dont le premier décharge ses eaux dans la mer Méditerranée et le second dans la mer Océane.

Lois

souveraines. Sentence

ceux qui retien

ces taxées.

Par une sentence des Trois Etats du 6 juin 1640, il fut arrêté que ceux qui se transporteraient sur des pièces taxées ou subhastées pour juste dû, 'sans qu'il fût survenu aucune interposition des Etats contre légitime, et desquelles taxes et subhastations il y aurait lettres judi- nent ou s'emciaires dressées après défense faite de l'officier de ce faire, ou qui parent des piès'empareraient de meubles et effets taxés comme dessus, devraient être mis en prison trois jours et trois nuits et payeraient un ban accou- Châtiment. tumé pour la première fois; et la seconde ils subiraient le double et la troisième fois un châtiment exemplaire suivant l'exigence du cas; suppliant M. le gouverneur de faire émaner un mandement aux officiers d'y tenir la main à peine de repréhension, et de les faire afficher et publier aux lieux requis.

qui demandent des subhasta

spécifier la somme due.

Et sur les abus remarqués aux poursuites des sieurs receveurs, Les receveurs il est supplié de leur ordonner d'user des formalités requises et usitées d'ancienneté, avec désignation des sommes pour lesquelles tions doivent elles se font, et qu'il lui plaise d'ordonner que pour cette fois et sans préjudice des droits de S. A. ses sujets soient reçus à faire réemption en quelque temps que ce soit durant l'an et jours, en rendant principal, intérêts et dépens raisonnables, et qu'aussi ils soient reçus en opposition sur dites subhastations. Par extrait des registres et manuel des Etats, signé par le secrétaire des Etats, Nicolas Tribolet.

1640

des Verrières

chissement de

Le 15 septembre 1640 les habitants des Verrières payèrent la Les habitants somme de 900 écus petits qu'ils devaient à leur pasteur pour l'afpayent au mi- franchissement de la dîme de chanvre à eux accordé le 18 sepnistre l'affran- tembre 1630. David Favargier, conseiller d'Etat et procureur-généla dîme de ral, au nom de S. A. et Jacques Gélieu, ministre aux Verrières, au nom de la Classe et de ses successeurs, leur en donnèrent une quittance datée du susdit jour 15 septembre. Et le même jour cette somme fut prêtée à des particuliers de Neuchâtel au 5%, ce dont le pasteur de Verrières retire encore aujourd'hui l'intérêt.

chanvre.

Sur le 2 décembre Hugues Tribolet, maire du Locle, tuteur établi de Marguerite de Bonstetten, fille de feu Béat-Jacob de Neuchâtel, baron de Gorgier, parut, au nom de sa pupille, en justice de Neuchâtel, assisté de François-Antoine de Neuchâtel, frère de Investiture ac- sa pupille, pour demander la mise en possession et investiture des cordée à Mar- biens délaissés par Jeanne-Marie de Neuchâtel, sœur de sa dite stetten de Neu- pupille, ensevelie le 29 octobre à Neuchâtel, et ce en vertu d'un testament olographe fait par la défunte en faveur de sa dite sœur Marguerite. C'est ce qui lui fut accordé; les lettres d'investiture sont signées G. Carrel.

guerite de Bon

châtel.

Hiver doux en janvier et fevrier. Froid en mars et avril. Grêle en mai,

Les mois de janvier et février de l'an 1640 furent fort doux, mais le mois de mars fut très rigoureux et le froid dura jusqu'à la fin d'avril. Le 3 mai il tomba de la grêle en divers endroits du comté. Il plut presque pendant tout l'été, ce qui fit qu'on n'eut que de sons et venda- chétives moissons et vendanges, de sorte que la cherté augmenta

Été pluvieux.

Chétives mois

ges.

Cherté.

Jour de jeûne

encore.

Le 9 septembre on célébra un jour de jeûne et de prières extraordinaire. dans les deux comtés pour apaiser la colère de Dieu dans ces temps de calamité. Les cantons évangéliques l'avaient déjà célébré trois semaines auparavant pour les mêmes fins.

Vin guinguet.

Vente fort chère.

1641

de Bourbon,

prince Henri II.

hume du che

On fit du vin fort verd qu'on appelait du guinguet. La vente se fit à Neuchâtel 200 livres le muid; dans la suite le vin se vendit six batz le pot, la livre de viande deux batz, etc.

Louis de Bourbon, comte de Soissons, fut tué l'an 1641 à la Mort de Louis bataille de Sedan, et l'on crut que le cardinal de Richelieu, contre bean frère du lequel ce comte s'était déclaré, l'avait fait tuer. Frère de Louise de Soissons, duchesse de Longueville, morte l'an 1637, il ne fut pas Naissance post- marié, mais il eut un fils illégitime et posthume qui nâquit après la valier de Sois- mort de son père. Comme ce comte avait passé l'hiver précédent dans la ville de Sedan et qu'il y avait rendu enceinte une demoiselle qui était de la religion réformée, il voulut bien, avant que d'entrer en campagne, faire son testament, par lequel il reconnut pour sien l'enfant dont cette fille était enceinte et faire à la mère un legs considérable. Il donna aussi à l'enfant qui devait naître, au Legs que lui fit cas que ce fût un fils, de grosses rentes et entre autres l'abbaye

sons.

1641 Soissons, son

le comte de

père.

de la Cousture qui est au Mans et de l'ordre de St-Benoit, ainsi que d'autres abbayes que le dit comte et qu'un laïque peut tenir pendant qu'il vit dans le célibat. L'enfant qui nâquit fut appelé Louis-Henri et fut légitimé l'an 1643. Il a été connu dans la suite sous le nom de chevalier de Soissons. (V. les ans 1694 et 1699.) Marie de Sois- La sœur et la sons, princesse de Carignan, sœur du dit comte de Soissons, et la duchesse de Nemours, fille de Louise de Soissons, son autre sœur, héritèrent de tous ses autres biens.

nièce de ce tèrent de ses

comte héri

autres biens.

gin qui n'avaient pas

ne peuvent pas sléger en

justice.

Les sujets de la seigneurie de Valangin non bourgeois, et qui Ceux de Valansont de servile condition, prétendant de pouvoir parvenir aux offices de judicature, aussi bien que les bourgeois qui sont de franche été affranchis condition, ceux-ci présentèrent une requête à la seigneurie pour être maintenus dans leurs droits, ce qui leur fut accordé, et ceux de condition servile exclus de toutes charges publiques. L'acte est du 2 février et signé d'Affry. Quoique ces sujets non bourgeois qui étaient de diverses conditions eussent déjà obtenu auparavant de certains seigneurs de Valangin quelques franchises, cependant ils n'étaient pas encore entièrement libérés de la main-morte, qui excluait ceux qui y étaient astreints de pouvoir siéger et juger avec les bourgeois de franche et libre condition.

sance de la censière des Ga

A la fin de l'année 1641, on donna commission à Jean Cordier, Reconnaisnotaire, de renouveler la censière des Galand de Cornaux avec la faculté aux particuliers qui en devaient les dites censes de pouvoir land de Cales rédimer suivant les décrets des Audiences et les arrêts du

Conseil.

naux.

La récolte de l'année fut encore très petite; le froment se vendit Petite récolte. à Neuchâtel 26 batz l'émine; les gelées du printemps nuisirent beaucoup aux vignes. La vente du vin se fit 128 livres le muid.

Vente du vin.

1642 Mort de Fran

çois-Antoine de
Gorgier.
Ses enfants.

François-Antoine de Neuchâtel, baron de Gorgier, mourut au commencement du mois de mars 1642. Il était premier conseiller d'Etat. Louise d'Achey son épouse était morte deux ans et demi avant lui. Il en avait eu deux enfants, savoir, Henri-François, baron de Gorgier, St-Aubin, Sauges, Frésens, Montalchiez, seigneur de Mollin, Chassaigne, conseigneur de Voillesin, etc., et Charlotte, mariée à Philippe-Eugène, baron d'Achey. François-Antoine avait fait un tes- Son testament. tament par lequel il avait légué 12,000 écus à sa fille Charlotte, mais son frère Henri-François le supprima et retint toute la succession.

Henri-François son fils de

Après la mort de François-Antoine, le tuteur de Henri-François Le tuteur de son fils et de Charlotte sa fille demanda, par devant le conseil d'Etat, en leur nom le 15 avril 1642 l'investiture de tous ses biens, tant mande l'investién fiefs seigneuries que ruraux. Sa demande fut enregistrée pour éviter forclusion, et comme le gouverneur était absent on renvoya Il est envoyé la provision sur le principal jusqu'à son retour.

ture.

jusqu'au retour du gouverneur.

1642 Henri-François

Henri-François posséda cette baronnie pendant sa vie sans que possède en at- sa sœur Charlotte y apportât aucune opposition. Et quoique Françoispaye pas de Antoine eût donné 24,000 francs à sa fille Charlotte, on ne put les obtenir de son frère.

tendant. Il ne

legs à sa sœur.

Mort d'Anne de
Watteville.

Legs de la terre

en faveur de sa

Anne de Watteville, mère de François-Antoine, étant morte Son testament. quelque temps avant ce sien fils, avait aussi fait un testament par derrière Moulin lequel elle disposait en faveur de Marguerite, l'une de ses filles, de fille Mar- quelques biens en prérogative et entre autres de la seigneurie de guerite. Derrière-Moulin, qui lui avait été assignée pour sûreté de sa dot. Opposition au Mais François-Antoine et sa sœur Elisabeth s'étaient opposés à l'effet legs. de ce testament, et le dit François-Antoine étant mort avant la déContinuation du cision du procès, le tuteur de Henri-François et de Charlotte, ainsi Marguerite. que l'avoyer d'Elisabeth de Neuchâtel et de ses enfants continuèrent à plaider contre la dite Marguerite. (V. l'an 1643.)

procès contre

Le 3 juin 1642, Henri II, duc de Longueville, étant de retour de la ville de Munster en Westphalie, où le roi l'avait envoyé peu de temps auparavant pour conférer sur les moyens de faire un traité Second mariage de paix entre les parties bélligérantes, épousa, en secondes noces, du prince Henri avec Anne Ge- dame Anne-Geneviève de Bourbon, fille de Henri II, prince de Condé, de Conti, etc. Cette princesse, née le 18 septembre 1620, avait deux frères, Louis de Bourbon, prince de Condé, et Armand de Bourbon, prince de Conti. Sa mère s'appelait Charlotte-Marguerite de Montmorency.

neviève de Bourbon.

Le prince est envoyé en Piemont.

D'abord après son mariage, le prince Henri II fut envoyé en Piémont pour y commander les troupes du roi. Il prit la ville et le Il prend Tor- château de Tortone sur les Espagnols, le 26 novembre 1642.

tone.

Les bourgeois

autres font une

étrenne au prince à cause de son mariage.

Les bourgeois et les sujets de la seigneurie de Valangin ayant de Valangin et appris ce second mariage du prince s'imposèrent d'eux-mêmes, au mois de mai, une levée de 40 pistoles qu'ils remirent au trésorier. Celui-ci leur en donna quittance, qui porte que cette somme a été gratuitement et libéralement donnée pour étrennes à S. A. S. à cause de son mariage, mais sans conséquence pour l'avenir et sans préjudice de leurs franchises. La quittance est du 15 juin, signée Chambrier.

Points de cou

tume donnés

Toutes les autres communautés en usèrent de même à leur exemple, quoiqu'elles n'y fussent pas obligées; celle du Locle donna aussi 40 pistoles pour son contingent. Comme ce prince était fort aimé, les peuples voulaient bien lui témoigner par ce don gratuit le zèle qu'ils avaient pour son service.

Le conseil de ville de Neuchâtel donna cette année plusieurs

par le conseil points de coutume.

de ville.

Sur le droit des biens de la

mère et sur les acquêts.

Le 25 janvier :

Les enfants peuvent retirer la moitié des biens propriétaires de leur mère et le père jouir et posséder l'autre moitié par us; et quant aux accroissances

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