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1635 Guerre des Grisons,

Troupes accor

dées à la

France.

A l'instance de Blaise de Méliand, ambassadeur de France, qui avait fait son entrée à Soleure le 30 mars, ce canton accorda quatre compagnies, de deux cents hommes chacune, qui allèrent aux Grisons pour le service du roi contre les Espagnols, qui tenaient le Milanais. Les cantons et leurs alliés tinrent en outre une journée à Soleure, les 6 et 7 août, où ils accordèrent à Louis XIII quatre régiments, contenant chacun douze cents hommes. Les colonels furent: 1. Louis d'Erlach, seigneur de Castelen, de Berne; 2. l'avoyer Bircher, de Lucerne ; 3. François d'Affry, avoyer de Fribourg, gouverneur de Neuchâtel, et 4. Jacques de Stavay, seigneur de Mollondin, de Soleure, depuis gouverneur de Neuchâtel. Ce dernier commandant cette année en Lorraine, et voyant que Gallas, général de l'Empereur, voulait pénétrer par là dans la France pour la ravager, Jacques de Sta se plaça avec son régiment entre Vic et Moyenvic pour l'en emGallas d'entrer pêcher, et ce général fut par là détourné de son dessein; ce qui en France. acquit beaucoup de gloire au colonel Mollondin. Cependant les Impériaux défirent quelques compagnies suisses où étaient N. Du Terraux, Abraham Pury et autres du comté de Neuchâtel.

vay empêche

Fief d'Erlach

réuni à la directe.

François-Louis d'Erlach, baron de Spietz, avoyer de Berne, et N. d'Erlach, capitaine, seigneur de Bioley, ayant redemandé à S. A. le fief d'Erlach, prétendant d'être agnats et les plus proches héritiers de Thiébaud d'Erlach, le prince voulut être informé du droit qu'ils y avaient; mais n'ayant pu prouver qu'ils fussent descendus du premier invêtu. ce fief fut réuni à la directe faute de foi et homLes revenus en mage, et les revenus en furent annexés cette année à la recette du Landeron (V. les ans 1421, 1453 et 1621). Ce fief d'Erlach consistait en quarante-sept hommes de vigne situés au Landeron et en deux muids de vin à prendre dans la cave de S. A. au dit lieu. La réunion de ce fief à la directc se conste par un arrêt du conseil d'Etat du 9 avril 1638.

sont annexés

à la recette du Landeron.

L'armée impé

quartier d'hiver

Jean de Werth, général d'une armée d'Impériaux et de Croates, riale prend son vint au mois d'octobre prendre son quartier d'hiver dans la Mondans la Mon- tagne des Bois ou Franche-Montagne, dépendante de l'évêque de tagne des Bois. Bâle, prince d'Empire et du parti de l'Empereur; mais ses tronpes n'entrèrent point ni dans la seigneurie d'Erguel qui dépend de la bannière de Bienne, ni dans la seigneurie de Valangin, qui sont toutes deux limitrophes de la Montagne des Bois, et ce d'autant que ces deux seigneuries sont alliées des Suisses. Cependant comme on ne se fiait pas à ces Allemands, on trouva à propos dans le On établit des comté de Neuchâtel de faire la garde sur la Ferrière, qui est le frontière du grand passage pour entrer dans la seigneurie de Valangin. Il y eut comté du côté pendant cinq mois une garde de cent hommes qu'on relevait toutes de la Ferrière. les semaines, les habitants du comté et de la seigneurie de Valangin étant tous obligés de faire les gardes tour à tour sous la con

gardes sur la

1635

Le prince paye

frais de ces

gardes.

duite de leurs officiers. Il n'y eut que les bourgeois de Neuchâtel qui furent exempts de faire ces gardes, parce qu'ils les montaient dans leur ville. Pour soulager les communautés du pays des frais la moitié des de ces gardes, le prince voulut bien en supporter la moitié. Les Quatre-Ministraux ayant fait bâtir le temple de Serrières en Temple de Serqualité de patrons et de collateurs de cette église, Henri Guy, pasteur de ce lieu, en fit la dédicace le 14 juin; le chesal ou fond sur lequel le temple fut bâti venait des Merveilleux.

rières bâti.

Gustave de Horn, maréchal de camp des Suédois, mourut le 22 Mort du comte juillet 1633.

Gustave de
Horn.
Peste en
Suisse.

Cherté.

Il y eut cette année 1635 une peste en Suisse, qui enleva beaucoup de monde. On avait de la peine à trouver des pasteurs pour en pourvoir les églises vacantes. La contagion se fit sentir particulièrement aux Ponts de Martel et autres lieux du comté. La cherté continua aussi à se faire sentir, l'année ayant été peu abondante. La vente du vin se fit à Neuchâtel nonante-six livres le muid, mais Vente du vin. dans la suite il se vendit quatre batz le pot; l'émine de froment valait vingt batz, le salignon ou le pot de sel cinq batz, la livre de fromage quatre batz, etc.

1636

Le duc de Weimar, général

suédois, vient ché et les fronla FrancheIl vient faire

occuper l'évêtières de

Comté.

Au mois de mars 1636, Jean de Werth, général de l'Empereur, se retira de la Montagne des Bois, et d'abord après le duc de Weimar, général suédois, s'y rendit avec ses troupes et occupa non seulement cette contrée, mais aussi la partie de la Franche-Comté qui joint la souveraineté de Neuchâtel et Valangin en haut le Doubs, et il s'étendit jusqu'à Pontarlier, ayant choisi Mortaux pour son séjour. Ce général venait faire sa dévotion au Locle, et il y fit même ensevelir une sienne fille morte au dit Mortaux; il la suivit lui-même Sa fille y est avec une partie de sa cavalerie jusqu'au Locle, tellement que ce convoi funèbre fut très nombreux et très magnifique.

sa dévotion au Locle.

ensevelie.

On recommence les gar

tières.

L'arrivée de cette armée suédoise sur les frontières de l'Etat de Neuchâtel fit qu'il fallut continuer de faire les gardes, mais comme des aux fronon avait jusqu'alors changé toutes les semaines les officiers qui commandaient les compagnies qu'on envoyait aux frontières et qu'on trouva qu'il y avait eu de là beaucoup d'inconvénient, on changea cette manière. Le prince établit des compagnies permanentes qu'il Le prince établit six compayait. Il y avait à l'ordinaire six compagnies en six endroits diffépagnies permarents. Pierre Guy fut établi capitaine pour la Cibourg; Hugues Tri- nentes. bolet, maire du Locle, était placé avec sa compagnie sur la Ferrière; Pierre Pury, lieutenant de Colombier, était aux Brenets; David Rosselet commandait au Cachot; Jonas Favarger, intendant des bois et des bâtiments, était à la Brevine, et le capitaine Du Terraux aux Verrières.

nons etc. se ré

Les Bourguignons, les habitants du comté de Montbéliard et ceux Des Bourguigde la Montagne des Bois se réfugièrent en très grand nombre dans fugient dans le 3

ANNALES DE BOYVE. TOME IV.

châtel.

1636 la souveraineté de Neuchâtel et Valangin; il n'y avait presque point comté de Neu- de maisons où il y en eut quelques-uns, et il y eut même plusieurs Familles qui y familles qui préférèrent de rester au pays, ne se souciant pas de restent. retourner dans leur patrie, quoique les ennemis s'en fussent re

Le prince de

Condé assiège
Dôle.

Henri II qui

était là pour

l'aider bat le

duc de Lorraine.

Les Suédois retournent dans

vendaient au

tirés..

Le 27 mai 1636, le prince de Condé se rendit en Franche-Comté à la tête de l'armée de France et assiégea Dôle. Les Suisses lui ayant envoyé des députés pour le prier de se retirer à cause de la neutralité de la Bourgogne, il les amusa pendant quelque temps, mais voyant approcher un secours d'Allemagne, il se retira. Le duc de Longueville s'était aussi rendu dans la Franche-Comté avec des troupes pour aider le prince de Condé à en chasser Gallas; il battit le duc Charles de Lorraine, qui s'était joint à ce général allemand, auprès de St-Jean de Losne. Mais le roi Louis XIII les rappela, d'autant que les Suisses avaient intercédé pour la Franche-Comté.

Les Suédois se retirèrent aussi sur la fin de l'année et retourle Brisgau. nèrent dans le Brisgau. Pendant leur séjour en Franche-Comté, ils fréquentaient familièrement dans le comté de Neuchâiel et dans la seigneurie de Valangin sans offenser personnel; ils étaient bons soldats, bien couverts; tous les cavaliers avaient des colletins de buffle qu'ils nommaient buffetins. Pendant leur séjour en Bourgogne, ils Butin qu'ils amenèrent dans les comtés beaucoup de butin, de linge, de meugens du comté, bles et autres denrées, qu'ils vendaient à très bas prix, et comme plusieurs personnes faisaient difficulté d'acheter de ce butin qui avait été pris à des voisins, dès que ees Suédois s'en apercevaient, ils en faisaient des tas et y mettaient le feu, ce qui fit que dans la suite on aima mieux acheter ces meubles que de les voir brûler. Par là les peuples du comté de Neuchâtel, et surtout ceux des Montagnes, se pourvurent abondamment de linge et de toutes sortes de meubles. Les paroissiens de Rochefort achetèrent une belle cloche pour 500 livres. la somme de 500 livres.

Cloche de Rochefort pour

Points de coutume donnés

Le Conseil de ville donna cette année plusieurs points de coupar le conseil tume à divers particuliers qui les demandèrent.

de ville.

La femme a part aux ac

quêts.

Les mâles préférés pour les

armes.

Les enfants re

père.

Du 23 avril :

Que la femme a part aux accroissances faites avec son mari, savoir la moitié des augments faits pendant la conjonction du mariage, et ce toutefois après avoir levé les dettes qui se trouveront faites pendant la dite conjonction.

Que les mâles sont préférables aux femelles au fait de la succession des

armes.

Qu'une fille orpheline représente son père et est autant habile à la succession présentent leur des biens de son grand'père que le serait son père s'il était en vie, lorsque le grand'père est encore saisi du bien, et qu'il n'y a aucun accord, traité et convention faisant au contraire par où le fils eut fait quittance et renoncé par exprès au bien encore à écheoir.

Quand le père veut donner

Lorsqu'un père veut contraindre un sien enfant de retirer sa légitime pendant la légitime à sa vie et l'exclure de ses autres biens, il le doit faire par figure de justice et

se déclarer par serment de l'état de ses biens et dettes, afin qu'il ne soit fait aucun tort au dit enfant de sa légitime portion.

Du 3 août :

1636

son fils et l'exclure du reste.

biens de son mari s'il y a

Lorsque deux personnes mariées ont un ou plusieurs enfants, le père venant La veuve jouit à décéder, après avoir été en communion pendant an et jour, la dite mère peut de la moitié des retirer la moitié de tous les biens, tant propriétaires que d'accroissances délaissés par son dit mari et à lui appartenants lorsqu'il vivait, après qu'avant des enfants. toutes choses on ait levé ses dettes sur le dit bien, afin que la veuve puisse jouir de sa moitié et la posséder par usufruit, suivant la coutume, sa vie naturelle durant, sans qu'aucunement elle la puisse vendre, engager ou aliéner, si- Après la mort non que ne fût par connaissance de justice ou par nécessité connue; et après de la veuve les le décès de la dite mère, la moitié des biens paternels qu'elle jouissait par us reviennent entièrement aux dits enfants, sans qu'elle les puisse donner à qui que ce soit; et pour ce qui concerne l'autre moitié des biens du dit père, elle est échue et dévolue de plein droit aux dits enfants en leur propre, dès le jour de son décès, lorsqu'il n'y a aucune disposition ou traité qui fasse au contraire.

biens reviennent aux en

fants.

abondante.

Peste.

Cherté.

Cette année fut encore peu abondante en grain. La peste régna Année peu à Neuchâtel et il y eut une grande cherté de vivres, tellement que la peste et la famine firent un grand ravage dans le comté; il y eut dans la ville de Neuchâtel soixante-six familles infectées. La foire de la St-Gall se tint à Auvernier; le pays fut fort dépeuplé; Foire de Neupersonne n'osait descendre des Montagnes; les bourgeois de Neu- châtel tenue à ehâtel s'aidaient les uns aux autres à vendanger. Il y eut surtout en Alsace une grande mortalité et une extrême famine. Mais le vin ne fut pas cher, la vente se fit soixante-cinq livres le muid.

Au commencement de l'année 1637, Jacques de Stavay, seigneur de Mollondin, fut établi capitaine et lieutenant ordinaire de la seigneurie de Valangin. Voici le serment qu'il prêta:

1. Vons jurez à Dieu, votre souverain créateur, d'avancer son honneur et sa gloire, selon son St-Evangile, le plus fidèlement et chrétiennement qu'il vous sera possible, comme aussi de conserver les saintes ordonnances et corrections dressées pour la terrc et seigneurie de Valangin, en tous lieux licites et nécessaires.

2. De bien et entièrement maintenir, avancer, garder et faire observer et conserver à toujours de tout votre pouvoir, sens et entendement, en toute fidélité ct rondeur, sans respect ni support de personne quelconque, l'honneur, biens, profit, droits, actions, titres, propriétés, prééminences et autorités souveraines de S. A., notre souverain seigneur, en et dehors la dite terre et seigneurie de Valangin, appartenances et dépendances, évitant et fuyant son dommage, infraction ou diminution d'icelle et de ses revenus en tous lieux et occasions qu'il écherra, tant sur eau qu'en quel temps, place et contre qui que soit, spécialement aux joux, bois, forêts, rivières, poissines, eaux et cours d'icelles.

3. Vous jurez, comme dessus, que si aucun des vassaux, bourgeois ou sujets de S. A. ou quelques autres personnes étrangères, de quelque qualité et lieu qu'ils fussent, machinaient en ou dehors la dite terre et seigneurie de Valangin, par conspiration, conjuration ou entreprise tendante à monopole, sédition, émotion ou aucunement à rupture, dommage, diminution des droitures et autotorités souveraines et propriétaires de S. A., comme dessus, ou contre son honneur et personne, de prévenir et obvier de tout votre pouvoir, en toute fidélité

Auvernier.

Mortalité.

Vente du vin.

1637 Jacques de Sta

vay capitaine de Valangin. Serment qu'il prêta en cette qualité.

1637

Le prince Henri

Bourgogne

Les Suédois

et diligence, et dès incontinent, si possible est, le rapporter à S. A. ou bien 5 nous, son lieutenant-général et gouverneur en ses comtés de Neufchâtel et Valangin, sans rien excepter, ni receler, à ce qu'il y puisse être pourvu comme de raison.

4. Et pour autant que S. A. entend que votre état et office de capitaine et lieutenant ordinaire en ce lieu de Valangin soit et demeure généralement et entièrement sous la charge, pouvoir et autorité de son gouverneur et lieutenantgénéral de Neufchâtel, comme seul représentant S. A. immédiatement, vous promettez et jurez d'exercer votre lieutenance sous notre gouvernement et autorité, en oyant fidèlement toutes parties, leur assigner journée pour les expédier, comme aussi les causes les plus légères, en tant que bonnement faire le pourrez, remettant et renvoyant à nous les plus pesantes et de conséquence avec sûr et ample avis de l'importance et qualité d'icelles, pour y pourvoir ainsi que de besoin, comme aussi de nous être obéissant en tout ce qui de notre part vous sera ordonné et commandé tant verbalement que par écrit et d'en suivre, garder et accomplir nos mandements et commandements sans aucune contradiction.

5. Vous jurez aussi de rendre, faire et administrer bonne et briève justice, tant au pauvre qu'au riche, à l'étranger qu'à celui du pays, sans support, faveur ni acception de personne, maintenant les femmes veuves et les enfants orphelins en leur bon droit, et de garder et inviolablement observer toutes les bonnes coutumes, usances, priviléges et franchises écrites et non écrites, que ceux de cette seigneurie et terre de Valangin ont légitimement obtenues et jusqu'à présent notoirement joui, sans leur faire innovation.

6. Enfin de bien et sincèrement exercer votre charge et office en tout ce qui en dépend, sans fraude, aguet ni barrat et sans respect de nulli. Ainsi Dieu vous soit en aide (*).

Au commencement d'avril 1637, le prince Henri II, comme comcommandant en mandant l'armée du Roi, revint en Bourgogne où il prit le fort de prend plusieurs St-Amours et les villes de Montagny, Saurgny en Bresse, les châplaces. teaux de Crèvecœur, Estoile, Chateau-Châlons, Bletterens et quinze autres places. Il en chassa pour lors Gallas, général de l'Empereur. Le duc de Weimar, général des Suédois, entra avec son armée reviennent dans dans l'Evêché de Bâle pour y prendre ses quartiers d'hiver; il prit Bâle. pour ôtage le chatelain de Delémont (V. l'an 1645). Les habitants de l'Evêché, à la réserve de ceux de la seigneurie d'Erguel, avaient à l'ordinaire des troupes, soit des Suédois, leurs ennemis, soit des Impériaux, leurs amis et alliés, mais ces derniers leur étaient plus à charge que les premiers.

l'Evêché de

Demandes des communiers des Verrières. De pouvoir imposer des giettes.

Les communiers des Verrières demandèrent à la seigneurie:

1. De pouvoir imposer des giettes aux étrangers habitants rière leur paroisse et qui y ont des terres, Bourguignons ou autres, s'offrant de ne leur pas demander davantage qu'aux communiers même. Ils se fondaient sur ce qu'étant obligés d'établir des messelliers pour garder les terres de ces étrangers, aussi bien que leurs propres terres, pendant que les étrangers étaient exempts de cet office, il était juste qu'ils contribuassent quelque chose à ce sujet. 2. Qu'on leur donnât une copie de l'inventaire des redevances dues au ministre du lieu, dressé doivent au mi- trois ans auparavant. 3. Qu'il plût à la seigneurie d'augmenter le prix qu'elle

Qu'on leur

donne un état de ce qu'ils

nistre.

(*) M. de Mollondin a été le dernier qui a exercé la charge de capitaine de Valangin.

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