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1672 meubles et effets mobiliaires, même sur la part des immeubles dont il m'est Madame de Ne- permis de disposer, suivant la coutume des lieux. J'espère que Madame la dumours est ap- chesse de Nemours, ma sœur et mon héritière, ne désapprouvera pas cette dispelée héritière. position, et qu'au contraire elle voudra bien accorder son amitié et sa protection que je lui demande pour mon fils. Je supplie Madame ma mère d'agréer cette présente disposition et de tenir la main à son exécution et d'accorder à ce qui reste de moi la tendresse et l'amitié qu'elle m'a toujours fait paraître, en prenant soin de l'éducation de cet enfant, en commettant M. Porlier, mon secrétaire, pour être son tuteur et faire valoir à son profit le bien que je lui laisse, et de prendre les avis de M. Isalis, mon avocat, qui est mon curateur, que je prie de vouloir bien accepter ce soin et six mille livres que je lui laisse.

Codicile.

Legs de quarante mille

Fait à Paris le 11 avril 1672, et signé de ma main, Charles-Paris d'Orléans. Je n'ai point fait de disposition pour ma sépulture, ni pour faire dire des prières, mais je désire que l'on remette entre les mains de Madame ma mère quinze mille livres que je désire être employées en aumônes ou autres œuvres, selon que Madame ma mère le trouvera à propos. Signé CHARles-Paris d'OrLÉANS.

Dans ce même mois d'avril le prince légua encore à M. de Fonlivres à M. de tenay quarante mille livres tournoises, qui lui furent assignées et signé sur Neu- payées sur les revenues du comte de Neuchâtel.

Fontenay as

châtel. Le prince part pour la Hollande.

une attaque, ne

nier.

Le prince était parti pour la Hollande, où étant en campagne près du fort de Skin avec le prince de Condé, son oncle, et voyant que ce dernier était blessé à la main, il passa le Rhin avec son cheval à la nage pour le venger de ce coup et obliger en même temps Il est tué dans les Hollandais à rendre ce fort que le prince de Condé attaquait. voulant pas se Mais y ayant trouvé une forte résistance, il fut tué. Les ennemis rendre prison- qui avaient vu que c'était une personne de considération, le voulurent épargner, le priant de leur demander quartier; mais comme il avait un courage intrépide, il refusa de le faire, ce qui porta l'ennemi à faire feu sur lui; il reçut ainsi un coup de balle au ventre qui le priva de la vie. Cet événement fatal arriva le 2/12 juin qui était un dimanche, jour de la Trinité, dans l'île de Betau, auprès du Tolhuis (c'est-à-dire maison de péage). Il avait été trente Les Polonais heures à cheval lorsqu'il fut tué. On tient que les Polonais l'avaient choisi pour leur roi le jour qu'il mourut. Il n'avait que vingt-trois ans et quatre mois et demi.

l'avaient choisi

pour leur roi.

Son âge.

Mort fatale pour le pays de Neu

Cette perte fâcheuse fut suivie de grands troubles qui agitèrent

châtel. le pays pendant un grand nombre d'années.

La nouvelle de

cette mort cause

néral.

La nouvelle de cette mort funeste d'un si grand prince, qui dans un deuil ge- un âge si peu avancé avait déjà donné tant de preuves de sa valeur, fut apportée à Neuchâtel le 10/20 juin, ce qui remplit l'Etat de douleur, de regrets et de deuil, à un point qu'on ne saurait exprimer, car on ne savait à quel prince ce pays retomberait après

Le corps du comte de St-Pol

cette mort.

Le corps du prince fut transféré à Paris et enseveli dans la paest transféré à roisse d'Orléans, qui est aux Célestins de Paris.

Paris.

Il laisse un fils

Le prince n'avait point été marié, mais il laissa un fils naturel, 1672 dont il est fait mention dans son testament, et qui s'appelait Charles- naturel appelé Louis d'Orléans, chevalier de Longueville. (V. l'an 1689.)

Charles-Louis d'Orléans.

prince.

Le prince s'intitulait prince souverain de Neufchâtel et Vallengin Les titres du en Suisse, duc de Longueville et d'Estouteville, pair de France, comte de Dunois, St-Pol, Chaumont, Tancarville, Gournay, etc.

gueville éteinte

par sa mort.

(V. l'an 1663.) Par sa mort, la maison de Longeville, qui avait été Maison de Lonsi illustre et qui avait jeté tant d'éclat dans l'Europe pendant près de deux siècles, fut en quelque façon éteinte, puisque l'abbé d'Orléans qui restait, étant homme d'église et depuis peu dans la démence, on n'en pouvait espérer aucune postérité.

meubles.

Après la mort du comte de St-Pol, on vendit les meubles de sa Vente de ses succession par arrêt du parlement de Paris, afin d'acquitter par ce moyen ses dettes comme il l'avait désiré.

Madame de Longueville était dépositaire de son testament. Madame de Ne

mours invitée à

Madame de Longueville, sa mère, étant dépositaire du testament de feu son fils, et désirant de garder avec Madame de Nemours toutes les règles de bienséance et d'honnêteté, ne voulut pas faire ouvrir ce testament sans son concours; c'est pourquoi elle lui envoya MM. le Nain et de Vaurouy, pour la prier de se trouver à l'ouverture qu'on en allait faire; mais cette dernière ne voulut pas s'y rendre, ce qui obligea Madame de Longueville à faire la dé-mit entre les marche suivante :

l'ouverture du

testament s'y

refuse.

Mad. de Lon

gueville le re

mains d'un garde-note.

Aujourd'hui 8 juillet après-midi l'an 1672, S. A. S. Geneviève de Bourbon, Acte de remise. princesse du sang, duchesse douairière de Longueville, a mandé les notaires garde-notes du roi notre Sire en son châtelet de Paris soussignés, de se rendre en son hôtel, rue St-Thomas-du-Louvre, paroisse St-Germain l'Auxerrois, où étant, sa dite Altesse aurait dit que défunt Monseigneur le duc de Longueville son fils, en partant pour l'armée au mois d'avril dernier, lui mit en mains son testament olographe ci-devant écrit en quatre feuillets, celui-ci compris pour le garder. Et son décès étant arrivé, la dite A. S. l'ayant ouvert et retiré de l'enveloppe où il était cacheté de cinq cachets des armes du dit seigneur, a voulu que le dit testament demeurât en lieu de sûreté public pour servir et valoir à qui il appartiendra. C'est pourquoi sa dite Altesse l'a mis et déposé à Gallois, l'un des dits notaires, pour le garder en ses minutes et en délivrer des expéditions, et a signé et paraphé en fin de chacune des pages du dit testament et aussi lui a baillé la dite enveloppe qu'elle a aussi paraphé, laquelle enveloppe contient ces mots : 29 Sous cette enveloppe est mon testament écrit et signé de ma main." Le tout demeuré par devers le dit Gallois, notaire.

(Signé) Simmonnet et Gallois.

Collationné à l'original en papier par les notaires du Roi au Châtelet de Paris soussignés. Ce fait rendu le 10e jour de juillet 1672.

(Signé) Gigault et Loret.

Le même jour que le prince fut tué, le 2/12 juin, il arriva qu'un loup enragé s'étant trouvé au-dessus de Chezard, au Val-de-Ruz, y tua une fille, et courant de village en village, blessa vingt-deux personnes dont plusieurs en moururent dans un état de fureur et

Loup enragé

dans de Val-de

Ruz qui fait beaucoup de victimes sur les

hommes et le bétail.

1672

les autres tombèrent dans la frénésie. Ce loup attaqua aussi plusieurs bêtes sur les montagnes de Chezard; un boeuf et deux chevaux en devinrent enragés. Ce loup fut tué le même jour près de Cormoret au Val-de-St-Imier. Il était venu depuis le Val-de-Travers, où l'on en avait vu un autre le même jour et qui fut tué auprès de Chasse géné Noiraigue par un maréchal nommé Dubois. On fit dans les comtés comtés et dans de Neuchâtel et Valangin une chasse générale contre ces bêtes le voisinage. farouches. Le 17 juin, ceux de la Neuveville et de St-Imier firent la même chose sur le même jour, mais inutilement.

rale dans les

Les Quatre-Ministraux font

la porte du temple.

Les Quatre-Ministraux, à la sollicitation du pasteur de la ville, ôter les images firent effacer un écriteau sur le grand portail du temple, avec les qui étaient sur images de la vierge, de la reine Berthe et de St-Ulrich, parce que ce dernier, aussi bien que la reine Berthe, se prosternant devant l'image de la vierge, cela donnait occasion aux papistes de venir s'y prosterner à leur tour et de commettre des actes d'idolâtrie. (V. l'an Les amateurs 930.) Ces images qui étaient faites en relief et d'une très belle mécontents de sculpture, étant un monument très considérable d'antiquité, plusieurs personnes en furent très malcontentes et en firent des reproches au magistrat. On fit aussi couvrir de planches le mausolée que le comte Louis avait fait construire dans le même temple et dans lequel il fut aussi lui-même enseveli. (V. l'an 1373.)

d'antiquités

cela.

Nouvelle source d'eaux minéra

Comme on découvrit l'an 1672 à la Brevine une autre source les découvertes minérale qui était plus proche du village que la première, et qui à la Brevine. avait cependant les mêmes qualités, on s'attacha à la dernière pour la commodité du lieu, et c'est celle qui est encore en usage aujourd'hui.

Les six cantons

parrains d'un

Frédéric-Guillaume, électeur et marquis de Brandebourg, convia réformés sont cette année les six cantons réformés et la ville de St-Gall à être fils de l'électeur les parrains de son fils Albert-Frédéric qui lui était né. Les cantons lui envoyèrent à cette occasion deux vases de pur or sur lesquels leurs armoiries étaient gravées.

de Brande

bourg.

Année très abondante.

Vente du vin et abri.

Etat des prétentions des deux princesses

et de Nemours.

Cette année fut fort abondante en vin et en grain. On fit la vente à Neuchâtel soixante livres le muid. L'abri du grain fut fait, le froment six batz et deux gros, l'orge onze gros et l'avoine sept gros. Le comte de St-Pol et duc de Longueville étant mort sans enfants légitimes, et son frère aîné, duc de Longueville, prince de de Longueville Neuchâtel, qui lui avait remis la souveraineté, ayant embrassé l'ordre de prêtrise, et étant ensuite tombé dans la démence, ainsi qu'il a été observé ci-devant, Madame la duchesse douairière de Nemours, leur sœur, se disant héritière du comte de St-Pol, en vertu de son testament, et d'ailleurs estimant que son frère, à cause de sa démence, ne pouvait régner, prétendait que de fait et de droit la principauté de Neuchâtel devait lui appartenir. Au contraire, Madame la duchesse douairière de Longueville, mère des deux princes et

établie mère tutrice et curatrice de M. l'abbé d'Orléans, son fils aîné, autrefois dans le monde duc de Longueville, prétendait que la démence où ce prince était tombé n'était pas un obstacle à l'effet du droit de retour qu'il s'était réservé dans la donation qu'il avait faite de la souveraineté de Neuchâtel à son frère le comte de StPol l'an 1668, portant qu'au cas que le dit comte donataire vint à mourir avant lui sans enfants légitimes, la dite souveraineté lui reviendrait de plein droit; outre qu'il ne convenait pas que Madame de Nemours fût créée héritière par le testament du prince décédé.

1672

Il est fort à propos de rappeler ici l'histoire des procédures et Importance de des jugements qui ont été rendus sur ces importantes matière, d'au- rapporter les procédures qui tant plus intéressantes que ces jugements ont reconnu et arrêté concernent ces pour toujours la compétence des Trois-Etats, la nature et la qualité prétentions. du comté de Neuchâtel et Valangin, et l'ordre et les droits d'y

succéder.

Nemours refuse

de se rendre à

testament du Comte de StPol.

à Paris M. de

On a vu précédemment que Madame la duchesse de Nemours, Madame de invitée à se rendre à l'ouverture du testament de son frère le comte de St-Pol, ne voulut pas s'y rencontrer. Elle débuta peu de jours l'ouverture du après par la proposition qu'elle fit à Madame de Longueville de lui remettre la curatelle de M. son frère l'abbé d'Orléans, ajoutant qu'elle ne la prétendait pas de droit et qu'elle n'avait d'autre dessein que de la soulager, et de s'y conduire par ses ordre; mais Madame de Elle fait venir Longueville n'ayant pas voulu accepter cela, Madame la duchesse de Mollondin pour Nemours fit venir à Paris, en toute diligence, Monsieur Blaise de le consulter. Mollondin pour le consulter. Celui-ci étant arrivé à Paris, persuada à cette princesse que par le testament de son frère le feu comte de St-Pol et par la démence de son autre frère, l'abbé d'Orléans, la souveraineté de Neuchâtel lui était dévolue, et qu'il espérait de faire réussir cette prétention tant par ses amis et son crédit qu'en Conseil de M. répandant des sommes d'argent dans le pays. La duchesse de Nemours, facilement persuadée, écrivit tout de suite une lettre au gouverneur et au conseil d'Etat, conçue en ces termes :

Messieurs,

de Mollondin.

Je vous apprends avec beaucoup de douleur la mort de feu Monsieur mon Lettre de Mad. frère, qui a été tué au service du roi dans le passage du Rhin, le 12 juin der- de Nemours nier. Je ne doute pas que vous n'en ayez un ressentiment bien grand et que vous ne preniez part à ma douleur.

Je vous fais ces lignes pour vous donner ordre de faire assembler les Etats du pays, dans le jour préfixe, conformément aux coutumes de Neufchâtel, que vous déclarerez à mon envoyé. J'espère que vous n'y ferez faute, et qu'ils se trouveront au jour préfixe pour savoir mes intentions. Cependant, je prie Dieu qu'il vous ait, Messieurs, en sa sainte garde. Le 7 juillet 1672.

(Signé) MARIE.

Madame de Nemours écrivit aussi, à l'instance de M. de Mollondin et par M. Greder, aux cantons de Berne, Lucerne, Fribourg et

au conseil d'état de Neu

châtel.

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1672 Soleure, alliés des comtes de Neuchâtel, pour tâcher de se les rendre Berne, Lucerne, favorables; elle leur parle comme si elle avait déjà été souveraine et demande à ces cantons l'observation de leur alliance en se qualifiant de leur très affectionnée servante et alliée.

Fribourg et Soleure.

Les procurations qu'elle ex

non à la de

mander.

Enfin cette princesse passa deux procurations, toutes deux datées pédie tendent du 7 juillet, l'une à M. de Mollondin, laquelle était légalisée par à la prise en Jean le Camus, conseiller du roi en tous ses conseils, maître des possession et requêtes, etc., par lui signée et scellée de son sceau; et l'autre à M. de la Martinière, datée du 8 du dit mois, aussi légalisée et signée par le même, et cela, est-il dit,,, aux fins de se transporter aux souverainetés de Neufchâtel et Vallengin, et là pour et en son nom prendre possession des dites souverainetés, en requérir et prendre l'investiture, si besoin était, observer les formes en tel cas requises et accoutumées, et en tirer tous actes nécessai» res, etc."

Les procureurs de Mad. de Ne

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Les dits sieurs de Mollondin et de la Martinière partirent ensuite mours partent pour Neuchâtel, afin d'employer le peu de temps qu'il leur restait pour Neuchâtel. jusqu'à l'époque de l'assemblée des Etats, qui devait avoir lieu au 13/23 juillet, à se procurer des amis.

Mad. de Lon

Procuration de Madame de Longueville passa aussi une procuration pour le même queville à M. sujet à „Messire Claude de Nocey, chevalier et seigneur de FonFontenay pourtenay, auquel elle donne pouvoir, au nom de M. l'abbé d'Orléans, mise en posses- son fils, de demander la mise en possession et investiture des sion etc. comtés souveraines de Neufchâtel et Vallengin, leurs appartenances,

demander la

Coutume de Neuchâtel porte

"

, dépendances et annexes, requérir tous actes nécessaires et faire

"

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au surplus ce que le dit procureur trouvera à propos à ce sujet

et généralement comme pourrait faire S. A. S. si en propre per

sonne y était, encore que le cas requît mandement plus spécial: promettant d'avoir le tout pour agréable, s'obligeant, etc. Fait et , passé à Paris dans l'hôtel de Longueville le 6 juillet 1672. Signé ANNE-GENEVIÈVE DE BOURBON. Et plus bas Pariot et Routier." La coutume de Neuchâtel porte que tous les prétendants à une succession, soit qu'elle échée par testament ou ab intestat, d'un possession doit collatéral à un autre, en doivent demander la mise en possession et sur le jour des investiture sur le jour des six semaines, à compter dès le jour de la mort du dé- l'ensevelissement du défunt dont l'héritage est échu; mais s'il s'agit funt, s'il s'agit de la souverai- de la succession à la souveraineté, on compte les six semaines

que la mise en

se demander

neté.

Le procureur de Mad. de Longueville se pré

depuis la mort du prince, et quand ce jour tombe sur un dimanche, la mise en possession et investiture se demande le samedi précédent. C'est pourquoi le comte de St-Pol ayant été tué le 2 juin par un dimanche, le jour fatal des six semaines tomba sur le 13/23 juillet.

Les Trois-Etats ayant donc été convoqués sur ce jour-là, M. de sente aux Etats, Fontenay, assisté de M. Jean-Fréderic Brun, seigneur d'Oleyres,

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