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1792.

Des cris furieux demandaient alors la tête de la reine Mon Dieu ! que leur a-t-elle donc fait? dit Louis avec douleur: que me veulent-ils? mon pouvoir est fini. Il ajouta quelques mots d'affliction sur le sort de ses enfans. Les cris cessèrent. La nuit ramena un instant de calme dans ces lieux de désolation. L'infortuné monarque céda à la fatigue qui l'accablait, et s'endormit profondément. Il reposa près de quatre heures : à son réveil, il demanda des nouvelles de sa famille, et si elle avait dormi; la jeune princesse était enrhumée et avait beaucoup toussé : il s'affligea de nouveau sur elle et sur son fils, et se mit à prier.

M. le Vasseur, son valet de chambre, vint le lendemain pour faire son service, et il apprit de lui et d'une autre personne, qu'il avait envoyée examiner ce qui se passait, quelle était la situation de Paris.

Des gens ivres, armés de piques, parcouraient les rues, conduits par des hommes qui ne l'étaient pas, et, pour la plupart, gens de loi du bas étage. Les lambeaux sanglans des habits des Suisses se développaient au haut de ces piques, et leur servaient de bannières; toutes les figures avaient un air convulsif, et présentaient le caractère de

la Fureur; on en voygut d'horic
les traits n'annonçaient que ha krock
étaient étrangères; c'était don gjum poraza
Evés de tous les pay
je

notre sang et vivid da
connais beaucoup

paisibles j's

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defac de le faire, et er. amb pea de temps

1792.

Le 11, la famille royale retourna dang la loge du Logographe; la reine tenait son fils par la main; dans ce court trajet, ellefut encore accablée d'outrages.

Un groupe, formé d'hommes assez bien vêtus, persifla lè roi et madame Elisabeth sur leur amour pour la religion, en demandant s'ils avaient quelques prêtres réfractaires dans leurs poches, pour leur dire particulièrement la messe.

Quelques gens de cour avaient pris des habits de gardes nationnaux, pour pouvoir approcher du roi. Le Prussien Clootz, qui s'était fait nommer Anacharsis, pour n'avoir rien de chrétien, reconnut, sous cet habit,

le jeune Rohan Chabot à la porte du Logographe, et voulut le faire arrêter : il s'évada; M. de la Serre, se glissa à la faveur de cet habit, jusque dans la loge de la reine: Retirez vous, monsieur, lui dit-elle, vous vous exposez sans utilité, et ne pouvez même que nous compromettre. M. de la Serre avait été envoyé de Coblentz, pour commander les troupes que M. de la Villeheurnois prétendaitavoir à sa disposition: il disait qu'il était chargé par le conseil des émigrés, d'empêcher que les monarchiens n'enlevassent le roi; ce qui s'accorde très-bien avec la teneur

du

du fameux manifeste. Dans cette journée, 1792. Louis xvi entendit décréter la destruction de tous les trophées élevés en l'honneur de ses ancêtres; enfin, de la malheureuse loge où il était renfermé, il vit crouler la monarchie toute entière. Ce fut dans ce moment qu'il fut obligé de se séparer du petit nombre d'amis qui l'avaient suivi dans ce triste asile. La reine était absolument sans argent, madame Thiébaut lui fit passer cinq rouleaux de cinquante louis, dans un étui de bois de rose, et elle en remit un, avec l'étui, à une personne qui lui avait prêté une pareille somme. Le roi et madame Elisabeth chargèrent cette personne d'aller rendre compte à leurs frères et au roi de Prusse de ce qui s'était passé; c'était en la loyauté de ce monarque, que l'un et l'autre avaient le plus de confiance. Ils recommandèrent à cette personne de se faire passer pour émigré, et de cacher qu'elle eût aucune espèce de rapport à faire de leur part.

Dès ce moment la famille royale resta entièrement isolée au milieu de ceux que le canon du 10 août avait rendu maîtres de la France. La commune, devant qui l'assemblée n'était plus rien, fit entendre que le roi pourrait s'évader du Luxembourg, par les

III.

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498 REVOLUTION DE FRANCE. souterrains de ce château, elle proposa l'abbaye Saint-Antoine. Les Brissotins, qui voulaient encore conserver quelque espèce d'égards pour Louis XVI, obtinrent cependant qu'il ne serait pas relégué dans ce couvent, et l'assemblée lui assigna l'hôtel de la Chancellerie, place Vendôme: elle eût desiré que son logement fût près du lieu de ses séances; mais Manuel déclara, au nom de la commune, que l'évasion serait encore plus facile dans cet endroit qu'au Luxembourg; il demanda que la famille royale fût renfermée au Temple: il fallut obéir, et MM. Pétion et Manuel vinrent le chercher à l'hôtel de la Chancellerie, où il était déja établi, pour le conduire à sa dernière destination. On abattait alors la statue équestre de Louis XIV, élevée sur la place Vendôme, exactement visà-vis l'hôtel de la Justice. Louis xvr vit en passant cette destruction, et n'en parut point affecté. Il arriva au Temple au milieu d'une escorte nombreuse, le 14 août 1792.

FIN DU TROISIÈME VOLUME,

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