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« soi-même victime. Bientôt on se demandera 1791. « pourquoi on se bat, et l'on verra que c'est « pour servir l'ambition d'une troupe de fac<< tieux qu'on méprise, contre un roi qui s'est toujours montré juste et humain; pourquoi « l'on se ruine, et l'on verra que c'est pour « assouvir la cupidité de ceux qui se sont emparés de toutes les richesses de l'état, qui, « en font le plus détestable usage, et qui, a chargés de restaurer les finances publiques, « les ont précipitées dans un abyme épou << vantable; pourquoi on viole les devoirs « les plus sacrés, et l'on verra que c'est « pour devenir plus pauvres, plus souf« frans, plus vexés, plus imposés qu'on ne « l'avait jamais été; pourquoi on bouleverse « l'ancien ́ gouvernement, et l'on verra que << c'est dans le vain espoir d'en introduire un qui, s'il était praticable, serait mille fois << plus abusif, mais dont l'exécution est abso<< lument impossible: pourquoi l'on persé« cute les ministres de Dieu, et l'on verra que << c'est pour favoriser les desseins d'une secte « orgueilleuse qui a résolu de détruire toute « religion, et par conséquent de déchaîner * tous les crimes.

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« Déja même toutes ces vérités sont deve«nues sensibles, déja le voile de l'imposture

« se déchire de toutes parts, et les murmures <«< contre l'assemblée qui a usurpé tous les pouvoirs et anéanti tous les droits, s'étendent << d'une extrémité du royaume à l'autre.

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<< Ne jugez pas, Sire, de la disposition du plus grand nombre, par le mouvement des plus turbulens; ne jugez pas le sentiment « national d'après l'inaction de la fidélité et << son apparente indifférence. Lorsque vous « fûtes arrêté à Varennes, et lorsqu'une troupe « de satellites vous reconduisit à Paris, l'effroi << glaçait alors tous les esprits et fesait régner « un morne silence. Ce qu'on vous cacha, ce qui dénote bien mieux le changement qui « s'est fait et se fait encore de jour en jour dans l'opinion, ce sont les marques de mé«< contentement qui percent de toutes les pro<< vinces, et qui n'attendent qu'un appui pour << éclater davantage; c'est la demande que plusieurs départemens viennent de former « pour que l'assemblée ait à rendre compte des « sommes immenses qu'elle. a dilapidées de

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puis sa gestion; c'est la frayeur que ses <«< chefs laissent apercevoir, et leurs tentatives « réitérées pour entrer en accommodement; ce << sont les plaintes du commerce et l'explo«sion récente du désespoir de nos colonies; « c'est enfin la pénurie absolue du numéraire,

1791.

1791.

« le refus des contribuables de payer les im« pôts, l'attente d'une banqueroute prochaine, «la défection des troupes qui, victimes de « tous les genres de séduction, commencen « à s'en indigner, et le progrès toujours crois« sant des émigrations. Il est impossible de « sé méprendre à de pareils signes, et leur « notoriété est telle que l'audace même des « séducteurs du peuple ne saurait en contes« ter la vérité.

«Ne croyez donc pas, Sire, à l'exagération « des dangers par lesquels on s'efforce de vous << effrayer. On sait que, peu sensible à ceux « qui ne menaceraient que votre personne, « vous l'êtes infiniment à ceux qui tombe<«<raient sur vos peuples, ou qui pourraient <«< frapper des objets chers à votre cœur, et « c'est sur eux qu'on a la barbarie de vous faire « frémir continuellement, en même temps « qu'on a l'impudence de vanter votre liberté. « Mais depuis trop long-temps on abuse de « cet artifice, et le moment est venu de re« jeter sur les factieux qui vous outragent, « l'armé de la terreur qui jusqu'ici a fait « toute leur force.

«Les grands forfaits ne sont point à « craindre lorsqu'il n'y a aucun intérêt à les «< commettre, ni aucun moyen d'éviter, en

<< les commettant, une punition terrible. Tout « Paris sait, tout Paris doit savoir que si une « scélératesse fanatique, ou soudoyée, osait << attenter à vos jours ou à ceux de la reine, << des armées puissantes, chassant devant elles << une milice faible par indiscipline, décou

ragée par les remords, viendraient aussitôt «<fondre sur la ville impie qui aurait attiré sur << elle la vengeance du ciel et l'indignation de <«<l'univers. Aucun des coupables ne pourrait « échapper aux plus rigoureux supplices; « donc aucun d'eux ne voudra s'y exposer.

« Mais si la plus aveugle fureur armait un « bras parricide, vous verriez, Sire, n'en <<< doutez pas, des milliers de citoyens fidèles. << se précipiter autour de la famille royale, « vous couvrir, s'il le fallait, de leurs corps, « et verser tout leur sang pour défendre le « vôtre....Eh! pourquoi cesseriez-vous de << compter sur l'affection d'un peuple dont « vous n'avez pas cessé un seul moment de << vouloir le bonheur?

« Le Français se laisse facilement égarer, « mais facilement aussi il rentre dans la route « du devoir; ses mœurs sont naturellement « trop douces pour que ses actions soient long« temps féroces; et son amour pour ses rois « est trop enraciné dans son cœur, pour qu'une

1791.

1791.

<«< illusion funeste ait pu l'en arracher entiè

<<<rement.

Qui pourrait être plus porté que nous à « concevoir des alarmes sur la situation d'un « frère tendrement chéri? Mais, au dire même « de vos plus téméraires oppresseurs, ce refus « du résumé constitutionnel, que nous appre<< nons vous avoir été présenté par l'assemblée, «<le trois de ce mois, ne vous exposerait qu'au danger d'être destitué par elle de la royauté: « or ce danger n'en est pas un. Qu'importe a que vous cessiez d'être roi aux yeux des

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factieux, lorsque vous le seriez plus glo<«<rieusement et plus solidement que jamais << aux yeux de toute l'Europe et dans le cœur « de tous vos sujets fidèles? qu'importe que, << par une entreprise insensée, on osât vous « déclarer déchu du trône de vos ancêtres, « lorsque les forces combinées de toutes les << puissances sont préparées pour vous y main<< tenir et punir les vils usurpateurs qui en au<<< raient souillé l'éclat.

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« Le danger serait bien plus grand si, paraissant consentir à la dissolution de la <<< monarchie, vous paraissiez affoiblir vos << droits personnels aux secours de tous les « monarques, et si vous sembliez vous séparer « de la cause des souverains, en consacrant

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