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pas de 1791. qu'il ne le voulait pas, ne manquèrent publier que sa déclaration et la note étaient des perfidies qui n'avaient pour but que d'endormir les Français sur les bords du précipice où l'on voulait les plonger. Ce langage fut celui de tous les journaux républicains ou démagogiques; car, à quelques violences et quelques grossièretés près qui signalaient plus particulièrement les derniers, le fond des choses était absolument le même dans les uns et les autres, et le but paraissait commun; c'était même la manière de voir effective ou feinte de beaucoup de membres de l'assemblée, dont les plus remarquables étaient euxmêmes rédacteurs de journaux (1), ou les avaient à leur disposition. Beaucoup de personnes qui ont eu des rapports avec ces journalistes ou ceux qui les fesaient écrire, pourront soutenir encore aujourd'hui, que telle

(1) M. Brissot qui, comme je l'ai déja dit, était lè porte-voix du parti républicain, rédigeait le Patriote Français, et M. de Condorcet, d'abord chargé de la rédaction du Journal de Paris, n'ayant pu s'accorder avec les propriétaires de cette feuille, qui n'étaient pas 'aussi révolutionnaires que lui, se déclara auteur de la Chronique, où il ne se piqua pas de ce ton de décence, de cette sage modération qui devait se supposer dans un homme qu'on appelait un grand philosophe.

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était

pro

était l'intention de Léopold; mais quand on
ne juge pas les hommes éminens sur les
pos, quelque accrédités qu'ils puissent être,
de ceux qui ont intérêt à faire prendre le
change sur leur compte, on doit dire que
l'empereur, quoique politique profond, ne
l'était cependant pas jusqu'à une impu-
dente fausseté; il était trop sage pour ne pas
sentir que si une pareille politique peut pro-
curer quelque succès, elle ne peut manquer
aussi de perdre tôt ou tard celui qui ne craint
pas d'en faire une des règles de sa conduite.

Néanmoins, pour saisir le fil des événemens, il est nécessaire de faire attention à la contexture de cette note: elle se lie avec les délibérations qui se prenaient dans le silence des cabinets, et même avec les rapports que Louis XVI entretenait particulièrement avec tous les souverains de l'Europe.

Dès les commencemens de la révolution, le roi avait prévu que sa situation future ne pouvait être que déplorable: il se représentait tous les jours le sort de Charles 1er (1), et

(1) Toutes les personnes qui ont eu quelque part à la confiance du roi, s'accordent sur ce fait. L'image du prince anglais le suivait par-tout; il lisait et relisait sans cesse sa funeste histoire, et sa plus grande attention était d'éviter les fautes qui l'avaient perdu.

1791.

1791.

ne doutait pas que les événemens révolutionnaires entraînant les hommes aussi souvent qu'ils sont dirigés par eux, n'amenassent pour lui cette sanglante catastrophe.

Sa position était cependant moins difficile que celle du monarque anglais; il n'était pas, comme lui, emprisonné par les mers; tout le continent lui offrait un asile, et il devait espérer que les souverains qui y dominaient, lui fourniraient tous les secours dont il aurait besoin. Les liens du sang qui l'unissaient aux plus considérables d'entr'eux, et sur-tout leur intérêt bien entendu, leur en imposaient le devoir et la nécessité..

Ce fut d'après la conviction qu'il en avait, que dès 1790 (1) il avait écrit la lettre suivante à M. de Breteuil.

« M. le baron de Breteuil, connaissant tout « votre zèle et votre fidélité, et voulant vous « donner une preuve de ma confiance, je vous << ai choisi pour vous confier les intérêts de ma « couronne. Les circonstances ne me permet<< tent pas de vous donner des instructions sur

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tel ou tel objet, et d'avoir avec vous une «< correspondance suivie. Je vous envoie la présente, pour vous servir de pleins pou

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(1) Le 20 novembre.

voirs et d'autorisation vis-à-vis les diffé<< rentes puissances avec lesquelles vous pou« vez avoir à traiter pour moi. Vous connais<< sez mes intentions, et je laisse à votre pru«dence à en faire l'usage que vous jugerez nécessaire pour le bien de mon service. J'ap<< prouve tout ce que vous ferez pour arriver « au but que je me propose, qui est le réta«blissement de mon autorité légitime et le « bonheur de mon peuple. Sur ce, je prie « Dieu,

K

« M. le baron dé Breteuil, etc. (1) ».

Une année après, le roi ordonna à ses frères de correspondre avec M. de Breteuil, par l'organe du maréchal de Castries; mais il paraît que cet ordre ou cette invitation produisirent peu d'effet. Il y avait eu de la mésintelligence entre les princes et le baron de Bréteuil, et ils avaient choisi d'autres conseillers qui leur firent commettre plus d'une erreur bien funeste à eux-mêmes et à toute la famille des Bourbons. Enfin, en fesant cette démarche auprès de Monsieur et du comte

1791.

(1) A l'époque où cette lettre fut écrite, l'ancienne monarchie était détruite, et la constitution de 1791 n'existait pas encore.

1791.

d'Artois, le roi écrivait à toutes les puissances de l'Europe, pour les inviter à le tirer de la cruelle position où il se trouvait.

Voici la lettre que reçut le roi de Prusse, elle était datée du 3 décembre 1791.

"

« MONSIEUR MON FRÈRE,

« J'ai appris, par M. Dumoutier (1), l'ina térêt que V. M. avait témoigné, non-seule« ment pour ma personne, mais encore pour « le bien de mon royaume. Les dispositions « de V. M. à m'en donner des témoignages « dans tous les cas où cet intérêt peut être « utile pour le bien de mon peuple, a excité «< vivement ma sensibilité; je le réclame avec <«< confiance dans ce moment-ci, où, malgré

l'acceptation que j'ai faite de la nouvelle « constitution, les factieux montrent ouver<< tement le projet de détruire le reste de la << monarchie. Je viens de m'adresser à l'empereur, à l'impératrice de Russie, aux rois d'Espagne et de Suède, et je leur présente « l'idée d'un congrès des principales puissan« ces de l'Europe, appuyé d'une force ar« mée, comme la meilleure mes pour ar

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