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1791.

urplus, les deux réponses qui furent faites

sa majesté.

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RÉPONSE de Monsieur.

Coblentz, le 3 décembre 1791.

<< SIRE, MON FRÈRE ET SEIGNEUR,

« Le comte de Vergennes m'a remis, de la part de votre majesté, une lettre dont l'adresse, malgré mes noms de baptême qui « s'y trouvent, est si peu la mienne, que j'ai « pensé la lui rendre sans l'ouvrir; cependant, << sur son assertion positive qu'elle était pour moi, je l'ai ouverte, et le nom de frère << que j'y ai trouvé ne m'ayant plus laissé « de doute, je l'ai lue avec le respect que je « dois à l'écriture et au seing de votre ma«jesté. L'ordre qu'elle contient de me rendre

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auprès de votre majesté, n'est pas l'expres«sion libre de sa volonté, et mon honneur, "mon devoir, ma tendresse même me défen«dent également d'y obéir..Si votre majesté << veut connaître tous ces motifs plus en détail,

"je la supplie de se rappeler ma lettre du 10

" septembre dernier; je la supplie aussi de re

<< cevoir avec bonté l'hommage des sentimens

1791. « aussi tendres que respectueux, avec lesquels

«< je suis, etc.>>

COPIE de la Lettre du Comte d'Artois.

Coblentz, le 3 décembre 1791.

« SIRE, MON FRÈRE ET SEIGNEUR,

<< Le comte de Vergennes m'a remis hier «< une lettre qu'il m'a assuré m'avoir été << adressée par V. M. La suscription qui me << donne un titre que je ne puis admettre, m'a « fait croire que cette lettre ne m'était pas « destinée. Cependant ayant reconnu le ca«< chet de V. M., je l'ai ouverte, j'ai respecté << l'écriture et la signature de mon roi; mais « l'omission totale du nom de frère, et, plus << que tout, les décisions rappelées dans cette << lettre, m'ont donné une nouvelle preuve de << la captivité morale et physique où nos en<< nemis osent retenir V. M. D'après cet exposé, V. M. trouvera simple que, fidèle à « mon devoir et aux lois de l'honneur, je « n'obéisse pas à des ordres évidemment ar«rachés par la violence. Au surplus, la lettre « que j'ai eu l'honneur d'écrire à V. M., con<< jointement avec Monsieur, le 10 septembre

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rnier, contient les sentimens,
les prin-
pes et les résolutions dont je ne m'écarte-
i jamais. Je m'y réfère donc absolument;
le fera la base de ma conduite, et j'en re-
ouvelle ici le serment. Je supplie V. M. de
cevoir l'hommage des sentimens avec les-
iels je suis,

Sire, mon frère et seigneur, de V. M. etc.»

En réfléchissant sur ces deux lettres, on y
marque une légère teinte du caractère
'on a reconnu dans les deux princes; je
1x dire une manière, une volonté moins
irmativement décidées dans Monsieur que
ns le comte d'Artois. Cependant, sans re-
urir à ce qui est arrivé depuis, il serait dif-
zile de trouver dans les circonstances où ils
trouvaient, de quoi motiver une résolu-
on aussi irrévocable que celle prise par le
omte d'Artois, dans la lettre qu'on vient de
re. Il connaissait bien peu les dispositions
es Français, je veux dire de cette masse po-
ulaire dans laquelle seule on trouve les véri-
ables belligérans, les véritables soldats, s'il
"était persuadé que les émigrés, sur-tout
orsqu'ils seraient appuyés par des troupes
Etrangères, trouveraient d'utiles auxiliaires
en France, en y entrant à main armée. Il

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n'y avait qu'une force en état de soumettre l'énorme population dont notre territoire ese couvert, qui pût faire triompher les princes. En marchant contre eux, le peuple français était persuadé qu'il allait défendre sa liberté et conserver les immenses avantages qu'on lui avait fait voir dans la révolution.

Cette force sans laquelle les princes étaient dans l'impossibilité d'agir, n'existait pas. L'empereur Léopold, sans l'intervention du quel toute coalition contre la France ne pou vait être que nulle, ne voulait pas la guerre. Bien qu'il eût chargé un de ses généraux (1) de s'opposer aux incursions que les Français pourraient faire dans l'électorat de Trèves, contre la volonté du roi très-chrétien (2), il avait déclaré qu'il voulait reconnaître que la constitution avait été acceptée librement par Louis XVI, et qu'il ne mettrait aucun ob

(1) Le maréchal de Bender.

(1) L'office de sa majesté impériale, où se trouve l'annonce de cet ordre, est postérieur à la déclaration et à la note dont il est ici question. Le roi le communiqua à l'assemblée, le 31 décembre, en témoignant la surprise que cette conduite de son beau-frère lui avait causée; cependant Léopold protesta de nouveau qu'il éloignerait la guerre par tous les moyens qui étaienten lui.

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stacle à son exécution. Par addition à cette
déclaration, il s'était exprimé ainsi dans une
note adressée à M. de Noailles, ambassadeur
de France.

<< On ne peut plus douter de ma façon de
<< penser sur les affaires de France. Ma der-
« nière déclaration et les ordres que j'ai fait
« donner par mon gouvernement à Bruxelles,
« à l'agent des émigrés français (1), prouvent
«< que je regarde mon beau-frère comme libre,
<< et que mon intention n'est pas de me mêler
<«< des affaires de son royaume, aussi long,
<«< temps que les Français lui laisseront tout
<«< ce qu'ils lui ont assuré volontairement, et
<«< ce qu'il a volontairement accepté dans le
«< nouveau contrat constitutionnel; mais qu'on
n'exige point de moi davantage. Si le roi des
« Français a des griefs contre les états parti-
culiers de l'Empire, souverains libres comme
moi, en vertu de la constitution germani-
<< que, qu'il s'adresse à eux-mêmes, et qu'il
<<< termine avec eux comme il l'entendra. »

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«

Ceux dont le système était de faire croire que Léopold voulait attaquer la France, malgré toutes les raisons qui pouvaient persuader

(1) Il avait ordonné de ne pas souffrir que les émigrés s'assemblassent en armes dans ses états.

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