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1791.

« C'est à cette union, c'est encore, ne l'ou«< blions jamais, au respect que nous porterons « aux gouvernemens des autres états, que « sont attachées la sûreté, la considération et « la gloire de l'empire.

<< Pour moi, messieurs, c'est vainement << qu'on chercherait à environner de dégoûts « l'exercice de l'autorité qui m'est confiée, je « le déclare devant la France entière, rien << ne pourra lasser ma persévérance, ni ralen« tir mes efforts. Il ne tiendra pas à moi que << la loi ne devienne l'appui des citoyens et << l'effroi des perturbateurs (1). Je conserverai << fidèlement le dépôt de la constitution, et « aucune considération ne pourra me déter« miner à souffrir qu'il y soit porté atteinte; «<et si des hommes, qui ne veulent que « désordre et le trouble, prennent occasion de « cette fermeté pour calomnier mes inten<< tions, je ne m'abaisserai pas à repousser par « des paroles, les injurieuses défiances qu'ils se plairaient à répandre. Ceux qui observent « la marche du gouvernement avec un œil << attentif, mais sans malveillance, doivent « reconnaître que jamais je ne m'écarte de

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(1) Ici, les acclamations furent encore universelles.

la ligne constitutionnelle, et que je sens « profondément qu'il est beau d'être roi d'un << peuple libre. »

Ces dernières paroles du roi furent suivies d'applaudissemens qui se prolongèrent longtemps, et l'on entendit plusieurs cris de vive le roi, tant dans l'assemblée que dans les tribunes.

Le ministre de la guerre, M. de Narbonne, en fesant l'éloge de sa majesté, annonça qu'elle lui avait ordonné de faire avancer, dans le délai d'un mois, cent cinquante mille hommes sur les frontières, dont le comman dement serait confié à MM. de Rochambeau, Luckner et la Fayette. Après avoir beaucoup exalté les avantages de la liberté, et relevé le courage de ses amis, le ministre décocha indirectement quelques traits contre-la secte des Jacobins, digression qui produisit un peu de refroidissement entre lui et M. Brissot, t, l'un de ses plus zélés partisans, par qui il fut accusé d'avoir d'injustes préventions contre les patriotes. Cette particularité, remarquée de beaucoup de personnes, leur fit apercevoir dès lors que M. de Narbonne n'était pas aussi dévoué aux révolutionnaires qu'il affectait de le paraître.

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Long-temps avant de se rendre à l'assemblée,

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le roi avait écrit aux princes ses frères, deux 1791. lettres qui furent rendues publiques par la voie des journaux. Ces lettres, conformes aux proclamations générales qu'il fit aux émigrés, sont encore des monumens historiques que nos annales doivent conserver. Les voici :

LETTRE du Roj, à Louis-Stanislas-Xavier, prince français, frère du Roi.

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Paris, le 11 décembre 1791.

« Je vous ai écrit, mon frère, le 16 novem« bre dernier, et vous avez dû ne pas douter « de mes véritables sentimens. Je suis étonné << que la lettre n'ait pas produit l'effet que je « devais en attendre. Pour vous rappeler à vos << devoirs, j'ai employé les motifs qui devaient << le plus vous toucher: votre absence est un << prétexte pour tous les malveillans, une sorte << d'excuse pour tous les Français trompés qui << croient me servir en tenant la France en<< tière dans une inquiétude et une agitation «< qui font le tourment de ma vie. La révolu<< tion est finie; la constitution est achevée, « la France la veut, je la maintiendrai; c'est « de son affermissement que dépend aujour«d'hui le salut de la monarchie. La consti

«tution vous a donné des droits; elle y a mis << une condition que vous devez vous hâter << de remplir. Croyez-moi, mon frère, re<< poussez les doutes qu'on voudrait vous don<< ner sur ma liberté. Je vais prouver par un << acte bien solemnel, et dans une circonstance « qui vous intéresse, que je puis agir libre«ment (1). Prouvez-moi que vous êtes mon « frère et Français, en cédant à mes instances. <<< Votre véritable place est auprès de moi; « votre intérêt, vos sentimens vous conseil<«<lent également de venir la reprendre; je << vous y invite, et, s'il le faut, je vous l'or-, « donne.

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1791.

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LETTRE du Roi, à Charles-Philippe, prince français, frère du Roi.

Paris, le 11 décembre 1791.

« Vous avez sûrement connaissance du dé«cret que l'assemblée nationale a rendu re«lativement aux Français éloignés de leur << patrie. Je ne crois pas devoir y donner mon

(1) Il s'agit du veto qu'il se proposait d'opposer sur le décret relatif aux émigrés.

«< consentement, aimant à me persuader que 1791. « les moyens de douceur rempliront plus effi«< cacement le but qu'on se propose, et que « réclame l'intérêt de l'état. Les diverses dé<«< marches que j'ai faites auprès de vous, ne « peuvent vous laisser aucun doute ni sur mes <«< intentions, ni sur mes vœux. La tranquillité «< publique et mon repos personnel sont in« téressés à votre retour; vous ne pourriez << prolonger une conduite qui inquiète la << France et qui m'afflige, sans manquer à vos << devoirs les plus essentiels; épargnez-moi le << regret de concourir à des mesures sévères << contre vous; consultez votre véritable in« térêt; laissez-vous guider par l'attachement <<< que vous devez à votre pays, et cédez enfin « au vœu des Français et à celui de votre « roi : cette démarche de votre part sera une << preuve de vos sentimens pour moi, et vous << assurera de ceux que j'ai toujours eus pour

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Outre ces deux lettres, le roi en avait encore écrit une qui était commune pour les deux frères; mais comme elle n'est guères qu'une répétition des deux autres, j'ai pensé qu'il était inutile de la conserver. Voici, au

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