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qui a remis à quelques-uns de ses m mbres le soin de sauvegarder sa sécurité, lui ait aussi remis les pouvoirs d'effectuer cette sauvegarde, pouvoirs qui vont jusqu'à la sanction pénale. Nous avons donc le droit d'édicter des règlements spéciaux pour certaines catégories de nos membres qui, placées en dehors de la loi commune, peuvent devenir un danger pour la masse.

Une seconde ques ́ion se présente naturellement. La réglementation, dont la partie la plus importante est la visite sanitaire régulière obligatoire, constitue-t-elle un moyen efficace d'assurer la sécurité ?

Ici les avis sont partagés, et nous avons cru devoir éclairer la question par divers renseignements recueillis dans les principales villes de l'Europe

Nous nous empressons tout d'abord de témoigner ici not e reconnaissance aux diverses administrations qui, la plupart, ont répondu avec empressement aux demandes que nous leurs avions adressées.

Cependant, nous avons dû reconnaitre que les données fournies par l'étranger ont été d'une utilité bien secondaire. Les mesures sont appliquées à un ordre de choses absolument différent du nôtre, et les effets de règlements édictés dans ces conditions sont absolument différents et non comparables. La question à résoudre chez nous devait être surtout éclairée de renseignements recueillis chez nous.

Nous avons demandé nos renseignements aux divers services d'hygiène, de salubrité publique et de police.

Voici les données statistiques qui nous out été fournies:

En 1881, les prostituées inscrites à Bruxelles ont présenté 127 cas de maladies vénériennes (65 pour les prostituées en maison et 62 pour les éparses), soit pour les prostituées en maison: 54 p. c.. et pour les prostituées éparses: 22 p. c.

Ces 127 cas de maladies vénériennes furent recueillis dans 33,000 visites, soit 1 maladie vénerienne sur 260 visites.

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parmi lesquelles 153 envois à l'hôpital, répartis comme suit :

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D'après ce tableau, nous voyons qu'il y a eu 110 cas de maladies vénériennes, dont 52 pour les femmes en maison et 58 pour les éparses,

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Pour les années 1883, 1884 et 1885, nous trouvons des proportions à peu près équivalentes.

Le tableau suivant fait apercevoir d'un coup d'œil l'état sanitaire des cinq dernières années:

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En Angleterre, où la prostitution ne subit que diffic lement la réglementation, on a fait, en 1872, dans 17 districts soumis au régime des visites, 41,473 visites à 10,245 prostituées, soit 4 visites à chacune d'elles. Ce nombre a fourni 3,424 cas de maladie, soit 34 p. c.

En 1880 Londres avait 1,849 prostituées inscrites. auxquelles on d fait 37,956 visites, soit 20 1/2 à chacune d'elles. Ces visites ont démontré l'existence de 179 cas de maladie pour 100 prostituées.

On dit souvent que les prostituées en maison sont plus souvent malades que les prostituées éparses. C'est pourtant une erreur. Cela semble exister quand on met le nombre des maladies en regard du nombre des prostituées inscrites. A nsi, en 1881, il y a eu 88 prostituées en maison qui ont présenté 16 cas de maladies vénériennes, soit 18 p. c de malades pour cette catégorie de femmes. Mais ce nombre de 88 représente le total des prostituées inscrites à un moment donné, au 1er janvier.

Mais comme il se fait une grande mutation dans ces établissements, il arrive que, pendant l'année, 300 à 400 prostituées ont passé en maison Par exemple, pour 1885, au 1er janvier. il y avait 92 femmes inscrites, mais, en réalité, il y en a eu 388 qui ont passé en maison dans le courant de l'année.

11 faut donc, pour avoir uue idée exacte de l'état sanitaire de ces femmes, tenir compte du nombre des visites. C'est ce qui est résumé dans le tableau suivant, qui montre qu'il n'y a pas de différence entre les deux catégories de prostituées :

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Il résulte clairement des renseignements qui précèdent, que l'état sanitaire dans notre ville est très favorable, plus favorable que dans les grandes villes de France, et cet avantage est dû incontestablement à la multiplicité de nos visites sanitaires. Tous les hommes de science qui, en France, s'occupent de cette question, demandent l'établissement de visites bi-hebdomadaires comme à Bruxelles (Lecour, Mireur, Jeannel, Parent-Duchatelet, Martineau, Collin, Fournier, Maurial, etc)

Ces auteurs prétendent, et avec beaucoup de raison, que c'est en multipliant les visites sanitaires que l'on combattra efficacement la syphilis, ce terrible mal qui attaque la société dans les sources de la vie.

Les données précédentes le démontrent surabondamment. Nous y voyons que le nombre de syphilitiques est beaucoup plus élevé à Paris, à Marseille et surtout à Londres que dans notre ville.

Il y a donc tout avantage à avoir des visites fréquentes et nous estimons qu'il est indispensable de les maintenir au nombre de deux par semaine.

C'est donc une mesure de salut public que la réglementation de la prostitution, car si la prostitution réglementée vient à cesser d'exister, à sa place vous verrez s'établir la prostitution clandestine, beaucoup plus dangereuse pour la santé publique, et dans ces conditions se multiplieront les révoltes contre les lois sociales. La séduction, l'adultère, le viol, l'avortement, malgré leur fréquence, seront beaucoup plus multipliés.

Cependant, la réglementation elle-même devra sans doute être améliorée pour être mise en harmonie avec les responsabilités admises aujourd'hui dans nos mœurs. Dans cet ordre d'idées, je crois d'abord devoir émettre le vœu que les pouvoirs législatifs édictent une loi qui érige en délit la provocation à la débauche. Les règlements n'auront jamais d'effets bien salutaires tant que la loi n'infligera pas une peine sévère à la femme convaincue de provoquer à la débauche, de racoler les hommes dans les rues, ou à la femme convaincue de se livre à la prostitution sans figurer sur les contrôles de la police des mœurs.

Les mineures sont des incapables soumises à l'autorité paternelle; si celle-ci manque à ses devoirs, la société se doit à elle-même et à ces enfants de les empêcher de devenir un objet de nuisance pour elles et les autres. Vagabondes, sans autres moyens d'existence que ceux que leur âge leur interdit, il pourrait être utile de les enfermer dans des maisons de correction jusqu'à leur majorité.

L'inscription d'office pourrait aussi être supprimée. Les filles convaincues à plusieurs reprises de s'être livrées à la prostitution clandestine, pouvant être poursuivies comme vagabondes et enfermées dans des dépôts de mendicité, si elles sont du pays, et expulsées, si elles sont étrangères.

Les maisons de passe, école de prostitution, champ ouvert à l'exploitation des proxénètes, pourraient, à mon avis, être supprimées

Les filles soumises libres ne seraient tolérées qu'à titre d'exception, car leur infâme comme ce constitue une exhibition d'immoralité sur la voie pub ique. Des mesures restrictives nombreuses seraient apportées à leur liberté. Ainsi, il leur serait défendu de cohabiter avec d'autres filles, avec des souteneurs; les sollicitations extérieures pourraient être considérées comme entrainements à la débauche et sévèrement punies. Il faudrait surtout appliquer avec une extrême rigueur les peines de vagabondage à ces gens qui excertent le hideux métier d'exploiter les turpitudes et les misères des prostituées, sous prétexte de les défendre et de les protéger.

La prostitution en maison compromet moins, à mon avis, la moralité publique. La prostituée n'est pas exposée à la vue des passants. Aussi faudrait-il montrer moins de sévérité pour cette classe de flies, leur assurer la liberté, mais défendre dans ces établissements le débit des boissons alcooliques.

Dans les maisons, les tenancières seraient responsables des femmes atteintes d'érosions aux organes génitaux externes et qu'elles n'auraient pas signalées à la police sanitaire.

Des instructions spéciales tiendraient les filles en éveil sur les dangers des rapports avec des sujets atteints d'érosions des organes génitaux.

(Signé) YSEUX.

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